Jean-Baptiste Huet est le fils d’un peintre du garde-meuble du roi, qui était logé au Louvre, et c’est là qu’il naquit en octobre 1745. Descendant d’une importante lignée d’artistes, il bénéficie de ce contexte favorable et se forme d’abord dans son milieu familial. Il devient ensuite l’élève du peintre animalier Charles Dagomer, puis de Jean-Baptiste Le Prince, disciple de François Boucher. Riche des influences conjuguées de sa famille et de ses maîtres, et doté d’un sens accru de l’observation, Huet puise également son inspiration dans la peinture italienne et flamande de la Renaissance ou du baroque. Il développe un style personnel, naturaliste et précis, et excelle dans ses thèmes de prédilection que sont les pastorales et les sujets animaliers. En 1769, il est reçu à l’Académie royale en tant que peintre animalier avec une toile conservée au musée du Louvre intitulée Un Dogue se jetant sur des oies, il expose ensuite régulièrement au Salon de 1769 à 1802.

 [Chien couché] dans Douze Cahiers d'animaux dessinés par Bouchardon, Desmoulins, Huet et Oudry, à la manière de crayon sanguine, [1772-1778], Bibliothèque de l'INHA, 4 EST 318, 4e feuille du 3ème cahier. Cliché INHA
[Chien couché] dans Douze Cahiers d’animaux dessinés par Bouchardon, Desmoulins, Huet et Oudry, à la manière de crayon sanguine, [1772-1778], Bibliothèque de l’INHA, 4 EST 318, 4e feuille du 3ème cahier. Cliché INHA

Bien qu’Huet soit lui même graveur, habile notamment en ce qui concerne l’eau-forte, il confie la reproduction de nombre de ses œuvres à Gilles Demarteau, dit Demarteau l’aîné, connu pour avoir perfectionné et popularisé la gravure à la manière de crayon, technique permettant d’obtenir en gravure le rendu du dessin. Devenus amis, l’artiste et le graveur collaborent jusqu’en 1776 (année de décès de Demarteau), notamment pour la publication de recueils gravés de modèles et d’ornements destinés aux artistes, artisans et amateurs. En effet, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, de nombreuses écoles de dessin apparaissent afin de répondre aux besoins en formation des apprentis artisans mais également pour parfaire l’éducation de jeunes élèves issus de l’élite sociale, le dessin connaissant un véritable essor en tant qu’art d’agrément. Ces écoles mettent à disposition des élèves des planches et des « livres à dessiner » pour servir de modèles. Les études, frises, trophées, compositions florales et animalières de Huet s’avèrent en parfaite adéquation pour satisfaire à des visées pédagogiques. Ses planches trouvent également toute leur utilité pour la décoration d’intérieur et les objets d’art décoratif.

Quatorze Cahiers d'Arabesques dessinés par J. B. Huet, 1782, Bibliothèque de l'INHA, 4 EST 404, 3ème feuille de troisième cahier. Cliché INHA
Quatorze Cahiers d’Arabesques dessinés par J. B. Huet, 1782, Bibliothèque de l’INHA, 4 EST 404, 3ème feuille de troisième cahier. Cliché INHA

 Jean-Baptiste Huet, lui même, travaille en tant que décorateur. Il réalise, notamment, en compagnie de Boucher et Fragonard, les peintures murales pour le salon de Gilles Demarteau (aujourd’hui conservées au Musée Carnavalet). Il produit également des dessins et cartons pour la manufacture de tapisserie de Beauvais et pour celle de toiles imprimées de Jouy dirigée par Christophe Philippe Oberkampf. Le Victoria & Albert Museum en conserve de précieux exemples et certains de ses modèles sont encore utilisés aujourd’hui, preuve de la dimension novatrice des compositions élaborées par Huet.

Élodie Desserle, service de l’informatique et documentaire

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Deux autres recueils contenant des gravures de Huet sont disponibles sur la bibliothèque numérique de l’INHA :