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Habitants paysagistes au LAM
Mis à jour le 31 mai 2018
Explorations numériques
Auteur : Corinne Barbant
Cartographie des maisons et jardins singuliers
Le 15 mars 2018, le LaM Lille Métropole musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut a lancé son site sur les habitants paysagistes, terme créé par l’architecte Bernard Lassus pour désigner ces artistes, qui comme le Facteur Cheval, transforment leur habitat pour mieux « habiter poétiquement le monde ». À partir d’une carte, l’internaute est invité à découvrir ces lieux à travers des photographies, des films, des interviews, des ressources bibliographiques ou encore des écrits.
Vue de la salle consacrée aux habitants paysagistes au LaM, Photo Nicolas Dewitte/LaM
Le LaM et les habitants paysagistes
Ce projet est profondément lié à l’histoire du musée. En 1999, l’association L’Aracine donne plus de 3500 œuvres d’art brut ainsi que sa bibliothèque et ses archives. Parmi les nombreux artistes représentés plusieurs habitants paysagistes, notamment Josué Virgili et Theo Wiesen, sont aujourd’hui exposés en permanence dans les salles du musée. Les acquisitions de vestiges de ces sites fragiles et souvent éphémères se sont poursuivies avec des œuvres de Jean Grard, André Hardy ou encore la réalisation d’un relevé architectural et d’une maquette de la Ferme aux avions des frères Vanabelle. Une journée d’étude sur la conservation de ces lieux a été organisée en 2005. Des œuvres ont également été montrées lors d’expositions en particulier, en 2008, à la Maison de l’architecture et de la ville, à Lille, et Habiter poétiquement le monde en 2010.
Parallèlement la bibliothèque s’est enrichie de plusieurs fonds documentant ces lieux notamment celui du photographe Francis David qui rassemble plus de 2200 photographies et qui est à l’origine de l’idée d’une cartographie mais aussi ceux d’André Escard, Louise Tournay ou Claude et Clovis Prévost.
Fiche consacrée à Jeanne Devidal dans les archives d’André Escard, Bibliothèque Dominique Bozo, LaM
Une réflexion sur les publics
L’idée centrale du site est de donner accès à ces documents au public le plus large. En effet les œuvres provenant de ces lieux conservées et exposées au musée ne peuvent en donner qu’une idée partielle et les archives sont quant à elles peu visibles sinon à travers des inventaires qui ne rendent pas compte de la richesse de ces créations. La documentation témoigne de l’ampleur de ces maisons et de ces jardins et de leur histoire. Les photographies issues de fonds différents permettent par exemple de documenter des états successifs de ces lieux. Par ailleurs, les chercheurs travaillant de plus en plus sur des corpus accessibles sur le web, il paraissait important de faire connaitre ces fonds pour susciter des recherches. Le choix de l’outil, Omeka, a ainsi été guidé par une double exigence : permettre un accès fluide et intuitif aux contenus pour le grand public en privilégiant les images et une recherche avec des données normées les plus précises possibles pour les chercheurs. Le site a pour cela été testé avant son lancement lors des journées du patrimoine 2017 avec un groupe de chercheurs travaillant sur ce sujet et 70 visiteurs du musée dont les remarques ont été prises en compte.
Le jardin de Bodan Litnianski à Viry-Noureuil, 1990. Photo Francis David.
Les étapes du projet
Ce projet transversal a été conçu par Savine Faupin, conservatrice en chef, et Christophe Boulanger, attaché de conservation, chargés de l’art brut et l’équipe de la bibliothèque : Corinne Barbant, responsable de la bibliothèque Dominique Bozo, Nicolas Dewitte, photographe, en charge de la photothèque, Stéphanie Verdavaine, documentaliste, administratrice de la base et Solange de Malliard, stagiaire. Dans un premier temps l’ensemble des diapositives déposées par le photographe Francis David a été numérisé en interne d’avril 2013 à août 2014. Ce corpus documente plus de 150 lieux à travers la France qui ont conduit à l’idée d’une cartographie. Deux années de suite des étudiants de l’UFR DECCID de l’Université Lille SHS ont travaillé dans le cadre de projets tuteurés sur les outils qui pourraient répondre à ce projet. Le choix s’est finalement porté sur Omeka. Le recrutement d’une personne spécialisée dans les questions numériques à la bibliothèque a également été un moteur important dans la réalisation de la base de données. Une stagiaire en master « Technologies numériques appliquées à l’histoire » de l’École des Chartes est venue l’appuyer en 2017. Les numérisations se poursuivent en fonction des sites à intégrer. Deux partenariats avec l’INA et le service de l’Inventaire des Hauts de France ont permis d’enrichir les contenus.
Le site web
De nombreux lieux étant peu ou pas connus, l’accès principal aux ressources se fait par une carte géographique les mettant en avant selon qu’ils aient disparu, qu’ils existent encore ou qu’on ne connaisse pas leur état actuel. Un accès par région ou par nom est également possible ainsi que par mots clés. Un thesaurus des matériaux et des thèmes est en effet proposé et permet par exemple de trouver tous les lieux contenant, par exemple, des coquillages ou des animaux fantastiques. La recherche peut également s’effectuer par fonds : Francis David, L’Aracine, André Escard, Louise Tournay, Claude et Clovis Prévost, les archives photographiques du LaM ou l’INA. Chaque fonds est décrit par une notice qui permet de mieux cerner la personnalité et le contexte dans lequel les documents ont été produits ou rassemblés. Chaque notice de lieu donne accès suivant la documentation disponible à des photographies, des interviews, des films, des bibliographies ou encore des renvois vers les bases de données du LaM (Vidéomuseum, le catalogue de la bibliothèque) et vers d’autres sites web. 1068 documents relatifs à 42 lieux sont en mis en ligne depuis le 15 mars. De nouveaux contenus et nouveaux lieux seront mis en ligne chaque 15 du mois.
Les rochers sculptés de l’abbé Fouré à Rothéneuf, vers 1983-1991. Photo Francis David.
Les perspectives
Le site web évoluera avec le temps et les contributions des internautes. Les premières contributions ont permis par exemple de mieux localiser un ensemble ou d’apporter des précisions sur un autre.
Trois journées, les 15, 16 et 17 mars 2018, proposant au public des ateliers thématiques, des projections de films et des dédicaces ont accompagné le lancement du site. La diversité des intervenants des trois ateliers, sur les thèmes de l’archive, des notions et de la dimension sociale, des transversalités contemporaines et de la conservation du bâti a permis d’évoquer de nombreux sujets qui pourraient être développés sur le site. Il pourrait ainsi être un outil ressource pour les questions de conservation et de restauration de ces réalisations fragiles. Les comptes rendus de ces ateliers seront prochainement mis en ligne.
Corinne Barbant, responsable de la Bibliothèque Dominique Bozo