À la découverte de la salle LabrousteUn écrin pour les livres

En 2016, la bibliothèque de l’INHA s’installera dans la salle Labrouste restaurée. Cet espace, qui fut longtemps la salle de lecture principale de la Bibliothèque nationale, est un véritable chef-d’œuvre architectural, témoignage de la modernité et de l’inventivité de son créateur, Henri Labrouste.

En 1854, Henri Labrouste se voit confier le chantier de reconstruction de la Bibliothèque impériale. Occupant un ensemble hétéroclite de bâtiments, dont certains tombent en ruines, l’institution a besoin d’un écrin à la hauteur de sa collection.

Trois ans plus tôt, Labrouste a achevé la construction de la bibliothèque Sainte-Geneviève, dont la conception moderne et l’architecture rationnelle sont saluées de tous. Ayant établi un premier modèle canonique avec cette réalisation, Labrouste va développer des partis pris radicalement différents, mais tout aussi novateurs, pour l’agrandissement de la Bibliothèque impériale.

De 1854 à 1858, il travaille à la reconstruction de la partie Est de la bibliothèque : il sauvegarde certains éléments, comme l’hôtel Tubeuf et la galerie Mazarine, qu’il intègre à un ensemble harmonieux, qui constitue aujourd’hui la cour Tubeuf et le jardin Vivienne.


H. Labrouste, Bibliothèque impériale, plan d’ensemble, 1868, Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Dans un second temps, il édifie la nouvelle salle de lecture et le magasin central, dont le projet a été validé en 1859. Ces nouveaux bâtiments occupent la partie Ouest de l’îlot, le long de la rue de Richelieu et de la rue des Petits Champs.

La partie inférieure du plan général de 1868 montre la continuité des trois espaces conçus par Labrouste pour la Bibliothèque impériale : le vestibule, la salle de lecture et le magasin central.

Accessible depuis la cour d’honneur, le vestibule, peu éclairé, dont l’esthétique fait écho aux vestiges de Pompéi et aux tombeaux étrusques, débouche sur la vaste salle de lecture baignée de lumière.

Pour cette salle de lecture, là où Labrouste avait adopté la forme traditionnelle de la bibliothèque « en galerie » pour Sainte-Geneviève, il préfère ici le plan carré, prolongé au Sud par un hémicycle. Comme à Sainte-Geneviève, il déploie une ingénieuse structure métallique indépendante de la maçonnerie. Les seize colonnes en fonte de la salle soutiennent neuf coupoles. Revêtues de panneaux de faïence et percées d’oculi, elles diffusent une lumière uniforme dans la salle.

chantier salle Labrouste
Salle Labrouste, janvier 2015. Cliché Johanna Daniel

Enfin, au fond de l’hémicycle, deux cariatides encadrent la porte monumentale et vitrée du magasin central des imprimés. Inscrit dans le prolongement de la salle, ce magasin de conservation des collections se déploie sur 5 niveaux pour un total de 1218 m². Sa capacité est alors de 900 000 ouvrages. Comme pour la salle de lecture, Labrouste effectue des choix architecturaux novateurs : tout d’abord, il couvre le magasin d’un toit en shed, tel ceux qu’il a pu observer dans les filatures du Nord de la France : cela assure une luminosité homogène. Les planchers des étages sont en claire-voie, de façon à ce que la lumière pénètre jusqu’au sous-sol. Enfin, l’occupation de l’espace est optimisée : les escaliers sont placés à intervalles réguliers pour minimiser les déplacements.

magasin central des imprimés, bibliothèque nationale, Labrouste
L.-É. Durandelle, Magasin Central des Imprimés – Bibliothèque Impériale, photographie, 1888, Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Inaccessible au public jusqu’ici, le magasin central accueillera, à partir de 2016, dans la nouvelle configuration de la bibliothèque, les collections en libre accès de l’INHA.

Avec cet ensemble, Labrouste signe son ultime chef-d’œuvre. Comme la bibliothèque Sainte-Geneviève, la Bibliothèque nationale sera célébrée pour son modernisme et l’ingéniosité de sa conception, dont l’architecture sera copiée dans le monde entier : plus qu’un lieu, Labrouste y a créé un modèle durable.

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Johanna Daniel
service du patrimoine

Publié par Johanna DANIEL le 5 mars 2015 à 10:00