Vous, en quelques mots

De taille et de classe moyenne, je suis piéton et plutôt rétif aux réseaux sociaux.

Au-delà de ces précieuses informations, je suis en 4e année de doctorat sous la direction de Michel Poivert à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Je suis aussi, jusqu’à fin septembre, chargé d’études et de recherche à l’INHA, et depuis peu secrétaire général de la Société française de photographie.

Chevalier (Photo-club de Levallois-Perret), La Paille, 1955. Dos de l’épreuve photographique présentée au Concours National de la Fédération Nationale des Sociétés Photographiques de France.
Chevalier (Photo-club de Levallois-Perret), La Paille, 1955. Dos de l’épreuve photographique présentée au Concours National de la Fédération Nationale des Sociétés Photographiques de France.

Quant à mes recherches, elles portent sur le champ photographique français entre 1945 et 1975.

À gauche : Albert Plécy (mise en page) « L'an I de l'Image » tiré de Point de Vue - Images du Monde, n°362, 12 mai 1955, page 3. À droite : Albert Plécy (mise en page), « On demande 20.000 hommes d'images », tiré de Point de Vue - Images du Monde, n°230, 30 octobre 1952, page 9.
À gauche : Albert Plécy (mise en page) « L’an I de l’Image » tiré de Point de Vue – Images du Monde, n°362, 12 mai 1955, page 3. À droite : Albert Plécy (mise en page), « On demande 20.000 hommes d’images », tiré de Point de Vue – Images du Monde, n° 230, 30 octobre 1952, page 9.

L’historiographie de cette période est dominée par l’idée d’une photographie « humaniste », mais je m’attache à en proposer une reconsidération générale à travers une histoire des structures de la photographie, particulièrement influentes à l’époque. Elles prescrivent en effet tant les discours que les usages, et ce au prisme d’enjeux politiques et idéologiques. En dernier ressort, cela invite à reconsidérer la reconnaissance artistique de la photographie (datant des années 1970 seulement) comme le résultat d’une dynamique de lutte entre des conceptions radicalement opposées de la photographie : l’une en faisant une auxiliaire des enjeux de la Nation, l’autre affirmant son potentiel d’expression des subjectivités artistiques et politiques. C’est bien sûr cette dernière conception qui conduit la photographie aux portes du musée.

À gauche : Anon, Photo montage Kodak au service du progrès humain, vue du stand Kodak à la Biennale Photo-Cinéma-Optique, Paris, mai 1955, photocollage noir et blanc monté sur page perforée. À droite : Jeune Photographie (revue du Club photographique de Paris / Les 30x40), n°53, janvier-février 1965. Couverture et photographie de Pierre-Jean Balbo.
À gauche : Anon, Photo montage Kodak au service du progrès humain, vue du stand Kodak à la Biennale Photo-Cinéma-Optique, Paris, mai 1955, photocollage noir et blanc monté sur page perforée. À droite : Jeune Photographie (revue du Club photographique de Paris / Les 30×40), n°53, janvier-février 1965. Couverture et photographie de Pierre-Jean Balbo.

Votre fréquentation de la bibliothèque ?

Tant que je n’ai pas d’obligation ailleurs !

Plutôt salle Labrouste ou magasin central ?

L’architecture du magasin central est d’un goût qui se rapproche plus du mien, mais je me sens paradoxalement mieux en salle Labrouste pour travailler.

Un détail insolite dans la salle de lecture ?

Walter Benjamin, dans son Livre (inachevé) des passages, commentait déjà la confusion entre l’extérieur et l’intérieur au sein de la salle Labrouste, notamment à propos des arcades peintes. On y lit, page 474 :

« La rédaction de ce texte qui traite des passages parisiens a été commencée à l’air libre, sous un ciel d’un azur sans nuages qui formait une voûte au-dessus du feuillage, mais qui avait été recouvert d’une poussière plusieurs fois centenaire par les millions de pages entre lesquelles bruissaient la fraîche brise du labeur assidu, le souffle lourd du chercheur, la tempête du zèle juvénile et le zéphyr nonchalant de la curiosité. Car le ciel d’été peint dans les arcades qui dominent la salle de lecture de la Bibliothèque nationale, à Paris, a étendu sur elle sa couverture aveugle et rêveuse.».

Cette impression, à mon sens, est toujours très présente et participe de l’atmosphère si singulière de la salle Labrouste – ce qui est donc loin de n’être qu’un détail.

Une grande trouvaille dans les collections ?

Mes sources ont ceci de particulier qu’elles proviennent d’un milieu qui s’est longtemps tenu à l’écart du champ de l’art : photographies d’amateurs, presse spécialisée fortement orientée vers la technique, archives de structures associatives dédiées à la photographie… je les trouve ici et là, souvent lacunaires, et une grande partie de mon corpus iconographique se présente en fait sous forme imprimée, dans des revues photographiques d’après-guerre. Il y a tout de même une belle collection d’épreuves envoyées pour des concours photographiques au Département des Estampes et de la photographie de la BnF, sur laquelle j’ai travaillé pendant un an en tant que chercheur associé à ce département.

J’utilise donc peu les collections de l’INHA pour la documentation spécifique à mon sujet, si ce n’est de nombreux ouvrages d’histoire et de théorie de la photographie. En revanche, le libre-accès est, comme le disait Georges Didi-Huberman dans la conférence qu’il a prononcée pour l’inauguration de la bibliothèque à propos de la bibliothèque elle-même, un « ouvroir d’histoires de l’art potentielles ». J’y vais en effet de découverte en découverte, et l’utilise souvent le samedi pour assouvir ma curiosité de savoirs qui excèdent largement ma spécialité, au gré de mes déplacements dans les rayons et de ce qui m’attire l’œil. Le prêt entre bibliothèques m’a aussi permis d’avoir accès à des sources que je n’aurais sûrement pas vues sans ce service.

Votre sujet du moment ?

La question d’un impérialisme visuel et le rôle « civilisateur » qu’on a cru devoir confier à l’image photographique après-guerre en France ; les interdépendances entre capitalisme et photographie à travers un colloque que je co-organise en décembre ; et enfin, même si ce n’est pas très original par les temps qui courent, les initiatives photographiques hors du circuit médiatique en mai-juin 1968.

Jean Pottier et Jacques Windenberger, Mai 68 - Nous (projection de 242 diapositives), diapositive n°41, mai-juin 1968.
Jean Pottier et Jacques Windenberger, Mai 68 – Nous (projection de 242 diapositives), diapositive n°41, mai-juin 1968.

Des souhaits de nouveaux services à la bibliothèque?

On y est très bien accueilli et le libre-accès est une véritable ressource. Le catalogue, cependant, se montre parfois capricieux et ne permet pas d’exporter directement des données dans des logiciels bibliographiques comme Zotero*.

* Le catalogue de la bibliothèque ne propose pas en standard la possibilité d’exporter des données bibliographiques dans Zotero. Toutefois, le fournisseur de notre logiciel vient de développer cette fonctionnalité, nous lui avons donc demandé de la mettre en œuvre. Quand celle-ci sera disponible, nous ne manquerons pas d’en informer les publics de la bibliothèque.

Christine Camara, service des Services aux publics