En plus d’avoir été les hommes les plus influents pour la mode de leur époque, ils partagent un autre point commun qui les rapproche intimement : leur goût pour l’Art déco. Cependant, c’est un mouvement contraire qui les fait se rejoindre : autant Jacques Doucet fut d’avant-garde sur ce sujet, autant Yves Saint Laurent et Pierre Bergé furent à rebours et, connaisseurs avisés, désireux de mettre leurs pas dans les empreintes de leur prédécesseur.

Dans un espace de 200 mètres carrés, recréant l’intimité des appartements des deux créateurs, les chefs-d’œuvre se bousculent, comme dans un musée vivant et éclectique.  La charmeuse de serpents du Douanier Rousseau trône au-dessus d’un vaste fauteuil Art déco tandis qu’un Bouddha du XIIe siècle voisine avec des toiles de Picasso, Modigliani ou Goya.

Les deux collectionneurs et découvreurs de talents ne reculaient décidément pas devant le mélange des genres et des époques, réalisant par ce patchwork un véritable dialogue entre les diverses formes de beauté. De quoi trouver l’apaisement sous une lumière tamisée, qui relève la magie des objets.

C’est un travail de longue haleine qui a permis d’identifier, de pister et pour certaines de retrouver les œuvres, qui commandées, qui achetées par ces trois collectionneurs, et dispersées lors de deux ventes respectives, l’une en 1972 pour ce qui restait de la collection Art déco de Doucet, l’autre en 2009 pour la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. D’ailleurs, la filiation entre les deux est clairement reconnue, car ces derniers étaient présents à la vente de 1972, où ils acquirent des œuvres de Miklos et Legrain.


Affiche de l’exposition

La comparaison des intérieurs, le studio Saint James pour Doucet, l’appartement rue de Babylone pour Saint Laurent, permet de décrypter les similitudes, voire les allusions au premier dans le second. La reconstitution créée pour l’exposition ainsi que les diaporamas des photographies de ces décors ciselés laisse percevoir la gémellité des intentions.

Cette exposition s’annonce comme la dernière de la fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent : l’espace abritera bientôt un musée Yves Saint Laurent. Nouvelle traduction de sa postérité, celle-ci se rapproche dans l’esprit de celle de Doucet dont les collections ont abondé directement deux bibliothèques et un musée.

En savoir plus

Christine Ferret, service du développement des collections, et Fanny Lemaire, service de l’informatique documentaire