Galeries Georges Petit
Trois détourages de socles de bronzes d’Antoine-Louis Barye : Sanglier blessé, Taureau terrassé par un ours, sans titre, [1902-1930]
Crayon sur papier
INHA, Archives 166/5/1/2
Achat à la galerie Descours (Lyon), 1er octobre 2018, grâce au soutien de la Société des amis de la bibliothèque d’Art et d’archéologie (SABAA), avec un ensemble de papiers concernant le sculpteur

Trois tracés au crayon dessinant des formes oblongues sur papier filigrané.

Trois tracés que j’imagine comme autant de tentatives pour réussir la forme parfaite.

Le premier est chaotique comme si le dessinateur, perturbé dans son geste par son voisin poussant son coude par facétie, l’empêchait de réussir.

Le deuxième est hésitant, appliqué aussi, il participe de cette histoire de formes qui racontent quelque chose, mais quoi ?

Le troisième est abouti, achevé. Il n’a pas de titre, ça lui va bien.

Sur le premier est inscrit « Sanglier blessé », sur le deuxième « Taureau terrassé par un ours », sur l’autre, on l’a dit, rien n’est mentionné.

Où un taureau et un ours auraient-ils pu se rencontrer ?

Les titres ne correspondent pas à ce que l’on voit mais désignent les scènes animalières sculptées qui reposent sur les socles dont les dessins évoqués sont les contours.

Ces formes expriment le vide, l’absence d’objet. En même temps elles étouffent, écrasées par le poids du bronze.

Les titres évoquent des scènes frontales tandis que les empreintes des socles obligent à un tout autre point de vue. Les scènes sanglantes invisibilisées se voient du dessus.

Mais alors, qu’est-ce que je vois ?

Et où un taureau et un ours auraient-ils pu se rencontrer ?

Marie-Laure Moreau, service de la Communication