Bonne année 2020 !

 

 

A l’heure de fêter la nouvelle année, Sous les coupoles passe en revue quelques acquisitions remarquables qui ont ponctué l’année 2019. Rappelons que ces entrées n’auraient pas été possibles sans le legs Brière et le soutien de généreux mécènes et donateurs.

 

 

 

Heureuse surprise

A la vente de la prestigieuse collection de Geneviève et Joseph Kahn,  grâce à l’aide de la Société des amis de la Bibliothèque d’art et d’archéologie (SABAA), la bibliothèque s’est portée acquéreuse de : Some French Moderns Says McBride de Marcel Duchamp. Cette œuvre publiée en 1922  est une forme de « mise en archives » produite par l’artiste. Après la Boîte de 1914 et avant la Boîte verte et la Boîte en valise, Duchamp organise un dossier d’articles de presse en en sélectionnant soigneusement non seulement les artistes concernés, mais en soignant également la typographie de chaque texte, les classant dans un ordre précis, créant des onglets sur le modèle des répertoires parfois mis en place par les galeries, et insérant avec minutie des photographies. Le dispositif fait également écho aux albums réalisés par certains artistes de la période antérieure, qui collectent et organisent les coupures de presse, les photographies de leurs œuvres pour s’assurer d’une forme de postérité. L’objet tel qu’imaginé par Duchamp est produit à une époque charnière. Suite à l’Armory Show en 1913, Henry McBride (1867-1962) a mis en avant les avant-gardes françaises aux Etats-Unis,  et Duchamp, qui présente son Nu descendant l’escalier, connaît un succès fulgurant. Quelques années après, il arrête définitivement la peinture et produit des objets qui interrogent radicalement le monde de l’art.

La SABAA toujours

Grâce à la SABAA toujours, et particulièrement à la générosité de monsieur Léonard Gianadda, un ensemble de lettres de Paul Signac (1863-1935) au peintre Frédéric Luce (1896-1974) était entré dans les collections l’année dernière. Datées des années 1912 à 1919, ces lettres présentent un intérêt pour les études sur Signac, mais apportent aussi des sources pour une meilleure connaissance du milieu artistique pendant la Première Guerre. Elles témoignent des relations entre Signac, Luce mais aussi Seurat. Ainsi, l’une des lettres décrit l’accrochage et la perception des peintures présentées lors du Salon des XX à Bruxelles en 1887, ou encore Un Dimanche à la Grande Jatte de Seurat. Elles ont été complétées cette année par plusieurs lettres de Paul Signac en particulier à Camille Pissaro et Louis Vauxcelles.


Paul Signac, lettre à Frédéric Luce, 23 décembre [1917], bibliothèque de l’INHA, Autographes 213,11. Cliché INHA

Restons dans la correspondance et la Grande Guerre : la bibliothèque de l’INHA a aussi acquis en 2019 ensemble de lettres de Mary Cassatt au critique d’art Achille Segard (1872-1936) et à Ambroise Vollard. Mary Cassatt demande à ce dernier de protéger ses tableaux menacés par les bombardements. Ces lettres viendront compléter les sources et la série d’estampes de cette artiste, que possède déjà la bibliothèque.

Les Fêtes

En cette période de festivités, il est de circonstance de rappeler que la bibliothèque possède une importante iconographie relative aux fêtes, enrichie cette année par une grande variété de documents dont : deux dessins d’une vue générale de la fête célébrée au Mont Saint-Bernard en l’honneur du jeune général de l’armée napoléonienne Louis Charles Antoine Desaix (1768-1800) par le peintre Hippolyte Lecomte (1781-1857), mais aussi des vues stéréoscopiques du bal Mabille, familier des romans de Balzac et de Zola, avec ses décors « si peu champêtres »[1] , son château de fleurs et ses guirlandes que le temps a arrêté. Témoins également des fêtes et processions populaires qui ont perduré au début du XX° siècle, un lot de cartes postales assez rares, est venu rejoindre les collections.


Achille Quinet, [Le Bal Mabille], vers 1860, bibliothèque de l’INHA. Cliché INHA

L’art de la perspective

Les collections relatives à l’art du dessin et surtout de la perspective, ont également connu de belles entrées en 2019 avec l’achat en vente publique de documents provenant de la collection Thomas Vroom, offrant des points de vues, à travers le temps, du nord au sud de l’Europe: Des Cirkels und Richtscheyts du peintre et orfèvre Heinrich Lautensack (1522-1590) publié en  1564, Arte poetica e da pintura e symmetria de Philippe Nunes de 1615 édition très rare du premier ouvrage portugais consacré à la peinture,  Dissertaçâo sobre as cores primitivas de Diogo di Carvailho y Sampayo (1788), The Rudiment of drawing cabinets and upholstery furniture de Richard Browm (1820), Delle ombre e del chiaro-scuro in architettura geometrica de Giambattista Berti daté de 1841. Un manuscrit italien du XVIIIe siècle de traité de perspective est venu compléter ce corpus.


Heinrich Lautensack (1522-1590), Des Cirkels und Richtscheyts auch der Perspectiva und Proportion der Menschen und Rosse, Frankfurt, G. Raben, 1564, bibliothèque de l’INHA. Cliché INHA


Richard Brown, The Rudiments of Drawing Cabinet and Upholstery Furniture, London, L. Harrison impr., 1820, bibliothèque de l’INHA. Cliché INHA

Merci !

Les entrées se font aussi grâce au geste de généreux donateurs. Il s’agit parfois d’une seule pièce comme une lettre d’Emmanuel Frémiet (1824-1910) à Hector Lefuel (1810-1880) avec un dessin d’un projet de sculpture de lion assis pour l’aile du guichet Lesdiguières du musée du Louvre, qui répond opportunément au fonds Barye acquis l’an dernier. Et parfois, un don est beaucoup plus volumineux, comme le fonds d’archives de l’historien de l’art Antoine Schnapper (1933-2004) donné par son épouse, qui viendra rejoindre les fonds André Chastel (1912-1990), Jacques Thuillier (1928-2011) ou Elie Faure (1873-1937).

Merci à nos mécènes et généreux donateurs. Souhaitons que 2020 nous apporte autant de merveilles que vous pourrez découvrir en salle Labrouste, sur la bibliothèque numérique et sur ce blog bien sûr.

Nous vous souhaitons, chers lecteurs, une très belle année 2020, riche en recherches et en lectures.

Anne-Elisabeth Buxtorf

Lien vers la liste des nouvelles acquisitions patrimoniales.

 [1] Le Cousin Pons, édition Furne, 1845, vol.17, p.583

Publié par Jérôme BESSIERE le 2 janvier 2020 à 13:30