Pour illustrer ce thème, il a fallu ruser. La jeunesse, comme sujet de représentation, a toujours inspiré surabondamment les artistes. En revanche, la sensibilisation de la jeunesse au patrimoine est une préoccupation récente, qui n’a pas donné lieu à une production éditoriale notable avant les dernières décennies. Il existe cependant une tradition ancienne d’éducation patrimoniale et artistique de la jeunesse. Celle-ci se matérialise notamment dans deux types d’ouvrages : les guides de voyage, compagnons des jeunes gens des classes aisées des 16e-19e siècles effectuant leur Grand Tour, et les méthodes d’apprentissage du dessin, genre bien représenté du 16e au 20e siècle, s’adressant tantôt à ce même public privilégié, tantôt aux apprentis destinés à exercer un métier dans le domaine des arts décoratifs.

C’est ce dernier sujet que la bibliothèque a choisi d’évoquer, au travers de 15 documents répartis en 5 vitrines.

La première s’ouvre sur une très belle estampe de Mary Cassatt, Jeune mère dans un parc devant un bassin (vers 1896-1898). Elle nous parle de la petite enfance et de la transmission père/mère – enfant. Jeux et plaisirs de l’enfance de Jacques Stella, gravés par sa nièce Claudine Bouzonnet-Stella (1657), donnent une idée des loisirs de la jeunesse du temps de Louis XIV, où la culture artistique n’occupe que peu de place.

La seconde vitrine met en scène le dessin d’enfant et sa formation (ou son formatage) par les adultes, des gribouillis attribués au jeune Louis XIV aux dessins d’écolier de Delacroix adolescent et aux Principes de dessin chargés de former la jeunesse au dessin. Ces principes mettent généralement l’accent sur la connaissance des proportions du corps humain et sur la copie de modèles, choisis parmi les œuvres des maîtres, plutôt que sur l’observation directe.

La troisième vitrine présente des principes de dessin du 18e siècle spécifiquement destinés aux apprentis : l’un traite du dessin d’orfèvrerie, l’autre du dessin d’ornement. La quatrième vitrine aborde la question de l’enseignement du dessin aux filles et aux jeunes femmes aux 18e et 19e siècles.

La dernière vitrine, enfin, témoigne d’un renversement majeur survenu dans le domaine culturel au 19e siècle, et dans le domaine artistique dans la première moitié du 20e siècle : un regard nouveau porté sur l’activité artistique enfantine, le dessin d’enfant érigé en modèle par les mouvements modernistes, aboutissant dans les années 1960-1970 à une nouvelle pédagogie prenant en considération la créativité propre de l’enfant.

L’exposition sera visible dans l’allée centrale de la salle de lecture dimanche 17 septembre de 10 à 19 heures.

Pour aller plus loin, le service du Catalogue vous propose une petite orientation bibliographique.

Jérôme Delatour, service du Patrimoine