Description

Mené depuis fin 2011 en collaboration avec le musée du Louvre, ce programme se concentre sur l’analyse des ventes aux enchères des œuvres antiques en France au XIXe siècle, notamment en examinant :

  •  la biographie (origine, parcours, évolution des prix) ;
  •  la réception des objets antiques (vases, statues, statuettes, peintures murales, gemmes, bijoux…) ;
  •  la formation des collections françaises et étrangères ;
  •  l’activité des grands et petits collectionneurs, des institutions, des marchands et intermédiaires.

Il a pour objectif de mettre en évidence le rayonnement du marché français (en grande partie parisien) à l’échelle européenne, permettant ainsi de reconstituer une véritable histoire culturelle et sociale du XIXe siècle.

Pour cela, la recherche repose sur :

  •  Le dépouillement conjoint des catalogues de ventes de cette époque (conservés dans différentes bibliothèques et dont certains sont annotés) ;
  •  Des procès-verbaux des commissaires-priseurs conservés aux Archives de la ville de Paris (qui donnent les noms des acheteurs et les prix de vente) ;
  •  Des cahiers manuscrits de Nicolas Plaoutine (1893-1942).

Ce spécialiste de la céramique grecque antique, aujourd’hui oublié, a eu une courte carrière dans les années 1930 ; outre quelques articles et plusieurs fascicules du Corpus Vasorum Antiquorum, il a laissé des cahiers manuscrits de grande valeur. Ces Cahiers Plaoutine rassemblent le dépouillement manuscrit annoté et commenté de centaines de ventes de vases grecs. En collaboration avec le département des antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre qui les conserve, la numérisation et la mise en ligne des Cahiers Plaoutine met déjà à disposition de la communauté scientifique une source inédite de première importance qui n’était consultable jusqu’à présent qu’en accès restreint. Les possibilités de zoom dans l’image facilitent le déchiffrement de l’écriture serrée de Nicolas Plaoutine et en particulier, des mentions de prix ou annotations portées en marge, dont beaucoup restent encore à exploiter.

 

Un cahier de concordance complétant la série et conservé à l’université d’Oxford a été mis en ligne sur le site du Calssical Art Reasearch Centre.
Les résultats de ces recherches prennent la forme d’un répertoire numérisé des ventes d’antiques développé sous Agorha, dont une première partie a été mise en ligne dès 2014. Cette base de données, régulièrement implémentée, recense les ventes elles-mêmes, les descriptions des lots, les acteurs de ces ventes (vendeurs, marchands, intermédiaires, collectionneurs et musées) et, quand cela est possible, l’identification des œuvres ; elle recoupe et enrichit les bases de données Histoire des vases grecs, Images de la Grèce antique (VIe-IVe siècle avant J.-C.) et Digital Muret.
Un choix représentatif de ventes est maintenant traité de 1816 à 1898. Toutes les ventes identifiées contenant au moins une œuvre antique sont rentrées dans la base pour la première moitié du siècle (fiche évènement) ; celles qui sont documentées par les minutes des commissaires-priseurs et/ou les Cahiers Plaoutine sont progressivement détaillées, avec les ventes des lots et les fiches des œuvres identifiées. Tous les acteurs de ces ventes, collectionneurs, marchands, experts, acheteurs et vendeurs, font l’objet d’une notice particulière, et au fur et à mesure de l’avancée de la saisie et des recherches, leurs portraits sont ainsi peu à peu précisés.

En 2018, un site de datavisualisation de ces données a été mis en ligne : Sur la piste des œuvres antiques. Il permet d’exposer les données de la recherche de manière interactive et ainsi de mettre en valeur les exploitations scientifiques qu’elles permettent (sur la trajectoire des objets, les réseaux d’acteurs, les évolutions des valeurs, etc.). On propose ainsi de visualiser le cycle de vie de ces objets issus de l’antiquité, qui peut être suivis dans leurs histoires temporelles et leurs déplacements géographiques ; on découvre également le portrait des acteurs de ces ventes, et les données relatives aux prix des antiques à cette période. Une nouvelle fonctionnalité a été ajoutée en 2022 : une carte interactive permettant de visualiser l’ensemble des parcours des objets répertoriés, de leur lieu de création à leur lieu de conservation actuel, en passant par leur lieu de découverte et leur(s) vente(s) parisiennes.
La masse des données relatives aux œuvres comme aux personnes est colossale. Le programme n’a pas vocation à l’exhaustivité. Au-delà des résultats proposés, ce répertoire veut aussi offrir à la communauté des chercheuses et des chercheurs comme des responsables de collections des données qui permettent d’avancer en collaboration à la consolidation et à l’enrichissement de l’histoire de ce patrimoine.

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