Créé en 2017, ce programme s’inscrit dans la succession des études menées depuis 2010 à l’INHA sur le vêtement et la mode et de celles menées depuis 30 ans sur les teintures naturelles par les archéologues et historiens. Il permet tout à la fois des croisements entre textile et arts plastiques et la prise en compte de territoires extra européens.
En dépit de la richesse et de la diversité des sources, l’histoire de la couleur et a fortiori du colorant dans le vêtement du XIXe au XXIe siècle reste à faire. Une grande méconnaissance subsiste en effet quant à l’identification des premiers colorants de synthèse, leur datation et leur usage selon les fibres textiles disponibles à l’époque. Au sein d’un bornage que définit d’une part l’invention à Londres en 1856 du premier colorant de synthèse, la mauvéine, d’autre part l’abandon du pantalon garance par l’État-major des armées françaises à la fin de l’année 1914, le programme vise non seulement à établir de manière précise et documentée la chronologie des découvertes et de la diffusion des colorants de synthèse mais aussi à identifier dans les collections publiques françaises les pièces de vêtement en témoignant.
S’inscrivant dans la généalogie d’études de la mode et du vêtement apparues au cours des années 1980, le programme en constitue potentiellement un jalon à même de susciter une relecture de l’histoire de la mode et du vêtement et de sa réception. Il bénéficie également de la réévaluation par les historiens et philosophes des sciences et techniques de l’industrie des colorants de synthèse, qui illustre de manière exemplaire la mutation de savoirs artisanaux devenus experts en des savoirs d’origine scientifique, valorisés auprès de leurs contemporains par leur caractère innovant.
Le programme, qui nécessite un croisement des sources, permet de relier les données issues de l’histoire des sciences à des faits textiles relevant de l’histoire industrielle et de l’histoire des arts.