En se penchant sur l’histoire du quartier dans lequel les partenaires du projet ont pris leur quartier, ce projet contribue à une histoire des capitales culturelles, tout en réfléchissant à la meilleure manière de rendre visible et accessible cette histoire.
L’objectif du projet « Richelieu. Histoire du quartier » est de mettre en lumière le patrimoine lié au secteur compris entre le Louvre, l’Opéra, la place des Victoires et les grands boulevards. Ce travail permettra de créer des ressources pour en étudier les aspects urbanistiques (transformations, destructions, reconstructions) ; architecturaux (histoire des bâtiments : construction, réaffectation, disparition) ; économiques, commerciaux et administratifs ; sociologiques (démographie professionnelle ; métiers ; institutions et réseaux), et culturels (édition, musique, littérature).
Le périmètre géographique de ce projet s’étend de manière très souple entre les grands axes de l’avenue de l’Opéra, la rue de Rivoli, la césure avec la Nouvelle Athènes et la rue du Louvre. La définition du quartier n’étant pas fixée par une définition administrative, il s’agit aussi d’en respecter les transformations à travers le temps et la dimension de géographie imaginaire par rapport aux points cités précédemment. Le périmètre chronologique du projet s’étend du début du XVIIe siècle à l’époque contemporaine, période qui a vu l’installation de toutes les institutions partenaires dans le quartier, mais se concentre principalement sur la fin du XVIIIe siècle au milieu du XXe siècle.
Afin de pouvoir retracer cette histoire, plusieurs axes ont été explorés au cours de la première phase de travaux. De 2018 à 2020, une collaboration étroite avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne a permis l’exploitation numérique de cartes historiques, des données contenues dans les bottins, annuaires du commerce et almanachs et un alignement d’extraits de ces deux jeux de données pour le long XIXe siècle. Parallèlement, la deuxième phase du projet (2021-2022) a débuté par un repérage systématique de corpus iconographiques conservés dans les institutions parisiennes (BnF, musée Carnavalet, Bibliothèque historique de la ville de Paris, etc.). À cette période, la ville est constamment accompagnée par sa représentation graphique et imprimée qui en assure la visibilité. La collecte de données qui a été entreprise fait donc appel à des sources variées et complémentaires (photographies, cartes postales, croquis d’artistes, dessins d’architecture, plans et élévations, gravures de mode, menus de restaurants, prospectus, jetons du commerce, affiches publicitaires, etc.). Il s’agit de sélectionner, signaler et proposer à la numérisation des documents représentant l’aspect des rues ou les activités qui s’y déploient. Un croisement entre ces sources traditionnellement analysées séparément, permet de créer de nouvelles combinatoires documentaires et de faire émerger la réalité urbaine, historique, architecturale et sociale du quartier à travers les décennies.
En 2021, l’INHA, la BnF et l’ENC, membres de la Fondation des Sciences du patrimoine (FSP), ont déposé conjointement avec le laboratoire Modèles et simulations pour l’architecture et le patrimoine (UMR 3495 MAP) un projet de recherche à l’appel annuel de la FSP intitulé « RICH.DATA ». Ce projet formalise la dimension numérique conceptuelle du projet initial en proposant d’élaborer un système d’information capable de relier les sources iconographiques identifiées et de présenter différents cadres d’interprétation sur les données collectées : l’ambition est de créer un point d’accès aux connaissances très diverses et dispersées dans les nombreuses institutions qui participent et contribuent au projet. Le prototype développé dans le cadre de ce projet devrait offrir le moyen de lire et d’interpréter ce corpus iconographique dispersé et hétérogène, pour comprendre la transformation du patrimoine urbain grâce à un outil d’exploration de ces données visuelles permettant une analyse de la ville dans sa matérialité et sa densité historique.
La recherche fondamentale s’articule aussi au travers d’une série de rencontres, sous la forme de séminaires et de conférences. Les intervenants abordent la question de l’état des lieux des sources, les recherches en cours, et explorent les problématiques soulevées par le premier échantillon de recherches sur les sources iconographiques. À ceci s’ajoute la programmation de visites guidées et de manifestations destinées à tous les publics.
Ce programme de recherche bénéficie du soutien de la Banque de France et de la Fondation des sciences du Patrimoine.