© INHA, 2008
96 p.
ISBN : 9782951930797

Pour Louis Marin, il ne s’agit pas de penser le pouvoir comme un concept qui préexisterait à toute représentation, mais de montrer, au contraire, qu’il prend toujours forme dans des représentations : en ce sens, le pouvoir, c’est la représentation. Selon les termes employés par Louis Marin, la représentation est en effet l’opération qui met « la force en réserve dans les signes », en transformant la force en pouvoir. Les façades des palais, les portraits équestres, les monnaies, les jardins, les cérémonies et les fêtes sont les signes de la force que le Roi se retient provisoirement d’exercer. Substituts de la violence absolue, ces signes du pouvoir assignent aux sujets leur place, déterminant la condition de leur assujettissement entre l’amour et la crainte.

Ainsi, dans la fête des Plaisirs de l’île enchantée donnée à Versailles en 1664, le roi magicien offre à ses invités « tous les plaisirs possibles ». Fantasme du pouvoir absolu, comme la définit Louis Marin, la fête royale est un rituel par lequel le souverain confirme et intensifie son emprise sur l’affectivité de ses sujets. Chacun y « marque avantageusement son dessein de plaire au Roi, dans le temps où Sa Majesté ne pensait elle-même qu’à plaire ». Mais la fête culmine et se conclut avec un immense feu d’artifice, exhibition menaçante de la force guerrière du roi.

Seize ans après sa disparition, Louis Marin reste un auteur dont l’œuvre continue à inspirer de nombreuses recherches touchant directement à l’histoire de l’art. L’exposition Louis Marin. Le pouvoir dans ses représentations, organisée par l’INHA et le CEHTA (Centre d’histoire et de théorie des arts – École des hautes études en sciences sociales) a donc été l’occasion de rendre hommage au travail de Louis Marin, qui s’est consacré à la relation fondatrice entre pouvoir et représentation. Le château de Versailles et ses jardins, ainsi que le parc Disneyland en Californie ont été les lieux choisis pour représenter à la fois un lieu de pouvoir absolu et un autre plus fictionnel où tout conflits s’annulent. L’exposition a donc présenté une série de gravures commémorant les fêtes données à Versailles par Louis XIV, ainsi que des photographies de la construction de Disneyland en 1954-1955.

Commissariat

  • Giovanni Careri
  • Xavier Vert

Pour aller plus loin Dossier de Presse – Louis Marin. Le pouvoir dans ses représentations