© École nationale supérieure des beaux-arts / INHA, 2002
126 p., 18 €
ISBN : 9782840561149

Le 22 juillet 1921, Daniel Henry Kahnweiler écrivait à son client et ami tchèque Vincenc Kramár (1877-1960), pour le remercier de l’envoi de Kubismus, tout juste paru : « Je regrette seulement que, dans ce livre, où les noms Daniel Henry et Kahnweiler reviennent à chaque page, il n’y ait pas une ligne que je puisse comprendre. Je serais très heureux si on le traduisait dans une langue que je maîtrise. Je suis certain qu’il n’y pas de livre sur ces questions qui soit pour moi aussi intéressant et instructif que le vôtre. » Le souhait aura attendu sa réalisation plus de quatre-vingts ans.

La première traduction intégrale, proposée aujourd’hui au lecteur, révèle un ouvrage qui est en effet, dans ses premières pages, une lecture critique du texte que le marchand de Picasso avait de son côté consacré au cubisme en 1920. Lecture cependant qui s’en détache très vite, pour donner sa pleine mesure, car l’auteur est non seulement collectionneur, mais encore historien de l’art, ayant fait ses classes à l’école de Vienne, chez Alois Riegl et Franz Wickhoff, à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Son propos, dense, personnel et toujours passionné, traduisant un regard remarquable autant par sa sensibilité que par son amplitude et sa rigueur, fait résonner l’entente originelle de l’aisthêsis dans une analyse des visées du cubisme au travers des péripéties de sa période « héroïque » et du souvenir des choses vues, entre 1910 et 1913, entre l’atelier de Picasso, rue Ravignan, et la galerie Kahnweiler, rue Vignon. Un dernier chapitre fait retour sur l’art tchèque, ses rapports à la scène parisienne et ses tentations identitaires, pour conclure à sa nécessaire insertion dans l’avant-garde internationale.

Publié sous la direction de Hélène Klein et Erika Abrams. Traduit du tchèque par Erika Abrams.

Avec des contributions de : Erika Abrams, Grand Prix national de la traduction ; Yve-Alain Bois, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université de Harvard ; Jana Claverie, attachée de conservation en chef au musée Picasso à Paris ; Vojtech Lahoda, directeur de recherche à l’Institut d’histoire de l’art de l’Académie des sciences de la République tchèque à Prague.