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Malaise dans la peinture. A propos de la mort de Marat
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On a longtemps cru qu’entre la peinture et les tableaux, l’harmonie devait régner. La modernité a conclu le contraire. Le tableau y dément la peinture ; la peinture détermine, pour chaque tableau, un lieu d’impossible. Mais le trouble venait de plus loin. Dès la fin du Quattrocento, la discorde s’installait entre les tableaux eux-mêmes. Ainsi le tableau d’histoire et le portrait s’obligeaient à des devoirs de plus en plus nettement opposés. David en porte témoignage.
Puis arriva la Révolution française. Par La Mort de Marat, mais aussi par le croquis hâtif qu’il traça de Marie-Antoinette, il voulut maintenir ensemble la peinture et le tableau : parmi les tableaux, il voulut maintenir ensemble de tableau d’histoire et le portrait. Il était sûr d’y parvenir parce que, sous ses yeux, la politique était revenue parmi les hommes.
À ceux-ci, la Révolution annonçait : « La politique vous regarde. » Du même coup, la peinture et les tableaux trouvaient un nouveau principe de légitimité. En tant qu’arts du regard, ils étaient les arts de la politique. En tant que la politique regarde, elle requérait la peinture et les tableaux.
Mais que reste-t-il aujourd’hui de la victoire de David ? Rien. Que la politique ne les regarde plus, la plupart y ont consenti. Que le regard se soit retiré des tableaux, la peinture moderne en a fait un programme. La Mort de Marat, en tant que moment de la peinture et en tant que tableau, ne cesse d’être révolue. Et pourtant, elle ne cesse de se rappeler à l’attention. Comme la politique.