Auteur(s) de la notice :

GUILMEAU-SHALA Stéphanie

Profession ou activité principale

Militaire

Autres activités
Historien, historien de l’architecture, peintre

Sujets d’étude
Histoire de Paris, architecture moderne de l’Île-de-France et du Val-de-Loire, art et histoire du Premier Empire

Carrière
1887 : capitaine d’infanterie
1903 : membre de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement de Paris
1909 : fondation de la Société des amis du musée de l’Armée, dont il devient secrétaire-archiviste
1909-1925 : secrétaire de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement
1925 : secrétaire général honoraire de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement
1926 : sociétaire de la Société des gens de lettres
1927 : membre de la Société archéologique de Touraine

Médaillé militaire ; officier de l’Instruction publique ; chevalier de la Légion d’honneur (1915) ; lauréat du prix Berger à l’Académie française (1922) ; lauréat du prix de la Ville de Paris à la Société des gens de lettres (1930)

Étude critique

Issu d’un milieu modeste de Tours – son père est menuisier –, rien ne destine Jules Félix Vacquier à embrasser une carrière intellectuelle. Après de courtes études au pensionnat des Frères des Écoles chrétiennes de Tours, il se tourne vers une carrière militaire en s’engageant dans les troupes d’Afrique. C’est ainsi qu’il se livre à ses deux grandes passions : l’histoire de l’armée et la peinture. C’est d’ailleurs sous la mention d’artiste-peintre qu’il intègre la vie intellectuelle parisienne au tournant du XXe siècle. Amateur éclairé, historien de l’architecture, spécialiste d’histoire locale, tant attaché à Paris qu’à sa Touraine natale, Vacquier est, en dépit d’une production littéraire prolifique, peu connu aujourd’hui.

Installé à Paris au 17 de l’avenue Duquesne, puis au 96 de la rue de Varenne, Vacquier intègre la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement dès sa fondation en 1903. Au sein de cette société, il trouve un milieu propice à son désir d’érudition, de recherche et de transmission du savoir. La publication du Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, dont le premier numéro paraît en 1906, offre une tribune à ses premières études. Avec vingt-trois articles parus de 1906 à 1928, Vacquier en sera un membre zélé aux intérêts éclectiques.

Il évoque dans ses chroniques tous les aspects de la vie du septième arrondissement. Il se livre aussi bien à des enquêtes topographiques (« La Rue de la Chaise »), qu’à des analyses relatives à des faits ou à des figures historiques (Adrienne Lecouvreur, Bailly) ou anonymes (« Les Blanchisseuses d’autrefois dans le VIIe arrondissement »). Mais la majorité de ses contributions au Bulletin est consacrée à des études architecturales parmi lesquelles figurent « La Mairie du Palais-Bourbon », « L’Hôtel de Charolais », « L’Hôtel de Matignon », « Le Petit Hôtel du Maine » ou « L’Ancien Hôtel d’Orsay ». Autre thème de prédilection, les arts et l’histoire du Premier Empire, avec une figure, Napoléon, et un bâtiment emblématique, les Invalides.

Militaire de carrière, plébiscitaire et fervent bonapartiste, ce n’est pas un hasard si son premier ouvrage, publié chez F. Contet en 1908, s’intitule Visite aux Invalides. Institution, hôtel, églises, musées (9 rééditions, publié en anglais en 1927). En plus des nombreuses publications qu’il lui consacre, son attachement à cette institution se concrétise par la fondation en 1909 de la Société des amis du musée de l’Armée avec le soutien du général Gustave Léon Niox (1840-1921), alors directeur du musée. Vacquier est également l’auteur de quatre volumes consacrés au style Empire qui lui valent le prix Berger de l’Académie française. C’est de cette rencontre avec l’éditeur Frédéric Contet qu’il obtient sa notoriété d’historien de l’art, grâce à la publication de deux séries, Vieux Hôtels de Paris et Anciens Châteaux de France. Précédée par Ancien Hôtel du Maine et de Biron (1909), la première série, dont Vacquier compose douze tomes, est inaugurée par le faubourg Saint-Germain. Puis suivent, entre autres, les tomes consacrés au quartier Saint-Paul (1914) et au faubourg Saint-Honoré (1919). Se joignent à ce grand projet deux hommes de lettres et historiens, Paul Jarry et Henri Soulange-Bodin.

À la même époque et chez le même éditeur, Vacquier inaugure une nouvelle série, intitulée Les Anciens Châteaux de France. Deux corpus sont alors définis : les châteaux d’Île-de-France (1913-1930, 6 vol.) et ceux de Touraine (1928-1931, 4 vol.). Ici encore, c’est une entreprise collégiale puisque la même équipe se constitue pour mener à bien ce grand dessein éditorial. Vacquier débute cette seconde série par l’Île-de-France en s’intéressant à des constructions alors peu connues et étudiées comme cette myriade de demeures construites tout au long du XVIIIe siècle aux abords de Paris et qui ne feront l’objet d’études approfondies que dans la seconde moitié du XXe siècle. Après son départ de Paris pour la Touraine en 1925, il se lance dans la rédaction du second corpus, consacré aux châteaux du Val-de-Loire. Il en rédige quatre volumes entre 1928 et 1931. La série est complétée par Jarry et Soulange-Boudin. Ce dernier continue seul le projet en publiant chez Van Oest : Les Châteaux de Normandie (1928-1929), Les Châteaux du Maine et de l’Anjou (1934), Les Châteaux de Bourgogne (1942) et Les Châteaux du Berri (1946).

Le travail de Vacquier s’inscrit davantage dans une démarche d’amateur que d’historien. La méthode adoptée est sensiblement la même dans ces deux séries. Après de longs développements historiques centrés sur les propriétaires ou habitants célèbres de la demeure, où la petite histoire se mêle à la grande afin de faire revivre le bâtiment, les commentaires architecturaux prennent la forme de courtes notices. Il s’y livre à des descriptions souvent sommaires, parfois évasives : « L’entrée du château lui-même est ornée de deux pavillons d’ordre dorique qui datent de fort loin » (à propos du château du Marais dans Les Anciens Châteaux de France…, 1913, p. 1). Se contentant le plus souvent d’assembler assez habilement des commentaires d’auteurs divers, ses ouvrages révèlent néanmoins une solide connaissance de l’historiographie du sujet. Ainsi, Vacquier cite tour à tour Jacques-François Blondel, Piganiol de la Force, Berty, et fait même appel aux débats contemporains en distillant des propos extraits des célèbres chroniques d’André Hallays parues dans le Journal des débats. Ses commentaires sont également empreints d’appréciations personnelles, qualifiant tantôt la duchesse du Maine de « trop dépensière » (Ancien Hôtel du Maine et de Biron […], 1909) ou le château de Compiègne de « résidence idéale pour qui n’a qu’à se reposer et jouir de la vie » (Les Anciens Châteaux de France…, 1925, p. 8).

Ces ouvrages, de type monographique, s’apparentent plus au type du guide touristique qu’à l’étude architecturale. Ses intentions sont assez proches de celle de René Colas (Paris qui reste. Vieux hôtels, vieilles demeures. Rive droite ; Paris qui reste. Vieux hôtels, vieilles demeures. Rive gauche) ou Georges Cain (Coins de Paris) pour ne citer qu’eux. Il s’inscrit dans un courant littéraire couronné par le succès éditorial du « Vieux Paris » et des belles demeures de France. Révélant d’évidents échos patrimoniaux et si, comme le précise Alexandre Gady, les destructions y sont annoncées avec tact (Les Hôtels particuliers de Paris, p. 23), Vacquier ne s’interdit pas certaines remarques quant à l’état actuel des bâtiments : « Par quelle aberration a-t-on fait grimper à l’assaut des belles lignes de la riche façade du château ces masses de verdure envahissante et dégradante ? » (à propos du château d’Asnières dans Les Anciens Châteaux de France…, p. 3.)

Mais l’intérêt majeur de ces séries réside dans la richesse des illustrations, une quarantaine par volume, derrière lesquelles les notices descriptives tendent à s’effacer. Aux côtés de la reproduction de gravures anciennes, tous ces volumes offrent, pour chaque édifice, des vues en pleine page des extérieurs (élévations et jardins), recourant à des vues aériennes, comme des intérieurs, avec une attention toute particulière portée aux éléments de décors (boiseries, stucs, cheminées). Elles sont d’autant plus précieuses que nombre de ces constructions ont été largement transformées, altérées ou détruites depuis lors.

Stéphanie Guilmeau-Shala, chargée d’études à l’INHA

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Visite aux Invalides. Institution, hôtel, églises, musée. Paris : F. Contet, 1908.
  • Ancien hôtel du Maine et de Biron, en dernier lieu établissement des dames du Sacré-Cœur. Paris : F. Contet, 1909.
  • Les Vieux Hôtels de Paris, le faubourg Saint-Germain. Paris : F. Contet, 1911.
  • Les Vieux Hôtels de Paris, le faubourg Saint-Honoré. Paris : F. Contet, 1912.
  • Les Anciens Châteaux de France, l’Île-de-France : Asnières, Ermenonville, le Marais, Louveciennes, Montreuil, Villarceaux. Paris : F. Contet, 1913.
  • Les Anciens Châteaux de France, l’Île-de-France : Bévilliers, Breteuil, Champs, Courbevoie, Eaubonne, Montmorency, Rocquencourt. Paris : F. Contet, 1913.
  • Les Vieux Hôtels de Paris, la place Vendôme. Paris : F. Contet, 1919.
  • Les Vieux Hôtels de Paris, le quartier Saint-Paul. Paris : F. Contet, 1920.
  • Les Anciens Châteaux de France, l’Île-de-France : Bagatelle, Chantilly, Saint-James. Paris : F. Contet, 1920.
  • Le Style Empire : décorations intérieures et extérieures, mobilier, bronzes. Paris : F. Contet, 1920-1925, 4 vol.
  • Les Anciens Châteaux de France, l’Île-de-France : Anet, Dampierre, Écouen. Paris : F. Contet, 1922.
  • Les Anciens Châteaux de France, l’Île-de-France : Compiègne, Rambouillet. Paris : F. Contet, 1925.
  • L’Épée de Frédéric II. Paris ; Limoges ; Nancy : Charles Lavauzelle, 1926.
  • Souvenirs de Napoléon Bonaparte classés dans l’ordre alphabétique d’après les dénominations adoptées pour la désignation. Description, origine, histoire, légende. Strasbourg : Impr. de la Compagnie alsacienne des arts photomécaniques, 1927.
  • Les Anciens Châteaux de France, la Touraine : Amboise, Chenonceau, Ussé. Paris : F. Contet, 1928.
  • Les Anciens Châteaux de France, la Touraine : Azay-le-Rideau, Champigny-sur-Veude, Loches, Montpoupon. Paris : F. Contet, 1928.
  • Les Anciens Châteaux de France, la Touraine : La Côte, Langeais, La Vallière, L’Islette, Les Réaux, Valmer, Villandry. Paris : F. Contet, 1929.
  • Les Anciens Châteaux de France, l’Île-de-France : Bévilliers-Breteuil, Champs, Courbevoie, Montmorency, Rocquencourt. Paris : F. Contet, 1930.
  • Les Anciens Châteaux de France, la Touraine : Beaumont-la-Ronce, Brou-Candé, Champchevrier, Chanteloup, Coudray-Montpensier, Coulaine, Gizeux, La Guerche, La Motte-Sonzay, Luyne, Marcilly, Montrésor, Pocé, Rouvray, Verneuil-sur-Indre. Paris : F. Contet, 1931.

Articles

  • « La Mairie du Palais-Bourbon ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, décembre 1906, n°2, p. 7-12.
  • « La Mairie du Palais-Bourbon (suite et fin) ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, juin 1907, n°3, p. 3-12.
  • « Liste des officiers municipaux, présidents, maires et adjoints ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, juin 1907, n°3, p. 13-21.
  • « La Tombe d’Adrienne Lecouvreur ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, juin 1908, n°4, p. 14-30.
  • « Lieu de décapitation de Bailly, ancien maire de Paris ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, décembre 1908, n°5, p. 39-50.
  • « Deux bas-reliefs des Invalides ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, avril 1910, n°7, p. 20-25.
  • « Hôtel de Charolais ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, avril 1910, n°7, p. 41-43.
  • « Hôtel de Matignon (actuellement ambassade d’Autriche) 57, rue de Varenne ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, octobre 1910, n°8, p. 80-82.
  • « La Statue de Napoléon aux Invalides ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, novembre 1911, n°10, p. 117-129.
  • « Le Quai d’Orsay ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, novembre 1911, n°10, p. 139-144.
  • « La Bibliothèque des Invalides ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, avril 1912, n°11, p.156.
  • « La Statue de Napoléon Ier par Seurre (suite) ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, avril 1912, n°11, p. 172.
  • « Les Démolitions dans le VIIe arrondissement ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, avril 1912, n°11, p. 173-178.
  • « Le Petit hôtel du Maine ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, décembre 1912, n°12, p. 184-190.
  • « La Rue d’Olivet ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, décembre 1912, n°12, p. 201-209.
  • « Statues et portraits ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, décembre 1912, n°12, p. 211-212.
  • « Les Blanchisseuses d’autrefois dans le VIIe arrondissement ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, décembre 1912, n°12, p. 222-225.
  • « Les Démolitions dans le VIIe ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, [avril] 1913, n°13, p. 31-36.
  • « L’Hôtel de Waresquiel ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, avril 1921, n°21, p.218-220.
  • « La Maison des aveugles, rue Duroc, n°5, 7, 9 ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, avril 1921, n°21, p. 221-222.
  • « L’Ancien Hôtel d’Orsay (hôtel de M. Aubry-Vitet ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, mars 1922, n°22, p. 7-18.
  • « La Rue de la Chaise ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, mars 1922, n°22, 27-32.
  • « Les Filles de la Croix, dites sœurs de Saint-André ». Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, 1927-1928, n°30, p. 120-153.
  • « Le Château de Montpoupon ». Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 1928, t. XXIV, p. 36.
  • « Le Château de Valmer ». Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 1928, t. XXIV, p. 81.
  • « Le Château des Réaux ». Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 1929, t. XXIV, p. 171.

Bibliographie critique

  • [anonyme]. – « Décès » [notice nécrologique]. Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 2e semestre 1932, n° XXV, p. 102.
  • Jarry Paul. – « Jules Félix Vacquier 1864-1932 » [notice nécrologique]. Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du VIIe arrondissement, 1931-1932, n°33, p. 343-344.
  • Baillargeat René. – Les Invalides, trois siècles d’histoire. Paris : musée de l’Armée, 1974, p. 504.
  • Hammer Karl. – Hôtel Beauharnais. Paris ; Munich ; Zurich, Artemis : 1983, p. 215.
  • Leniaud Jean-Michel et Bouvier Béatrice. – Le Livre d’architecture, XVe-XXe siècle : édition, représentations et bibliothèques : actes des journées internationales d’étude, Paris, Collège de France, 8- 9 novembre 2001. Paris : École des chartes, 2002, p. 242.
  • Gady Alexandre. – Les Hôtels particuliers de Paris : du Moyen-Âge à la Belle Époque. Paris : Parigramme, 2008, p. 22-23.

Sources identifiées

Paris, Archives nationales

  • 454 AP 160 : dossier personnel, Société des gens de lettres
  • LH/2660/43 : dossier de Légion d’honneur