Auteur(s) de la notice :

PASTOUREAU Mireille

Profession ou activité principale

Numismate, historien, collectionneur

Autres activités
Numismatique, sigillographie, histoire byzantine, soldats de Napoléon

Carrière
1844 : naissance en Alsace dans le château familial de la famille Schlumberger ; ses parents s’installent à Pau et le Béarn devient sa seconde patrie ; élève au lycée de Pau avec son frère
1863 : commence ses études de médecine à Paris sans enthousiasme
1868 : est reçu interne lauréat des hôpitaux
1870 : interrompt ses études pour servir comme aide-chirurgien des ambulances pendant la guerre de 1870
1872 : soutient sa thèse de doctorat sur l’érysipèle du pharynx et des voies respiratoires, mais n’exercera jamais la médecine
1873 : publie son livre sur les bractéates allemandes qui est couronné par l’Institut ; se consacre désormais à l’archéologie et aux voyages et commence des séjours réguliers en Italie
1875 : premier voyage en Orient ; orienté par Anatole de Barthélemy et Adrien de Longpérier, commence ses recherches sur les monnaies de l’Orient latin
1876 : secrétaire général de la Commission de l’exposition rétrospective à l’Exposition universelle de 1878
1878 : voyage en Égypte et en Grèce ; l’ouvrage Numismatique de l’Orient latin lui vaut la reconnaissance du monde savant
1879 : séjour de six mois à Constantinople, acquiert deux cents monnaies d’argent
1884 : élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres grâce à son ouvrage Sigillographie de l’empire byzantin ; délaisse alors la sigillographie et la numismatique pour commencer ses travaux sur l’histoire byzantine qu’il considère comme l’œuvre principale de sa vie
1895 : voyage en Russie
1897 : affaire Dreyfus, anti-dreyfusard par fidélité à l’armée
1909 : candidat malheureux à l’Académie française contre Raymond Poincaré et malgré le soutien de Victorien Sardou et Pierre Loti

Membre résidant puis président de la Société nationale des antiquaires de France ; codirecteur de la Revue numismatique depuis 1883 ; membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et son président en 1896 ; membre des Académies de Roumanie, Bavière et Russie ; membre de la Société des bibliophiles ; docteur honoris causa de l’université d’Athènes

Étude critique

Gustave Schlumberger se qualifia lui-même d’« outsider ». Il n’appartint ni au monde universitaire, ni à celui des conservateurs de musées et mena deux carrières libres de toute tutelle, de numismate et d’historien. À la différence d’autres byzantinistes de son temps, tel Charles Diehl (1859-1944) qui était normalien, membre des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, professeur à la Sorbonne, Schlumberger eut un profil atypique. Il laissait encore dix ans après sa mort le souvenir d’un « mondain aux relations innombrables, collectionneur toujours aux aguets, voyageur infatigable » (Charles Samaran).

Les travaux de Schlumberger firent cependant progresser considérablement l’histoire du Proche-Orient par la mise à jour de sources inédites, notamment d’objets, de monnaies et de sceaux dont on n’avait jamais avant lui soupçonné l’intérêt historique. Son premier atout fut le goût de la découverte, directement lié à son tempérament de collectionneur, et son ambition de défricher des domaines inconnus. Sa curiosité le fit s’intéresser dès l’enfance à des objets rares. Il raconte : « La grande passion de ma jeunesse studieuse était déjà la numismatique ! Tout enfant, je recherchais passionnément les médailles, les vieilles monnaies romaines, alors encore circulant en masse parmi les vieux sous de France, avec une quantité d’autres pièces plus modernes de divers pays. » Son caractère entier et passionné, son sérieux dans l’exercice de l’érudition, ses recherches approfondies, sa puissance de travail, le conduisirent à entreprendre des travaux savants ambitieux et toujours concrets. Sa formation intellectuelle, auprès d’un père chef d’une église protestante, qui l’éduqua dans une « oppression morale inouïe » et lui enseigna le grec dès son plus jeune âge, lui inculqua un goût passionné pour l’histoire et l’archéologie et façonna chez lui une personnalité rigoureuse.

La fortune personnelle de Schlumberger lui procura des moyens exceptionnels. Son appartenance au clan industriel des Schlumberger, qui fit fortune dans les filatures et le tissage en Alsace, même s’il ne conservait avec lui que des liens lointains, lui donna une aisance financière remarquable. Dispensé de travailler pour vivre, il put sans regret abandonner la médecine une fois sa thèse soutenue et voyager tout à loisir pour visiter les musées et les collections privées qui l’intéressaient à Londres, Berlin, Vienne et Turin, mais aussi à Saint-Pétersbourg, en Égypte, en Grèce et en Orient. Son goût pour les voyages commença très tôt avec la Suisse, pays de sa mère, et surtout l’Italie, où ses parents séjournaient chaque année en hiver à Rome, à Naples ou en Sicile, tradition qu’il continua sa vie durant. C’est souvent au cours de croisières en Méditerranée, sur son yacht, qu’il alliait visites archéologiques et de musées, acquisition d’objets rares destinés à enrichir ses collections, rencontres savantes et mondaines. De son propre aveu, il pensait être le Français de sa génération qui avait le plus voyagé.

D’un naturel sociable et bien que de santé délicate, Schlumberger participa pleinement à la vie mondaine de son temps. Il aimait fréquenter « l’élite de la haute bourgeoisie française » tout en entretenant d’excellentes relations avec les marchands, les collectionneurs, les conservateurs de musées et les archéologues. Homme d’influence, il se vanta durant bien des années de faire les élections à l’Académie des inscriptions et belles-lettres et, une fois la mode du byzantinisme venue, devint une figure connue du tout-Paris.

Sans doute Schlumberger n’eut-il pas le sentiment d’être un historien de l’art au sens, où nous l’entendons aujourd’hui, et aurait-il préféré le qualificatif d’« amateur éclairé ». Par certains côtés, il fut aussi un aventurier, non seulement en raison de ses lointaines pérégrinations, mais surtout par les risques qu’il prit en s’aventurant dans des disciplines scientifiques difficiles, qui demandaient des compétences linguistiques et historiques peu communes, pour lesquelles il lui fallut réunir le secours de collègues compétents et amicaux. Son principal intérêt et sa fierté consistaient à réunir des collections exceptionnelles d’objets rares encore peu connus, voire inconnus, et d’en révéler l’intérêt historique. Son grand plaisir était la découverte d’objets anciens, au gré de ses rencontres avec des connaisseurs cosmopolites, dans un espace réunissant l’Europe, le Bassin méditerranéen et le Proche-Orient. Les périodes les plus reculées, mais ayant laissé des vestiges archéologiques, eurent sa préférence car elles étaient moins connues et plus mystérieuses. À cette quête passionnée, il consacra un maximum de moyens qu’il appliqua également à l’étude scientifique de ses trésors, en achetant des publications étrangères, finançant des traductions, explorant des sources difficiles d’accès, rédigeant des livres volumineux dont il finança en partie la publication et les illustrations. Schlumberger avait été éduqué dans le goût du grandiose et de culte de la perfection. Il avait le sens de l’épopée et la passion de l’héroïsme et aimait rechercher ces qualités dans les époques anciennes. Il aimait toujours étonner par ses révélations qu’il aurait souhaitées souvent plus spectaculaires, au point qu’il s’excuse, dans L’Épopée byzantine à la fin du Xe siècle, lorsque certains passages de ses « annales » sont peu fertiles en péripéties. Ses récits historiques sont intentionnellement empreints de théâtralité et ses digressions lui furent reprochées. De ce fait, les historiens de Byzance qui lui succédèrent considérèrent parfois son œuvre historique avec une condescendance amusée. Louis Bréhier qualifie ses travaux de « récits pittoresques et colorés » (introduction au Monde byzantin, la civilisation byzantine, Albin Michel, 1947). La cécité qui l’accabla pendant les six dernières années de sa vie l’empêcha de faire évoluer ses recherches en concertation avec les nouveaux représentants de sa discipline, qui appartenaient au monde universitaire.

Il ne faut pas oublier que Schlumberger fut aussi un admirateur passionné de Napoléon et qu’il consacra des études aux anciens soldats de Napoléon car il en avait connu certains qui s’étaient établis à Pau, ville de son enfance. Son patriotisme sans faille et sans doute aussi son antisémitisme l’entraînèrent enfin dans un anti-dreyfusisme rigide, car, disait-il, un « bon Français » se devait de défendre l’honneur de l’armée française.

Le numismate et le sigillographe

C’est sa passion première pour les collections de monnaies qui conduisit Schlumberger à devenir le disciple d’Anatole de Barthélemy (1821-1904), ancien élève de l’École des chartes, passionné par l’archéologie de la France et auteur de manuels de numismatique, dans lesquels il proposait les premiers essais de classification en ce domaine. Schlumberger lui dédie son ouvrage Les Bractéates en 1873. D’emblée, il a choisi de s’intéresser à un terrain vierge, à des monnaies étrangères et à une période autre que l’Antiquité, privilégiée par les numismates qui l’ont précédé. Schlumberger a alors acquis une riche collection de bractéates allemandes, minces monnaies des XIIe-XIVe siècles, surtout d’argent, frappées dans l’empire germanique, et jusqu’alors méprisées et inconnues en France. Il les étudie avec la méthode qu’il emploiera toute sa vie : choisir un sujet ignoré ou méconnu, acquérir personnellement les objets dans la mesure du possible, réunir la bibliographie sur le sujet, la faire traduire et la résumer, établir un pont avec l’érudition et les savants étrangers, en l’occurrence allemands, exposer le cas des contrefaçons, proposer une classification, réaliser une étude approfondie, financer la publication et l’illustrer le plus richement possible. Dès sa première œuvre, il fait la preuve de son talent de vulgarisateur et ne se contente pas de confectionner un catalogue. Il cherche, il explique, rédige avec son style clair et puissant, cherchant toujours à être compris par un large public. Schlumberger n’est encore qu’un numismate, mais il s’intéresse au contexte de fabrication des monnaies autant qu’à leur mode de découverte. Il allie le sens des objets qu’il sait observer et décrire, le goût pour les œuvres d’art, et l’intérêt pour l’Histoire, notamment économique. Il est convaincu que la numismatique a une place importante dans le domaine des antiquités et de l’histoire et est une source de l’histoire.

Dans ce premier ouvrage, Schlumberger fait preuve des qualités de sérieux et de puissance de travail qui ne se démentiront pas et sont aussitôt remarquées. Il trouve deux mentors à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Louis-Félicien de Saulcy (1807-1880), premier historien des monnaies byzantines et de Terre sainte, et Adrien de Longpérier (1816-1882), conservateur aux Cabinets des médailles puis des antiques au Louvre, qui connaît l’hébreu, le persan et l’arabe, et l’aide dans ses déchiffrements. Schlumberger qualifie celui-ci de « dernier des archéologues universels ». Fort de leurs conseils, de ceux d’Anatole de Barthélémy, déjà cité, et du comte Paul Riant (1836-1888), fondateur de la Société de l’Orient latin en 1875, Schlumberger se tourne, la même année, vers l’étude des monnaies de l’Orient latin, du XIIe au XVIe siècle. Schlumberger est séduit par l’époque des croisades qu’il trouve « à la fois si guerrière et si colonisatrice ». Le titre initial de sa monumentale Numismatique de l’Orient latin (1878), sous lequel le livre fut approuvé par la Société de l’Orient latin qui lui accorda son patronage, était Numismatique des croisades. Il voit en effet dans les monnaies la marque de « la puissance de nos pères aux rivages de la Grèce et de l’Asie » et veut montrer que « le sang latin d’Occident rénovait le vieil Orient » (Adrien Blanchet).

Les bornes chronologiques de son étude sont la première croisade, au début du XIIe siècle, jusqu’à la conquête ottomane au XVIe siècle. Il fit précéder cette publication, en guise d’introduction, par les Principautés franques du Levant, synthèse très érudite, mais ne comportant ni notes ni bibliographie. Numismatique de l’Orient latin est, selon l’expression de Gustave Schlumberger, un « ouvrage à consulter », où il décrit précisément des corpus vastes et divers encore peu connus. Aux monnaies des croisés de Syrie, de Chypre, de Grèce et du Péloponnèse, il joint en effet les nombreuses séries monétaires émises dans le Levant par les chevaliers de Saint-Jean, par les Vénitiens et par les Génois et consacre à chaque prince, chaque seigneur ou colonie franque, une notice historique approfondie. Il découvre que toutes ces principautés et seigneuries avaient frappé monnaie pour affirmer leur souveraineté : « comtes d’Édesse, princes d’Antioche, comtes de Tripoli, seigneurs de Sidon, de Montréal, d’Arsur, de Baruth, princes de Tyr, despotes d’Épire, ducs d’Athènes, princes d’Achaïe, seigneurs de Nègrepont, et tant d’autres, furent évoqués pour nous rappeler des siècles lointains où le sang latin d’Occident rénovait le vieil Orient » (Adrien Blanchet).

Ses sources sont d’importants dépouillements bibliographiques, qu’il juge à peu près complets, des sources d’archives, sa collection personnelle de monnaies et les cabinets numismatiques d’Europe tant publics que privés, dont il devient un visiteur assidu. À la fin du volume, dix-neuf planches gravées avec soin au burin par Louis Dardel représentent un exemplaire de chaque type de chaque monnaie, soit plusieurs centaines de figures. En 1882, Schlumberger ajoute un index des noms de personnes et de lieux. Cette publication confirme la forte personnalité de son auteur, son ardeur au travail et sa méthode ambitieuse, car il s’attaque à des champs d’investigation très larges et montre un constant souci de complétude dans le recensement de sources nécessairement dispersées. Placée au service de sa persévérance, sa fortune personnelle lui facilite les voyages et les acquisitions de monnaies à une échelle encore inégalée.

À la même époque, Schlumberger est chargé, comme secrétaire général, d’organiser, avec Adrien de Longpérier, la section historique de l’Exposition universelle de 1878. Cette charge lui coûte deux ans de travail, mais lui donne l’occasion de rencontrer les grands collectionneurs du moment et d’élargir son cercle de relations. C’est aussi le moment où il acquiert les premières plaques de bronze de Balawat, plaques envoyées de Mossoul à un marchand parisien alors que le reste de la trouvaille se trouve essentiellement au British Museum.

En 1879, lors d’un long séjour à Constantinople, le flair de Schlumberger lui fait acquérir le trésor de San’â, composé de deux cents pièces d’argent du royaume de Saba, dans le Yémen antique. Avec l’aide d’Adrien de Longpérier, qui avait étudié les premières monnaies himyaritiques connues et dans un contexte de forte concurrence avec les numismates britanniques, il en publie la description (1880). Schlumberger rendra hommage à son maître et ami en publiant, à la mort de ce dernier, le recueil des œuvres de Longpérier en sept volumes (1883-1886).

L’intérêt de Schlumberger pour les croisades le conduit tout naturellement à consulter les sources byzantines et à s’intéresser à l’histoire de l’empire byzantin. Lors de son séjour de six mois à Constantinople, en 1879, il acquiert auprès des antiquaires et brocanteurs un nombre considérable de sceaux byzantins de plomb de l’époque médiévale, encore appelés « bulles byzantines », qui venaient d’être exhumés lors de grands travaux de voirie dans la capitale. Schlumberger émet l’hypothèse que nombre de ces sceaux provenaient des grandes archives de l’empire byzantin enfouies sous le chantier du ministère de la Guerre (Seraskierat) et du chemin de fer d’Andrinople, et avaient été rejetés parmi les déblais dans la mer de Marmara. Au cours des orages ou sous l’influence de coups de vent, d’innombrables sceaux de plomb byzantins se trouvaient rejetés sur le rivage. Avant cette date, ce type de sceaux était rarissime, et une fois la découverte passée, il disparut à nouveau du marché des antiquités. Par la suite, Schlumberger continua à enrichir sa collection et surtout, il s’employa à la déchiffrer. Ce travail, jamais réalisé à une telle échelle, lui demanda beaucoup de temps. Il s’assura le concours d’autres collectionneurs et musées de sorte que son corpus s’éleva à des milliers de sceaux.

Il fit connaître ces séries inédites dans des articles dans Musée archéologique, la Revue archéologique, les publications de la Société nationale des antiquaires de France, les Archives de l’Orient latin, la Revue numismatique, le Bulletin archéologique et diverses autres revues, et jeta les bases d’une classification développée dans son imposant ouvrage Sigillographie de l’empire byzantin, illustré de 1 100 vignettes (1884). Avant lui, ces petits objets, souvent endommagés, étaient généralement méprisés. Schlumberger révèle leur important apport à la connaissance de l’iconographie religieuse byzantine car un grand nombre de sceaux représentent la Vierge, le Christ et les Saints sous des formes diversifiées. L’étude des légendes est d’une importance considérable pour la connaissance de la société byzantine et de son administration. Elle révèle aussi de nombreux noms géographiques encore inconnus, ainsi que des noms de famille dont Schlumberger dresse le catalogue. Ces légendes prennent parfois le style allusif et précieux des textes poétiques. Schlumberger découvre enfin l’existence d’environ deux cents sceaux inconnus portant des noms de monuments car appartenant aux fonctionnaires en charge de palais, d’églises, de couvents, d’hôpitaux et autres édifices. Il déclare son ambition de reconstituer, grâce à ces objets portant des noms de personnages de l’armée, du clergé, dignitaires et membres de familles célèbres, l’administration de l’empire grec.

Les intérêts numismatiques de Schlumberger se tournent aussi vers sa région d’adoption et il publie une Numismatique du Béarn en 1893.

L’historien de Byzance

Schlumberger ne publia jamais de somme sur les monnaies byzantines comme il le fit pour les monnaies des croisades et les sceaux byzantins. Son ambition désormais est ailleurs. Il délaisse la numismatique et la sigillographie pour se tourner vers « la grande histoire », s’intéresser aux expéditions orientales des Francs, aux péripéties de l’empire byzantin et il devient, dans la deuxième période de sa vie, l’historien de Byzance. Sa passion pour son nouveau sujet, cette fièvre qu’il qualifie lui-même de « ferveur byzantine », naît lors de la préparation de Nicéphore Phocas, qui l’engage dans des recherches considérables et lui coûte « plusieurs années de labeur ». De son propre aveu, il retira de ce travail « le goût le plus vif pour l’histoire de cet empire extraordinaire » et il considéra ensuite ses travaux d’histoire byzantine comme l’œuvre principale de sa vie.

Avant lui, les études sur l’Orient latin étaient demeurées superficielles, dominées par Charles Le Beau (1701-1778) et son Histoire du Bas-Empire en commençant à Constantin le Grand (27 vol., 1757-1811) qui se composait essentiellement d’un résumé des historiens byzantins. De Nicéphore Phocas (1890), premier ouvrage de Schlumberger sur ce sujet, qui comporte près de huit cents pages, Adrien Blanchet nous dit : « de cette œuvre le public lettré put déduire que Byzance n’avait pas toujours été l’empire branlant et poussiéreux qu’on avait entrevu à travers les pages plus ou moins exactes de Le Beau. » Schlumberger déclare en tête de son livre : « L’histoire de l’empire byzantin est encore tout entière à écrire […] Et cependant il n’en est pas de plus curieuse, de plus passionnément attachante. Rien n’est plus captivant que d’étudier l’existence de cette prodigieuse monarchie, formée d’éléments si étrangement divers, héritière du vieil empire romain, à cheval sur les limites de l’Occident et de l’Orient, se défendant durant mille ans et plus avec une énergie sans pareille, toujours renaissante, contre l’effort infatigable des nations barbares coalisées. » Il choisit la seconde moitié du Xe siècle, car elle est selon lui la plus grande époque de l’empire byzantin, au double point de vue de la puissance militaire et de plus parfait développement de la civilisation et de l’art grecs au Moyen Âge. Au sein de cette période, il choisit le règne de Nicéphore Phocas et de son prédécesseur Romain II, car il mena une lutte quasiment ininterrompue « contre les Sarrasins de Crète, d’Asie, d’Afrique et de Sicile, contre les Russes et les Bulgares, contre les Allemands en Italie » et qu’il fut, outre un soldat énergique, et un grand administrateur et un dévot rigide et mystique. Au-delà de ce personnage, il veut faire de son livre « comme un résumé de l’existence militaire, sociale et politique à Constantinople vers l’an 960 ». Une fois encore, Schlumberger se donne les moyens de traiter son sujet aussi parfaitement que possible et il réunit une documentation très riche.

L’attirance de Schlumberger pour Byzance doit également être rattaché à la « byzantinomanie » qui anima la vie culturelle française dans les vingt dernières années du XIXe siècle. Dans le domaine des arts décoratifs, on note alors une surcharge ornementale qui n’est pas sans lien avec les décors de théâtre. Selon Sophie Basch (« Du byzantinisme à Byzance et de l’histoire au théâtre. Autour de Théodora (1884) de Victorien Sardou », La Métamorphose des ruines, influence des découvertes archéologiques sur les arts et les lettres, 1870-1914. Athènes, 2004, p. 95-107), la pièce de Sardou, Théodora, créée en 1884 pour Sarah Bernhardt avec une musique de scène de Jules Massenet, et qui fut reprise en 1902, inaugura une nouvelle ère du byzantinisme. Sarah Bernhardt était elle-même passionnée par l’art byzantin et Schlumberger lui avait ouvert sa collection lors de la préparation de la pièce. Celle-ci, servie par des costumes et des décors grandioses, quoique critiqués sur certains points par des historiens, remporta un succès phénoménal et fut la première étape d’une mode suivie par de nombreux romanciers et dramaturges. Schlumberger conservait, dans son exemplaire personnel de Nicéphore Phocas, deux coupures de presse du Figaro évoquant la création au théâtre, en septembre 1892, du drame Le Vœu de Phocas, avec pour personnage principal l’empereur Phocas, alors que deux autres auteurs, ayant aussi écrit des drames lyriques sur le même sujet, faisaient connaître leurs œuvres au journal pour éviter d’être accusés de plagiat.

Il fallut à Schlumberger sept années de travail et de recherches minutieuses pour donner une suite à Nicéphore Phocas et dix ans supplémentaires pour achever ses « annales d’un siècle d’histoire byzantine ». Ce fut L’Épopée byzantine à la fin du Xe siècle qu’il traita en trois volumes parus de 1896 à 1905 et qui couvre la fin de la dynastie macédonienne, de l’avènement de Jean Ier Tzismiskès en 969 à la mort de Théodora en 1057. L’éditeur n’était plus la savante maison Firmin-Didot, mais Hachette qui produisit un livre attrayant et luxueux à la couverture en papier parchemin et à la typographie tarabiscotée, dans le style « byzantin ». L’exposé est surtout narratif, mais les illustrations sont remarquables pour l’époque et jouent, aux yeux de Schlumberger, un rôle essentiel. On ne saurait trop insister sur la démarche de Schlumberger qui s’employa toujours enrichir ses ouvrages de reproductions d’objets et de documents originaux, dans le but de donner « une illustration des faits par l’art et l’archéologie ». Toutes les gravures sont légendées avec soin et accompagnées parfois de plusieurs lignes de commentaires. Avec une rigueur extrême, Schlumberger tint à ne reproduire que des monuments contemporains de l’époque qu’il traite c’est-à-dire, pour L’Épopée byzantine, de la seconde moitié du Xe et de la première moitié du XIe siècle. Il déplore naturellement la rareté des documents, manuscrits, miniatures, inscriptions, monnaies, sceaux et débris d’architecture, vies de saints, pièces de vers, pour la recherche desquels il entreprit de longs voyages dans les collections publiques et privées, jusqu’en Arménie russe. Ses collections sont le premier vivier dans lequel il puise les matériaux reproduits dans ses livres, mais pas seulement et il reconstitue un véritable musée virtuel en réunissant toutes les sources figurées auxquelles il peut avoir accès. Il fait copier et graver des miniatures conservées au cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque nationale et dans d’autres collections. La recherche des objets illustratifs est si difficile qu’il renoncera à un quatrième tome qu’il avait primitivement prévu de consacrer à l’art et à l’archéologie de la période dont il avait reconstitué l’histoire, se contentant en 1895 de la publication des Mélanges d’archéologie byzantine dans lesquels il fait connaître quantité de sculptures, bronzes, ivoires, miniatures décrites dans des publications particulières.

Nicéphore Phocas comportait quatre chromolithographies et 229 illustrations dans le texte légendées avec soin. Dans L’Épopée byzantine, les reproductions photographiques font leur apparition et la chromolithographie est abandonnée. On trouve 228 illustrations dans le texte et dix hors texte dans le tome I, 265 illustrations dans le texte du tome II, et 295 illustrations dans le texte et onze gravures hors texte dans le tome III.

Le collectionneur

Les collections formées par Gustave Schlumberger méritent d’être considérées comme des œuvres à part entière. Par son énergie et par les moyens déployés dans la quête des objets, par sa compétence scientifique et par l’utilisation qu’il fit de ces objets comme illustrations de ses ouvrages, Schlumberger conjugua l’expertise du collectionneur et la science de l’historien de l’art. Ses collections dépassèrent largement le champ de ses ouvrages. Lui qui avait, enfant, commencé par collectionner les monnaies grecques, laissa à sa mort un véritable « musée, où les marbres et les terres cuites de la Grèce, les bronzes de Ninive et de l’Égypte, se pressent non loin des bas-reliefs de Palmyre ; où les stéatites, les ivoires et les bronzes de Byzance et de l’Orient latin voisinent avec les estampes et les livres armoriés du XVIIIe siècle » (Adrien Blanchet). Sa collection de sceaux antérieurs au XVIIe siècle, publiée avec Adrien Blanchet, comportait plus de 600 matrices. Le catalogue, paru en 1914, fait un plein usage de la phototypie.

Schlumberger se montra d’une grande générosité avec les collections publiques. Il légua deux portraits de son père et de son frère par Gustave Ricard au Département des peintures du musée du Louvre, six petits bronzes d’époque romaine, deux vases antiques et deux fragments, au Département des antiquités grecques et romaines. Le Département des antiquités orientales reçoit les plaques de bronze provenant des portes de Balawat et représentant les hauts faits du roi d’Assyrie Salmanasar III (860-825 av. J.-C.). Le Département des antiquités égyptiennes reçut sept pièces intéressantes à des degrés divers et le Département des objets d’art s’enrichit de trois bracelets en argent repoussé de style oriental du IXe siècle, d’un petit aigle de bronze et de trois pommeaux d’épée exécutés en Syrie au XIIIe siècle.

La donation de Schlumberger au cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale comporte 4 950 numéros. Parmi eux, l’ensemble le plus important est constitué de plus de 2 000 monnaies byzantines, ce qui doubla la collection du Cabinet. Cécile Morrisson rapporte une tradition orale selon laquelle Schlumberger aurait vendu sa collection de sceaux byzantins au musée de l’Ermitage pour se procurer des boutons d’uniforme de l’armée impériale et, en effet, seuls soixante-dix-huit plombs byzantins furent légués au cabinet des Médailles. Le legs se composa aussi de bagues, camées, croix, poids, amulettes, sceaux médiévaux et hittites, et d’objets divers.

Au musée des Arts décoratifs, Schlumberger destina des œuvres de sculpture et d’art décoratif provenant d’Extrême-Orient parmi lesquelles se trouvent de petites sculptures siamoises, une tête provenant d’Angkor, une sculpture annamite, des statuettes, etc. Ce musée reçut aussi sa collection d’environ deux cents reliures armoriées des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi qu’un Liber amicorum manuscrit et enluminé du XVIe siècle. Les musées de Strasbourg reçurent tout ce qui ne rejoignait pas les musées spécialisés. Selon le vœu du donateur, une salle Schlumberger fut inaugurée en 1930 au Palais Rohan. Y furent rassemblés une série de statuettes de terre cuite du VIe au IIIe siècle, des vases et des bronzes antiques, des bustes de la nécropole de Palmyre, des objets byzantins de la fin du Moyen Âge, des sculptures bouddhiques. La collection de gravures et de dessins fut ajoutée à cet ensemble ainsi qu’une iconographie de la Révolution et de l’Empire. Une série de peintures, anciennes et contemporaines, avec quelques icônes byzantines et russes fit partie du legs. Quelques faïences furent attribuées au musée des Arts décoratifs de Strasbourg ainsi que le reste de la collection numismatique de Gustave Schlumberger. Une partie des reliures armoriées données au musée des ars décoratifs de Paris fut cédée aux musées de Strasbourg. Les monnaies béarnaises et une série de livres et de tableaux allèrent au musée de Pau.

À la bibliothèque de l’Institut de France, Schlumberger légua sa bibliothèque d’étude, riche de 6 000 ouvrages, ses papiers (voir ci-dessous : les sources) et ses albums de photographies dont il semble avoir fait peu de cas mais dont on découvre aujourd’hui l’intérêt. Ces albums contiennent plusieurs milliers d’épreuves (voir Éclats d’histoire. Les collections photographiques de l’Institut de France 1839-1918. Paris, Actes Sud – Institut de France, 2003). Les vues commerciales y côtoient les photographies d’amateur car Schlumberger ne visita pas personnellement tous les pays qui y sont illustrés. Dans ses souvenirs, il ne fait aucune allusion à cette documentation foisonnante, produite par une soixantaine d’ateliers différents, à une époque où la demande du public pour les reproductions photographiques grandissait. Certaines pièces sont pourtant considérées aujourd’hui comme de grande rareté, comme les photographies de La Mecque de Sadic Bey, premières vues des hauts lieux saints de l’islam. Une grande partie des recueils est classée géographiquement, évoquant tour à tour Russie, Mandchourie, Sibérie, Chine, Espagne, Algérie, Tunisie, Maroc, Portugal, Ceylan, Syrie, Palestine, Liban, Turquie, Égypte, Arabie Saoudite, Japon, Suisse, Belgique, Italie, Croatie, Grèce, Allemagne, Autriche, Norvège, Canada, sans oublier la France où Schlumberger fit de nombreuses villégiatures. Les images d’Égypte, de Syrie, du Liban, de Palestine et de Turquie constituent à elles seules la moitié de la collection. Outre les paysages, les sites et les monuments, Schlumberger recueillit aussi de nombreuses reproductions d’œuvres d’art, surtout en Italie, mais il fit aussi reproduire les tableaux du Rijksmuseum à Amsterdam.

Par ses legs, par la création d’une fondation pour les études byzantines au Collège de France, de trois prix triennaux d’histoire byzantine, d’archéologie byzantine, d’histoire et d’archéologie de l’Orient latin à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, par des dons à la Société académique de Pau et à la Société nationale des antiquaires, Schlumberger encouragea les recherches en histoire et en archéologie byzantines. Ses travaux sont encore estimés aujourd’hui.

Mireille Pastoureau

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Des bractéates d’Allemagne, considérations générales et classification des types principaux. Paris : A. Franck, 1873.
  • Les Principautés Franques du Levant d’après les plus récentes découvertes de la numismatique. Paris : E. Leroux, 1877 [les quatre premiers chapitres parurent dans la Revue des deux mondes, 1er juin 1876].
  • Numismatique de l’Orient latin. Paris : E. Leroux, 1878-1882 [supplément et index alphabétique].
  • Le Trésor de San’a (monnaies himyaritiques). Paris : E. Leroux, 1880.
  • Œuvres d’Adrien Prévost de Longpérier, réunies et mises en ordre par G. Schlumberger. Paris : E. Leroux, 1883-1886, 7 vol.
  • Les Îles des Princes, le Palais et l’Église des Blachernes, la Grande Muraille de Byzance, souvenirs d’Orient. Paris : Calmann Lévy, 1884 (« Bibliothèque contemporaines »).
  • Sigillographie de l’Empire byzantin. Paris : E. Leroux, 1884.
  • Un Empereur byzantin du Xe siècle, Nicéphore Phocas. Paris : Firmin-Didot, 1890 ; 2e éd. Paris : E. de Boccard, 1923.
  • Numismatique du Béarn. II. Description des monnaies, jetons et médailles du Béarn. Paris : E. Leroux, 1893.
  • Mélanges d’archéologie byzantine. Paris : E. Leroux, 1895.
  • L’Épopée byzantine à la fin du Xe siècle. Paris : Hachette, 1896-1905, 3 vol.
  • Renaud de Châtillon, prince d’Antioche, seigneur de la terre d’Outre-Jourdain. Paris : E. Plon, Nourrit et Cie, 1898.
  • Expédition des « Almugavares » ou routiers catalans en Orient, de l’an 1302 à l’an 1311. Paris : Plon-Nourrit, 1902.
  • Campagnes du roi Amaury Ier de Jérusalem en Égypte au XIIe siècle. Paris : Plon, 1906.
  • Vieux Soldats de Napoléon. Paris : Plon, 1904.
  • Le Siège, la Prise et le Sac de Constantinople par les Turcs, en 1453. Paris : Plon, 1914.
  • Fin de la domination franque en Syrie après les dernières croisades. Prise de Saint-Jean-d’Acre, en l’an 1291, par l’armée du Soudan d’Égypte. Paris : Plon, 1914.
  • Collections sigillographiques de MM. Schlumberger et Adrien Blanchet. Six cent quatre-vingt-dix sceaux et bagues. Paris : A. Picard, 1914.
  • Récits de Byzance et des Croisades I-II. Paris : E. Plon, Nourrit et Cie, 1916 -1922.
  • Jean de Châteaumorand, un des principaux héros français des arrière-croisades en Orient, à la fin du XIVe siècle et à l’aurore du XVe siècle. Paris : Société littéraire de France, 1919.
  • Mes Souvenirs (1844-1928). Paris : Plon, 1934.

Articles

  • « Monnaie inédite des seigneurs de Toron, en Syrie ». Revue archéologique, 1875, t. XXIX, p. 221-230.
  • « Numismatique de Rhodes avant la conquête de l’île par les chevaliers de Saint-Jean (les Gabalas et leurs divers successeurs) ». Revue archéologique, 1876, t. XXX, p. 233-244, 305-321.
  • « Monnaie d’or d’un chef bulgare du XIe siècle, Sermon, gouverneur de Sirmium ». Revue archéologique, t. XXXIII, 1877, p. 173-176.
  • « Tombes des grands-maîtres de l’ordre de l’Hôpital, acquises par le musée de Cluny ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1877, p. 142.
  • « Deux plombs satiriques ayant trait à l’histoire des Latins d’Orient ». Revue archéologique, 1878, t. XXXV, p. 311-315.
  • « Sceau de la ville de Mételin sous la domination génoise au Moyen Âge ». Revue archéologique, 1878, t. XXXV, p.368-370.
  • « Plaques assyriennes en bronze avec dessins au repoussé et inscriptions cunéiformes [prov. des portes de Balawat] ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1878, p. 59-60.
  • « Sceaux et Bulles de l’Orient latin ». Musée archéologique, 1878, t. II, p. 294-343.
  • « Gobelet d’argent avec inscription allemande rappelant la bataille de Moncontour ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1878, p. 205-206.
  • « Statuette antique de la Fortune puérile ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1878, p. 72-73.
  • « Anneaux byzantins en or des VIIIe et Xe siècles ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1880, p. 165-166.
  • « Statuette de bronze du XIIe siècle représentant un guerrier à cheval ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1880, p. 162-165.
  • « Sceau de Constantin Ier, patriarche d’Arménie ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1880, p. 112-114.
  • « Bague d’or de Pierre Mocenigo, XIIIe siècle ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1880, p. 99.
  • « Anneau cardinalice au nom du pape Paul II ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1880, p.100.
  • « Terres cuites de Coloé ». Gazette archéologique, t. VI, 1880, p. 191-196.
  • « Deux chefs normands des armées byzantines au XIe siècle ». Revue historique, 1881, t. VI, 289-303.
  • « Notice sur la vie et les travaux de M. Adrien de Longpérier, suivie de la bibliographie de ses publications ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1882, p. 39-104.
  • « Sigillographie byzantine des ducs et catépans d’Antioche, des patriarches d’Antioche et des ducs et catépans de Chypre ». Archives de l’Orient latin, 1883, t. II, p. 423-438.
  • « Monuments byzantins inédits (sceaux, bagues, poids, tessères, médailles de dévotion) ». Gazette archéologique, 1883, p. 296-304.
  • « Bandeaux d’or estampés d’époque archaïque trouvés près de Cacerès Estramadure ». Gazette archéologique, 1885, t. X, p. 4-10.
  • « Sceaux et Bulles des empereurs latins de Constantinople ». Bulletin monumental, 1890, t. 56, p. 5-29.
  • « Amulettes byzantines anciennes destinées à combattre les maléfices et maladies ». Revue des études grecques, 1892, t. V, p. 73-93.
  • « Antiquités romaines trouvées dans le parc du château d’Azay-le-Rideau ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1892, p. 88-92.
  • « Les Rouleaux d’exultet de Bari et de Salerne ». Comptes Rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1897, p. 96-101.
  • « Sceaux des feudataires et du clergé de l’Empire latin de Constantinople ». Bulletin monumental, t. LXII, 1897, p. 421-458.
  • « L’Ivoire Barberini (musée du Louvre) ». Fondation E. Piot, monuments et mémoires, t. VII, 1900, p. 79-94.
  • « Deux bas-reliefs byzantins de stéatite, de la plus belle époque, faisant partie de la collection de Mme la comtesse R. de Béarn ». Fondation E. Piot, monuments et mémoires, t. IX, 1902, p.229-236.
  • « Un reliquaire byzantin portant le nom de Marie Comnène, fille de l’empereur Alexis Comnène ». Comptes Rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1902, p. 33-37.
  • « Sceau des esclaves (mercenaires) slaves de l’éparchie de Bithynie ». Byzantinische Zeitschrift, t. XII, 1903, p. 277.
  • « Sceau byzantin de Jean, évêque d’Afrique ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1903, p. 171-172.
  • « Un “boullotirion” byzantin ou appareil à fabriquer les sceaux de plomb de l’époque byzantine », Comptes Rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1911, p. 411-417.
  • « Le Château de La Motte-Feuilly en Berry ». Revue des deux mondes, 1er juillet 1912, p. 101-134.
  • « Fresques du XIVe siècle, d’un caveau funéraire de l’église de N.-D. de Philérémos (ou Philerme), à Rhodes ». Fondation E. Piot, monuments et Mémoires, t. XIX, 1911, p. 211-216.
  • « Les Canons du sultan Mahomet II au siège de Constantinople (avril-mai 1453) ». Revue hebdomadaire, 4 janvier 1913, p. 22-36.
  • « Les Monnaies médiévales des rois de Petite-Arménie ». Revue des études arméniennes, t. I, fasc. 1, juillet 1920, p. 3-8.

Schlumberger publia aussi un grand nombre d’articles dans des journaux quotidiens tels que le Journal des débats et Le Gaulois. Il fit de nombreuses interventions et présentations d’ouvrages dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

Direction d’ouvrages ou de revues

  • Schlumberger Gustave, co-directeur. – Revue numismatique, de 1883 à sa mort.

Bibliographie critique sélective

  • Mélanges offerts à M. Schlumberger à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance (17 octobre 1924). Paris, 1924 (Bibliographie complète des écrits de G. Schlumberger I, XVI-XXXI).
  • Grégoire Henri. – « Schlumberger », Byzantion, revue internationale des études byzantines. Liège : Vaillant-Carmanne ; Paris : P. Champion, 1924, p. 783-787.
  • Blanchet Jules-Adrien. – « Nécrologie. Schlumberger ». Revue numismatique, 1929.
  • Ostrogorsky Georg A. – « Schlumberger ». Seminarium Kondakovianum 3. Prague, 1929, p. 292-329
  • « Les Legs de Schlumberger aux musées de France ». Bulletin des musées de France, 1931, 20 p.
  • Samaran Charles. – « Notice nécrologique de M. Schlumberger (1844-1931 [sic]) ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires, 1939.
  • Bréhier Louis. – Monde byzantin, la civilisation byzantine [introduction]. Paris : Albin Michel, 1947.
  • Morrisson Cécile. – « La Donation Schlumberger ». Trois donations byzantines au Cabinet des Médailles. Exposition organisée à l’occasion du XXe Congrès international des études byzantines, 16 juillet-14 octobre 2001. Paris : Bibliothèque nationale de France, 2001, p. 21-50.

    Sources identifiées

Paris, bibliothèque de l’Institut de France

  • Schlumberger a légué à la bibliothèque de l’Institut de France ses papiers, sa bibliothèque et sa collection de photographies. Les papiers se composent de 121 volumes conservés sous les cotes Ms 4239-4359. On y trouve notamment son journal personnel, composé de 43 carnets (Ms 4239-4243) et une très abondante correspondance (Ms 4244-4309) émanant de spécialistes tels qu’Anatole de Barthélemy (357 lettres), Adrien Blanchet (409 lettres), le comte Paul Riant (1836-1888, 184 lettres), Antoine Héron de Villefosse (1845-1919) épigraphiste, conservateur des sculptures grecques et romaines du musée du Louvre (354 lettres), etc. Le catalogue des papiers Schlumberger, publié dans J. Tremblot de la Croix, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : Paris, Bibliothèque de l’Institut, Supplément, Paris, 1962, est depuis peu consultable intégralement sur internet grâce à la base Calames (catalogue en ligne des manuscrits et archives de l’enseignement supérieur, www.calames.abes.fr).
  • Annexe (deux textes représentant la pensée et l’œuvre de l’auteur photocopiés ou dactylographiés)
    • Introduction à Principautés franques du Levant
    • Introduction à Un empereur byzantin… Nicéphore Phocas, 4 p.