Auteur(s) de la notice : MICHEL Patrick

Profession ou activité principale

Bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de France, inspecteur général des bibliothèques

Autres activités
Historien d’art, critique d’art, membre du Canoë-Club

Sujets d’étude
Histoire de l’art français au XVIIIe siècle, peinture, dessin, gravure, histoire du livre et de la reliure XVI-XVIIe siècle

Carrière
Scolarité à l’école Notre-Dame-des-Aydes de Blois
1893 : entrée à l’École des chartes ; suit parallèlement à l’École du Louvre le cours d’Émile Molinier sur l’histoire des arts appliqués
1898 : sortie de l’École des chartes ; thèse pour obtenir le diplôme d’archiviste-paléographe ; stagiaire aux archives départementales du Loiret
1er mai 1899-1926 : Bibliothèque nationale, département des Imprimés
1899 (à partir de) : secrétaire de rédaction du Bulletin de l’art ancien et moderne
1908 : membre de la Société de l’Histoire de l’Art français
1er novembre 1926 : nommé conservateur-adjoint chargé du service des entrées de la Bibliothèque nationale, puis directeur du département des Entrées de la même bibliothèque
1926-1927 : président de la Société de l’Histoire de l’Art français
1930-1932 : président de l’Association des bibliothécaires français
1936-1941 : succède à Pol Neveux comme inspecteur général des Bibliothèques et des Archives
4 avril 1941 : fait valoir ses droits à la retraite
1952 : devient membre d’honneur de la Société de l’Histoire de l’Art français

Étude critique

Marqué par l’enseignement d’Émile Molinier à l’École du Louvre, Émile Édouard Gabriel Dacier montre un intérêt précoce pour l’histoire de l’art. En effet, sa thèse de l’École des chartes, soutenue en 1898, est consacrée à Florimond Roberdet, secrétaire du Roi et trésorier de France. Il y envisage non seulement la carrière administrative du personnage, mais également et davantage même, son rôle de mécène. À la suite de son entrée à la Bibliothèque nationale en 1899, Dacier oriente ses recherches vers l’histoire du livre et plus particulièrement celle de la reliure des XVIe et XVIIe siècles, livrant notamment des articles consacrés à l’atelier des reliures de Louis XII, ainsi qu’à Le Gascon et à Florimond Badier. Entre 1900 et 1926, il collabore à la rédaction du catalogue général des Imprimés, puis, à partir de 1927, il prend une part importante à la réalisation des expositions de la Bibliothèque nationale. Citons, parmi d’autres, les Plus Belles Reliures de la Réunion des bibliothèques nationales (1929). Il fut ainsi l’initiateur d’une longue tradition, contribuant à la mutation de l’idée même d’exposition, car pour lui, « une exposition, ce n’était pas uniquement un groupement d’œuvres ou d’objets, c’était une construction véritable, procédant d’une idée préalablement arrêtée » (Julien Cain). En collaboration avec Richard Cantinelli, puis seul, après la mort de ce dernier, il assure la publication des somptueux volumes des Trésors des bibliothèques de France édités à Paris et à Bruxelles, chez Van Oest (1927-1938). Il publie également, en 1932, avec Pol Neveux, les deux volumes des Richesses des bibliothèques provinciales de France.

Secrétaire de rédaction du Bulletin de l’art, de 1899 à 1914, puis de la Revue de l’art ancien et moderne, fondée par Jules Comte, à partir de 1919, Émile Dacier y publie, jusqu’en 1927, de très nombreux comptes rendus bibliographiques, des notes et des articles, dont la variété révèle sa vaste curiosité, notamment pour la gravure contemporaine et la photographie. Il nous a laissé, entre autres, des pages d’une grande sensibilité sur l’œuvre d’Alexandre Lunois (1863-1916), peintre graveur, lithographe, illustrateur et affichiste bien oublié aujourd’hui, auquel il consacra une monographie (1901) ou bien encore sur Charles Meryon (1821-1868). Citons également, parmi cette abondante production, un article consacré à la peinture belge au XIXe siècle, paru en 1905 dans la Revue de l’art ancien et moderne.

Appartenant à la génération des grands collectionneurs tels que Jacques Doucet et Henri Béraldi dont il fut très proche, il partage leur goût pour l’art du XVIIIe siècle dont il devint l’un des plus brillants spécialistes de son temps. Sa familiarité avec le monde des collectionneurs et le marché de l’art en font un témoin et un juge particulièrement précieux. Ses chroniques régulières sur « les grandes ventes » de la période (Worch, Gaston Le Breton, Engel-Gros…), qui avaient pour cadre la galerie Georges Petit, « ce théâtre, où se joue, chaque saison, le grand répertoire de la Curiosité » (« Les grandes ventes. La collection Gaston Le Breton », Revue de l’art ancien et moderne, t. XL, juin-décembre, 1921, p. 341) , apportent un témoignage de premier ordre sur le monde des collectionneurs et les mouvements du marché durant les trente premières années du XXe siècle. À ce titre, ses chroniques de la Revue de l’art ancien et moderne constituent une véritable galerie de portraits de collectionneurs. Il convient d’y ajouter ses chroniques régulières dans le Figaro artistique, entre 1924 et 1926. Incontestablement, Dacier sait parler des artistes et de leurs œuvres avec une grande sensibilité. Il suffit pour s’en convaincre de relire les pages qu’il consacre à la Petite Rue de Delft de Vermeer de la collection « Six ». Après avoir décrit ce célèbre tableau, il conclut : « Et c’est tout – du moins, c’est tout ce qu’on peut décrire ; et quand on décrit, on n’a rien dit de ce qui fait de ce tableau l’une des plus étonnantes choses de l’art de peindre. Jamais, peut-être, autant qu’ici, la conscience et la sincérité hollandaise ne se sont trouvées unies à une pareille finesse de vision, servie par une exécution plus magistrale ; jamais le coloriste, qui devança de si loin son époque, n’a travaillé de façon plus “moderne”. » Cette phrase correspond parfaitement au jugement de Jean Vallery-Radot, lequel voyait en Dacier un « amateur raffiné » qui « appréciait d’abord et ne décrivait qu’ensuite ».

Nous l’avons dit, Émile Dacier orienta rapidement et durablement ses recherches vers l’art du XVIIIe siècle français, déployant une infatigable activité dans trois domaines : les catalogues, les monographies et enfin les ouvrages de synthèse. Son nom reste attaché au Catalogue des dessins et pastels du XVIIIe siècle de la collection Jacques Doucet (1912) ainsi qu’au Catalogue du musée municipal de la ville de Nantes (1913), tous deux rédigés avec son ami Marcel Nicolle. Publications suivies en 1920 du catalogue de l’exposition Debucourt, et en 1925 de celui de l’exposition Gabriel de Saint-Aubin réalisé en collaboration avec E. Girod de l’Ain. Citons encore l’exposition Pastels français des XVIIe et XVIIIe siècles, dont il fut l’organisateur avec Paul Ratouis de Limay, à la galerie Charpentier en 1927. On ne saurait omettre dans l’évocation de cet aspect de sa production sa collaboration régulière avec la Société de reproduction des dessins de maîtres pour laquelle il livra entre 1911 et 1913 plusieurs études consacrées à des collections de dessins de son temps (Georges Dormeuil, Walter Gay, Jacques Doucet, David-Weill, Georges Bourgerel…), ainsi que son étude Les Préparations de M. Q. de La Tour (1912). Il s’attacha également à faire connaître les cabinets graphiques des grands musées ou bibliothèques de province, tels celui du musée Fabre à Montpellier (1914) ou celui de la bibliothèque de Bordeaux. Il mit aussi sa plume élégante et ses connaissances au service de la rédaction de catalogues de ventes de collections prestigieuses, comme celle d’Édouard Aynard (collaboration anonyme), en 1913, ou du marquis de Biron et de la galerie Crespi de Milan, en 1914.

En dépit de cette activité prenante de chroniqueur et de catalographe, Dacier ne néglige jamais les travaux de fond. Au milieu d’une abondante production, dont l’éclectisme est le maître mot, se dégagent trois domaines de recherche : l’histoire de la gravure au XVIIIe siècle, Gabriel de Saint-Aubin et Antoine Watteau.

Dacier s’impose très tôt comme l’un des spécialistes de l’histoire de la gravure au XVIIIe siècle, en publiant, outre de très nombreux articles, l’ouvrage La Gravure de genre et de mœurs (1925). Ce livre apparaît, non seulement comme la première synthèse sur le sujet, mais demeure, par les intuitions et la modernité de la vision de son auteur, un livre incontournable à qui veut comprendre le succès de la gravure de genre au Siècle des lumières. Dacier s’y affirme comme un précurseur, en déclarant dès sa préface : « Car le public s’intéresse à l’estampe et fait une incroyable consommation d’images. Pour bien comprendre ceci, qui nous semble un phénomène, à nous dont les enchères des ventes publiques et la superstition du “collectionnisme” ont quelque peu faussé le jugement, il faut se replacer par la pensée dans la situation des contemporains de Boucher et de Chardin, de Greuze et de Fragonard, oublier un instant le point de vue de l’art – le seul auquel nous attachons de l’importance – et ne considérer que le rôle économique et social ou, si l’on préfère, les conditions commerciales de l’estampe. Avant de devenir quelque chose de rare et de précieux, que l’on préserve même de la lumière en l’abritant dans un carton, la gravure du XVIIIe siècle, produite en quantité, mise en vente à bon compte, achetée par tous, faisait partie du décor habituel de la vie ; on la tenait pour un objet d’agrément et d’utilité courante… » Avec ce point de vue, Dacier renouvelait complètement le sujet par son approche sociale et économique de l’histoire de l’art et l’on ne saurait trop rendre hommage à la « modernité » de sa vision. Ses analyses, toujours fines et pertinentes, sont impeccablement étayées par les sources et la méthode de critique rigoureuse issue de son enseignement à l’École des chartes. Dacier sait trouver le mot juste et a le sens de la formule. Ses ouvrages composés dans une écriture élégante sont des modèles de clarté et d’érudition ; une érudition qui ne glisse jamais dans la sécheresse. Il suffit de citer ses ouvrages de synthèse sur la gravure ou la préface de son livre sur La Gravure de genre et de mœurs en France, au XVIIIe siècle. Mais Dacier fut aussi un défricheur, comme le montrent son travail sur Saint-Aubin peintre qu’il sortit de l’ombre ou bien encore ses travaux pionniers sur les catalogues de vente du XVIIIe siècle illustrés par Gabriel de Saint-Aubin.

La rencontre entre Dacier et celui qui allait devenir son « héros », remonte à l’année 1908. Cette année-là, la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France lui confiait le dépouillement analytique des croquis et annotations de Gabriel de Saint-Aubin, portés sur l’exemplaire de la Description de Paris de Jean-Aimar Piganiol de La Force de la collection Jacques Doucet. Ce travail allait orienter de manière décisive et durable les recherches de Dacier. Il n’était certes pas le premier à s’intéresser à Gabriel de Saint-Aubin et aux autres membres de cette famille ; il arrivait après Prosper de Baudicour et Edmond de Goncourt, Roger Portalis, Henri Béraldi et Adrien Moureau. On lui doit pourtant le grand livre qui manquait sur Gabriel-Jacques de Saint-Aubin (1724-1780). S’attachant dans un premier temps à l’étude du graveur, il publie en 1914 le Catalogue de l’œuvre gravé de Gabriel de Saint-Aubin, dans la collection de la Société pour l’étude de l’histoire de la gravure française. Dans cet ouvrage, il rend sa juste place à ce graveur exceptionnel qui a « élevé les sujets de l’estampe populaire au niveau des plus belles productions de la gravure ; avec un œuvre extrêmement restreint, mais de la plus rare qualité, il est seul dans son siècle à renouer la tradition de Callot ». Pour que le portrait soit complet, il restait à étudier le peintre et le dessinateur prolixe. On lui doit en effet une reconstitution rigoureuse, la première du genre (car ses précédents biographes, les Goncourt et Adrien Moureau, avaient négligé cet aspect de son art), de l’œuvre peint de Saint-Aubin (1912), un œuvre restreint composé d’une douzaine de peintures à l’huile, auxquelles il faut ajouter une vingtaine d’œuvres connues par la gravure ou des descriptions contemporaines. Dacier a montré l’éclectisme du peintre, qui a traité tous les genres, depuis l’histoire jusqu’au paysage parisien, en passant par les scènes de genre enfantines et familiales, les scènes galantes. Il discute également les attributions trop généreuses de peintures à Saint-Aubin, déclarant : « On n’a pas ici à faire la critique de ces attributions. Il s’agit seulement de retracer la carrière de Saint-Aubin peintre en n’utilisant que des documents sûrs, on écartera donc tout ce qui peut prêter à discussion » : phrase qui illustre bien le positivisme de Dacier. Il s’attache ensuite, – tâche plus ingrate, à reconstituer l’activité de « l’homme qui dessinait en tout temps et en tout lieu », qu’il résume en quelques mots choisis : « C’est en effet comme une monomanie de crayonnage incessant… » Dacier lui a sans doute consacré ses meilleurs pages et incontestablement son ouvrage le plus « inspiré » : Gabriel de Saint-Aubin, peintre, dessinateur et graveur édité entre 1927 et 1931. Après ce grand œuvre, monument d’érudition, à l’élaboration duquel il consacra une bonne partie de sa vie de chercheur, il ne délaissa jamais Saint-Aubin, car « Dacier aimait ce dessinateur de génie, dont la curiosité égalait la sienne » (L. Vallery-Radot).

On lui doit aussi d’avoir exhumé ses croquis infra-marginaux sur les catalogues de ventes et les livrets de Salons, qui constituent sans doute la part la plus originale de l’œuvre de Saint-Aubin. De fait, bien que les Goncourt l’aient précédé en attirant l’attention sur les catalogues de ventes et de salons illustrés par cet artiste, domaine où selon leurs propres termes, « Gabriel de Saint-Aubin est vraiment unique et s’est créé une originalité sans égale », il revient à Dacier d’avoir étudié et révélé, au-delà de leur qualité artistique, l’intérêt documentaire de ces dessins « grâce auxquels il a été permis de retrouver certaines peintures égarées et de ressusciter certains artistes oubliés ». Il en fit lui-même la démonstration en 1920, dans son article « Peintures historiques de l’Hôtel de La Ferté, rue de Richelieu » identifiées grâce à des croquis et à des annotations de Saint-Aubin portées sur le catalogue de la vente Gaignat de 1769. Personne n’a su mieux que lui parler de « ces dessins microscopiques où, dans la largeur d’une marge et dans la hauteur d’une notice de catalogue, l’artiste a su faire tenir la ressemblance, incroyablement précise, d’une peinture, d’une sculpture ou d’un objet d’art ». Conscient de l’importance de ces catalogues et de la nécessité de les mettre à la disposition des chercheurs, il s’attache à la publication en fac-similé, pour la Société de reproduction des dessins de maître, d’une demi-douzaine de catalogues de ventes et de livrets de salons illustrés par Gabriel de Saint-Aubin, le tout précédé de préfaces d’une grande érudition. Ces catalogues, publiés entre 1909 et 1921, demeurent une source essentielle pour l’histoire des collectionneurs du XVIIIe siècle. Parurent tour à tour les catalogues Crozat et le livret du Salon de 1769 (1909), le catalogue de la vente Du Barry et le livret du Salon de 1777 (1910), le catalogue de Louis-Michel Van Loo et le livret du Salon de 1761 (1911), J.-A. Gros, Charles Natoire et Sophie Arnould (1913), J.-A. Peters et la deuxième vente du prince de Conti (1919) ; enfin Gaignat (1921).

Le nom d’Émile Dacier est également associé à celui d’Antoine Watteau. Les études sur le maître de Valenciennes, ses contemporains ou ses maîtres (Claude Gillot), mais également ses amateurs occupent en effet une large place dans la bibliographie de Dacier, qui leur consacre pas moins de douze articles. Citons notamment son étude novatrice « Les Premiers Amateurs de Watteau en France » parue dans le numéro spécial de la Revue de l’art ancien et moderne (1921), commémorant le bicentenaire de la mort de Watteau. Cette publication constitue un prélude au magistral Jean de Jullienne et les Graveurs de Watteau au XVIIIe siècle, véritable somme en quatre volumes, publiée avec la collaboration de Albert Vuaflart et Jacques Herold entre 1921 et 1929, par la Société pour l’étude de la gravure française, ouvrage qualifié au moment de sa parution de « monument élevé à la gloire de Watteau » et qui a véritablement révolutionné les études sur le maître de Valenciennes. Dacier y montre que « c’est à Jullienne qu’on doit attribuer le mérite non seulement d’avoir suscité un véritable mouvement en faveur de Watteau, mais encore d’avoir constitué un recueil des estampes gravées d’après les œuvres de ce dernier, en joignant aux planches qu’il commanda lui-même […], celles qui avaient été publiées auparavant et celles que d’autres éditeurs, travaillant à son exemple, mirent au jour dans le temps qu’il poursuivait son entreprise. Avant Jullienne, on avait très peu gravé Watteau ; après lui, on ne le gravera presque plus. » (t. II, p. VIII) En quelques mots, Dacier met en lumière le rôle important de Jean de Jullienne dans la diffusion des peintures et dessins de Watteau.

On ne saurait brosser un tableau complet de son activité éditoriale sans évoquer, même rapidement, trois aspects moins connus de sa carrière et de ses curiosités : tout d’abord, Dacier, spécialiste et érudit, fut aussi un vulgarisateur de talent ; on lui doit en effet plusieurs manuels consacrés au Style Louis XVI, à L’Art au XVIIIe siècle et à La Gravure française. Ensuite, son intérêt pour la vie musicale et théâtrale. Il fut en effet un collaborateur régulier de la Revue musicale, premier organe des historiens de la musique en France, dans laquelle il publia des articles de musicologie portant sur le XVIIe siècle, ainsi que de nombreux comptes rendus de ballets et de concerts. La publication en 1901 du Journal inédit de Laurent Mahelot, important témoignage sur la mise en scène au XVIIe siècle, illustre son intérêt pour les arts du théâtre. Elle sera suivie, en 1906, du catalogue Musée de la Comédie-Française, 1680-1905, ouvrage couronné par le prix Charles Blanc décerné par l’Académie française et en 1909, d’une étude consacrée à Une danseuse de l’Opéra sous Louis XV : Mlle Sallé (1707-1756). D’après des documents inédits. Nettement plus insolite et plus éloigné du champ artistique est l’intérêt de Dacier pour le sport nautique. Membre très actif du Canoë-Club de France à ses débuts, on lui doit plusieurs Guides du canoéïste sur les rivières de France rédigés entre 1919 et 1928, en collaboration, et co-édités par cette association et le Touring-Club de France, ainsi qu’un manuel intitulé Comment préparer une croisière en rivière (1930).

Chercheur infatigable, Émile Dacier fut un homme aux curiosités multiples, un érudit sans faille, qui sut harmonieusement associer « au sens artistique de l’historien, la science exacte du bibliothécaire ». Il reste avant tout l’historien de la gravure, de Gabriel de Saint-Aubin et de Watteau et des collectionneurs du XVIIIe siècle. Pour Vallery-Radot qui prononça son éloge funèbre le 2 juillet 1952, « ce maître de l’histoire de la gravure française du XVIIIe siècle était de la lignée spirituelle des Goncourt » (Jean Vallery-Radot, « Émile Dacier (1976-1952) », Bulletin historique de l’Art français, 1952 (1953), p. 115).

Patrick Michel

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Alexandre Lunois. (« Les Artistes de tous les temps »). Paris : Librairie de l’Art ancien et moderne, 1901.
  • Le Musée de la Comédie-Française (1680-1905). Paris : Libraire de l’Art ancien et moderne, 1905.
  • L’Œuvre gravé de Gabriel de Saint-Aubin. Notice historique et catalogue raisonné. Paris : Imprimerie nationale, 1914.
  • Catalogues de ventes et livrets de Salons illustrés par Gabriel de Saint-Aubin. Paris : Société de reproduction des dessins de maîtres, 1909-1921.
  • Pastels français des XVIIe et XVIIIe siècles. Étude et notices. Collab. de Paul Ratouis de Limay. Paris-Bruxelles : Van Oest [1927].
  • Catalogue de l’exposition organisée par la Société « Les Amis de Blérancourt ». Collab. d’André Girodie. Paris : Frazier-Soye [1927].
  • Dessins de maîtres français. Cinquante-deux dessins d’Antoine Watteau. Paris : Helleu et Sergent, s. d. [1930].
  • Jean de Jullienne et les graveurs de Watteau au XVIIIe siècle. I. Notices et Documents biographiques. Collab. d’Albert Vuaflart. Paris : Maurice Rousseau, 1929.
  • Gabriel de Saint-Aubin peintre, dessinateur et graveur (1724-1780). I. L’Homme et l’Œuvre. Paris-Bruxelles : Van Oest, [1929]. II. Catalogue raisonné. Paris-Bruxelles : Van Oest, 1931.
  • Le Style Louis XVI. Paris : Larousse (« Arts, styles, techniques ») [1940] ; 2e éd., 1942 ; 3e éd., 1944 ; 4e éd. (entièrement revue), 1946.
  • Le « Livre des Croquis » de Gabriel de Saint-Aubin. Paris : Musées nationaux, 1943.
  • La Gravure française, Paris, Larousse (« Arts, styles et techniques »), [1944], 2e éd., 1945 ; 3e éd. (mise à jour), 1946.
  • L’Art au XVIIIe siècle. Époques Régence-Louis XV. Paris : Guy Le Prat, 1951.
  • Un album de dessins de Gabriel de Saint-Aubin conservé à la Bibliothèque royale de Stockholm… Paris : Société de reproduction de dessins anciens et modernes, 1952.

Articles

  • « La Peinture belge au XIXe siècle ». Revue de l’art ancien et moderne, 1905, t. XVIII, p. 113-125.
  • « Le Catalogue de la vente Sophie Arnould illustré par Gabriel de Saint-Aubin ». Revue de l’art ancien et moderne, 1909, t. XXVI, p. 353-360.
  • « Un nouveau livre illustré par Gabriel de Saint-Aubin : la “Description de Paris” de la collection Jacques Doucet ». Revue de l’art ancien et moderne, 1908, t. XXIII, p. 241-251.
  • « Gabriel de Saint-Aubin peintre ». Revue de l’art ancien et moderne, t. XXXI, 1912, p. 5-18, 117-132.
  • « Galeries et Collections. La collection Jacques Doucet ». Revue de l’art ancien et moderne, t. XXXI, 1912, p. 321-338.
  • « Natoire paysagiste ». Revue de l’art. Mélanges offerts à M. Jules Guiffrey. Archives de l’art français, Nvlle série, t. VIII, 1916, p. 230-242.
  • « Un bibliophile du XVIIIe siècle. Jean-Louis Gaignat ». Bulletin du bibliophile, 1920, p. 1-21, 41-65.
  • « À propos du collectionneur L.-J. [Louis-Jean] Gaignat. Les peintures historiques de l’hôtel de la Ferté, rue [de] Richelieu ». Bulletin de la Société historique de l’art français, 1920, p. 40-55.
  • « Le Testament et les Scellés d’un collectionneur du XVIIIe siècle : Louis-Jean Gaignat ». Bulletin de la Société historique de l’Art français, 1920, p. 109-133.
  • « La Curiosité au XVIIIe siècle. Les collections et la vente du prince de Conti ». Mercure de France, 15 novembre 1920, p. 128-154.
  • « Les Premiers Amateurs de Watteau en France ». Revue de l’art ancien et moderne, 1921, t. XL, p. 115-130.
  • « Les grandes ventes. La collection Gaston Le Breton ». Revue de l’art ancien et moderne, 1921, t. XL, p. 341.
  • « Une deuxième et une troisième peinture de l’hôtel de La Ferté retrouvées ». Bulletin de la Société historique de l’art français, 1922, p. 111-126.
  • « Un nouveau Poussin au Louvre : le corps de Phocion emporté hors d’Athènes ». Revue de l’art ancien et moderne, (1922), t. XLI, p. 82-85.
  • « L’Estampe et les Mœurs. Greuze a-t-il remplacé Baudouin et Lawrence ? ». L’Amateur d’estampes, décembre 1923, p. 177-181.
  • « La Curiosité au XVIIIe siècle. La revanche des magots » [sur la vogue des peintres flamands et hollandais]. Figaro artistique, 16 octobre 1924, p. 3-6 ; 23 octobre 1924, p. 18-22 ; 30 octobre 1924, p. 35-38.
  • « Les Comptes d’une grande vente de tableaux à Paris, en 1779 » [la deuxième vente du prince de Conti]. Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XLVIII, 1924, p. 153-163.
  • « Greuze et les Graveurs ». L’Amateur d’estampes, janvier 1926, p. 1-15 ; mars 1926, p. 47-58 ; mai 1926, p. 71-80.
  • « Un document probant sur “la mort de la Vierge” de Poussin. Croquis de Gabriel de Saint-Aubin en marge de sa Description de Paris, par Piganiol de La Force ». Bulletin de la Société historique de l’art français, 1927, p. 165-167.
  • « L’Inventaire après décès de Gabriel de Saint-Aubin ». Bulletin de la Société historique de l’art français, 1928, p. 354-362.
  • « Les “Gravures historiques” de Janinet ». L’Amateur d’estampes, décembre 1928, p. 161-168 ; janvier 1929, p. 14-20 ; mars 1929, p. 44-52.
  • « Un graveur ignoré du XVIIIe siècle : Charles-André Mercier ». L’Amateur d’estampes, décembre 1929, p. 161-174.
  • « Gabriel de Saint-Aubin et Sébastien Mercier ». Revue de l’art ancien et moderne, 1929, t. LXI, p. 179-192.
  • « M. de Saint-Morys et son fils, par Greuze (musée de Nantes) ». Bulletin des musées de France, 1931, p. 87-90.
  • « Une reliure française du XVIIe siècle à la Bibliothèque bodléienne ». Le Bibliophile, n° 2, avril 1931, p. 55-63.
  • « Curiosités iconographiques. À propos de la “Petite poste” de Gabriel de Saint-Aubin ». L’Amateur d’estampes, 1931, p. 17-21.
  • « La Curiosité au XVIIIe siècle : la vente Charles Coypel, d’après les notes manuscrites de J.-P. Mariette ». Revue de l’art ancien et moderne, 1932, t. LXI, p. 61-72, 131-144.
  • « Des “Emblèmes” de Callot aux “Fables” de Gillot ». L’Amateur d’estampes, 11e année, juillet 1932, p. 97-102 ; octobre, p. 137-144 ; décembre, p. 180-186.
  • « L’Athénienne et son inventeur » [J.-B. Eberts]. Gazette des Beaux-Arts, 1932, 6e période, t. VIII, II, p. 112-122.
  • « Les Premières Reliures françaises à décor doré. L’atelier des “reliures Louis XII” ». Trésors des bibliothèques de France, 1933, fasc. XVII, t. V (1933-1935), p. 7-40.
  • « Les Dessins de Fragonard de la collection Henri Béraldi, pour les “Contes” de La Fontaine : l’histoire et la légende ». Bulletin de la Société historique de l’art français, 1934, p. 267-279.
  • « Une peinture de Gabriel de Saint-Aubin retrouvée. “Laban cherchant ses dieux” ». Gazette des Beaux-Arts, 1935, 6e période, t. XIV, p. 42-46.
  • « Les Dessins de la bibliothèque de Bordeaux ». Trésors des bibliothèques de France, fasc. XXI (1936), t. VI (1936-1938), p. 50-55
  • « Antoine Watteau : l’île de Cythère avant “l’Embarquement” ». Revue de l’art ancien et moderne, 1937, t. LXXI, p. 247-250.
  • « Deux nouvelles reliures de Grolier ». I. À la bibliothèque de Libourne. II. À la bibliothèque de Vitré. Trésors des bibliothèques de France. Collab. de A. Masson. Fasc.XXIV (1938), t. VI (1936-1938), p. 186-195.
  • « Prud’hon et l’Art du livre ». Le Portique, été 1945, n° 2, p. 68-82.
  • « Les Catalogues de ventes illustrés au XVIIIe siècle ». Le Portique, 1946, n° 3, p. 103-120.
  • « Choffard, décorateur du livre ». Le Portique, fin 1947, n° 6, p. 87-103.
  • « Freudeberg et “le Monument du Costume” ». Pro Arte, octobre 1947, n° 66, p. 425-437.
  • « Le “Livre de croquis” de Gabriel de Saint-Aubin au Cabinet des dessins [du musée du Louvre] ». Revue des beaux-arts de France, [1947], fasc. IX, p. 147-154.
  • « Les Grandes Ventes de dessins au XVIIIe siècle ». Le Dessin, juin 1948, 14e année, nouv. série, n° 15, p. 195-208.
  • « La Curiosité au XVIIIe siècle : Choiseul collectionneur ». Gazette des Beaux-Arts, 6e période, t. XXXVI, 1949, p. 47-74.
  • « La Mort et l’Inventaire après décès de H. H. Eberts ». Bulletin de la Société historique de l’art français, 1951, p. 167-176.
  • « Les Anciens Catalogues de ventes ». Bulletin du bibliophile, 1952, n° 3, p. 117-142.

Bibliographie critique sélective

  • A.D. – « Hommage à M. Émile Dacier secrétaire de rédaction “honoraire” de la Revue de l’art ». Revue de l’art ancien et moderne, n° 737, avril 1927, p. 105-106.
  • Guignard Jacques. – « Émile Dacier ». Bibliothèque de l’École des chartes, t. CXI, 1953, p. 329-334.
  • Martin A. – « Notice Dacier », In Dictionnaire de biographie française, Roman D’Amat, dir., Paris : Librairie Letouezy et Cie, 1961, t. IX., col. 1465, notice 4.
  • Vallery-Radot, Jean et Weigert Roger-Armand. – « Émile Dacier (1876-1952) ». Bulletin de la Société historique de l’Art français, 1952 (1953), p. 113-152.

Sources identifiées

Pas de sources recensées à ce jour.

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