Auteur(s) de la notice :

BONNET Alain

Profession ou activité principale

Homme de lettres, employé de l’administration des Beaux-Arts

Autres activités
Historien de l’art

Sujets d’étude
Histoire de l’art français du XVIIe siècle, histoire de la sculpture du XIXe siècle (biographe de David d’Angers)

Carrière
1874–1906 : archiviste de la Commission de l’inventaire général des richesses d’art de la France
1891–1906 : secrétaire de l’École nationale supérieure des beaux-arts

Chevalier de la Légion d’honneur (1893)

Étude critique

Dans sa longue étude sur les historiens de la sculpture française parue au début du XXe siècle (« Les Historiens de la sculpture française », La Revue de Paris, 15 octobre 1908), Louise Pillion ne mentionnait à aucun endroit le nom d’Henry Jouin, qui consacra pourtant une part importante de ses écrits à la défense de l’art statuaire et à la gloire des sculpteurs de l’école française. Cet oubli est symptomatique, dans la mesure où Jouin occupa une position notable dans le milieu des historiens de l’art du XIXe siècle ; ses choix esthétiques pouvaient à bon droit paraître rétrogrades et condamnables à l’heure où Louis Courajod s’imposait comme un modèle, et où l’apologie de l’art du Moyen Âge commandait nécessairement le dénigrement des productions classiques ou académiques et le mépris ou l’ignorance de ses défenseurs. La carrière de Jouin, ses travaux, ses publications, sa participation à de très nombreux comités savants sont pourtant caractéristiques d’une certaine pratique de l’histoire de l’art dans la deuxième moitié du XIXe siècle. En ce sens, il appartient à la longue cohorte des érudits graphomanes qui jetèrent les bases d’une science historique de l’art en la détachant de l’appréciation cultivée des amateurs et du jugement littéraire des esthètes pour la fonder sur la recherche du document original et de la pièce d’archive. Il fut l’homologue, quelquefois l’ami ou le confrère, des pionniers de l’histoire de l’art française employés dans l’administration des Beaux-Arts ou dans celle des musées, Jules Guiffrey, Charles Blanc, Paul Mantz, Albert Lecoy de la Marche, Adrien de Longpérier, Henri Delaborde, Eugène Müntz, Charles Marrionneau, Paul de Saint-Victor… – il consacra d’ailleurs à quelques-uns de ses confrères (Adrien de Longpérier, Paul de Saint-Victor, Adrien Maillard et Charles Marrionneau) une notice biographique dans son volume Vus de Profil, 1895.

Henry Jouin est né à Angers le 30 janvier 1841 dans la modeste famille d’un menuisier. Son frère Ernest fut curé de Saint-Augustin à Paris et fondateur de la Ligue franc-catholique en 1913, son autre frère Amédée, auquel il consacra une notice biographique accompagnant la publication de ses sermons (Le P. P. Jouin, 1909, 2 volumes), entra également dans les ordres. Henry suivit, lui, une carrière administrative et journalistique. Après des études classiques au collège Mongazon d’Angers, il publia dans la presse locale, dès 1860, des études sur des questions d’art et d’économie sociale. Il fonda en 1870 la Revue des associations catholiques ouvrières. Résidant à Paris à partir de 1872, il collabora à différents journaux ou revues, Le Français, Le Journal des villes et des campagnes, Le Journal de l’art (de Louvain) et enfin la Gazette des Beaux-Arts, pour laquelle il s’occupa, de 1881 à 1885, des recensions bibliographiques puis entreprit, en 1885, l’édition des tables alphabétiques et raisonnées. Par la suite, il devait publier des articles dans différents organes de presse et entamer une collaboration suivie avec la Nouvelle Revue. Il entra le 1er décembre 1874 à l’administration des Beaux-Arts où il occupa, jusqu’en 1906, le poste d’archiviste de la Commission de l’inventaire général des richesses d’art de la France. À ce titre, il collabora à la publication en vingt-cinq volumes de l’Inventaire général des richesses d’art de la France, annotant ou rédigeant une part importante de cette publication monumentale entreprise sous la direction du marquis de Chennevières-Pointel. Jouin seconda également Chennevières lorsqu’il occupa le poste de secrétaire-rapporteur du Comité des Sociétés des beaux-arts des départements ; les rapports rédigés à cette occasion furent d’abord publiés dans l’Officiel puis sous le titre L’Art et la Province. Jouin contribua dans une mesure tout à fait notable aux douze volumes parus à l’issue des sessions des sociétés des départements (L’Art et la Province. Le Comité des Sociétés des beaux-arts, les sessions annuelles des délégués des départements, suivis des rapports généraux lus à l’issue de ces sessions, trois volumes, 1877-1885 ; 1886-1892 ; 1893-1901). En 1891, il ajouta à ces fonctions celle de secrétaire de l’École des beaux-arts. À l’École, il s’occupa d’établir les archives de l’établissement, puis d’organiser le Musée de portraits des professeurs (École nationale et spéciale des beaux-arts. Salle des Portraits : directeurs, professeurs, membres du Conseil supérieur d’enseignement, notice sur cette collection et son développement, 1893-1895). Cette étude sur l’iconographie des artistes avait été précédée par un volume intitulé Musée des portraits d’artistes (1888) qui servit de préface, ou de charte, à la fondation de l’éphémère musée des Artistes qu’abrita le Louvre à la fin du XIXe siècle (sur ce sujet, voir notre étude « Le Musée des portraits d’artistes au musée du Louvre (1888-1914) », Face à Face – Portraits d’artistes dans les collections publiques d’Île-de-France, Paris, 1998). Son supérieur hiérarchique se souvint de son collaborateur en rédigeant ses souvenirs. Il en traça un portrait qui mettait en avant essentiellement sa passion pour le détail minutieux et rare arraché à la poussière des manuscrits. Évoquant les « efforts gigantesques » de la Commission de l’inventaire général des richesses d’art de la France, Chennevières rendit hommage aux « réviseurs jamais écœurés, Anatole de Montaiglon, Paul Mantz, Jules Guiffrey, et son infatigable secrétaire Henri Jouin » ; il qualifiait Jouin d’« étonnant redresseur d’épreuves », d’« homme aux lectures abondantes et bien ordonnée », plus loin de « laborieux érudit » (Philippe de Chennevières, Souvenirs d’un directeur des Beaux-Arts, Paris, 1883).

L’œuvre de Jouin ne saurait toutefois être restreint aux questions relevant de ses fonctions administratives. Il publia des pièces de vers sur la qualité desquelles nous ne nous prononcerons pas (La Plaie – Iambes, 1872 ; Chant du siècle, 1885) ; des pièces de théâtre qui furent représentées (Corneille et Lulli, 1887 ; Le Neveu de Beaumarchais, 1899) ; des conférences et des discours sur des thèmes qui témoignaient par leur diversité d’une belle ouverture d’esprit, sinon d’une grande largeur de vue (Du rôle des femmes dans la littérature populaire, 1877 ; De l’éducation dans les patronages d’apprentis et de jeunes ouvriers, 1873 ; Le Compteur à eau système Piau, 1869…). L’essentiel des efforts érudits de Jouin porta cependant sur l’histoire de l’art, qu’il envisagea selon plusieurs axes. Il publia quelques volumes sur des questions théoriques, qui ne comptent sans doute pas dans le meilleur de sa production (Esthétique du sculpteur, 1888 ; La Pensée de Pascal sur la peinture, 1891 ; Plan d’étude sur l’art français, 1892, ce dernier ouvrage faisant suite à la publication des rapports de la Société des beaux-arts des départements). Il rédigea également nombre de notices biographiques sur les artistes contemporains, le plus souvent sous la forme d’éloges funèbres (Robert-Fleury, 1890 ; Elie Delaunay, 1891 ; Adolphe Yvon, 1893 ; Victor Galland, 1893, Adrien Dauzats, 1896…), complétées par des volumes de recueils biographiques (Maîtres contemporains, 1887 ; Vus de profil, 1899). Sa participation aux travaux de l’Inventaire général l’amena à s’intéresser aux monuments et aux jardins de Paris et il publia, sous le titre générique Histoire et description, un certain nombre de plaquettes grand in-8 sur ce sujet (L’Arc de Triomphe de l’Etoile, 1879 ; La Colonne de la Grande Armée, 1879 ; Le Jardin des Plantes de Paris, 1886 ; Le Jardin des Tuileries, 1904 ; Le Jardin du Luxembourg, 1901 ; L’Ancien Hôtel de Rohan affecté à l’Imprimerie nationale, 1889 ; L’Arc de Triomphe du Carrousel, 1883 ; La Bibliothèque Mazarine, 1879 ; La Colonne de Juillet, 1883…). Il étudia également, dans un esprit similaire, les monuments funéraires de Paris dans deux ouvrages qui demeurent encore d’une certaine utilité (La Sculpture dans les cimetières de Paris, 1898 ; Sépultures historiques des cimetières de Paris, 1900).

Les deux domaines principaux de ses travaux, pour lesquels il mérite peut-être mieux qu’une notule au bas d’une étude savante, sont toutefois d’une nature différente. Jouin publia un certain nombre d’études sur l’art du Grand Siècle. Il se fit également le biographe consciencieux et prolifique, mais quelquefois abusif, de son concitoyen David d’Angers. Sur le premier point, Jouin bénéficia de la redécouverte des manuscrits conservés à l’École des beaux-arts (notamment de Guillet de Saint-Georges) pour publier en 1883 les Conférences de l’Académie royale de peinture et sculpture, recueillies, annotées et précédées d’une étude sur les artistes écrivains, puis la biographie de Charles Le Brun rédigée par Charles Nivelon, dont le manuscrit, achevé en 1720, avait disparu. Vainement cherché par Philippe de Chennevières, Ludovic Lalanne et Anatole de Montaiglon, Jouin put le consulter à la Bibliothèque nationale où il avait été déposé par l’abbé Nogret, curé de Loches et futur évêque de Saint-Claude. Jouin exploita cette source pour faire paraître, en 1890, une biographie monumentale du Premier Peintre de Louis XIV. Editée aux frais de l’État, publiée par l’Imprimerie nationale, distinguée par l’Institut, cette biographie est exemplaire à la fois des principes artistiques qui fondent l’œuvre critique de Jouin, de la conception qu’il se faisait de la discipline qu’il servait, mais également des limites de ses travaux. Jouin s’institue dès l’introduction défenseur de l’Académie, se plaçant résolument du côté de l’art officiel et de ses institutions au nom de la tradition : « L’institution que tant de mains impatientes ont tenté de renverser et qui subsiste après des fortunes diverses est, somme toute, une liberté. Que l’on accuse l’Académie d’avoir été depuis son origine la trop sévère gardienne de la tradition, nous répondrons à ses accusateurs qu’il est bon que la leçon des ancêtres soit fidèlement transmise à leurs descendants ; que le génie d’un peuple a ses lois, toujours en harmonie avec le tempérament des générations successives, et qu’il convient que ces générations sachent où est le dépôt des préceptes légués par les maîtres ; qu’au surplus, les hommes vraiment doués, ceux que leur destinée appelle à être chefs d’école, les novateurs dont l’esprit altier répugne aux leçons d’autrui, ceux-là conservent toujours la faculté de ne rien demander et de ne rien devoir aux défenseurs naturels de la tradition. » (Conférences de l’Académie royale de peinture et sculpture…, p. 6) Il estima devoir ne pas borner sa publication à la seule biographie, qui comptait pas moins de trois cents pages de grand format, mais la compléta par les « Écrits du maître », soit deux conférences et trente-six lettres, puis par un catalogue raisonné divisé en différents chapitres, « Décorations murales », « Tableaux », « Tapisseries », « Dessins », « Compositions dessinées », « Compositions destinées à être traduites en sculpture », etc., enfin par des « Pièces justificatives ». Jouin avait testé cette formule, excessivement développée et minutieuse, dans la biographie, d’une ampleur moins étonnante, de Coyzevox publiée en 1883 par la librairie Didier sous la forme d’un modeste in-4° de 310 pages. Cette biographie, couronnée par l’Académie des beaux-arts, n’échappa pas aux remarques acrimonieuses d’un historien de l’art pointilleux, malgré le soin apporté par son auteur à s’entourer d’un apparat scientifique sous la forme d’annexes justificatives. Louis Courajod reprocha à Jouin les digressions introductives fâcheuses sur la statuaire du Xe au XIIe siècle, sur Cellini, Rosso ou Primatice, « exhibition inopportune d’une érudition de dixième main » pour traiter de la carrière et de l’œuvre d’un sculpteur du XVIIe siècle. Plus grave, il relevait de nombreuses inexactitudes ou erreurs manifestes dans l’établissement du catalogue raisonné. Courajod, dans son article, traçait de Jouin le portrait d’un historien de cabinet qui ne savait pas distinguer entre les ouvrages certains, les probables et les indûment attribués. Sans doute entrait-il dans ces attaques ad hominem une part d’esprit de corps, Courajod volant à la défense d’Eudore Soulié, l’un de ses prédécesseurs au Louvre, que Jouin avait attaqué à plusieurs endroits de son texte. Il n’en demeurait pas moins que la méthode de Jouin, fondée essentiellement sur le dépouillement des pièces d’archives, montrait des lacunes qu’un homme de musées comme Courajod ne pouvait que sanctionner : « Rien de plus dangereux pour un historien sans clairvoyance que d’avoir à sa disposition un trop grand nombre de sources d’information. Les eaux profondes qui portent les nageurs éprouvés noient les imprudents qui s’y aventurent sans défiance […]. Quand il sort d’un silence prudent, ou d’un aveu “d’ignorance”, il applique au hasard ces documents à toutes les œuvres qu’il rencontre, sans faire acception de leurs provenances, de leurs matières et de leurs qualités. Il semble qu’il se soit désintéressé de l’étude des choses et des monuments eux-mêmes pour se contenter de coudre à l’entour des fragments de texte transcrits sur des bouts de papier. » (Louis Courajod, « Antoine Coysevox et son dernier historien », Bulletin critique, Paris, 1884, p. 15) Ferdinand Brunetière avait anticipé les remarques de Courajod en faisant paraître dans la Revue des deux mondes une recension critique peu aimable des Conférences royales réunies et préfacées par Jouin : « De la préface, nous nous tairons, de peur d’en avoir plus à dire qu’il ne serait agréable à M. Jouin. Mais il faut bien dire quelques mots du volume lui-même et, tout intéressant qu’il soit, prévenir d’abord qu’il n’est ni tout ce qu’il pourrait, ni tout ce qu’il devrait être. » (Ferdinand Brunetière, « La critique d’art au XVIIe siècle », Revue des deux mondes, 1er juillet 1885, p. 208)

Cet attrait presque exclusif manifesté par Jouin pour les textes, au détriment de l’étude directe et attentive des œuvres, se retrouve dans sa profession de foi d’historien de l’art. Dans l’apostrophe au lecteur qui ouvre Les Maîtres peints par eux-mêmes, il précisa sa conception du métier d’historien de l’art ou, du moins, la façon dont il entendait servir cette discipline : « L’artiste est un homme d’études. Il vit dans le recueillement, parfois dans la détresse. Sa vie s’écoule entre les quatre murs d’un atelier. De temps à autre, il est vrai, une pensée peinte ou modelée sort du silence de ce lieu de travail […]. À de certaines heures, ce créateur modeste prend sa plume. On le voit tracer une page sur sa propre vie, fixer le souvenir d’un jour de lutte, confier à un ami ses angoisses d’artiste, raconter la fin douloureuse d’un camarade d’atelier mort dans l’insuccès et le dénuement. De pareilles confidences sont précieuses […]. Recueillir, mettre à jour ces pages dispersées, n’est-ce pas honorer ceux qui les ont signées, n’est-ce pas venir en aide à l’historien de l’art, en quête de documents authentiques et curieux sur des hommes dont l’existence échappe, et que l’on aime à suivre à travers les difficultés ou les triomphes d’une vie toujours attachante ? » La pratique d’historien de l’art de Jouin fut donc essentiellement, mais non exclusivement, celle d’un archiviste et d’un compilateur. On trouvera difficilement dans son œuvre prolixe et diverse de grandes théories, l’énonciation abstraite de conceptions normatives sur l’art et sur les artistes. Lorsqu’il s’y risque, et nous avons là les pages les plus faibles de son œuvre, il s’appuie sur les certitudes cent fois rabâchées des thèses académiques. La part la meilleure se trouve ailleurs.

La biographie monumentale qu’il consacra à David d’Angers est, à ce compte, exemplaire. Pendant presque quarante ans, Jouin a travaillé à une monographie du sculpteur, complétée par deux inventaires et un catalogue des œuvres déposées par David, sa famille ou Jouin lui-même au musée d’Angers (Inventaire général des richesses d’art de la France. Province. Monuments civils, Paris, 1885 et 1908, III et VIII). L’historien angevin a également publié de nombreux articles sur le sujet et trois volumes de la correspondance de l’artiste. Ce monument de papier dressé à la gloire de son compatriote est encore aujourd’hui indispensable. Dans chacune de ses publications, Jouin offrait de larges extraits des écrits du sculpteur, des notes, des lettres, des articles publiés ou inédits, ou encore des carnets que David rédigea au long de sa vie, dans lesquels il exprimait ses pensées sur l’art ou sur la politique. Ces écrits constituent ainsi l’essentiel du second volume de la monographie de 1878. Jouin publia également une large partie de la correspondance du sculpteur angevin dans quelques articles : « Nouvelles lettres du Maître et de ses contemporains », « Dernières lettres de David d’Angers et de ses contemporains », Nouvelles Archives de l’art français, Paris, 3e série, IX, 1893 ; « Lettres inédites d’artistes français au XIXe siècle », Nouvelles Archives de l’art français, 3e série, XVI, 1900 ; David d’Angers et ses relations littéraires. Correspondance, Paris, 1890 ; « Balzac et son sculpteur – Lettre ouverte à M. le Président de la Société des gens de Lettres », extrait de la Nouvelle Revue, Paris, 1898. Les sources sur lesquelles il s’appuyait ayant depuis longtemps été dispersées ou ayant disparu, les historiens qui s’intéressent à David d’Angers ne peuvent se dispenser de s’y reporter. Il est vrai que Jouin, cédant à ses convictions religieuses et politiques, modifia en de nombreux endroits les écrits du sculpteur et, en l’absence aujourd’hui des pièces authentiques, il semble difficile de rétablir l’original du texte (voir sur ce point Jacques de Caso, « A Philological Imposture – Henry Jouin, Interpreter of David d’Angers », The Art Bulletin, juin 1991, vol. LXXIII, n° 2).

L’œuvre de Jouin vaut mieux, peut-être, que les critiques quelquefois féroces que lui adressèrent ses pairs. Il est, en tous cas, typique d’une époque, dans ses défauts comme dans ses qualités. L’activité, sans doute brouillonne, de l’historien, sa manie de l’écriture, qui confine au vice, masquent l’essentiel. Jouin fut certainement un polygraphe incontinent, faisant feu de tout bois et délayant trop souvent les informations précieuses dans des commentaires d’une utilité contestable et d’une prolixité harassante. Fureteur infatigable des fonds d’archives, il publiait ses trouvailles en pièces détachées, réunies le plus souvent sans grand souci de cohérence, ce qui peut, à la lecture, s’avérer bien fastidieux et d’un intérêt trop hasardeux pour que l’on s’y arrête. À parcourir ses publications, on n’est toutefois jamais à l’abri d’une bonne fortune, d’une lettre oubliée d’un artiste mineur exhumée d’un carton de vieux papiers, d’une anecdote éclairante, d’un petit fait significatif…

Alain Bonnet, maître de conférences en histoire de l’art contemporain, université de Nantes

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Notice des peintures et sculptures du musée d’Angers et Description de la galerie David, précédée d’une biographie de P.-J. David d’Angers, rédigées sous la direction de M. Jules Dauban, et publiées par Henry Jouin. Angers : P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau, 1870.
  • Hippolyte Flandrin ; les frises de Saint-Vincent-de-Paul. Conférence populaire faite à la salle du Progrès à Paris les 12 et 19 janvier 1873. Paris : H. Plon, 1873.
  • La Sculpture au Salon de… Paris : Plon, 1873-1880.
  • David d’Angers, sa vie, son œuvre, ses écrits et ses contemporains. Deux portraits du maître d’après Ingres et Ernest Hébert de l’Institut. Paris : Plon et Cie,vol. 1 ; vol. 2 . Ouvrage couronné par l’Académie française (paru en livraisons dans la Revue de l’Anjou de 1869 [vol. V] à 1871 [vol. VII], 1877.
  • La Sculpture en Europe en 1878, précédé d’une Conférence sur le génie de l’art plastique. Paris : Plon et Cie, 1879.
  • Antoine Coysevox, sa vie, son œuvre et ses contemporains, précédé d’une étude sur l’École française de sculpture avant le XVIIe siècle. Paris : Didier et Cie. Ouvrage couronné par l’Académie des beaux-arts, 1883.
  • Conférences de l’Académie royale de peinture et sculpture, recueillies, annotées et précédées d’une étude sur les artistes écrivains Paris : Quantin, 1883.
  • Maîtres contemporains : Fromentin, Corot, H. Regnault, L. Cogniet, Lehmann, Jouffroy, Timbal, de Nittis, Cham, Doré, Baudry, etc. Paris : Perrin et Cie, 1887.
  • Esthétique du sculpteur. Philosophie de l’art plastique, la statue, le groupe, le buste, le bas-relief, les pierres gravées, les médailles. Paris : Laurens, 1888.
  • Musée des portraits d’artistes : peintres, sculpteurs, architectes, graveurs, musiciens, artistes dramatiques, amateurs, etc., nés en France ou y ayant vécu. État de 3 000 portraits peints, dessinés ou sculptés avec l’indication des collections publiques ou privées qui les renferment. Avec un portrait inédit de mme Vigée-Lebrun. Paris : Laurens, 1888.
  • Charles Le Brun et les arts sous Louis XIV. Le Premier Peintre, sa vie, son œuvre, ses écrits, ses contemporains, son influence. D’après le manuscrit de Nivelon et de nombreuses pièces inédites. Avec un portrait du maître d’après Antoine Coyzevox, gravé par M. Eugène Burrey. Paris : Imprimerie nationale, 1890.
  • David d’Angers et ses relations littéraires. Correspondance du maître avec V. Hugo, Lamartine, Châteaubriand, Balzac, de Vigny, Humboldt, Berzelius, Charlet, etc. Paris : Plon, Nourrit et Cie, 1890.
  • École nationale et spéciale des beaux-arts, Salles des portraits : professeurs de l’École académique de peinture et sculpture (1648-1793), professeurs de l’École académique d’architecture (1671-1793), professeurs de l’École des beaux-arts (1793-1894), directeur, membres du conseil supérieur d’enseignement, état dressé en vue de la collection des portraits. Paris : Imprimerie nationale, 1893-1895.
  • L’Art et la Province. Le Comité des sociétés des beaux-arts, les sessions annuelles des délégués des départements, suivis des rapports généraux lus à l’issue de ces sessions. 1877-1885 ; 1886-1892 ; 1893-1901 Paris : D. Dumoulin et Cie, 3 vol.,1893-1901.
  • Jacques Saly, de l’Académie de peinture de Paris, sculpteur du roi de Danemark, l’homme et l’œuvre. Mâcon : Protat frères, 1896.
  • Vus de profil : Benjamin Constant, Meissonier, Emile Michel, Puvis de Chavannes, L. Royer, Jules Thomas, Louis-Noël, Max. Bourgeois, H. Cross, Richard Mandl, Charles Blanc, Etienne Parrocel, Anatole de Montaiglon, Abraham, L. Paté, A. Maillard, Lecomte du Nouÿ, Saint-Victor. Paris : Firmin-Didot et Cie, 1899.
  • Lettres inédites d’artistes français du XIXe siècle, recueillies, commentées et mises au jour. Mâcon : Protat frères, 1901.
  • Les Maîtres peints par eux-mêmes : sculpteurs, peintres, architectes, musiciens, artistes dramatiques. Paris : Gauthier-Magnier et Cie, 1901.

Articles

  • « David d’Angers et la sculpture monumentale ». Gazette des Beaux-Arts, novembre 1877.
  • « L’Académie de France à Rome ». Nouvelle Revue, 1er décembre 1889.
  • « David d’Angers ». Nouvelle Revue, 15 octobre 1890.
  • « La Pensée de Pascal sur la peinture ». Nouvelle Revue, 15 septembre 1891.
  • « J. Saly, sculpteur du roi du Danemark ». Gazette des Beaux-Arts, juin 1895.
  • « Balzac et son sculpteur : lettre ouverte à M. le Président de la Société des Gens de lettres ». Nouvelle Revue, 15 juin 1898.
  • « Un sculpteur écrivain : Eugène Guillaume, de l’Académie française ». Nouvelle Revue, 15 septembre 1898.

Bibliographie critique sélective

  • Courajod Louis. – « Antoine Coysevox et son dernier historien ». Extrait du Bulletin critique. Paris : 1884.
  • Brunetière Ferdinand. – « La critique d’art au XVIIe siècle ». Revue des deux mondes, 1er juillet 1885.
  • Caso Jacques (de). – « A Philological Imposture – Henry Jouin, Interpreter of David d’Angers ». The Art Bulletin, juin 1991, volume LXXIII, n° 2.

Sources identifiées

Pas de sources recensées à ce jour