Auteur(s) de la notice :

BLUMENFELD Carole

Profession ou activité principale

Avocat

Autres activités
Historien, historien de l’art

Sujets d’étude
Histoire de la période révolutionnaire, histoire de Valenciennes, histoire des artistes originaires de Valenciennes, Watteau, Pater

Carrière
1848 : naissance à Valenciennes
1870 : lieutenant d’artillerie à titre auxiliaire
1871 : s’installe à Valenciennes comme avocat
1888 et 1894 : élu bâtonnier à Valenciennes
1888 : candidat républicain aux élections législatives contre le général Boulanger
1902 : mort à Valenciennes

Étude critique

Loin des Fêtes galantes et du Watteau de Théophile Gautier, d’Arsène Houssaye, de Paul Mantz et ou des frères Goncourt, Paul-Émile Foucart, dont les textes sont aujourd’hui à peine cités, parfois même oubliés, a su mettre à l’honneur une autre facette de la peinture du maître de Valenciennes, ville dont il est lui aussi originaire. Après des études à Paris, ce fils de notables exerce la profession d’avocat à Valenciennes. Candidat républicain malheureux face au général Boulanger en 1888, il s’est attaché par ses écrits à étudier et à mettre en valeur le riche passé de sa ville en s’intéressant à différents domaines de l’histoire de la période révolutionnaire, de l’histoire sociale et l’histoire de l’art.

Une passion fervente pour l’histoire de la Révolution le conduit à s’intéresser aux célébrations républicaines à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Voltaire (1879), puis de la fête de Condorcet à Bourg-la-Reine (1892). La plupart de ses études sont centrées sur l’histoire du nord de la France, comme en témoignent La Défense nationale dans le nord de 1792 à 1802, un texte de près de 700 pages coécrit avec un archiviste et d’autres érudits locaux. Dans son étude sur les explorateurs du XVIe siècle, rivaux de Christophe Colomb, Isaac et Jacques Lemaire (1892), Foucart s’attache aussi à préciser leurs liens avec Valenciennes.

Il publie également plusieurs études sur des questions sociales telles que La Fonction industrielle des femmes, La mode et le salaire, Les ouvriers laïques ainsi qu’un article dans l’ouvrage The Women question in Europe, textes qui ont une certaine résonnance dans le nord, en cette fin de XIXe siècle.

Son sujet de prédilection ou du moins celui auquel son nom demeure attaché, est l’histoire des artistes valenciennois. Ses travaux sur Le Peintre Coliez et les fêtes révolutionnaires à Valenciennes (1882) éclairent la vie et la carrière d’un peintre méconnu, dont il a rencontré le dernier fils et pour l’étude duquel il s’est plongé dans les archives locales, retraçant également l’histoire des corporations et de l’académie de Saint-Luc avant d’aborder ces fêtes qui « marquèrent d’un cachet si spécial l’époque révolutionnaire ».

Foucart ouvre sa monographie sur Adam Lottman (1894) par ces termes : « Notre travail paraîtra encore bien incomplet, néanmoins, tel qu’il est, il épargnera beaucoup de recherches à ceux qui plus tard voudront traiter le même sujet. Et avec moins de peine, il leur permettra de faire mieux que nous. » S’il s’agit, certes, d’une synthèse des travaux déjà réalisés sur le sculpteur, entrepreneur et architecte allemand installé dans le nord de la France, cette étude est longtemps demeurée la seule publication sérieuse sur l’artiste jusqu’aux travaux récents (voir Arnout Jansssens, Adam Lottman, un sculpteur baroque (1582-1662). État de la question et perspectives de recherches, Mémoire de Master II, sous la direction de Michèle-Caroline Heck, Université de Lille III, 2006). Elle mentionne, par ailleurs, des sources aujourd’hui disparues et heureusement retranscrites par l’auteur, telles que la commande du maître-autel de l’église Notre-Dame de Calais ou le contrat pour l’installation du jubé de l’abbatiale Saint-Bertin de Saint-Omer.

L’auteur interroge l’histoire des corporations et tente pour chaque artiste de présenter le contexte de sa formation, les modèles auxquels il aurait pu avoir accès, les menus travaux et les principales commandes dont il a souvent retrouvé les marchés, les grandes restaurations, les apprentis et les relations avec les autres artistes de la cité et les églises. C’est la démarche qu’il adopte lorsqu’il s’intéresse au sculpteur Antoine Pater (1887), le père de Jean-Baptiste.

S’il n’a pas le lyrisme de certains de ses confrères parisiens, Foucart confie parfois les raisons qui l’ont poussé à s’intéresser aux artistes. Ainsi, il s’intéresse à Watteau en 1892 en raison du « mystère qui enveloppe encore certains points de la vie [et qui] augmente l’attrait que l’on éprouve pour lui » (p. 5). Il reconnaît en préambule la modestie de sa démarche, ne souhaitant pas écrire une nouvelle biographie du peintre, ni « rivaliser avec les Goncourt et les Paul Mantz », dont il reconnait l’importance des travaux. Documents d’archives à l’appui, l’avocat reprend les textes anciens du XVIIIe siècle dont il vérifie les informations une à une et ponctue son raisonnement de « nous partageons son avis » ou des « nous ne le pensons pas ».

Il est parfois plus avide de « petites histoires » dont il tente de retrouver les traces sans toujours en relier les épisodes à la carrière ou aux œuvres connues des artistes. Il s’intéresse ainsi tout particulièrement au testament et à l’inventaire après décès de Jean-Baptiste Pater sans chercher à identifier les tableaux mentionnés (1891). Il donne une place sans doute très importante aux détails et il a tendance à extrapoler lorsqu’il cherche à montrer, par exemple, les liens artistiques entre Watteau et Pater grâce aux relations de voisinage entre certains membres de leurs familles respectives ou lorsqu’il analyse les actes d’un procès faisant intervenir le grand-père de Watteau.

Très tôt Foucart a travaillé avec le valenciennois Carpeaux, sous la direction duquel il s’est exercé à la pratique de l’eau-forte. Grâce à ces liens et aussi à sa persévérance– puisqu’il attendra plus de vingt ans-, Paul Foucart est parvenu à faire ériger la célèbre statue de Watteau par Carpeaux, à l’occasion du bicentenaire de la naissance du peintre, en 1884. Quelques années avant sa mort, Carpeaux avait écrit au maire de Valenciennes : « Je suis donc aussi heureux que fier d’avoir à vous donner une œuvre patriotique qui soit l’expression de notre admiration pour un des génies les plus remarquables du XVIIIe siècle et dont notre cité a droit de n’enorgueillir » (Florian Parmentier, Le Statuaire Carpeaux dans l’histoire de l’art, Paris, 1912, p. 171). Dans un contexte d’exaltation des nationalismes, Paul Foucart ou Jean-Baptiste Carpeaux utilisent Watteau et les Fêtes galantes moins pour montrer la grandeur du génie français que celle de leur région. Si les textes sur Watteau publiés au cours du XIXe siècle ont très souvent une coloration politique, résolument anti-révolutionnaire chez Gozlan en 1839 ou nationaliste chez d’autres, Paul Foucart se montre régionaliste. Ainsi ses travaux, indispensables pour mieux connaître les origines des Fêtes galantes, contribuèrent-ils à lier la postérité de ce genre aux pays du nord de la France.

Par ailleurs, Paul Foucart a tenté d’étudier et de mieux faire connaître les œuvres conservées à Valenciennes. Il est ainsi l’auteur dès 1882 du premier catalogue de la collection du musée Carpeaux. Il a également rédigé des études intitulées Les Peintures de Martin de Vos à Valenciennes (1893) ou Une toile de Pierre Snayers (1895). Il est également l’auteur d’un cours complet en soixante-douze leçons d’histoire de l’art, enseigné à l’Académie de Valenciennes pendant de nombreuses années.

D’une manière générale, Paul Foucart s’intéresse moins aux œuvres qu’à leur histoire et au contexte social et politique de leur création. Homme d’archives, il les considère, en effet, comme des témoignages d’un passé qu’il tente de faire revivre à travers ses recherches. Il accorde finalement peu d’importance aux qualités stylistiques des tableaux, sculptures et décors auxquels il s’intéresse.

Carole Blumenfeld

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • La Statue de Charlemagne. Paris : C. Marpon et E. Flammarion, 1879.
  • Le Centenaire de Voltaire. Paris : C. Marpon et E. Flammarion, 1879.
  • Le Monument de Watteau à Valenciennes. Valenciennes : Vve E. Prignet, 1881.
  • De la fonction industrielle des femmes. Paris : dépôt de la Revue occidentale, 1882.
  • La Mode et le Salaire. Paris : au dépôt de la Revue occidentale, 1884.
  • Deuxième centenaire de la naissance de Antoine Wateau [sic] : l’homme, le monument. Valenciennes : G. Giard, 1884.
  • Ville de Valenciennes. Catalogue de sculptures, peintures, eaux-fortes et dessins composant le musée Carpeaux. Paris : Société anonyme des imprimeries réunies, 1882 .
  • Le Gaspillage financier sous l’ancien régime. Valenciennes : imp. de L. Henry, 1885.
  • Antoine Pater. Paris : Impr. de E. Plon, Nourrit et Cie, 1887.
  • Brascassat. Valenciennes : impr. de L. Henry, 1887.
  • Le Peintre Coliez et les Fêtes révolutionnaires à Valenciennes. Paris : Impr. de E. Plon, Nourrit et Cie, 1889.
  • La Défense nationale dans le Nord, de 1792 à 1802. Lille : impr. de Lefebvre-Ducrocq, 1890-1893,vol.1 ;vol. 2.
  • La Mort de Jean-Baptiste Pater. Paris : Impr. de E. Plon, Nourrit et Cie, 1891.
  • Fête de Condorcet à Bourg-la-Reine. Versailles : Impr. de Vve E. Aubert, 1892.
  • Antoine Watteau à Valenciennes. Paris : E. Plon [et] Nourrit, 1892.
  • Isaac et Jacques Lemaire. Valenciennes : Impr. de P. Lacroix, 1892.
  • Les Peintures de Martin de Vos à Valenciennes. Paris : Impr. de E. Plon, Nourrit et Cie, 1893.
  • Adam Lottman. Paris : Impr. de E. Plon, Nourrit et Cie, 1894.
  • Du rôle et de l’influence de l’imitation en matière d’art et d’industrie. Valenciennes : Impr. de L. Lacour, 1894.
  • Une toile de Pierre Snayers. Collab. de Maurice Hénault. Paris : E. Plon, Nourrit et Cie, 1895.

Bibliographie critique sélective

  • Carnoy Henri. – Dictionnaire biographique des hommes du Nord, Ardennes, Aisne, Somme, Pas-de-Calais. Paris : Maton, 1899, p. 308-311.

Sources identifiées

Pas de sources recensées à ce jour

En complément : Voir la notice dans AGORHA