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250 Bordures par MM. Albrizio, Bacard, Barberis, Bellery-Desfontaines…, [1904]
Mis à jour le 7 janvier 2022
Les trésors de l'INHA
Auteur : Margaux Rocton, Clotilde Savatier
Tous les jours 20 ans !
Pour les 20 ans de la création de l’INHA, les agents et agentes de l’institut ont sélectionné des documents entrés dans les collections de la bibliothèque ces vingt dernières années et vers lesquels leur cœur les portait. Patrimoniaux ou plus courants, ces documents seront exposés au centre de la salle Labrouste tout au long du mois de janvier 2022, à raison d’un par jour, accompagné d’un texte écrit par la personne qui l’a choisi. Ces présentations reflètent les rapports personnels que nous entretenons toutes et tous à l’art, à son histoire et ses sources, au-delà de la dimension scientifique. Vous retrouverez également ces textes au fil des jours sur le blog de la bibliothèque.
Maurice Pillard Verneuil (1869-1942) (dir.)
250 Bordures par MM. Albrizio, Bacard, Barberis, Bellery-Desfontaines, Bénédictus, Bourdon, Cauvy, Dufrêne, Gillet, Follot, M. P. Verneuil, avec quelques notes sur la composition de la bordure par E. Grasset, Paris, Librairie centrale des beaux-arts, [1904]
22,5 × 28,5 cm
INHA – collections de l’École nationale supérieure des beaux-arts, entré dans les collections par convention de gestion en 2021
Publié au début du XXe siècle par la librairie centrale des beaux-arts, sous la direction de Maurice Pillard Verneuil, ce portfolio est le fruit d’une collaboration d’artistes appartenant au mouvement Art nouveau. Ce style, promu en France par l’École de Nancy, est en vogue au cours des années 1900-1920. Introduit par un court guide de sept pages expliquant la constitution et la réalisation d’une bordure, ce recueil est principalement constitué de planches, au nombre de 60, sur lesquelles sont reproduites un total de 250 bordures.
En feuilletant les diverses planches, on reconnaît plusieurs caractéristiques de l’Art nouveau, notamment les aplats de couleurs et la forte utilisation des courbes. Les bordures sont décorées de motifs pour certains récurrents, et pour d’autres uniques. Il est possible de recenser trois grandes catégories.
Le plus important sujet est celui du domaine végétal. Motif très présent dans l’Art nouveau, la nature est prépondérante dans ce recueil de bordures, où elle prend la forme de branches, de fruits et de fleurs que les artistes se sont amusés à représenter tout en courbes, créant des formes géométriques enchevêtrées (pl. 47) mais parfois plus sages, comme dans la représentation d’un pied de vigne (pl. 29).
Au cœur du style Art nouveau, les fleurs figurent comme sujet de prédilection sur plusieurs planches. La beauté et la simplicité de leur tracé sont majoritairement accentuées par l’usage de couleurs vives et pastel qui leur donnent vie. Par leurs qualités esthétiques, ces éléments sont les plus remarquables du recueil, comme on le voit avec la rose de la planche 14 ou encore le chardon de la planche 10.
Outre ces végétaux, les artistes ont reproduit des « paysages », comme sur la planche 36 où l’emploi de tons bleutés et nocturnes donnent un caractère romantique à un bosquet d’arbres. Ces compositions permettent de saisir la vision de la nature au cours des années 1900-1910.
Le règne animal occupe aussi une place de choix parmi les sujets dépeints. Des animaux familiers comme le chat ou les oiseaux, en passant par les insectes, poissons et animaux « sauvages », sont ainsi le motif principal de certaines planches (pl. 1). Le traitement simplifié des animaux peut engendrer des compositions uniques et parfois effrayantes. Par leur représentation frontale, les chats de la planche 41 ont une apparence presque cauchemardesque, bien différente de celle du chaton joueur de la planche 55. Les dessinateurs ont également su mettre à l’honneur des animaux rarement représentés en art, probablement en raison de la culture populaire qui ne les apprécie pas, comme la chauve-souris de la planche 49.
Cinq planches se détachent par leur sujet et leur traitement. Ces petites saynètes donnent à voir des jeunes filles dans des paysages champêtres et idylliques, jouant ou s’occupant de la basse-cour (pl. 53). Face à ces images au ton joyeux, l’enfant en nous ne peut que sourire et se remémorer divers souvenirs. Par ailleurs, ces œuvres rappellent les images d’Épinal ou encore les illustrations d’anciens recueils d’histoires, les jouets d’antan, mais surtout les bons points qui étaient offerts aux enfants à l’école.
Chargées des entrées et des monographies au service du Développement des collections de la bibliothèque de l’INHA, nous sommes amenées à réceptionner l’ensemble des monographies commandées pour le fonds courant. Il s’agit généralement des publications récentes. L’acquisition de livres plus anciens, comme ce recueil publié dans les années 1910, entré par don, constitue une exception. Le traitement des listes de dons relève également de nos missions et c’est dans le cadre d’un transfert de collections de la bibliothèque de l’ENSBA (École nationale supérieure des beaux-arts) vers la bibliothèque de l’INHA que nous traitons cet ouvrage, prochainement intégré au catalogue.
Comme nous étudions l’histoire de l’art, ce recueil a retenu notre attention par sa forme unique et son sujet. Décrivant les procédés de réalisation d’une bordure, il nous semble également intéressant quant à son utilisation. En effet, chacun de ces motifs pouvait être employé à la décoration de pièces, à l’ornementation de textiles d’ameublement ou de vêtements féminins, concourant ainsi à la mode. Guide de création en apparence, il apparaît davantage comme un recueil de modèles, comme l’atteste la présence des signatures des artistes en bas de chaque planche, à l’instar d’un catalogue de motifs.
Margaux Rocton et Clotilde Savatier, service du Développement des collections