Antoine Bourdelle (1861-1929)
Lettre autographe signée adressée à Pierre-André Farcy, dit Andry-Farcy, 20 août 1922
Encre et plume, lavis d’aquarelle sur papier
27 × 21 cm
INHA, Autographes 209, 10
Achat en vente publique, Drouot Estimations (Paris), 17 mars 2017

Antoine Bourdelle, lettre à Pierre-André Farcy, 20 août 1922, INHA, Autographes 209,10. Cliché INHA

La simplicité. La simplicité d’une lettre griffonnée avec ses mots aux formes irrégulières. Les lignes sont contraintes sous le poids de cette femme esquissée, en déséquilibre au point que les mots en fin de ligne semblent parfois comprimés sur le bord de la feuille. Seul l’entête de la lettre, comme protégé par la main et le bras surdimensionnés, échappe à la densité provoquée. Le contraste est tel entre le bras levé et la finesse du visage, qu’au-delà d’une réalisation qui semble approximative et peut-être liée à la vitesse d’exécution du dessin, on pourrait y lire la volonté consciente ou inconsciente d’exprimer la puissance de l’acte.

Ce qui nous touche, c’est bien ce caractère d’improvisation qui imprègne tous les aspects de cette feuille. C’est bien cela qui nous fait ressentir cette vitalité qui en émane. On y retrouve la même émotion que celle que l’on peut ressentir lorsque les musiciens quittent les sentiers battus de leur partition pour s’envoler vers le climax d’une improvisation. Ces moments où l’on ressent la liberté du créateur qui, assuré par une technique travaillée toute une vie, oublie cette dernière et nous livre pleinement ce qu’il est. Sur le fil, il accepte cette fragilité, assume les écarts, les provoque parfois, jusqu’à les fondre dans l’harmonie de sa création. Puis, en découvrant cette lettre, en découvrant Antoine Bourdelle, c’est la découverte d’un homme qui n’a jamais cessé tout au long de sa vie de produire des esquisses. Mais c’est aussi la découverte des nombreuses sculptures qu’il a réalisées. Parmi celles-ci, des bustes célèbres, celui d’Ingres et ceux de Beethoven. Le premier a laissé une des collections d’esquisses les plus prolifiques, le second était un des plus grands improvisateurs de l’histoire de la musique.

 Armand Delcros, service des Systèmes d’information

Pour aller plus loin : cette lettre a fait l’objet d‘un article détaillé en 2017.