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Charline Bessière et la sculpture animalière de la Renaissance florentine
Mis à jour le 6 février 2019
Paroles
Auteur : Christine Camara, Charline Bessière
Son diplôme de l’IESA – spécialité Mobilier et Objets d’art – en poche, inscrite en master EEMA (Études Européennes Méditerranéennes et Asiatiques) à l‘EPHE (École Pratique des Hautes Études), Charline Bessière a fait partie des premiers lecteurs à franchir le seuil de la bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art, après sa réouverture en décembre 2016 dans la salle Labrouste fraîchement rénovée. À ce moment-là, elle était loin de se douter qu’à la mi-septembre 2018, elle y prendrait la parole devant un auditoire …
Vous, en quelques mots ?
Je viens de terminer mon master sous la direction du Professeur Sabine Frommel, qui portait sur la représentation sculpturale animalière à Florence au XVIe siècle et sur la reprise du modèle en France et en Allemagne aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cet axe de recherche est né du constat que les grandes expositions et collections consacrées à l’art du bronze de la Renaissance où la figure humaine est célébrée, ont quelque peu occulté la figure animalière pourtant très appréciée au cours du XVIe siècle. Je suis partie de la comparaison de modèles animaliers dans diverses typologies d’objets des grands centres de production que sont le Casino di San Marco et la Galerie des Offices, pour établir des caractéristiques de représentation. Les œuvres abordées sont à la fois liées au domaine du décor intérieur, avec la production de bronzes pour les cabinets de curiosités, mais aussi au domaine du jardin et de sa statuaire, principalement autour des commandes des Médicis. J’ai abordé également des exemples tels la Grotte des Animaux de la Villa Médicéenne de Castello, ou encore les plombs polychromes du labyrinthe de Versailles sans oublier les porcelaines de Meissen.
Je continue à travailler sur ce thème et particulièrement sur la diffusion des modèles en Europe et je poursuis avec une thèse de doctorat consacrée à un artiste peu étudié, le sculpteur Romolo Ferruci del Tadda (1544-1621). Ce dernier a travaillé par exemple au Jardin de Boboli pour les Médicis. C’est le contexte de sa production qui m’intéresse.
Parallèlement, mon travail, un 3/4 temps dans une galerie parisienne dédiée à la sculpture 1830-1930 (Univers du Bronze), me permet d’aborder ce type de représentation pour une période différente.
ANONYME, Rhinocéros, s. d. Aquarelle sur papier, 460 mm x 360mm, Université de Bologne, Fonds Ulisse Aldrovandi, Planche Volume 1-2 Animaux n°91. @Studio Marco Ravenna, Bologna; Tiziano Menabò assistente per la digitalizzazione.
Votre fréquentation de la bibliothèque ?
Plusieurs fois par semaine, je jongle entre mon travail et la bibliothèque, quand je ne suis pas à Florence.
Plutôt salle Labrouste ou magasin central ?
J’évite la salle où il y a beaucoup de passage et où je risque d’être distraite. Je préfère m’isoler au fond du magasin central : niveau 2, près de l’espace Claude Cahun. C’est calme et je peux me concentrer et puis il y a la proximité des collections en libre accès bien sûr.
Portrait de Charline Bessière dans le magasin central. Cliché Marc Riou
Une expérience inédite dans la salle Labrouste ?
Lors des dernières Journées du Patrimoine consacrées à l’art du partage, j’ai eu l’opportunité avec dix-sept autres jeunes chercheurs de participer au concours initié par l’INHA « Ma recherche en 180 secondes ». Il s’agissait de présenter dans le court délai imparti ses travaux de master devant un public large. C’était une première pour moi : une expérience enrichissante que je recommande, et que je réitérerais volontiers si l’occasion se présente pour mon doctorat.
Une grande trouvaille dans les collections ?
Je travaille de façon complémentaire entre les collections de Florence, celles de la bibliothèque de l’INHA et celles de la bibliothèque des Arts décoratifs (du moins, avant sa fermeture en juin dernier). Pour mon travail sur Romolo Ferruci, je me concentre pour le moment sur les sources imprimées du XIXe siècle. J’utilise beaucoup les outils numériques : le catalogue de la bibliothèque nationale centrale de Rome (Biblioteca Nazionale Centrale di Roma) et celui de la bibliothèque nationale Centrale de Florence (Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze) ainsi que le site Archives.org.
À la bibliothèque de l’INHA, mon sujet nécessite la consultation de beaucoup de livres des magasins : la sculpture animalière étant considérée comme un art mineur, je n’ai que des informations fragmentaires que je dois glaner pour obtenir une information plus globale.
Qui plus est, je suis amenée à élargir mes recherches aux domaines de l’orfèvrerie et de la bijouterie où les créations d’un Léonardo Zaerles par exemple ont été inspirées par la diffusion des modèles animaliers. A cette époque, le sculpteur qui fond ses bronzes a bien souvent reçu au préalable une formation d’orfèvre.
Votre sujet du moment ?
Je me documente sur les plateaux de pierres dures de la fin du XVIe siècle. Romolo Ferrucci a en effet réalisé certains plateaux prestigieux, d’après les dessins de Jacopo Ligozzi, qui était lui-même spécialisé dans la réalisation d’illustrations naturalistes, végétales et animales. La marqueterie de pierres dures et semi-précieuses était une spécialité des Offices à la fin du XVIe siècle : il s’agissait souvent de cadeaux diplomatiques, comme dans le cas du plateau représentant le pape Clément VIII Aldobrandini, réalisé par Romolo.
Des souhaits de nouveaux services à la bibliothèque ?
La fréquentation de différentes bibliothèques en France et à l’étranger me permet de dire que les services proposés par la bibliothèque de l’INHA sont satisfaisants. Par exemple, les délais d’attente pour obtenir un document aux Archives de Florence sont plus longs, parfois de 1h30. Alors les 30 minutes ici sont raisonnables.
En ce qui concerne les nouveaux services, j’aimerais trouver ce que mettent à la disposition de leurs lecteurs certaines bibliothèques anglaises (Victoria and Albert Museum, Londres). Elles proposent sur leur site des index de périodiques. C’est le cas pour The Sculpture Journal. Cela permet de préparer ses consultations à l’avance, et donc de gagner du temps. C’est également un des avantages de la bibliothèque des Arts Décoratifs, pour le dépouillement.
En janvier 2019, la bibliothèque de l’INHA a mis en ligne un nouvel outil de recherche documentaire Recherche+. Ce service de découverte permet entre autre la recherche d’articles de revue en texte intégral. À partir de la liste des revues en ligne, une barre de recherche sous chaque titre de revue permet d’accéder au texte intégral des articles.
Christine Camara, service des services aux publics