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Images à charge : la construction de la preuve par l’image
Mis à jour le 13 avril 2021
Un des multiples catalogues d'expositions photographiques de la bibliothèque
Images à charge : la construction de la preuve par l’imageUn des multiples catalogues d’expositions photographiques de la bibliothèque
Parmi les 9000 ouvrages sur la photographie de nos collections, le catalogue de l’exposition présentée au BAL cet été, Images à Charge, est un bon exemple de la variété des acquisitions de la bibliothèque. Ce catalogue est actuellement disponible sur le présentoir des nouveautés en salle Ovale.
L’ouvrage est consacré à l’image produite en tant que preuve par des experts, chercheurs et historiens en cas de crimes ou de violences individuelles et collectives.
Il débute par un essai de Jennifer L. Mnookin concernant l’usage de la photographie dans les tribunaux et sa valeur probatoire, dès l’invention de la photographie, au milieu du XIXe siècle. Ainsi, l’image est largement utilisée dans le milieu judiciaire et, dans ce cadre, son statut est beaucoup débattu : preuve ou témoignage visuel ?
L’exposition propose une dizaine d’exemples d’exploitation de l’image comme preuve, dans des contextes très différents. Ces usages sont analysés par 8 contributeurs, chacun expert dans son domaine.
Parmi ces usages, voici quatre réalisations importantes :
- Le photographe Alphonse Bertillon a mis au point, à la fin du XIXe siècle, un protocole scientifique de représentation des scènes de crime pour pouvoir faire des reconstitutions objectives : la photographie métrique. Les victimes sont photographiées du dessus et les épreuves sont encadrées d’échelles métriques.
- En 1898, le suaire de Turin, relique réputée conserver des traces du corps du Christ, est photographié pour la première fois, avec un dispositif de prise de vue et d’éclairage très élaboré. Les clichés ainsi obtenus inaugurent un vaste débat sur l’authenticité de la relique.
- Les premières photographies aériennes sont réalisées pendant la Première Guerre mondiale et servent à prouver les attaques des militaires. Elles sont prises en deux temps, avant et après bombardement, suivant un même protocole.
- Les portraits des condamnés à mort dans le cadre de la Grande Terreur en URSS entre 1937 et 1938 ont été réalisés par le Commissariat du peuple aux Affaires intérieures pour confirmer l’identité des personnes exécutées. Produites dans un objectif tout autre, ces images constituent aujourd’hui l’un des témoignages visuels les plus éloquents à charge des crimes du stalinisme.
Alekseï Grigorievitch Jeltikov. Couverture du livre « La Grande Terreur en URSS, 1937-1938, Paris, 2013 ». Cliché original issu des Archives centrales FSB et des Archives nationales de la Fédération de Russie GARF, Moscou.
Les clichés finement reproduits et en grand format tiennent une large place dans l’ouvrage. Ils permettent de voir tous les détails des épreuves et confortent leur statut de preuve. Bon complément à l’exposition, ce catalogue de 236 pages pourrait légitimement figurer dans la catégorie des beaux livres, si son sujet était moins macabre.
Il a remporté le prix du catalogue photographique de l’année 2015 , en novembre dernier dans le cadre du festival Paris-Photo.
L’exposition, qui était visible jusqu’au 10 janvier 2016 à la Photographers’ gallery à Londres, sera présentée au Nederlands fotomuseum de Rotterdam du 22 mai au 28 août 2016.
Référence bibliographique
- Diane Dufour (dir.), Images à charge : la construction de la preuve par l’image : [exposition, Paris, Le Bal, 4 juin-30 août 2015] , Paris, Le Bal / Éditions Xavier Barral, 2015.
Sabine Roulleau
Service de l’informatique documentaire