Histoire de la bibliothèque

Fernand Calmettes, « Un examen de semestre à l’École des chartes (hôtel de Breteuil), vers 1880 », dans L. Rousselet, Nos grandes écoles d’application militaires et civiles, Paris, Hachette, 1895. Cliché Archives nationales

Créées par le décret du 12 septembre 1790, qui les définit comme « […] dépôt de tous les actes qui établissent la constitution du royaume, son droit public, ses lois et sa distribution en départements », les Archives nationales ont pour premier « garde des archives générales », Armand-Gaston Camus (1740-1804). Mais c’est à son successeur, Pierre-Claude-François Daunou(1761-1840), nommé en 1804 après le décès de Camus, que la bibliothèque doit son organisation. À l’origine bibliothèque à usage du corps législatif, elle est séparée de celle de l’Assemblée à l’arrivée des Archives nationales à l’hôtel de Soubise en 1808. Il faut attendre la période 1830-1860 pour que la bibliothèque se structure et se fixe en 1866 définitivement à son emplacement actuel, l’hôtel de Breteuil. À cette époque, elle partage ses locaux avec l’École des chartes. Cette école, fondée en 1821, forme les archivistes paléographes et occupera le rez-de-chaussée de l’hôtel de Breteuil de 1866 à 1897, avant de déménager pour la rue de la Sorbonne puis d’intégrer en 2014 ses locaux actuels au 65 rue de Richelieu, en face de la bibliothèque de l’INHA. Une gravure dans l’ouvrage Nos grandes Écoles d’application militaires et civiles de Louis Rousselet (1895) témoigne de la présence de cette école dans les locaux actuels de la bibliothèque des Archives nationales.

Bibliothèque des Archives nationales. Cliché S. Fournier

Après le départ de l’École nationale des chartes, la bibliothèque déploie ses collections sur les deux étages de l’hôtel de Breteuil. Cet écrin, avec son mobilier en bois, en fait aujourd’hui un bel exemple de bibliothèque du XIXe siècle, l’une des raisons pour lesquelles elle est souvent sollicitée pour des tournages.
Ses locaux peuvent se visiter lors d’événements organisés par le ministère de la Culture, tels que les journées européennes du patrimoine ou les Nuits de la lecture. Six agents travaillent actuellement au service de la bibliothèque ; celle-ci dépend de la direction des Publics des Archives nationales, qui compte 146 agents, dont ceux du musée et ceux des départements d’accueil du public de Paris et de Pierrefitte-sur-Seine (archives à partir de 1789).
La bibliothèque collabore avec de nombreuses institutions, dont l’École nationale des chartes, des bibliothèques d’archives comme celle des archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence, celle des archives nationales du monde du travail à Roubaix, celles des archives départementales ou celle de la médiathèque du patrimoine et de la photographie. Elle est également partenaire de la bibliothèque de l’université Paris 8, voisine de son site de Pierrefitte-sur-Seine. Elle collabore avec la Bibliothèque nationale de France et certains de ses documents apparaissent dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.

Collections

Le fonds initial de 1814 est constitué à partir des dépôts littéraires de la Révolution française. Cet ensemble s’est considérablement enrichi jusqu’à nos jours grâce à des versements, comme celui de la bibliothèque de l’ancienne direction générale des Cultes, en 1914, ou celui de la bibliothèque de la Société de l’histoire de France, en 1956, mais aussi grâce à des dons de particuliers, comme celui de l’historien Louis Madelin, qui compte plus de 3 000 ouvrages. Entre 1830 et 1860, un plan de classement thématique à sept entrées est adopté : Préliminaires – Belles-lettres – Histoire – Sciences et arts – Jurisprudence – Théologie – Suppléments et collections.

Ce classement est abandonné en 1924 pour un classement par format (8°, 4° et folio) et pour les nouvelles acquisitions, dorénavant intégrées par ordre d’entrée. Aujourd’hui riches de près de 200 000 monographies et 2 000 titres de périodiques, ses fonds s’étendent sur 3,5 kilomètres linéaires. Ses collections sont localisées dans l’hôtel de Breteuil, mais aussi dans les magasins Braibant et Napoléon III, toujours au sein du quadrilatère des Archives. Les domaines concernés sont l’histoire et ses sciences auxiliaires, ainsi que l’histoire administrative et institutionnelle, en lien avec les missions des Archives nationales de conservation et de valorisation des archives des organes centraux de l’État du Moyen Âge à nos jours. Sans compter les dons et les périodiques, les collections de la bibliothèque continuent de s’accroître d’environ 400 nouveaux titres par an, acquisitions qui se font en fonction des nouveautés éditoriales et en lien avec l’activité des responsables des fonds d’archives et de l’action culturelle. Elles possèdent aussi des fonds inattendus comme le « fonds viennois », issu des confiscations napoléoniennes en 1812, jamais restitué et étudié actuellement par un étudiant munichois.

Enfin, la bibliothèque possède une réserve particulièrement riche comportant quelques incunables et des ouvrages patrimoniaux remarquables. En voici trois exemples :

  • Chroniques de France, incunable par Pasquier Bonhomme, sorti des presses en 1477. Il s’agit du premier livre imprimé en français à Paris. La bibliothèque ne possède que le troisième tome, remarquablement illustré et conservé, et qui est l’ouvrage le plus ancien conservé dans ses locaux.
  •  La Géographie de Ptolémée, éditée à Ulm par Johann Reger pour Justus de Albano en 1486. Cet exemplaire, particulièrement bien conservé, est entièrement rehaussé par des aplats de couleurs.
  • La Nouvelle carte de France de Cassini.  Elle se présente sous forme de dix-sept boîtes en bois couvertes de maroquin rouge, contenant une collection de « cartes de Cassini » gravées, coloriées et entoilées, doublées de soie bleue. Cet exemplaire, relié de bleu, provient du cabinet du roi Louis XVI. Un exemplaire de cette même carte de France, dit « de reine Marie-Antoinette », est conservé au département des Cartes et plans de la BnF.

Services

L’accès à la bibliothèque est limité pour des raisons de sécurité. Sur place, une salle des usuels comporte sept places de lecture, deux postes informatiques, un scanner et des ouvrages en libre accès sur les deux étages. Si un lecteur souhaite emprunter un ouvrage dans un magasin extérieur, il doit remplir une fiche de prêt, et l’ouvrage sera prélevé pour lui, dans les meilleurs délais, par le personnel de la bibliothèque.

Outre sa disponibilité pour les usagers des Archives nationales, la bibliothèque se présente comme un service documentaire transversal, qui permet aux agents des Archives nationales de s’appuyer sur un fonds documentaire conséquent pour leurs recherches, les ateliers pédagogiques ou bien encore la préparation d’expositions. À ce titre, le personnel de la bibliothèque participe à la vie de l’institution en apportant son expertise. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter ci-dessous le dépliant de présentation de la bibliothèque.

Je remercie Thierry Claerr, responsable de la Bibliothèque, ainsi qu’Armelle Parent, pour leur accueil et leurs conseils afin de rédiger cet article.

Stéphanie Fournier, service du Catalogue

Ressources

Catalogue collectif Sudoc: les exemplaires de la bibliothèque sont rattachés au libellé « PARIS-Arch. nat. Bibliothèque ».

Catalogue des bibliothèques du ministère de la Culture  : catalogue partagé avec des bibliothèques du ministère de la Culture (médiathèque du patrimoine et de la photographie et comité d’histoire du ministère).