Informations sur l’INHA, ses actualités, les domaines et programmes de recherche, l’offre de services et les publications de l’INHA.
Le Bal olympique de 1924
Mis à jour le 30 mai 2024
En coulisses
Auteur : Nathalie Muller, service du patrimoine, et Clotilde Cooper, restauratrice
L'affiche illustrée par Victor Barthe
Les Jeux olympiques d’été de 1924, septième édition des Jeux olympiques modernes, ont eu lieu à Paris en France du 5 au 27 juillet 1924. D’un siècle à l’autre… cent ans plus tard, l’affiche illustrée par Victor Barthe – appartenant désormais aux collections de la bibliothèque de l’INHA – s’offre un petit lifting, alors même que Paris est dans les starting-blocks pour accueillir les sportifs du monde entier en juillet prochain.
Entrée à la bibliothèque de l'INHA
Cette affiche pour le Bal olympique organisé par l’Union des artistes russes à Paris, le 11 juillet 1924, à la Taverne de l’Olympia fait partie d’un don à la bibliothèque de l’INHA effectué en 2021. Son état de conservation était assez problématique mais la rareté de la pièce justifiait amplement l’acceptation de ce don, sachant qu’une restauration devrait suivre. C’est chose faite aujourd’hui.
Rappelons qu’entre 2003 et 2022, la bibliothèque de l’INHA a bénéficié grâce à l’aide de la Société des Amis de la bibliothèque (la SABAA), de quatre généreux dons de la part d’Yves Dodeman et de sa sœur, Janine Buffard – les héritiers de Micheline Hasegawa, la veuve de l’artiste Kiyoshi Hasegawa. Plus de cent œuvres de cet artiste (estampes, dessins préparatoires, matrices) sont ainsi entrées à la bibliothèque, accompagnées de ses archives et d’œuvres d’autres artistes collectionnées et conservées par Hasegawa, dont cette affiche, qui est une maquette comprenant un collage original du peintre russe de l’École de Paris, Victor Barthe, ce qui lui confère un caractère d’œuvre unique.
Le Bal olympique de 1924
En marge des Jeux olympiques officiels, et pour souligner que cette Olympiade était aussi un événement culturel et que l’art et le sport sont intimement liés, plusieurs manifestations festives étaient organisées. Ce « Bal olympique costumé », dont nous conservons une affiche, comprenait ainsi tout un programme de spectacles, danses, musique, prestidigitation, théâtre de marionnettes, poésies, projections fantastiques, rassemblant, à la Taverne de l’Olympia à Paris, toute l’avant-garde artistique de l’époque.
Il a été organisé par l’Union des artistes russes à Paris, créée en 1917. Ce groupement d’artistes russes ayant rejoint l’École de Paris après la révolution bolchevique et surtout après la mort de Lénine organisait des bals et des expositions de groupe, souvent au profit de la Caisse de secours mutuel de l’Union, parmi lesquels le Bal olympique du 11 juillet 1924 à la Taverne de l’Olympia mais également le Bal Banal qui s’est tenu salle Bullier le vendredi 14 mars 1924, ou encore le Bal de la Grande Ourse dans la même salle le 8 mai 1925. Le Comité de cette Union des artistes russes à Paris était composé de Widhopff (président), Larionow (vice-président), Fotinsky (secrétaire), Bogoutsky (trésorier) et de Marie Vassilief, Barthe et Berline, membres du Comité. Chaque affiche avait été dessinée et peinte par un artiste et constituait donc une œuvre originale.
Victor Barthe
L’affiche que l’INHA conserve est illustrée par Victor Sergueevitch Barthe (8 avril 1887 Velichaevskoe (Stavropol), Russie – 27 mai 1954, Moscou). Comme cinquante autres artistes, Victor Barthe a également participé à la décoration de l’entrée de la Taverne de l’Olympia par le boulevard des Capucines, avec d’autres artistes (Pougny, Tereschkovotch et Pikielny). Chana Orloff, quant à elle, a participé à la décoration du bar de cette Taverne.
V. Barthe fit partie du groupe « Valet de carreau ». Il est peintre, dessinateur et illustrateur. Il se fixe à Paris avant 1914 et expose au Salon des Indépendants en 1926 et au Salon d’Automne en 1928 et à celui des Tuileries en 1928 et 1935. Il retournera en URSS en 1936.
La BnF conserve le programme imprimé de ce Bal, avec une couverture illustrée par le même artiste.
La restauration
L’affiche le Bal olympique est composée de deux éléments collés : un fond en papier coloré et une feuille plus petite, fixée en son centre, elle-même recouverte d’éléments en papiers découpés. Le papier de fond, de par sa nature, une pâte mécanique à base de résineux (très acide), sa finesse et son mode de conservation (roulé), présentait des altérations caractéristiques : des déformations très importantes, accentuées par le collage d’un élément rapporté, de nombreuses déchirures et lacunes sur les bords latéraux, provoquées par la perte de résistance mécanique du support et le fait que l’affiche ait été conservée roulée, à la verticale. Les bords en contact avec une surface dure, ayant tendance à s’écraser.
La restauration a eu pour objectif principal de consolider l’affiche. Dans un premier temps, chaque élément en papier a été décollé à l’aide de gels aqueux placés sur les zones de collage. Ces derniers ont permis, en apportant une humidification contrôlée de ramollir l’adhésif ancien. Après nettoyage des résidus, le papier de fond et la deuxième feuille ont été doublés par deux épaisseurs de papier japonais Kozo 20g/m² et colle d’amidon de blé. Pour l’aplanissement de ces derniers, deux techniques ont été utilisées : la méthode des tirants fermés, pour le fond de l’affiche et une mise en presse pour le second élément. Les lacunes ont ensuite été réintégrées avec du papier japonais Kozo 20g/m² mis au ton à l’aquarelle et aux crayons de couleur. Les différents éléments en papier colorés ont été collés sur la deuxième feuille avec un adhésif en solution alcoolique (Klucel G), afin de minimiser leur dilation. Puis cette dernière a été fixée sur le fond de l’affiche, avec le même adhésif. Après séchage complet, les bords des papiers de doublage qui dépassaient et qui avaient servi à l’aplanissement, ont été découpés.
Conclusion
La restauration de cette affiche permet de souligner la diversité des actions menées au sein du service du Patrimoine de la bibliothèque de l’INHA : acquisition de l’œuvre – ici grâce à un don ; catalogage dans la base de signalement (Sudoc), restauration (grâce à un budget dédié à la restauration des œuvres graphiques) puis rangement en réserve sécurisée pour que l’œuvre puisse être communiquée ou prêtée pour des expositions.