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Loris Gréaud : un artiste contemporain dans les collections de l’INHA
Mis à jour le 21 décembre 2023
Les trésors de l'INHA
Auteur : Nadia Pizanias
L’art contemporain est bien présent au sein des collections patrimoniales de l’Institut national d’histoire de l’art, comme il l’était à l’époque de Jacques Doucet et de la création de sa bibliothèque d’Art et d’archéologie. L’artiste français Loris Gréaud, dont nous pouvons voir l’exposition Nuits corticales au Petit Palais à Paris jusqu’au 14 janvier 2024, vient en effet d’y entrer : grâce à un don de la part de l’artiste lui-même, la bibliothèque de l’INHA s’est enrichie en 2022 à la fois de documents et d’œuvres qui permettent de mieux appréhender ses différentes créations artistiques.
Le don de Loris Gréaud se compose de trente-et-une pièces, livres et œuvres accompagnés d’« archives », le tout créé entre 2008 et 2020, dont la plupart témoigne d’installations ou de performances. Il semble hétéroclite car en dehors de livres d’artiste, il comprend des cassettes audio, un DVD, un CD, des tirages photographiques, un recueil d’estampes ainsi que des objets difficilement catégorisables. Continuité du geste artistique sous une autre forme, ils constituent une archive de la création précieuse pour les historiens de l’art.
Loris Gréaud, The Geppetto Pavilion: the 54th International Venice Art-Biennale, Gréaudstudio éditions, 2011. Paris, bibliothèque de l’INHA, Fol Res 927. Photo Michael Quemener/INHA.
Toutefois, il existe bien des points communs à cet ensemble. Par exemple, chaque élément n’est pas unique mais existe reproduit en plusieurs exemplaires. Soulignons cependant que la production reste à chaque fois limitée : certains livres peuvent avoir une édition à 1 000 tirages, voire 100 ou 50, les cassettes audio sont produites en 50 exemplaires. Ainsi, quelque soit le type d’œuvre, même si elle paraît ordinaire, elle prend une autre dimension du fait de sa rareté.
Spores / sound designed and mixed [by Loris Gréaud] with Thomas Bonneau, Paris, Galerie Max Hetzler, 2018. Crédits Photo : Realism Noir. Droits Loris Gréaud, Gréaudstudio, ADAGP 2023.
L’œuvre de Loris Gréaud, qui fait intervenir plusieurs supports, brouillant ainsi les frontières, est le reflet de son parcours et de ses multiples centres d’intérêt. Cet artiste conceptuel s’intéresse aussi à l’architecture, à la musique ou à la physique quantique. Il a fondé un atelier de cinéma expérimental, il est également producteur d’un label de musique électronique. Pour la réalisation de ses projets, il collabore aussi bien avec des architectes, des acteurs de cinéma, des musiciens, des critiques d’art, des scientifiques. Loris Gréaud a engagé à plusieurs reprises des « discussions spécifiques » avec des professionnels issus de divers domaines, afin de tenter d’apporter des réponses productives à ses questions esthétiques ; au fil des années, il s’est ainsi associé à David Lynch (2004, Eye of The Duck ; 2012, The Snorks: a concert for creatures), avec le M.I.T. de Boston et la station ANTARES (toujours pour The Snorks : a concert for creatures), avec le CNRS ( 2012, The Unplayed Notes), entre 2014 et 2016, avec Claude Parent (2014-2016), avec Charlotte Rampling ou Willem Dafoe, avec The Residents (pour la musique de Sculpt et l’exposition actuelle au Petit Palais), etc.
Ainsi, citons le projet Cellar Door. Celui-ci s’est traduit initialement par une exposition au Palais de Tokyo en 2008, par un opéra. Ce projet se matérialise par des ouvrages, des œuvres, qui font désormais partie des collections de l’INHA : nous pouvons y retrouver le catalogue d’exposition, mais aussi le libretto de l’opéra ainsi que des œuvres plus insolites. Parmi ces dernières figure notamment Cellar Door (Fade AWT), un livre d’artiste dont la particularité est qu’il est écrit avec de l’encre invisible, ou bien A Critical Anthology on Cellar Door, la revue de presse du projet réduite en confettis. Plusieurs des pièces du don redéfinissent ainsi ce qu’est un livre dans une collection de bibliothèque d’histoire de l’art, comme Great Book of Irresolution, objet de basalte noir poli et gravé à la main.
Cathérine Hug, Loris Gréaud: Cellar Door, Fade Awt : Libretto, Score and Architectural Drawning Screen Printed with Invisible Ink, Eaubonne, Gréaudstudio éditions, 2011. Paris, bibliothèque de l’INHA, 8 Res 2641. Crédits Photo : Realism Noir. Droits Loris Gréaud, Gréaudstudio, ADAGP 2023.
La bibliothèque affirme par ce don son ouverture à la création française ultra-contemporaine, dans une démarche à la fois artistique et documentaire, à travers ces objets hybrides que représente la production imprimée de Loris Gréaud.
Nadia Pizanias, service du Patrimoine
Pour aller plus loin
Loris Gréaud, Loris Gréaud: Cellar Door : [Touring Exhibition, Europe, 2008-2011], Zürich-Eaubonne, JRP Ringier Gréaud Studio, 2011.
Loris Gréaud Loris et al., Cellar Door : opéra en (presque) un acte [exp. Paris, Palais de Tokyo, 14 février – 27 avril 2008, et Londres, ICA, 23 avril – 15 juin 2008], Zurich, JRP, 2008.
Aaron Schuster, Celador : un goût d’illusion, Paris, DGZ, 2008.