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Paris est une fête…
Mis à jour le 26 janvier 2016
Les trésors de l'INHA
Auteur : Élodie Desserle
En écho au « Paris est une fête », leitmotiv emprunté à Ernest Hemingway pour symboliser la lutte contre le terrorisme, mais aussi pour prolonger encore l’espace d’un instant l’ambiance des festivités de fin d’année, la bibliothèque numérique vous propose la consultation d’estampes de fête.
Ce fonds, complémentaire de celui des livres de fête, retrace les célébrations, solennités et réjouissances publiques. Il s’avère être un précieux témoignage d’événements politiques, religieux ou sociaux qui se sont déroulés entre le 15e et le 20e siècle.
Naissances, baptêmes, noces, entrées solennelles, couronnements, funérailles, commémorations, événements d’ordre politique ou militaire… donnent lieu à des célébrations publiques qui réunissent, dans le décor de la ville ou du château, une partie plus ou moins grande de la population.
Mais la fête est par nature un événement éphémère que l’image permet de fixer. Le graveur va alors tenter de rendre compte de ce qui s’est passé. Afin de garder une trace des fastes déployés, il restitue le détail des spectacles et cérémonies : feux d’artifice, architecture éphémère, mise en scène théâtrale et urbaine, ballets, chars, machines fabuleuses… démontrant également l’ingéniosité et l’excellence française notamment en matière d’art équestre ou de pyrotechnie.
Victor Jean Nicolle, Vue perspective de la décoration et du feu d’artifice tiré à l’Hôtel de ville de Paris en présence de leurs majestés à l’occasion de la naissance de monseigneur le dauphin le 21 janvier 1782, [Vers 1782], Eau-forte et burin, bibliothèque de l’INHA, OC 38. Cliché INHA
L’usage de ces gravures de fête apparaît dès le début de l’imprimerie dans la seconde moitié du 15e siècle et se développe aux 16e et 17e siècles dans toute l’Europe, accompagnant l’essor des manifestations organisées par les rois, les cours, les villes, les communautés. Par la production de ces estampes, les commanditaires s’assurent de conserver le souvenir des festivités organisées mais également des dépenses engagées pour le divertissement du public.
L’image, au-delà de son aspect artistique, devient outil de diffusion de l’information voire de propagande, destiné à renforcer le prestige et la gloire des autorités politiques et administratives. La publication de ces estampes, leur large diffusion, leurs rééditions et même leurs éventuelles copies assurèrent le passage à la postérité de certaines de ces manifestations comme ce fut le cas pour le carrousel de 1612.
Claude Chastillon, Dessein des pompes et magnificences du carousel faict en la place royalle a Paris le V, VI, VII d’apvril 1612, [Vers 1612], Eau forte et burin, bibliothèque de l’INHA, OC 25. Cliché INHA
Cette fête grandiose organisée par la reine régente Marie de Médicis, se déroula à Paris les 5, 6 et 7 avril 1612, sur la place Royale (devenue place des Vosges), pour célébrer l’annonce des mariages entre Louis XIII et Anne d’Autriche, infante d’Espagne, et Madame Élisabeth et Philippe, infant d’Espagne ; un double mariage destiné à signifier l’alliance entre la France et l’Espagne. La gravure que fait Claude Chastillon de ce grand carrousel en illustre tous les aspects grâce à une représentation simultanée des différents temps de la fête : entrée de la quadrille des tenants, entrée des chevaliers du Soleil, ballet équestre… Il adopte une vue en contre-plongée, pour embrasser toute la place sans négliger pour autant le moindre détail, nous permettant d’apprécier la magnificence des chars du cortège et même de confirmer le propos de Lucien Lambeau qui affirme, lorsqu’il décrit le carrousel dans son ouvrage sur la place Royale , « il y eut du monde jusque sur les toits ». Le succès sans pareil et l’enthousiasme qu’il suscita (« une foule énorme et compacte, avide de plaisirs et de spectacles »), ainsi que le luxe prodigieux déployé, font du carrousel de 1612 un véritable modèle du genre.
Claude Chastillon, Dessein des pompes et magnificences du carousel faict en la place royalle a Paris le V, VI, VII d’apvril 1612, [détails], [Vers 1612], Eau forte et burin, bibliothèque de l’INHA, OC 25. Cliché INHA
Élodie Desserle, service de l’informatique documentaire
En savoir plus
- Dominique Morelon (dir.), Chroniques de l’éphémère : Le livre de fête dans la collection Jacques Doucet, Paris, INHA, 2010.
- Lucien Lambeau, La Place Royale : la fin de l’hôtel des Tournelles, le camp des Chevaliers de la gloire, les duels historiques, la Fronde..., Paris, H. Daragon, 1906.
- Sur le blog : Lucie Fléjou, Conférence du Quadrilatère : l’Entrée triomphante de Louis XIV, 16 mars 2015.
Les estampes en feuilles (cotes OC) se consultent sur rendez-vous, en écrivant au service du Patrimoine à cette adresse.