Paru en 2021, le Guide pratique pour la recherche et la réutilisation des images d’œuvres d’art de l’Institut national d’histoire de l’art s’était donné pour objectif d’accompagner et d’outiller étudiantes, étudiants, chercheuses, chercheurs, enseignantes, enseignants et autres usagers des images patrimoniales face à la complexité des systèmes de droits et de tarifications. Mais les professionnels des institutions culturelles – archives, bibliothèques, musées – qui ont parmi leurs missions la diffusion des images du patrimoine manquent souvent, eux aussi, d’informations à jour sur ces questions, et notamment, sur les attentes et usages qui sont aujourd’hui ceux des différents publics en ligne. Il a donc semblé utile de rassembler et de présenter en détail les notions qui dessinent aujourd’hui le cadre des bonnes pratiques dans le domaine de la diffusion des images numériques du patrimoine, depuis les plus simples jusqu’aux plus élaborées. Les technologies et pratiques numériques se caractérisant par leur fluidité et par leur rapidité de transformation, cette publication sera nécessairement éphémère. Elle pourra néanmoins faciliter la diffusion et la disponibilité des collections numériques pour un public diversifié, tout en constituant une ressource pour les professionnels et pour les étudiants dans le domaine du patrimoine et des musées.

Il ne s’agit pas cette fois d’un guide, mais d’un recueil thématique destiné à informer, à partir de modèles déjà expérimentés et mis en œuvre, sur les types de réponses adaptées aux usages actuels des images ou autres contenus numérisés, et sur ce qu’elles peuvent apporter aux usagers comme aux institutions culturelles. Au-delà des ressources publiées qu’il utilise, ce recueil a largement bénéficié de rencontres et d’échanges avec les différents acteurs professionnels concernés, que ce soit dans le cadre de l’Institut national d’histoire de l’art, autour des projets numériques en histoire de l’art et en archéologie, ou bien ailleurs.

Les sites webs et portails de collections des institutions culturelles françaises, musées, archives, bibliothèques, sont aujourd’hui relativement nombreux, mais disparates dans leur conception et dans les modes d’accès aux images proposés, ce qui peut les mettre en décalage avec le rôle accru qu’ils sont amenés à jouer dans une diffusion en ligne des connaissances qui ne connaît plus de limites. En raison des restrictions de visite entraînées par la pandémie de Covid-19, pourtant, l’offre numérique des musées a été contrainte d’augmenter et de se diversifier, et on considère que la période de crise sanitaire a resserré un peu partout le lien entre les institutions culturelles et leurs publics, créant des interactions au quotidien et rendant les collections plus familières. Mais au-delà des circonstances particulières dues à cette période de crise, ce sont bien les pratiques et besoins observés des usagers, témoins des formes d’échanges et d’apprentissage de notre temps, qui doivent à présent alimenter en permanence la stratégie numérique des institutions culturelles.

Si le poids des pratiques traditionnelles reste fort, et que toutes les institutions n’ont pas les moyens humains, financiers ou techniques pour passer à un nouveau modèle à court ou à moyen terme, il leur est néanmoins possible de penser et d’implémenter progressivement des fonctionnalités assez simples partant des besoins des usagers en termes d’utilisation des contenus numériques. Depuis l’accueil du site web, de la page des collections et la facilitation des chemins d’accès menant aux images jusqu’à l’ouverture totale, sous licence libre, de celles qui ne sont pas assujetties au droit d’auteur, en passant par l’information qui les accompagne (métadonnées), les formats de téléchargement, les mentions de crédits, les recommandations ou la recontextualisation des images, nombreux sont en effet les points sur lesquels il est possible de mieux accompagner les usagers et d’améliorer leur expérience. L’amélioration de la relation numérique entre les institutions culturelles et leurs publics passe aussi par une réflexion – ou du moins une conscience avertie- sur les grandes questions sociétales et environnementales actuelles, auxquelles nous consacrons un chapitre. Enfin, toujours à travers le filtre numérique, les aléas de la monétisation des images revêtent de nouvelles formes et suscitent de nouveaux débats.

Que cette adaptation des institutions culturelles ait ou non pour objectif de préparer l’ouverture des images à toutes les réutilisations (open content), elle sera facilitée par les notions et par les modèles de mises en œuvre présentés dans ce recueil. La dernière partie propose un choix de ressources par chapitre – les ressources en langue française ont été privilégiées – et un glossaire. Les liens [en savoir plus] dans le texte renvoient par ailleurs directement à des ressources sur le web ou à des billets d’approfondissement publiés sur le carnet de recherche NUMRHA (Numérique et recherche en histoire de l’art) de l’INHA. Les mots suivis d’un astérisque sont expliqués dans le glossaire.