Vous, en quelques mots ?

Je m’appelle Marie Colas des Francs, je suis doctorante à l’École Pratique des Hautes Études, et chargée d’études et de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art.
Ma recherche porte sur la plumasserie parisienne au XVIe siècle. Plus précisément, je m’intéresse aux plumes ornementales, à leur commerce à cette époque-là, et aussi à leurs usages et aux techniques qui s’y rattachent.

Que faites-vous à l’Institut national d’histoire de l’art ?

À l’INHA, je suis rattachée au programme Paradis perdu, porté par Zahia Rahmani. Ce programme appartient au domaine de recherche Histoire de l’Art mondialisée.
En parallèle de nos activités dans des programmes de l’INHA, les doctorants se sont regroupés il y a quelques années pour créer le Congrès Rotondes. La troisième édition se tiendra les 3 et 4 avril 2025, sur la question des reconstitutions en histoire de l’art et en archéologie.

En quoi ce thème de reconstitution permet-il contribuer à notre compréhension de la société contemporaine ?

D’abord, le fait de vouloir retrouver un passé qui n’existe plus est un objectif partagé par les archéologues, les historiens et les historiens de l’art de manière très générale. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de mon travail de thèse.
Mais cet objectif a certaines limites. En effet, les matériaux ou les techniques, en usage aujourd’hui, ne sont pas les mêmes que par le passé ou que dans d’autres cultures. Ces biais, ils peuvent être aussi mentaux, notamment la valeur et la symbolique que l’on accorde aux objets, qui évolue avec le temps et avec les contextes. Ces biais peuvent aussi être économiques ou idéologiques, comme on le voit très bien dans certains discours politiques actuels.

Un objet, une image, une personnalité qui vous inspire en tant qu’historien de l’art ?

Timothy Brook, un chercheur canadien, qui a écrit sur l’histoire des objets que l’on voit dans les peintures : comment ils ont été fabriqués, leur provenance, et tout l’impact non seulement économique, mais aussi symbolique, qu’ils ont pu avoir sur les personnes d’une époque donnée et sur les artistes.

Un souvenir marquant face à l’art ?

Je suis particulièrement sensible aux natures mortes, hollandaises ou espagnoles. Par exemple, deux artistes que j’aime énormément et auxquels je suis très sensible sont Francisco de Zurbarán et Willem Kalf.
La raison pour laquelle je suis touchée par ces œuvres est d’abord la perfection technique qu’elles démontrent. On a l’impression que l’on pourrait toucher les objets représentés. Mais au-delà de cela, ce qui me touche profondément, ce sont les objets eux-mêmes qui sont représentés. Je me pose toujours la question : d’où viennent-ils ? Qui les a possédés ? Comment ont-ils été fabriqués ? Mais aussi, quel poids symbolique, économique et spirituel portaient-ils pour l’artiste qui les a représentés ?

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Paroles : Rencontre avec Marie Colas Des Francs, chargée d’études et de recherche à l’INHA