Vers 2023

Le passage à une nouvelle année est classiquement l’occasion pour un établissement de regarder quelques projets et chantiers accomplis l’année précédente et de se projeter dans l’avenir proche. Cet arrêt sur image sur la bibliothèque de l’INHA en début d’année 2023 est aussi l’occasion de vous présenter tous nos vœux.

2022 : une année marquée par la réouverture du site Richelieu entièrement rénové

D’évidence, l’année 2022 restera dans les annales comme l’année de la fin des travaux et de la réouverture complète du site Richelieu. Depuis le 19 septembre 2022, les trois établissements partenaires du site, l’Institut national d’histoire de l’art, la Bibliothèque nationale de France et l’École nationale des chartes, disposent de leurs espaces définitifs. Le changement est d’abord spectaculaire pour la BnF qui a notamment ouvert un musée et une offre documentaire grand public en salle Ovale , et qui a rénové plusieurs de ses salles de lecture. Pour la bibliothèque de l’INHA, ouverte en salle Labrouste depuis 2016, la fin des travaux est marquée par la récupération complète de ses espaces de travail destinés aux historiens de l’art (avec désormais 435 places de lecture en salle Labrouste et en magasin central), un redéploiement des collections en libre accès et de nouveaux horaires d’ouverture. Avec la volonté constante de vous offrir un accueil et un service documentaire de qualité.

Visuel de l'exposition Henri atisse dans les collections Doucet, au musée Angladon en Avignon.
Visuel de l’exposition illustré par le monotype d’Henri Matisse, Nu de dos, [1915] (Paris, bibliothèque de l’INHA, EM MATISSE 111. Cliché INHA. Droits succession Matisse)

Au-delà du symbole de cette fin de chantier, 2022 est aussi une année où l’INHA et sa bibliothèque ont été présents à travers une programmation d’expositions qui feront date. On peut penser tout particulièrement à l’exposition Le désir de la ligne : Henri Matisse dans les collections Jacques Doucet présentée au Musée Angladon en Avignon du 2 juin au 9 octobre 2022. Elle aura permis d’éclairer l’un des corpus majeurs de la collection d’estampes modernes de la bibliothèque de l’INHA, et de documenter à la fois l’histoire de la constitution du cabinet d’estampes modernes de la Bibliothèque d’art et d’archéologie, aujourd’hui détenue à l’INHA, et la pratique artistique de gravure de Matisse tout au long de sa vie.

De la bibliothèque de l’INHA et de l’actualité des expositions en 2022, on retiendra aussi des prêts réguliers de pièces des collections pour de nombreuses expositions : au musée Fernand Léger – André Mare d’Argentan (Le scandale de la maison cubiste : André Mare et le Salon d’Automne de 1912), à l’Académie de France à Rome puis aux Beaux-Arts de Paris (Gribouillage : faire et défaire le dessin), au musée de Tessé du Mans (L’étoffe des Flamands, mode et peinture au XVIIe siècle), au musée des beaux-arts de Lyon (Poussin et l’amour), au château de Fontainebleau (L’art de la fête à la cour des Valois), au musée d’Orsay (Gaudi ; Aristide Maillol (1861-1944) : la quête de l’harmonie), au musée d’art et d’histoire du Judaïsme (Marcel Proust, du côté de la mère), au musée du Louvre (Pharaon des deux terres : l’épopée africaine des rois de Napta), au musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou (Allemagne / Année 1920 / Nouvelle Objectivité / August Sander), au musée Toulouse-Lautrec d’Albi (Quand Toulouse-Lautrec regarde Degas), au musée de l’Hôtel-Dieu à Mantes-la-Jolie (Alphonse Durand, une vie au service des monuments), au musée des beaux-arts de Brest (Plumes de peintres de l’école de Pont-Aven et des Nabis), au musée Courbet d’Ornans (Ceux de la terre, la figure du paysan dans l’art de Courbet à Van Gogh), au Petit Palais – musée des beaux-arts de la Ville de Paris (Pierre Roche : l’esprit Art nouveau), au musée Eugène Delacroix à Paris (Delacroix et la nature), au Musée des antiquités égyptiennes de Turin (Aïda : Figlia di due mondi).

Lister ces expositions d’une année écoulée, c’est prendre conscience un instant de la profondeur des collections conservées par l’établissement, de leur amplitude, de la richesse des fonds d’estampes, de manuscrits, d’archives, d’autographes, de photographies et d’imprimés réunis à l’INHA. Revenir sur les lieux d’exposition, c’est aussi mesurer la manière dont la recherche en histoire de l’art et archéologie irrigue les collections la bibliothèque et réciproquement, la manière dont un établissement tisse des relations avec des partenaires et des territoires pour diffuser la connaissance par les arts visuels et leur histoire au plus grand nombre.

Cette mise en visibilité des collections est la partie émergée de l’iceberg : elle est le résultat du travail que mènent au quotidien, dans la durée et souvent dans l’ombre, les équipes de bibliothécaires, les équipes techniques et administratives de l’INHA : elles qui inventorient, cataloguent et signalent des milliers de documents toute l’année, qui conservent, reconditionnent, restaurent des objets, numérisent (la bibliothèque numérique de l’INHA a franchi le cap du million d’images mises en ligne en 2022 !), administrent des outils d’informatique documentaire, prélèvent, rangent chaque jour des dizaines de documents, tout en vous accueillant et en vous renseignant. Sous les coupoles rend parfois compte de ce travail de longue haleine dans la rubrique En coulisses.

2022, ce sont aussi des milliers de livres et périodiques acquis et entrés dans les collections, et des entrées de collections patrimoniales tout au l’année, avec un travail de veille sur les ventes publiques, le soutien de généreux mécènes, des dons d’une importance parfois considérable. Il faut mentionner ici notamment la générosité de l’artiste d’origine hongroise Vera Molnàr qui a fait don en 2022 d’un corpus d’œuvres constitué de 272 estampes, 2 portfolios et 12 maquettes préparatoires représentatif de son œuvre s’inscrivant dans la famille picturale de l’abstraction géométrique.

Vera Molnàr (1924-), Brèches 7+2 (Rouge), 1989-1999, sérigraphie, 54 × 54 cm, no7 ∕ 30. © Vera Molnàr ⁄ Paris, bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, EM MOLNAR 66, photographie Michael Quemener
Vera Molnàr (1924-), Brèches 7+2 (Rouge), 1989-1999, sérigraphie, 54 × 54 cm, no7 ∕ 30. © Vera Molnàr ⁄ Paris, bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, EM MOLNAR 66, photographie Michael Quemener

2023…

En 2023, la bibliothèque de l’INHA continuera sur cette lancée. Les projets montés avec les équipes de recherche de l’INHA permettront notamment d’avancer dans la connaissance de l’histoire de la première Bibliothèque d’art et d’archéologie, ou encore de présenter publiquement le projet d’édition numérique de sources enrichies mené ces dernières années autour des papiers Antoine-Louis Barye (1795-1875) conservés à la bibliothèque.

L’effort constant de collecte, de catalogage, de conservation, de communication, d’analyse et de contextualisation de sources pour l’histoire de l’art et l’archéologie sera mis en lumière notamment à travers différentes expositions qui s’annoncent pour cette nouvelle année parmi lesquelles : Doucet/Camondo : une passion pour le XVIIIe siècle à partir du mois de mars au musée Nissim de Camondo, Maximilien Luce : voyage dans les collections de l’Institut national d’histoire de l’art à partir du mois d’avril 2023 au Musée de l’Hôtel Dieu – Maximilien Luce de Mantes-la-Jolie ou encore À portée d’Asie, collectionneurs, collecteurs et marchands d’art asiatique en France, 1750-1939 au musée des beaux-arts de Dijon à partir du mois d’octobre 2023.

Pour pouvoir offrir des services et des collections les plus à même de servir nos publics, les équipes continueront notamment les travaux en cours sur le plan de conservation partagée des périodiques en sciences de l’Antiquité, la réflexion sur la mise à disposition dans les salles de lecture d’équipements spécialisés pour les personnes malentendantes et malvoyantes, le renouvellement des marchés publics d’achats de collections courantes (livres et périodiques, papier et numériques), ou encore la refonte de l’outil de découverte Recherche+.

En salle Labrouste et en ligne, le grand public pourra continuer à suivre le cycle L’art entre les lignes et celui des Trésors de Richelieu, proposés à l’auditorium Jacqueline Lichtenstein en galerie Colbert, qui restent un moment privilégié de découverte et d’échange sur les collections.

Jérôme Bessière, directeur du département de la Bibliothèque et de la documentation de l’INHA