Jacques Doucet a créé la bibliothèque d’art et d’archéologie (BAA) en 1908, avant de l’offrir à l’Université de Paris en 1917. Conçues pour la recherche en histoire de l’art et en archéologie, une partie de ses collections se retrouvent aujourd’hui dans les collections patrimoniales de l’INHA : autographes, archives, manuscrits et imprimés, une importante photothèque, un ensemble de dessins et d’estampes, le tout illustrant l’histoire des formes et des techniques de toutes les époques. Cette bibliothèque a été intégrée à l’INHA en 2003.

Les collections patrimoniales provenant de la bibliothèque centrale des Musées nationaux (BCMN), née dans le sillage du musée du Louvre à la fin du XVIIIe siècle, réunissent un prestigieux ensemble de manuscrits (inventaires, correspondances et archives diverses) retraçant l’histoire des institutions et collections publiques françaises ainsi que des lettres autographes adressées ou reçues par des peintres, sculpteurs, architectes, critiques d’art, collectionneurs et marchands. Elles ont rejoint l’INHA en 2016.

Les Archives de la critique d’art (ACA), créées sous forme associative en 1989, poursuivent leur mission de collecte, de conservation et de valorisation de documentation et d’archives. Elles sont aujourd’hui un groupement d’intérêt scientifique (GIS) qui associe l’Association internationale des critiques d’art (AICA), l’Université Rennes 2 et l’INHA, qui est propriétaire des collections depuis 2014.

Bibliothèque de recherche, la bibliothèque de l’INHA veille tout particulièrement au développement des connaissances et à l’enrichissement de ses collections patrimoniales. La politique définie en concertation avec des représentants de la recherche, des archives, des bibliothèques et des musées vise à fournir des matériaux aux historiens d’art et aux archéologues dans le domaine de l’art occidental, de l’Antiquité classique à nos jours. 

Comment chercher dans les collections patrimoniales ?

Les collections patrimoniales sont décrites dans plusieurs catalogues, disponibles en ligne :

  • le catalogue de l’INHA, qui vous donne accès aux notices des ouvrages imprimés (monographies et périodiques), des estampes (en feuille ou en recueil) et des albums photographiques, et vous indique les modalités d’accès à ces documents et, le cas échéant, le lien vers leur numérisation ;
  • le Sudoc, catalogue collectif français établi par les bibliothèques et centres de documentation de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui vous donne accès aux notices de la plupart des ouvrages imprimés ainsi que la liste des institutions qui en conservent un autre exemplaire ;
  • Calames, catalogue collectif de l’enseignement supérieur pour les collections manuscrites, qui vous permettra de consulter les inventaires des collections de manuscrits, autographes, archives, dessins, photographies, cartons d’invitation et objets conservés par la bibliothèque de l’INHA ainsi que les fonds d’archives conservés par les Archives de la critique d’art.

Le signalement en ligne des documents patrimoniaux n’est pas complet. N’hésitez pas à écrire au service du patrimoine pour toute question sur ces collections.

Que trouve-t-on dans les collections patrimoniales ?

  • Les premiers fonds d’archives entrés dans les collections de la bibliothèque d’art et d’archéologie correspondent aux papiers laissés par les critiques, les historiens de l’art, les archéologues et les érudits consultés par Jacques Doucet au moment de la constitution de la bibliothèque. Un deuxième ensemble provient de professeurs de l’Institut d’art et d’archéologie, ainsi que de conservateurs et de critiques. Un troisième est composé de fonds d’historiens de l’art, dont certains ont participé à la création de l’INHA. Des fonds d’artistes (architectes, peintres, graveurs, sculpteurs), d’archéologues et de galeries sont venus s’ajouter au fil du temps.

    L’INHA conserve aujourd’hui près de 200 fonds d’archives ou assimilés. Actuellement, les plus nombreux proviennent d’historiens de l’art : ils comprennent fiches, documentation iconographique, notes pour des cours et des conférences, manuscrits, tirés à part, correspondance, etc. Les fonds issus du marché de l’art tendent à croître : ils présentent une grande diversité de producteurs (galeries, marchands, commissaires-priseurs) et de types de documents (fichiers, documentation iconographique, correspondances, dossiers de vente, catalogues de vente, etc.). Nombreux également, les fonds d’archéologues concernent principalement la fin du XIXe et le XXe siècle, et comportent de la documentation visuelle (relevés, photographies de site et d’objets, dessins, estampages), des notes, de la correspondance, des dossiers de publications.

    Ces fonds sont communicables dans le respect de la législation relative aux archives privées et au droit d’auteur, et des dispositions prévues par leurs donateurs respectifs. Les fonds d’archives et leurs conditions de consultation sont signalés dans Calames.

     

    Les Archives de la critique d’art conservent de nombreux fonds d’archives, photographies, documents audiovisuels et archives orales. Les fonds des adhérents de l’association internationale des critiques d’art (AICA) ont été privilégiés jusqu’à présent, mais le périmètre de collecte peut être plus large. Des producteurs dont l’activité principale ne relève pas à proprement parler de la critique d’art, mais dont la démarche s’appuie sur une approche similaire peuvent entrer dans le périmètre d’acquisition : documentaristes, historiens d’art pratiquant la critique, commissaires d’exposition, artistes. L’activité d’exposition est aussi prise en compte, comme émanation de la critique d’art (centres d’art, biennales, galeries, associations et organismes soutenant la diffusion des arts).

  • Autographes (plus de 50 000) et manuscrits (plus de 800) sont présents dès les origines de la BAA. Une fois donnés à l’Université de Paris, ces ensembles ont été essentiellement enrichis par des dons, en particulier par l’intermédiaire de la société des Amis de la bibliothèque d’art et d’archéologie (SABAA), avant d’être rejoints par les manuscrits de la BCMN (plus de 400), et augmentés régulièrement jusqu’à aujourd’hui. Ces collections sont signalées dans Calames et une partie est disponible dans la bibliothèque numérique.

    Les correspondances (et quelques autres documents non reliés) ont été classés en « autographes » dans les collections de la BAA, puis de la bibliothèque de l’INHA. Les manuscrits de la BCMN, comportent également des dossiers de correspondances de conservateurs, d’archéologues, de collectionneurs, de marchands, d’artistes. Les acquisitions de manuscrits de la BCMN visaient à documenter les collections conservées dans les musées nationaux. 

    Les manuscrits des deux collections (INHA et BCMN) comprennent des livres de comptes d’artistes ou d’artisans d’art, des inventaires après décès, des papiers de collectionneurs, des inventaires de collections, des recueils de correspondances, des journaux d’artistes et carnets de dessins, des récits de voyage, des transcriptions de cours, des manuscrits d’ouvrages, etc. Certains ensembles sont en fait des petits fonds d’archives.

  • L’origine de la collection n’est pas documentée. Elle semble cependant ancienne car quelques cartons viennent de Jacques Doucet. Elle est décrite en tant que telle à partir des années 1930 et elle est alimentée par les invitations reçues par les personnels de l’établissement. Par ailleurs, de nombreux cartons ont été extraits de fonds d’archives (fonds Roger Marx, fonds Raymond Cogniat) et certains fonds restent riches en cartons d’invitation (notamment mais pas uniquement les fonds d’artistes : Kiyoshi Hasegawa, Johnny Friedlaender, mais aussi Maurice Besset, André Warnod, etc.).

    Cette collection se compose, sans limite chronologique ni géographique, de près de 100 000 cartons et de brochures produits à l’occasion d’expositions par des institutions publiques et des galeries, portant sur les arts plastiques, l’archéologie et l’histoire. S’y ajoutent les cartes de vœux des organismes et les courriers relatifs à leur vie interne (changement d’adresse, fermeture).

    La collection est très riche pour Paris de 1900 à 1930, et dans une moindre mesure pour la France et le reste du XXe siècle. Elle est décrite dans Calames.

  • Au moment de la création de la BAA, les dessins sont acquis selon deux directions, comme les estampes :

     

    • d’une part des dessins d’architecture, d’ornement et de fête (relevés de documents antiques, plans, élévations ou coupes d’édifices, projets établis en vue de concours, représentations de pompes funèbres ou de catafalques, dessins d’ornements) ;
    • d’autre part des dessins de « maîtres contemporains », collection dont la constitution est confiée à René-Jean par Jacques Doucet et qui sera vendue les 28 et 29 décembre 1917.

    Pour les deux ensembles, il s’agissait principalement de documenter les processus de création.

    Actuellement, les plus de 5 000 dessins conservés dans les collections patrimoniales de la bibliothèque de l’INHA ne sont pas conservés dans un seul ensemble : les dessins en feuille sont répartis au sein de séries thématiques comportant aussi des estampes, et les recueils et carnets sont dispersés au sein des collections de manuscrits. Des dessins préparatoires sont aussi conservés avec les estampes modernes, en particulier pour les artistes dont l’œuvre gravé est très représenté dans la collection et dont tout ou partie du fonds d’atelier a pu être acquis. De nombreux dessins sont également présents dans les fonds d’archives (dans certains cas, ils en ont été extraits pour raison de conservation) : dessins réalisés lors de fouilles, lors de voyages, de projets de décoration, etc.

    Deux petits ensembles se distinguent :

     

    • les dessins de costumes de théâtre – cet ensemble est clos et numérisé, disponible en ligne ;
    • les « dessins d’artistes » – cet ensemble a été créé dans les années 2000 en regroupant des dessins disséminés dans les autres thématiques ou de nouvelles entrées ; il comprend pour plus de la moitié des dessins préparatoires de décors de bâtiments, classés auparavant en architecture, ainsi que des dessins pour la revue La Plume.

    Les dessins datent principalement du XVIIIe et du XIXe siècles. Ils ont presque tous été réalisés par des artistes, architectes, ornemanistes, archéologues et historiens de l’art français. Ils sont signalés dans Calames et une bonne part sont visibles dans la bibliothèque numérique.

  • La collection d’estampes anciennes comprend des estampes en feuille (non reliées) et des recueils d’estampes (publiés en tant que tels par l’éditeur, ou assemblées en recueils factices). Elle a été créée dès les origines de la BAA, et est étroitement associée aux collections d’imprimés et de dessins, autour des thèmes des fêtes, ornements, architecture. D’autre part, une collection distincte est constituée dans l’objectif de documenter les différentes techniques de l’estampe en complément aux ouvrages d’histoire de la gravure.

    Dans les recueils sont rassemblées des gravures d’interprétation d’œuvres d’art, des vues d’architecture et de villes, des estampes de fête, des modèles de décoration et d’ornement, des modèles pour le dessin, etc.

    Les estampes en feuille sont regroupées par séries thématiques comprenant aussi des dessins : estampes d’architecture et d’ornement, images de confréries, images de fêtes et cérémonies, costumes et décors de théâtre, reproductions et portraits, vues d’optique, vignettes gravées découpées dans des livres des XVe et XVIe siècles. 

    La collection, principalement française, s’étend du XVIe siècle au XVIIIe siècle. Le XVIIIe est très largement majoritaire. 

  • L’INHA conserve une collection remarquable d’environ 15 500 estampes artistiques en feuille des XIXe-XXIe siècles. Parmi les artistes représentés figurent Degas, Gauguin, Goya, Manet, Matisse, Toulouse-Lautrec, Redon, Van Gogh… Les épreuves rassemblées par Jacques Doucet sont souvent exceptionnelles, par la rareté des états ou le prestige de leurs provenances.

    Le point de départ de la collection date des premiers achats de Jacques Doucet chez Alfred Strölin en 1906. Un nouvel essor coïncide avec le recrutement de Noël Clément-Janin en septembre 1911, qui ambitionne de créer une collection d’estampes du XXe siècle reflétant la diversité des techniques et de l’expression contemporaine. L’objectif est à la fois d’encourager les jeunes artistes, à qui il est prévu de passer quelques commandes chaque année, et de disposer de corpus très complets pour des artistes choisis. 

    Les artistes étrangers installés en France ou y ayant séjourné sont aussi très présents dans la collection : Richard Parkes Bonington, James Abbott McNeill Whistler, Mary Cassatt, Ethel Mars, Maud Squire, Katherine Kimball. Depuis les années 1990, la plus grande partie des dons renforce cet axe pour des artistes actifs des années 1930 à nos jours : Johnny Friedlaender, Terry Haass, Ellsworth Kelly, Vera Molnár, Takesada Matsutani, etc.

  • La BAA a intégré les collections de Jacques Doucet acquises plus tôt (par exemple la collection de catalogues de vente du XVIIIe siècle du baron Pichon, achetée en 1897). Les acquisitions se sont poursuivies jusqu’en 1914, avec notamment celle des recueils d’estampes d’architecture et d’ornement, datés du XVIe au XVIIIe siècle, provenant de la collection Edmond Foulc (1826-1916). L’enrichissement s’est ensuite ralenti pendant plusieurs décennies, limité aux dons de mécènes. En 1958, Madame Jeanne Doucet a fait un important don financier qui a permis de compléter les collections. À partir de 1973, des acquisitions régulières ont pu reprendre grâce au legs de Clotilde Brière-Misme

    Les collections d’imprimés de la BCMN se sont constituées quant à elles pour documenter les œuvres conservées dans les musées nationaux. Les lignes fortes des collections sont l’art occidental de l’antiquité classique jusqu’au milieu du XIXe siècle, les catalogues du musée du Louvre, catalogues de musées, d’expositions, catalogues de vente, la documentation des départements Peinture et arts graphiques et objets d’art, sculpture, Antiquités grecques et romaines.

    Héritières de ces deux bibliothèques, les collections d’imprimés anciens (plus de 20 000) couvrent aujourd’hui les différents domaines de l’histoire de l’art et de l’archéologie. Elles rassemblent tout particulièrement les livres de fête, les recueils d’ornements, les livres d’architecture, les récits et guides de voyages, les catalogues de collections d’œuvres d’art et de musées, les catalogues de vente, 400 ouvrages chinois, coréens et japonais sur l’art, l’archéologie, le dessin et la gravure. D’autres thématiques sont bien représentées : jardins, mode et costumes, typographie, livres illustrés. S’y ajoute un fonds sur Paris comprenant un ensemble de plans.

  • La collection de photographies comprend aujourd’hui environ 750 000 photographies originales et cartes postales. Elle a été constituée à partir de 1905 par Jacques Doucet lui-même, qui la confia dans les années suivantes à Louis-Eugène Lefèvre. Ainsi fut créé le noyau de la collection, rangé dans des boîtes en carton couvert de toile beige et désigné sous le nom de Photothèque. Ce fonds coté « Photothèque » rassemble un peu plus de 130 000 épreuves photographiques légendées, contrecollées sur carton et classées par séries thématiques dans les années 1930 (Archéologie, Architecture, Arts décoratifs, Dessins, Manuscrits à peintures, Peintures, Sculptures) sous la direction de Clotilde Brière-Misme. Il n’est plus enrichi depuis les années 1990.

    Sous la cote « Phot » sont rassemblées les autres photographies de la collection, acquises parallèlement à la Photothèque. On y trouve toutes sortes d’ensembles, de recueils, albums et lots de photographies sur papier ou sur verre (cotées « Plaques Phot »), ainsi que les nouvelles acquisitions. La cote Phot accueille notamment une partie de la photothèque de l’Institut d’art et d’archéologie, créée par Maxime Collignon à la Sorbonne dans les années 1890, le fonds de clichés en noir et blanc de l’agence Giraudon (1877- années 1990), les plaques de verre de Pierre Gusman (1862-1941), très connu pour ses ouvrages sur Pompéi, ou bien encore le fonds d’archives photographiques de Jean-Michel et Nicole Thierry (années 1950-2017), spécialistes de l’art arménien, cappadocien et plus généralement du Caucase. Parmi les photographies les plus connues de cette collection figurent également un exemplaire complet des photographies archéologiques de John Henry Parker en 36 volumes (1864-1877), les albums personnels de Jane et Marcel Dieulafoy rassemblant leurs photographies de Perse, d’Espagne et de France (années 1880-1910), et la collection la plus complète des vues d’ateliers d’artistes d’Edmond Bénard (années 1880-1890).

    Toutes ces photographies sont décrites dans Calames, par ensembles ou à l’unité. De nombreuses autres photographies originales se trouvent dans les autres collections de la bibliothèque comme les autographes, les fonds d’archives, les manuscrits et les livres imprimés. Les principaux albums de tirages originaux conservés parmi ces derniers ont été repérés et peuvent être retrouvés dans le catalogue de la bibliothèque en recherchant l’expression « album photographique ». Une partie de ces photographies sont disponibles dans la bibliothèque numérique.