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DU RANQUET, Henri
Mis à jour le 19 décembre 2008
(9 octobre 1856, Chalus – 1944, Clermont-Ferrand)
Auteur(s) de la notice :
COURTILLE Anne
Profession ou activité principale
Conservateur des antiquités et objets d’art pour le Puy-de-Dôme (1912-1944) ; conservateur de la Maison des architectes à Clermont-Ferrand
Autres activités
Fondateur d’un musée d’Histoire et d’Art à Clermont-Ferrand
Sujets d’étude
Historien d’art
Carrière
1898-1903 : chargé d’un cours libre à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand
1898-1903 : membre de la Commission d’examen du certificat d’études délivré par les écoles libres diocésaines
1912 : membre du Comité des arts appliqués de Clermont-Ferrand
1925 : membre de la Commission des musées et beaux-arts de Clermont-Ferrand ; membre de la Commission des sites et monuments
1879 : membre de la Société française d’archéologie
1902 : inspecteur régional (16e région) pour la Société française d’archéologie
1934 : inspecteur général pour la Société française d’archéologie
1937 : membre du conseil de la Société française d’archéologie
1920 : création de la société L’Ancienne Auvergne ; membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand
1885-1895 : maire de Fourilles (Allier)
Étude critique
Après des études classiques chez les jésuites d’Yzeure dans l’Allier et à Toulouse, Henri Du Ranquet suit la voie tracée par son père, membre dès sa fondation de la Société française d’archéologie dont il devient aussi membre en 1879. Autodidacte, il est formé par son père et un « archéologue éminent », Pierre La Faye de l’Hôpital, auteur d’ouvrages sur les églises romanes d’Auvergne et la cathédrale de Clermont-Ferrand. Son premier article, Étude sur les sculptures de Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand, est écrit en 1892 à partir de notes de son père.
Dans ce dernier quart du XIXe siècle, il découvre une histoire de l’art du Moyen Âge en Auvergne très marquée par les thèses de l’architecte Gilbert Aymon Mallay. Il en suivra très largement le chauvinisme avec, suite au Congrès archéologique de 1895, L’École romane d’Auvergne, ses limites, les influences auvergnates dans les églises d’autres provinces où il reprend l’idée du roman auvergnat comme source des autres. Ses notices alors consacrées aux églises de Chamalières et de Saint-Nectaire illustrent une thèse marquée par l’air du temps qui cloisonne l’art roman en écoles mais admet déjà des échanges, même si ceux-ci s’effectuent plutôt vers l’extérieur. Ainsi en 1904 au Puy il développe au Congrès archéologique l’idée des Influences de l’école auvergnate en Velay et en 1919 il reconnaît des Influences auvergnates dans l’église Saint-Étienne de Nevers. Il théorise ses thèses dans l’enseignement qu’il professe entre 1898 et 1903 à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand. En bon pédagogue, avec une approche nettement scientifique, soucieux de bibliographie, il y étudie toutes les parties des monuments et leurs rapports subtils, les moyens de construction, les particularités de l’architecture et de la sculpture. Il s’intéresse aux matériaux, aux traditions vernaculaires, aux liens avec la basilique romaine et s’applique à en chercher la genèse. Des exemples nombreux cités en références montrent une réelle connaissance du terrain qu’il ne cesse d’arpenter. Ce qui donnera tout au long de sa vie une série impressionnante de monographies. Parmi celles-ci, on notera son importante contribution au Congrès archéologique de 1924 où il mène, sous l’insigne présidence de Marcel Aubert, dix visites sur vingt-quatre et rédige donc dix monographies, qui lui vaudront la médaille de vermeil de la Société française d’archéologie.
Outre les églises romanes de Saint-Saturnin ou d’Orcival, il témoigne d’autres centres d’intérêt, comme le montre tout d’abord l’importante notice consacrée à la cathédrale de Clermont-Ferrand, un autre de ses thèmes de prédilection. Il en avait déjà publié les fouilles du chevet auxquelles il avait participé avec l’architecte Ruprich-Robert dans le Bulletin monumental de 1909 et une monographie décisive en 1912 dans la collection « Petites monographies des grands édifices de France », ainsi qu’une étude des architectes de la cathédrale de Clermont-Ferrand. Il poursuit son incursion dans le gothique, pourtant méconnu en Auvergne, avec les églises des jacobins à Clermont-Ferrand et de Ravel-Salmeranges où il cherche à accréditer l’idée que l’architecte de la cathédrale, Jean Deschamps, avait pu en tracer les plans. Enfin, quittant l’architecture religieuse, il s’intéresse aux hôtels de Clermont-Ferrand et surtout à Montferrand, où il reviendra plus tard.
Tout cela montre la diversité de ses centres d’intérêt. Outre l’archéologie monumentale, les objets lui offrent de façon épisodique matière à recherches, comme dès 1896 une cloche et des poids découverts à Orcival, ou en 1918 la Vierge allaitant de Notre-Dame-du-Port. Ils nourrissent aussi ses activités de conservateur des antiquités et objets d’art pour le Puy de Dôme depuis 1912 et de conservateur de la Maison des architectes à Clermont-Ferrand où il installe dans les années vingt un musée d’histoire et d’art local qui porte son nom et dont il publie un état des collections en 1924. La société L’Ancienne Auvergne, qu’il crée alors pour apporter une aide pécuniaire à la réparation des monuments historiques ou archéologiques non classés, fournit de nombreuses pièces de valeur à ce musée. Il publie de multiples articles dans la presse locale pour la sauvegarde des monuments anciens comme des objets d’art. Citons « Les Vierges de majesté et la statue de Notre-Dame de Ronzières » en 1920 ou « Les Retables d’Yssac-la-Tourette » en 1926. En 1932, il livre un ouvrage important sur les vitraux de la cathédrale de Clermont-Ferrand, véritable somme plus iconographique et thématique que réellement archéologique, qui fait le point sur cet ensemble qu’Henry du Ranquet avait vu nettoyé et restauré au début du siècle.
Outre une inlassable activité de mises au point sur des édifices déjà étudiés, Henry du Ranquet, souvent en collaboration avec son fils Emmanuel, tire de ses monographies des études plus générales, qui ont sans doute le plus vieilli. Ainsi sa Note sur la cathédrale d’Étienne II et la date de l’ouverture des carrières d’andésite en basse Auvergne en 1930, Les Origines du berceau roman en 1931 ou L’Emploi des arcs doubleaux sous les berceaux romans en 1939. Il publie avec son fils en 1932 une importante étude sur Notre-Dame-du-Port qu’il n’avait jamais vraiment abordée, sauf pour ses sculptures, en dehors d’une évocation de son appareil alvéolé en 1913. Lors du Congrès archéologique de 1924, c’était Marcel Aubert qui en avait assuré la présentation ; Henry du Ranquet s’en démarque en élaborant une curieuse succession de six campagnes entre le Ve et le XIIe siècle bien dépassée sans doute car elle ne prend pas en compte l’inestimable homogénéité de l’édifice. En 1935, c’est une monographie sur un édifice majeur qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’aborder, Saint-Austremoine d’Issoire. En 1936, il publie un autre ouvrage qui fait date, Les Vieilles Pierres de Montferrand, château, remparts, église, logis, sujet encore largement inédit à l’époque, notamment pour les fortifications de la cité, particulièrement étudiées par Emmanuel du Ranquet.
Ainsi, Henry du Ranquet a marqué l’histoire de l’art médiéval régional pendant près de cinquante ans, ces cinquante ans où la discipline a évolué de manière décisive vers un discours vraiment scientifique. Influencé évidemment par son éducation et par ses prédécesseurs, soucieux de théorie mais aussi pragmatique, Henry du Ranquet a défini cependant une approche moderne et scientifique où analyse et synthèse ont eu leur part. Recueillant inlassablement sur le terrain la matière première nécessaire pour bâtir une réflexion, il a fait naître des problématiques et tenté de vraies synthèses capables de faire avancer la science. Si ces dernières sont aujourd’hui souvent dépassées ou au moins vieillies, les monographies constituent encore un corpus très riche et incontournable pour tout chercheur qui se lance dans l’étude de l’art médiéval auvergnat. Tout état de la question en Auvergne comporte aujourd’hui encore inévitablement pour le Moyen Âge en Auvergne la référence à Henry du Ranquet dont les articles furent publiés essentiellement dans des revues locales mais aussi dans le Congrès archéologique et le Bulletin monumental, ce qui en fait bien plus qu’un érudit local.
Anne Courtillé, professeur des universités émérite
Principales publications
- Étude sur les sculptures de Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand. Clermont-Ferrand : impr. Bellet, 1892.
- Cours d’art roman 1898-1899. Clermont-Ferrand : Montlouis, 1900
- La Cathédrale de Clermont. Petites monographies des grands édifices de France. Paris : Henri Laurens, 1912.
- Les Vitraux de la cathédrale de Clermont. Clermont-Ferrand : Vallier, 1932.
- Les Vieilles Pierres de Montferrand, château, remparts, église, logis. Clermont-Ferrand : de Bussac, 1936.
Articles
- « L’École romane d’Auvergne, ses limites, les influences auvergnates dans les églises d’autres provinces ». Congrès archéologique, 1895, p. 177-204.
- « L’Église de Saint-Nectaire ». Congrès archéologique, 1895, p. 238-271.
- « L’Église de Chamalières ». Bulletin monumental, 1895, p. 412-444.
- « Découvertes faites à Orcival ». Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1896, p. 194.
- « Cours d’art roman 1898-1899 ». Semaine religieuse de Clermont-Ferrand, 1898.
- « L’Église de Montpensier ». Revue d’Auvergne, 1901, p. 253-262.
- « L’Église de Glaine Montaigut ». Bulletin monumental, 1902, p. 161-175.
- « Les Influences de l’école auvergnate en Velay ». Congrès archéologique, 1904, p.301-309.
- « Les Fouilles de Mozac ». Revue d’Auvergne, 1903, p. 210-212.
- « La Vierge de Saint-Rémy de Chargnat ». Bulletin de Saint-Rémy de Chargnat, 1907.
- « Les Fouilles du chevet de la cathédrale de Clermont ». Bulletin monumental, 1909, p. 311-316.
- « Les Églises de Saint-Saturnin ». Bulletin monumental, 1910, p. 242-264.
- « Notice sur l’église paroissiale de Saint-Genès des Carmes ». Annuaire paroissial, 1910.
- « La Chapelle de Beaurepaire et la chapelle des Cordeliers à Clermont ». Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1911, p. 172-176.
- « Les Architectes de la cathédrale de Clermont ». Bulletin monumental, 1912, p. 70-124.
- « Appareil alvéolé à Notre-Dame-du-Port ». Revue d’Auvergne, 1913, p. 419-421.
- « Un cachet de la famille Duprat ». Revue d’Auvergne, 1914, p. 256-259.
- « La Porte armoriée de Châteaugay ». Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1916, p. 39-43.
- « La Vierge allaitant de Notre-Dame-du-Port ». Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1918, p. 84-99.
- « Influences auvergnates dans l’église Saint-Étienne de Nevers ». Revue d’Auvergne, 1919, p. 102-122.
- « Date de l’incendie qui fit éclater les claveaux des arcs de la travée derrière le jacquemart en la cathédrale de Clermont ». Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1920, p. 84-92.
- « Les Vierges de majesté et la statue de Notre-Dame de Ronzières ». Le Pèlerinage de Ronzières, 1920, n° 4-8.
- « Les Peintures de l’église du Chastel de Saint Floret ». Le Moyen Âge, mai-août 1922.
- « Verreries de la Margeride ». Revue d’Auvergne, 1923, p. 73-76.
- « La Cathédrale de Clermont ». Congrès archéologique, 1924, p. 7-26.
- « Les Jacobins ». Congrès archéologique, 1924, p. 64-70.
- « Les Hôtels de Clermont ». Congrès archéologique, 1924, p. 71-79.
- « Montferrand ». Congrès archéologique, 1924, p. 172- 207.
- « Ravel-Salmeranges », Congrès archéologique, 1924, p. 344- 352.
- « Moissat-Bas ». Congrès archéologique, 1924, p. 353-355.
- « Chamalières ». Congrès archéologique, 1924, p. 356-361.
- « Royat ». Congrès archéologique, 1924, p. 367- 380.
- « Orcival ». Congrès archéologique, 1924, p. 384-405,
- « Saint-Saturnin », Congrès archéologique, 1924, p. 406-432.
- « Les Retables d’Yssac-la-Tourette ». Nouvelle Revue du Centre, janvier-février 1926.
- « La Cathédrale d’Étienne II et la date de l’ouverture des carrières d’andésite en basse Auvergne ». Revue d’Auvergne, 1930, p. 42-48.
- « Les Origines du berceau roman ». Bulletin monumental, 1931, p. 35-74.
- « Les Chapelles rayonnantes en nombre pair dans les églises romanes d’Auvergne ». Bulletin monumental, 1931, p. 471-473.
- « L’Église Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand ». Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont, 1932, p. 7-142.
- « Abbatiale de Saint Austremoine d’Issoire ». Bulletin monumental, 1935, p. 277-313.
- « Église de Ris ». Bulletin monumental, 1938, p. 29-48.
- « Église Saint-Pierre du bourg d’Arlanc ». Auvergne littéraire, 1938, p. 25-46.
- « De l’emploi des arcs doubleaux sous les berceaux romans ». Bulletin monumental, 1939, p. 189-214.
- « L’Église de Marsat ». Auvergne littéraire, 99, 1939, p. 39-58.
Bibliographie critique sélective
- Vernière Antoine – « Cours d’art roman années 1898-1899 ». Clermont : Montlouis, 1900, Revue d’Auvergne, 1900.
- Rhein André – « La Cathédrale de Clermont ». Bulletin monumental, 1913, p. 336-339.
- Déshoulières François – « Nécrologie ». Bulletin monumental. 1943-1944, p. 277-279.
- Guidis Victor (de), Ranquet Henry (du). – Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1946, p. 102-113.
Sources identifiées
Pas de sources recensées à ce jour