Auteur(s) de la notice :

PRIVAT-SAVIGNY Maria-Anne

Profession ou activité principale

Conservateur et érudit

Autres activités
Archéologue et collectionneur

Sujets d’étude
Broderies, tapisseries, art religieux, histoire de l’Anjou, architecture angevine

Carrière
Études au collège jésuite de Vannes, puis licence de droit à Paris
1874 ( ?) : devient conservateur du musée diocésain créé en 1857 par Mgr Barbier de Montault, dispersé en 1905
1890 : publie La Broderie, du XIe siècle jusqu’à nos jours, ouvrage monumental en grand in-folio, complété en 1919 par deux suppléments
1895-1897 : collabore à la Revue de l’Anjou avec le chanoine Pinier ; publie de nombreux articles sur le palais épiscopal d’Angers
1897 : publie Histoire et Description des tapisseries de la cathédrale d’Angers
1899-1921 : collabore aux Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts d’Angers et publie plus d’une centaine de notices
1901 : publie L’Ancien et le Nouveau Trésor de la cathédrale d’Angers
1901-1910 : publie Monographie de la cathédrale d’Angers en trois volumes édités en 1901, 1905, 1910 (le dernier volume, consacré aux évêques et aux chapitres ainsi qu’aux institutions diverses et aux cérémonies est publié en 1946 à titre posthume avec la collaboration du chanoine Houdebine)

Étude critique

À la lecture de la Bibliographie de la tapisserie, des tapis et de la broderie en France publiée par Jean-Joseph Marquet de Vasselot et Roger-Armand Weigert en 1935, force est de constater que les publications consacrées à la broderie et à son histoire se multiplient dans les années 1890-1920. Parmi elles, figurent les ouvrages et les articles de Louis de Farcy et en particulier son grand in-folio consacré à l’histoire de la broderie depuis le XIe siècle jusqu’à nos jours, qui fait encore référence aujourd’hui. Cet ouvrage résulte d’un long travail de recherches de spécimens brodés, dont l’analyse technique est minutieuse, qui sont mis en corrélation avec des documents d’archives et des inventaires.

Originaire de Mayenne, né à Château-Gontier, Louis de Farcy fait ses études au collège jésuite de Vannes avant de « faire son droit » à Paris. Il y commence, avec quelques amis et son frère Paul, les esquisses d’une collection de meubles et d’objets précieux promise à un bel avenir. Licencié en droit, et après un voyage en Rhénanie, il retourne vivre à Château-Gontier puis à Angers après son premier mariage. Il consacre alors son temps à l’étude des arts décoratifs, à l’histoire d’Angers et de ses principaux monuments et à l’art médiéval. Ses nombreuses études sont publiées sous la forme d’articles dans la Revue de l’Anjou, les Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts d’Angers, la Revue de l’art chrétien, ainsi que dans le Bulletin monumental ou les Annales archéologiques d’Adolphe Napoléon Didron, avant, pour certaines d’entre elles, de faire l’objet d’une édition complète. Ses recherches s’articulent toujours de manière similaire : une place importante est donnée à la description, stylistique et technique, enrichie d’illustrations et de schémas, complétée par une analyse iconographique et par des références d’archives, et étayée par des citations d’inventaires.

Trois axes jalonnent l’érudition de Louis de Farcy. Le premier est sa passion pour la ville d’Angers et ses monuments : n’a-t-il pas vécu dans une de ces vieilles maisons du Parvis-Saint-Maurice, au pied de la cathédrale dont il écrit une monographie monumentale en quatre volumes ? Le premier, édité en 1901 est consacré aux meubles, le second, publié en 1905, aux immeubles par destination, le troisième, daté de 1910, aux immeubles, tandis que le quatrième volume, édité à titre posthume avec la collaboration du chanoine Pinier en 1946, traite des évêques et des chapitres. À cette somme, dont il édite un guide simplifié pour un plus large public, s’ajoutent divers articles et ouvrages consacrés à la cathédrale Saint-Maurice : au trésor (1882), aux clochers, sonnerie et horloges (1872), aux autels auxquels il consacre des notices archéologiques (1878), aux orgues (1873), aux vitraux de la nef (1912) et aux sépultures dont les découvertes jalonnent sa carrière d’archéologue. Le récit de l’ouverture des sépultures de René d’Anjou, d’Isabelle de Lorraine et de l’évêque d’Ulger les 15, 16 et 17 juin 1896 relève à la fois de la rigueur de l’archéologue et de l’énigme qui tient le lecteur en haleine. Il consacre également une attention érudite au palais épiscopal d’Angers (Revue de l’Anjou, de 1895 à 1897 et 1903), au château d’Angers, à l’ancien couvent des Cordeliers, au couvent des Carmes (1867), à la tour Saint-Aubin (1907) et aux édifices de la région angevine. Son deuxième axe de recherches est dédié au Moyen Âge et à l’art religieux en particulier : il se passionne pour la sculpture du XVe siècle, pour les croix de l’Anjou et d’ailleurs auxquelles il consacre plusieurs articles. Il publie de nombreuses études sur des objets d’art religieux tels que les croix reliquaires, l’orfèvrerie religieuse ou des objets en ivoire « échappés du naufrage de la fin du XVIIIe siècle ». Ses domaines d’investigation sont étendus puisqu’il va jusqu’à étudier, pour contredire Didron, l’usage et le rôle des fleurs sur les autels, étude nourrie de textes liturgiques, de documents d’archives et de précisions techniques sur la fabrication des fleurs artificielles. Sa passion pour le Moyen Âge fait de lui un des farouches partisans du mouvement néo-gothique. Il s’illustre surtout dans le domaine des vitraux et des textiles en nouant des relations privilégiées avec les ateliers Grossé de Herde à Bruges. En 1883, il commande dix verrières illustrant la vie de sainte Cécile en l’église de Theix, dont il livre le programme iconographique, influencé par la visite de Dom Prosper Guéranger en 1855. Il fait également reproduire des tissus médiévaux : ainsi utilise-t-il un fragment du XIIe siècle ayant servi de suaire à saint Florent et retrouvé lors de l’ouverture de la châsse en 1888 à Saint-Florent-les-Saumur. En 1878, il offre, avec le comte de Saint-Pern, à l’occasion du baptême de la quatrième cloche de la cathédrale d’Angers, une chape confectionnée dans un tissu reproduisant l’étoffe médiévale et dont les orfrois sont brodés par les ateliers Grossé, lesquels réaliseront aussi plusieurs chapes à décor d’aigles affrontés, à la demande de l’érudit angevin.

Son intérêt pour le textile le mène dans les méandres de l’histoire de la tapisserie d’une part et de celle de la broderie d’autre part, qu’il s’efforce d’élever au rang d’art majeur, digne d’études historiques.

Dans la lignée des Jules Guiffrey, Eugène Müntz, Alexandre Pinchart et Maurice Fenaille, il étudie les tapisseries anciennes d’abord celles de la cathédrale d’Angers, dont il publie les notices archéologiques (1875) avant d’y consacrer plusieurs articles dans la Revue de l’Anjou (1897), puis un ouvrage Histoire et Description des tapisseries de la cathédrale d’Angers (1901), dans lequel un chapitre est dédié à la tenture de l’Apocalypse. Cette recherche est complétée de plusieurs études sur la tapisserie tournaisienne et par l’intérêt de Louis de Farcy pour la restauration de ces textiles monumentaux. Cependant, c’est par ses études sur l’art de la broderie que Louis de Farcy se distingue et devient une référence pour la communauté érudite à l’aube du XXe siècle : n’est-ce pas à lui que fait appel Frédéric Spitzer pour étudier et publier le catalogue de son immense collection (1894) ? Certes l’histoire de La Broderie du XIe siècle jusqu’à nos jours (1890 et 1919) constitue une étude fondamentale, mais elle ne doit pas occulter d’autres recherches plus spécifiques comme celles dédiées à la chape de Guillaume de Fillastre ou au pourpoint de Charles de Blois avant son entrée dans les collections du musée des Tissus de Lyon. Et le terrain de l’histoire de la broderie est rude car jalonné de nombreux obstacles dus à la rareté des éléments conservés d’une part et aux difficultés d’attribution, de datation et de provenance d’autre part. Louis de Farcy rend l’art de la broderie digne de recherches historiques car il « se tient en garde contre toute affirmation téméraire et préfère se borner à une suite un peu sèche de renseignements précis » (Léon Dorez, Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1880), mais qui seraient incomplets sans une étude technique approfondie et une appréhension de la matérialité de l’œuvre textile. Ce n’est donc pas un hasard s’il figure, aux côtés d’un Hochon ou d’un Frédéric Spitzer, parmi les collectionneurs de textiles les plus importants de la fin du XIXe siècle. Une partie de sa collection fut acquise par le musée Dobrée à Nantes en 1910, tandis que le musée des Tissus de Lyon préserve une trentaine de spécimens acquis en 1878 et 1911.

Maria-Anne Privat-Savigny, conservatrice en chef du patrimoine, musée des Tissus, Lyon

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Crosse, Mitre et Chape offertes à Mgr l’Évêque d’Angers. Lille : Desclée de Brouwer, s. d.
  • Notes sur le couvent des Carmes d’Angers. Angers : imprimerie de P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau, s. d. [extrait du « Répertoire archéologique de l’Anjou, 1867].
  • Clochers, Sonnerie, Horloge et Porche de la cathédrale d’Angers. Angers : P. Lachèse, 0 et Dolbeau, 1872.
  • Notices archéologiques sur les orgues de la cathédrale d’Angers. Angers : imprimerie de Lachèse, Belleuvre et Dolbeau, 1873.
  • Notices archéologiques sur les tentures et les tapisseries de la cathédrale d’Angers. Angers : P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau, 1875.
  • Notices archéologiques sur les tombeaux des évêques d’Angers. Angers : Lachèse, Belleuvre et Dolbeau, 1877.
  • Notices archéologiques sur les autels de la cathédrale d’Angers. Angers : Lachèse et Dolbeau, 1878.
  • L’Ancien Trésor de la cathédrale d’Angers. Arras : impr. de la Société du Pas-de-Calais, 1882.
  • La Broderie, du XIe siècle jusqu’à nos jours, d’après des spécimens authentiques et les anciens inventaires. Angers : Belhomme, 1890(-1900).
  • « Les Étoffes et Broderies ». In La Collection Spitzer. Paris : Quantin, 1892, t. V.
  • La Chape de Guillaume de Fillastre au musée de la Halle aux draps de Tournai. Paris : Desclée de Brouwer, 1895.
  • Notes sur l’exposition rétrospective d’Angers. Angers : Lachèse, 1895.
  • Histoire et Description des tapisseries de la cathédrale d’Angers. Lille : Desclée, de Brouwer et Cie, 1889 ; Angers : Germain et G. Grassin, 1897.
  • Ouverture à la cathédrale d’Angers des sépultures de René d’Anjou, d’Isabelle de Lorraine et de l’évêque d’Ulger, les 15, 16 et 17 juin. Angers : Lachèse, 1897.
  • Découverte à la cathédrale d’Angers du tombeau de l’évêque Hardouin Du Bueil, sa croix et celle d’Ulger. Angers : Lachèse, 1899.
  • Les Tapisseries de la cathédrale d’Angers. Paris : secrétariat de l’Association, s. d. ; Angers : Josselin-Belhomme, 1901.
  • Monographie de la cathédrale d’Angers. Angers : Josselin [l’auteur, Paris : Desclée de Brouwer et Cie], 1901-1910.
  • Notes sur l’orgue de Louis XI et sur la chape des rois de la cathédrale d’Embrun. S. l., 1905 (?).
  • La Chapelle de la Vraie Croix à l’abbaye de la Boisière, la chapelle du château d’Angers. Paris : H. Champion, 1902.
  • Bonnes Fortunes d’un archéologue. Angers : Germain et G. Grassin, 1902.
  • Farcy Louis (de) et Pinier père. – Le Palais épiscopal d’Angers, histoire et description. Angers : Germain et G. Grassin, 1903.
  • Les Fouilles de la cathédrale du 18 août au 12 septembre 1902. Angers : Germain et G. Grassin, 1903.
  • Usages des tentures de soie et des tapisseries dans les églises du Moyen Âge et notamment à la cathédrale d’Angers. Angers : Germain et G. Grassin, 1904.
  • Mélanges. Croix de la Roche-Foulques, croix à double traverse. Lille : impr. Desclée, de Brouwer et Cie, s. d. [extrait de la Revue de l’art chrétien, 1905].
  • Les Sépultures princières de la cathédrale d’Angers. Angers : Germain et G. Grassin, 1906.
  • Entrelacs carolingiens de l’Anjou. Caen : H. Delesques, 1906.
  • La Renaissance à la cathédrale d’Angers. Angers : Germain et G. Grassin, 1908.
  • Bonnes Fortunes de l’archéologue. I. Découverte du cœur de Marguerite d’Anjou-Sicile à la cathédrale d’Angers. II. Cercueil de Mgr de Vaugirauld, décédé en 1758. III. Le Cœur de Mgr Gault, évêque de Marseille. Chartres : impr. de Durand, 1909 (extrait du « Cinquantenaire de la Société archéologique d’Eure-et-Loire »).
  • La Tour Saint-Aubin à Angers. Caen : H. Delesques, 1907.
  • Le Pourpoint de Charles de Blois conservé jadis au couvent de Notre-Dame des Carmes d’Angers. Angers : G. Grassin, 1911 ; Le Mans : de Benderitter, 1910 [extrait des « Mémoires de la Société nationale d’agriculture, sciences et arts d’Angers »].
  • Le Tombeau du roi René à la cathédrale d’Angers. Lyon : impr. de Waltener, 1910 (extrait du « Bulletin de l’association provinciale des architectes français », 15 décembre 1910).
  • Saumur au XVIIIe siècle. Angers : G. Grassin, 1912.
  • Remarques sur la tapisserie de l’Apocalypse. Angers : G. Grassin, 1912.
  • Quelques pièces du trésor de la cathédrale de Narbonne. Paris : H. Champion, 1912.
  • Un inventaire du XVIe siècle, récolement fait en 1557 par Charlotte d’Esquetot des meubles du château d’Estelan. Angers : Grassin, 1912.
  • Les Clochers de l’Anjou. Angers : imprimerie de G. Grassin, [1913]. [extrait des « Mémoires de la Société nationale d’agriculture, sciences et arts d’Angers », 1912].
  • Les Vitraux de la nef de la cathédrale d’Angers. Angers : Grassin, 1912.
  • La Tapisserie tournaisienne de 1502 à 1504. S. n. [Bruges], s. d. [1913].
  • Une tapisserie tournaisienne en Anjou. Angers : Grassin, 1913.
  • À l’école buissonnière. [Inventaire du trésor de Notre-Dame des Ardilliers à Saumur]. [S. l.] : 1914.
  • Épaves et Colifichets. Angers : imprimerie de G. Grassin, 1915.
  • La Cathédrale d’Angers. Angers : Barillaud, 1916.
  • Notes sur le château d’Angers. Angers : Grassin, 1916.

Articles

  • « Deux chapes en broderie du XIVe siècle ». Revue de l’art chrétien, nouv. série, t. VI, 1888, p. 174-185.
  • « Chape du chapitre de Saint-Jean de Latran ». Revue de l’art chrétien, 2e livraison, 1888, p. 438-443.
  • « Une croix en cristal de roche, des premières années du XVIe siècle ». Revue de l’art chrétien, t. VII, 2e livraison, mars 1896, p. 95-102.
  • « Une croix reliquaire de Vannes ». Revue de l’art chrétien, p. 1-2.
  • « Un atelier pour la reproduction des anciennes tapisseries ». Revue de l’art chrétien, juillet 1904, p. 3-8.
  • « Mélanges. La chape d’Ascoli ». Revue de l’art chrétien, 4e série, t. XV, 1905, p. X.
  • « Les Clochers de l’Anjou ». Congrès archéologique de France, 1911, p. 146.
  • « Galons et Orfrois espagnols ». La Vie et les Arts liturgiques, n° 40, 1918, p. 241-257.
  • « Comment on entendait à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe siècle les embellissements du sanctuaire et de l’autel ». La Vie et les Arts liturgiques, n° 40, 1918, p. 259-263.
  • « Vandalisme, Destruction des parements d’autel dits “Antependium” ». La Vie et les Arts liturgiques, n° 40, 1918, p. 263-271.
  • « Broderies et Tissus conservés autrefois à la cathédrale d’Angers ». Revue de l’art chrétien, t. XXX, 1884, p. 3-21.

Bibliographie critique sélective

  • Dorez Léon. – « À propos de la Broderie depuis le XIe siècle jusqu’à nos jours ». Mélanges d’histoire et d’archéologie, vol. 10, n° 10, 1890, p. 655.
  • Houdebine Timothée-Louis (abbé). – « M. Louis de Farcy ». La Semaine religieuse du diocèse d’Angers, juin 1921, n° 25, p. 507-514.
  • Houdebine Timothée-Louis (abbé). – M. Louis de Farcy, essai biographique, 1841-1921. Angers : Richou, 1921.
  • Vélé M. – « Nécrologie ». Revue de l’Anjou, t. 90, 1921, p. 430-432.
  • Port Célestin. – Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l’ancienne province d’Anjou. Angers : H. Siraudeau et Cie, t. II ; rééd. 1978, p. 127, col. 2.
  • Leicher Anna. – « Le Tissu néo-gothique en Anjou ». Sociétés et Représentations, n° 20, octobre 2005, p. 155-160.

Sources identifiées

Pas de sources recensées à ce jour