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HERLUISON, Henri
Mis à jour le 9 janvier 2009
(17 septembre 1835, Orléans – 1905, Orléans)
Auteur(s) de la notice :
WEIL-CURIEL Moana
Profession ou activité principale
Libraire-éditeur
Autres activités
Historien d’art, conservateur des musées d’Orléans
Sujets d’étude
Artistes parisiens et orléanais (XVIe-XVIIIe siècles), histoire locale (Jeanne d’Arc), imprimeurs et musées d’Orléans
Carrière
1858 : succède à son père Étienne Pierre, éditeur-libraire à Orléans
1902 : succède à l’abbé François-Edmond Desnoyers comme conservateur du musée historique et du musée Jeanne d’Arc d’Orléans. Chevalier de la Légion d’honneur
1882 : membre de la Société historique et archéologique de l’Orléanais
1885-1901 : membre de la Commission du musée
1898-1902 : bibliothécaire de la Société historique et archéologique de l’Orléanais
1902-1904 : vice-président de la Société historique et archéologique de l’Orléanais
1905 : président l’année même de sa mort
Étude critique
Henri Théodore Martin Herluison présente sans doute le paradoxe d’être connu de plusieurs générations d’étudiants en histoire de l’art et de chercheurs qui s’intéressent à l’histoire de l’art français pour ce qui ne constitue qu’une sorte d’unicum dans son œuvre : ses différents recueils, publiés en 1873, 1876 et 1892, d’actes d’état civil d’artistes parisiens, dont les originaux ont disparu dans l’incendie de l’hôtel de Ville en 1871. En effet, Herluison, qui n’abandonne jamais complètement le fonds de libraire et d’éditeur à Orléans dont il a hérité de son père juste après sa majorité, a consacré l’essentiel de sa vie et de ses travaux à sa ville natale.
L’histoire de l’imprimerie, parisienne mais surtout orléanaise, de l’estampe et la bibliophilie y sont naturellement présentes : le catalogue Antoine Masson, graveur orléanais (1866), les ouvrages Essai de bibliographie orléanaise (1868) et Recherches sur les imprimeurs et libraires d’Orléans depuis le XIVe siècle (1868) comptent parmi ses premières publications. On constate toutefois assez rapidement qu’il sait s’intéresser à d’autres disciplines : l’architecture, la sculpture et, dans une moindre mesure, la peinture, sont aussi abordées dans ses différentes publications, comme dans le cadre des fonctions de plus en plus importantes qu’il occupe, d’abord à la Société historique et archéologique de l’Orléanais puis, sans abandonner celles-ci, à la conservation et la direction des musées d’Orléans. À travers ses différentes contributions, livres, articles, conférences, parfois anecdotiques mais toujours intéressantes, et de plus rares comptes rendus d’ouvrages ou d’expositions, il s’efforce avant tout de faire connaître la vie et les ouvrages d’un certain nombre de personnalités orléanaises, dont de nombreux artistes, peintres, sculpteurs, graveurs ou architectes. Que les uns et les autres ne soient pas toujours les plus illustres – même si l’historiographie de Jeanne d’Arc reste présente tout au long de sa vie – ou les mieux connus est sans doute l’une de ses qualités et le signe distinctif des esprits curieux.
Comme la plupart de ces érudits de province qui se consacrent à l’histoire de leur région ou de leur ville, Herluison est au départ un autodidacte (« il avait appris sans maîtres », dira l’un de ceux qui lui rendront collectivement hommage un an après sa mort). Si, dans un premier temps, il semble avant tout se consacrer au développement de la maison d’édition familiale et à des activités d’expertise en vente publique, il effectue déjà, en parallèle, des recherches d’archives puisqu’en 1863, il publie un premier ouvrage d’histoire de l’art, Artistes orléanais, peintres, graveurs, sculpteurs, architectes. Du fait de ses activités, pour celui-ci comme pour la plupart de ceux qui vont suivre, il en est l’auteur et l’éditeur. On constate aussi que la nature de ses publications suit en quelque sorte l’évolution de ses activités semi-officielles d’historien puisqu’à partir des années 1880, il s’agit le plus souvent de la publication d’articles issus du Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, dont il devient un membre actif en 1882, ou des conférences qu’il prononce soit dans ce cadre, soit lors des réunions parisiennes, alors annuelles, des Sociétés des beaux-arts des départements (la plupart de celles-ci étant cosignées avec Pierre-Antoine Leroy). De même, vers 1890, apparaissent les premiers articles, conférences et catalogues consacrés aux aménagements et aux collections du musée historique et du musée Jeanne d’Arc dont Herluison devient le conservateur en 1902.
Au milieu de ces différents travaux d’érudition locale, les ouvrages qui ont conservé sa mémoire bien au-delà d’Orléans, les trois recueils consacrés, à la suite d’Auguste Jal, aux actes d’état civil d’artistes français (peintres, graveurs et architectes en 1873 ; musiciens et comédiens en 1876 et, dans une moindre mesure, les relieurs, publiés en 1892) constituent manifestement une exception. En effet, seule une « Notice sur Sergent-Marceau, peintre et graveur » en 1898, correspondant à une communication faite lors d’une réunion en Sorbonne des Sociétés des beaux-arts des départements, n’a apparemment aucun rapport avec Orléans. En revanche, le simple fait qu’Edme Étienne-François Goix avait exécuté une statue de Jeanne d’Arc pour la place du Martroi, en 1802, est sans doute la principale raison de son intérêt pour les deux sculpteurs « parisiens » portant ce patronyme qu’il aborde en 1904.
Dans tous ses écrits, Herluison se distingue aussi de bon nombre de ses contemporains par une sobriété dans l’expression, sans effet de style ni extrapolations : il n’est pas question pour lui de parvenir trop hâtivement à telle ou telle hypothèse à partir des documents rassemblés. Il conclut ainsi prudemment l’avertissement de son premier recueil d’actes d’état civil : « Tous concernent-ils exclusivement des artistes ? Nous n’osons l’affirmer, il se peut faire que quelques individus qualifiés de peintres ne fussent que de simples artisans complètement étrangers à l’art. » L’essentiel était assurément pour lui de faire connaître et de transmettre. C’est d’ailleurs cette « complaisance infatigable » à répondre aux diverses sollicitations et à dispenser « sans compter » ses connaissances qui, aux yeux de ses confrères, a sans doute contribué à abréger sa vie. C’est au moment même où il est élu à la présidence de la Société archéologique et historique de l’Orléanais qu’il s’éteint, en 1905, non sans avoir publié une dernière série de contributions qui confirment une curiosité toujours diversifiée puisqu’on y trouve des articles consacrés aux tapisseries des hospices d’Orléans, à un projet de monument à Jeanne d’Arc et une notice sur le peintre Charles-Henri Michel.
Le dernier aspect important mais encore méconnu de l’œuvre d’Herluison est sans aucun doute son approche des musées et sa conviction profonde de leur rôle formateur. En effet, pour lui, la collection d’un musée doit être envisagée comme un tout : « Isolés, les objets sont quelquefois sans valeur ; au contraire réunis, ils constituent une suite instructive. » Mais, même ainsi rassemblés, ils ne doivent pas simplement exciter la curiosité. Bien au contraire, « ils doivent surtout donner lieu à des comparaisons qui contribuent, dans une large mesure, à la formation du goût et à l’instruction générale ». Ce rôle est pour lui essentiel au point qu’en juillet 1902, il n’hésite pas, lors d’une allocution prononcée devant les élèves des écoles municipales de dessin et d’architecture d’Orléans, à comparer le musée à un évangile. On ne peut donc que regretter ici comme ailleurs la disparition, dans les bombardements de juin 1940, du fonds Herluison des archives départementales du Loiret.
Moana Weil-Curiel, historien d’art
Principales publications
Ouvrages et catalogues d’expositions
- Artistes orléanais, peintres, graveurs, sculpteurs, architectes… Orléans : Herluison, 1863.
- Notice sur Antoine Masson, graveur orléanais [J. Danton], suivie du catalogue de l’œuvre et d’un document inédit. Orléans : Herluison, 1866.
- Plan d’une bibliothèque orléanaise ou Essai de bibliographie locale. Orléans : Herluison, 1868.
- Recherches sur les imprimeurs et libraires d’Orléans : recueil de documents pour servir à l’histoire de la typographie et de la librairie orléanaise depuis le XIVe siècle jusqu’à nos jours. Orléans : Herluison, 1868.
-
Actes d’état civil d’artistes français, peintres, graveurs, architectes, etc. extraits des registres de l’Hôtel de Ville de Paris détruits dans l’incendie du 24 mai 1871, publiés par H. Herluison. Orléans : Herluison ; Paris : J. Baur, 1873. - Actes d’état civil d’artistes français, musiciens et comédiens, extraits des registres de l’Hôtel de Ville de Paris détruits dans l’incendie du 24 mai 1871, publiés par H. Herluison. Orléans : Herluison, 1876
- Arts décoratifs, beaux-arts et arts appliqués à l’industrie. Notice des œuvres et produits modernes exposés à Orléans… (17 mai au 30 juin 1884). Orléans : Herluison, 1884.
- L’Hôtel Cabu : ses annexes et les collections du musée historique d’Orléans, notice sommaire. Orléans : Herluison, 1890.
- Actes d’état civil de relieurs parisiens des XVIIe et XVIIIe siècles extraits des registres de l’Hôtel de Ville de Paris détruits dans l’incendie du 24 mai 1871, publiés par H. Herluison. Orléans : Herluison, 1892.
- Le Nouveau Musée de Jeanne d’Arc, note sur son inauguration. Orléans : Herluison, 1894.
- Frère Sébastien de Saint-Aignan de l’ordre des carmes, architecte, d’après des documents inédits, par H. Herluison et Paul-Antoine Leroy. Collab. de Paul-Antoine Leroy. Orléans : Herluison, 1896.
- L’Architecte Delagardette par H. Herluison et P. Leroy (mémoire lu à la réunion de la Société des beaux-arts des départements à Paris, le 10 avril 1896). Orléans : Herluison, 1896.
- Notes artistiques sur les seigneurs de La Ferté d’après les documents des archives départementales du Loiret par H. Herluison et P. Leroy (mémoire lu à la réunion des Sociétés des beaux-arts des départements en 1897). Collab. de Paul-Antoine Leroy. Orléans : Herluison, 1897.
- « Peintres-verriers orléanais. Documents extraits des minutes notariales de Beaugency, communiquées par MM. Adam et Blondel, analysés par H. Herluison », tiré à part du Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans. Orléans : Herluison, 1897.
- Compte rendu critique de l’Histoire de l’imprimerie en France [de] A. Claudin. Orléans : P. Pigelet, 1898.
- Notice sur Sergent-Marceau, peintre et graveur, par H. Herluison et P. Leroy (mémoire lu à la réunion de la Société des beaux-arts des départements à Paris, le 14 avril 1898). Orléans : Herluison, 1898.
- Les Dessinateurs de jardins [notamment Bellegarde-en-Gâtinais, Méréville, Olivet…] par H. Herluison et P. Leroy. Orléans : Herluison, 1900.
- Notes pour servir à l’histoire de l’art dans l’Orléanais sous la Révolution, le Consulat et l’Empire, par H. Herluison et P. Leroy. Orléans : Herluison, 1900.
- « Coup d’œil sur le musée historique d’Orléans », tiré à part du Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans. Orléans : Herluison, 1900.
- Les Musées d’Orléans, allocution prononcée par M. Herluison, le dimanche 27 juillet 1902, pour la distribution des prix aux élèves des écoles municipales de dessin [et] d’architecture. Suivie de Notes sur les écoles d’art et d’industrie de la ville. Orléans : M. Marron, 1902.
- « Les Débuts de la lithographie à Orléans », tiré à part des Mémoires de la Société archéologique et historique d’Orléans. Orléans : Herluison, 1904.
- Ville d’Orléans. Musée historique de l’Orléanais. Notice sommaire des collections composant le musée de Jeanne d’Arc, exposées dans la maison dite d’Agnès Sorel, rue du Tabour. Orléans : M. Marron, 1904.
- Deux sculpteurs parisiens, les Groix, 1731-1836, par H. Herluison et P. Leroy (mémoire lu à la réunion de la Société des beaux-arts des départements à Paris, le 5 avril 1904). Orléans : Herluison, 1904.
- « Les Anciennes Tapisseries des hospices d’Orléans, aliénées en 1904 », suivi de « Notes sur les tapisseries de la cour d’appel, et sur deux ventes de tapisseries ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans. Orléans : Herluison, tiré à part, 1905.
Articles
- Orléans, l’université et la typographie : [catalogue de l’exposition], Société archéologique et historique de l’Orléanais (mai-juin 1884). Mémoires de la Société archéologique et historique d’Orléans, XX, 1885.
- « Inauguration du nouveau musée de Jeanne d’Arc (6 mai 1894) ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, X, 153, 1894.
- « Monnaies trouvées aux Bordes (commune de Sully-sur-Loire) ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XI 156, 1895.
- « Peintres-verriers orléanais ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XI, 159, 1896.
- « Congrès des Sociétés des beaux-arts des départements ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XI, 158, 1896.
- « Souvenirs orléanais à Bologne : Réginald de Saint-Aignan, bas-relief. Représentation présumée de Jeanne d’Arc, fresque de Saint-Petrone », Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XI, 161, 1897.
- « Lanson (Alfred), statuaire orléanais ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XII, 162, 1898.
- « Le Tombeau de Clément V par Jehan de Bonneval (1315) ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XII, 164, 1898.
- « Histoire de l’imprimerie en France par A. Claudin ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XII 164, 1898.
- « Coup d’œil sur le Musée historique d’Orléans ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XII 167, 1899.
- « Voyage dans l’Orléanais, le Blésois, la Touraine, l’Anjou et la Bretagne ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XII, 172, 1901.
- « Une planche d’ex-libris aux armes de G. de Gruel, seigneur de Morville, trouvée dans sa sépulture ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIII, 175, 1902.
- « Inauguration d’une nouvelle salle au Musée historique et notice sommaire des œuvres de sculpture, monuments épigraphiques et objets divers exposés dans les salles lapidaires ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIII, 177, 1903.
- « Antiquités égyptiennes attribuées au Musée historique d’Orléans par M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIII, 178, 1903.
- « Les Tapisseries des hospices d’Orléans ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIII, 178, 1903.
- « Les Tapisseries des hospices d’Orléans (II) ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIII, 179, 1904.
- « Les Primitifs français. Jean d’Orléans, peintre et valet de chambre du roi (1374) ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIII, 179, 1904.
- « La Fête du 26 juin 1904 à Jargeau : fête de Jeanne d’Arc, inauguration de la plaque commémorative en l’honneur de la famille Gagnières ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIII, 180, 1904.
- « Le Sculpteur Gois fils et sa statue de Jeanne d’Arc ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XXIX, 1905.
- « Les Débuts de la lithographie à Orléans ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XXIX, 1905.
- « Michel (Charles-Henri), artiste peintre ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIV, 181, 1905.
- « Projet d’un monument colossal à Jeanne d’Arc ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIV, 181, 1905.
Bibliographie critique sélective
- Basseville Anatole. – « Notice nécrologique sur Henri Herluison ». Bulletin de la Société archéologique et historique d’Orléans, XIV. Orléans : P. Pigelet, tiré à part, 1906.
- Pommier Alexandre, et al. – « Henri Herluison ». In Memoriam. E. Desnoyers, 1806-1902, H. Herluison, 1835-1905, conservateurs des Musées historique et de Jeanne d’Arc. Orléans : M. Marron, 1906.
Sources identifiées
Orléans, Archives départementales du Loiret
- Fonds Herluison (détruit par les bombardements de juin 1940). Voir Jacques Soyer, Archives départementales du Loiret. Répertoire de la sous-série 1 F (collection Henri Herluison). Orléans : A. Pigelet, 1933
En complément : Voir la notice dans AGORHA