Eugène Pirou, Portrait de Léon Heuzey (1831-1922), archéologue, XIXe siècle, Paris, bibliothèque de l'Institut, ©RMN / Gérard Blot. Photographie.

Auteur(s) de la notice :

SCHWARTZ Emmanuel

Profession ou activité principale

Conservateur au musée du Louvre

Autres activités
Professeur d’histoire et d’histoire de l’art, archéologue

Sujets d’étude
Art grec, sumérien (chaldéen), ibérique (sculpture, architecture, art, histoire générale du costume, des arts)

Carrière
Concours général des lycées : second Prix d’histoire, premier Prix de discours français
1852-1854 : École normale supérieure ; chargé de cours au lycée à Lyon
1855-1859 : École française d’Athènes, deux séjours
1856-1857 : mission au mont Olympe et en Acarnanie
1856-1860 : mission en Macédoine
1863-1884 : professeur à l’École des beaux-arts
1870 : conservateur adjoint au Louvre, département des Antiquités grecques et romaines
1874 : Académie des inscriptions et belles-lettres
1875 : conservateur au Louvre
1881 : conservateur au Louvre des antiquités orientales, domaine incluant la céramique antique à partir de 1886
1881 et 1884 : Prix Fould de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
1882 : vice-président de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
1883-1907 : professeur à l’École du Louvre
1883 : président de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
1883 : Comité des travaux historiques et scientifiques, section d’archéologie
1885 : Académie des beaux-arts
1910 : directeur honoraire des musées nationaux

Étude critique

L’œuvre et les méthodes de Léon-Alexandre Heuzey illustrent le débat qui se tient entre l’histoire de l’art antique et l’archéologie à la fin du XIXe siècle. Il existe alors un type d’étudiant ou de professeur parisien qui, nourri d’une large curiosité puisée dans la plus haute culture antique, s’intéresse à la fois à l’art, à l’histoire des mœurs, à la littérature classique, à la Grèce et aux autres civilisations, aux langues mortes et à l’archéologie monumentale. Les circonstances autant que l’intelligence multiforme de Léon Heuzey lui ouvrirent des perspectives qui l’éloignèrent du monde grec et qui en firent le tenant d’une approche originale de l’Antiquité, ambitieuse dans ses vues et méticuleuse dans sa pratique.

La formation classique

Léon Heuzey, comme Georges Perrot, né la même année que lui, et son condisciple au lycée Charlemagne, rue d’Ulm puis à l’École d’Athènes, quoique imprégnés de culture grecque, pressentirent que la littérature, la langue, l’art, l’histoire grecque ne constituaient ni le début, ni la fin des civilisations méditerranéennes. Heuzey, dans ses missions archéologiques grecques, se réfère aux mythes anciens et toute la cité grecque, selon le modèle que mûrit cependant à Athènes Denys Fustel de Coulanges, lui paraît utile pour décrire l’archéologie du pays. Il utilise simultanément l’explication de texte littéraire ou historique, l’épigraphie, la description des mœurs, la topographie historique, dans leur développement millénaire, jusqu’à Byzance, jusqu’à l’époque contemporaine. Cet éclectisme vaut aussi pour le jugement esthétique : Heuzey retrouvait l’esprit des chefs-d’œuvre de la Grèce antique dans des productions secondaires. Il mettait la beauté des gestes, les objets de la vie quotidienne, dans la lumière des grandes créations : « Les artistes grecs ne cessaient jamais de s’inspirer de la vie familière, et lorsqu’ils y trouvaient des motifs heureux, ils aimaient à les faire passer dans le domaine du grand art, en les élevant jusqu’à la vie héroïque et divine. Ils les purifiaient ainsi de toute vulgarité, est s’en servaient pour tempérer la sévérité de leurs conceptions les plus graves. » (« Nouvelles Recherches sur les terres cuites grecques », 1876) Le passage se faisait ainsi entre l’art et la vision archéologique.

Littérature et histoire

Tous les éloges adressés à Heuzey au cours de sa longue carrière commencent par l’hommage aux qualités littéraires, à une pratique de l’histoire comme résurrection éloquente du passé. Idéalisme, persistance des formes, imagination féconde du génie grec : Heuzey lit tout cela dans les paysages, les vieux villages et leurs ruines, où il parcourt la geste de Jules César et d’Antoine. Les alliances familiales normandes et le simple goût de la littérature le rapprochaient de Gustave Flaubert ; les flaubertiens attribuent à Léon Heuzey une part de la documentation érudite accumulée pour le pensum de Salammbô ; dans la main de Heuzey, la plume caractéristique des écrivains voyageurs fait écho au roman punique, écrit entre 1857 et 1862. Sa plus fameuse découverte, lors de son séjour d’étude, semble sortir de la Carthage de Flaubert : « Nous étions déjà établis depuis une dizaine de jours à Pharsale, et je n’avais pas encore visité, dans la partie occidentale de la basse ville, la chapelle et le petit faubourg grec de Paleo-Loutro, où l’on ne me signalait pas de ruines. » C’est là, non dans le sol hellène, que Heuzey remarque, inséré dans l’architecture d’une église chrétienne en territoire musulman, un chef-d’œuvre antique auquel il donne le nom (qui lui est resté) de L’Exaltation de la fleur. L’explication du relief de Pharsale lui vaut une querelle significative : en identifiant les femmes incisées sur cette pierre à deux déesses, il veut éclairer le sujet par la référence aux hymnes homériques. Un de ses confrères, Olivier Rayet, réfuta le mysticisme du commentaire, mais un écrivain, Anatole France, se réjouit qu’une œuvre d’art suscite le rêve et ressuscite les mystères. L’hymne lyrique à l’éternité de la vie en fleur traduisait aussi, dans l’œil de Heuzey, la sensibilité à l’archaïsme grec : son sourire incarnait l’âme de la Méditerranée artistique, « la pure flamme intérieure de la pensée », disait-il plus tard à ses élèves (« Cours d’histoire et d’antiquités, École des beaux-arts, 3 février 1864 », p. 34-35), et ouvrait un accès privilégié à la découverte des origines de l’art et de la civilisation.

Le jugement de l’historien de la beauté et de l’helléniste ne s’effaça jamais complètement : « Quelques vers d’un poète ou quelques lignes d’un historien, gravés dans la mémoire de tous, expliqueront toujours mieux un tableau, ou une composition de sculpture, qu’une page de description dans le livret d’un musée […] L’art grec tout entier est né au bruit des chants d’Homère » (« Cours d’histoire et d’antiquités, École des beaux-arts, 12 mai 1863 », p. 26). Heuzey attribue à l’influence de Praxitèle une terre cuite de la collection Campana, parce qu’il y reconnaît les enlèvements d’Adonis, de Bacchus, d’Alceste, d’Iolaos, de Coré, et parce que Pline connaissait une catagousa (rapt) due au sculpteur du IVe siècle. Dans ses cours, Heuzey clamait avec éloquence et finesse que l’art européen, jusqu’à Eugène Delacroix, avait mis en valeur, dans l’héritage grec, non les faits historiques, mais les mythes que la Grèce des écrivains s’était donnés, à elle, puis à nous.

Traditions administratives et hasards politiques

Les évolutions de l’administration parisienne aidaient Léon Heuzey à établir un pont entre la sensibilité classique et des champs d’études de finalité scientifique. Heuzey, à Athènes, dans une école à laquelle le décret de 1850 avait confié une mission archéologique, rencontrait des exemples de savants maîtrisant des visions multiples de l’Antiquité. Émile Burnouf, élève en 1846, directeur en 1867-1875, porte un regard d’orientaliste et d’indianiste sur la Pnyx et les Propylées ; Heuzey en reste à des expéditions purement grecques, comme Jules Girard en Eubée, Alexandre Bertrand, Charles-Ernest Beulé et Alfred Mézières dans le Péloponnèse. Mais il profite d’une nouveauté : les lauréats du Grand Prix de Rome d’architecture, depuis 1846, s’exercent en Grèce, non plus seulement en Italie, à regarder les ruines antiques en archéologues autant qu’en artistes. Ils leur insufflent romantisme, couleurs et l’harmonie de la montagne et de la mer ; eux aussi replacent les œuvres d’art dans l’Histoire. Après l’Olympe et l’Acarnanie, Heuzey et l’architecte Honoré Daumet décrivent ensemble la Macédoine. C’est le seul moment dans sa carrière où Heuzey agit à la fois en archéologue de terrain et en théoricien. L’association de l’historien et de l’architecte entre dans les habitudes archéologiques.

Le directorat athénien d’Amédée Daveluy, de 1846 à 1867, privilégiait les buts politiques – l’influence de la France dans le petit État grec et en Turquie – aux dépens des recherches antiques menées par les jeunes érudits. Mais l’idéologie césarienne de Napoléon III prétendait mettre en parallèle le souvenir de l’empire romain, la préhistoire de la France et l’archéologie de la Grèce. Le prestige que Beulé tire de ses fouilles des Propylées donne assez de poids à Numa Fustel de Coulanges, Léon Heuzey, Georges Perrot et Paul Foucart pour qu’ils se dressent en 1859 contre Daveluy. Dans cette opposition entre un directeur et des élèves, une nouvelle conception de la science archéologique s’exprime, que les Archives des missions avaient préparée. Heuzey rapporte à Paris une vision plus ambitieuse et plus personnelle.

De l’esprit scientifique. Méthodes, expériences, datations

Les débats athéniens portaient en germe l’éclosion de la recherche archéologique parisienne. Deux disciplines se rapprochent inéluctablement : l’archéologie préhistorique, appliquée aux antiquités celtiques, essentiellement pour des motivations politiques, et la linguistique historique, héritée des mauristes et de Jean-François Champollion. Les origines de la France et celles des langues connues devaient s’enrichir dans une conception commune et orientale, dans laquelle l’histoire des œuvres d’art, encore centrée sur les chefs-d’œuvre, pouvait conquérir sa place. L’exemple prussien et la rivalité avec l’Allemagne inspirent la recherche française. Otto Jahn et Emil Braun qui fondent la céramologie moderne, en avance sur les chercheurs français, montrent l’exemple. En France, il appartint à l’orientaliste Ernest Renan de définir dans L’Avenir de la science cette nouvelle méthode historique et archéologique.

À Paris, Heuzey fut confronté à deux ensembles d’objets, les figurines en terre cuite, souvent d’origine béotienne, et les œuvres chaldéennes, qui lui arrivent des fouilles menées à Tello par Ernest de Sarzec. Aux méthodes archéologiques allemandes, il emprunte l’intérêt pour les arts mineurs, qu’il adapte à des notions personnelles, par exemple la mode et le vêtement. Par leur fonction et par leurs sujets, les figurines relèvent de l’histoire sociale et de la production industrielle. Réalisées en série, elles diffusent les messages simplifiés des grandes civilisations : superpositions de croyances, de mœurs et de modes.

Du vêtement et de l’art

Heuzey s’attacha à l’évolution du vêtement, primordiale dans l’art de la statuette. Il y voyait les anxiétés ou les espoirs des moments successifs des civilisations. Il en tira la matière de son enseignement à l’École des beaux-arts, qui n’attirait pas seulement les jeunes artistes et auquel il donna le nom de chaire d’archéologie, plutôt que d’antiquités. « Nous voulons nous retrouver face à face avec les hommes d’autrefois, les voir tels qu’ils étaient, dans la diversité de leurs usages et de leurs costumes » (Paul Léon, « Notice sur la vie et les travaux de M. Léon Heuzey […], 1923, p. 13). Les cours de Heuzey, nés d’une pratique de l’art organisée autour du vêtement, trouvaient leur couronnement dans la démonstration vivante : « Il créa la leçon de costume antique faite avec le modèle vivant. Chaque été, le maître résumait ses leçons de l’année en faisant paraître sur l’estrade et en drapant lui-même de ses doigts habiles et légers, soit un Égyptien, un Chaldéen, un Assyrien, soit un soldat grec ou une Tanagréenne, un légionnaire ou un sénateur romain » (Edmond Pottier, « Le Jubilé de M. Léon Heuzey ». La Revue de Paris, 1911, p. 9). Les cours de Heuzey, publiés sous forme de programmes, comptes rendus, photographies et de traités du costume, montrent quelle sensibilité originale un érudit disert sait communiquer : il fut lui-même souvent représenté par les dessinateurs de l’École (Alexis Lemaistre, L’École des beaux-arts dessinée et racontée par un élève…, 1889). Heuzey montrait sur l’agencement du tissu la naissance du sentiment esthétique puis sa signification dans l’histoire d’une civilisation. Le pli, par exemple, est mis en valeur dans les premiers progrès de la plastique grecque, il est proportion et expression. Le sens architectural des Grecs et les grandes mesures du corps sont mis en parallèle, la jambe devenant colonne, les plis cannelures, la marche rythme. Heuzey applique à la représentation du corps les explications que des siècles d’humanisme avaient, raisonnant en sens inverse, imposées à l’architecture : « Les Grecs sont les premiers à voir clairement et à comprendre qu’il y a, dans les plis mêmes de l’étoffe, une décoration plastique […] une ordonnance mobile et animée, d’autant plus faite pour s’associer à la forme humaine qu’elle en tire ses principaux effets. » Le professeur reconnaissait la marque de l’archaïsme en art par un « costume traité comme une gaine, comme une chape rigide, moulant tout d’un bloc les contours les plus sommaires du corps ». Avec le classicisme surgit une « série d’ondulations qui s’étagent avec une certaine régularité ». De tels aperçus lui permettent de décrire les Panathénées comme une frise de la vie et de la société athénienne. « [De chaque pli] viennent en partie la grande unité de rythme, la sensation intense de loisir et de fêtes, l’impression d’activité sereine et haute qui, après tant de siècles, se dégagent encore des marbres mutilés et saisissent l’âme du spectateur » (Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, 25 octobre 1892). À l’École des beaux-arts, au même moment, Hippolyte Taine, professeur d’esthétique et histoire de l’art, prononçait une leçon de civilisation antique, qui, au-delà du modèle artistique intangible, faisait écho à la sensibilité de Heuzey.

Heuzey applique sa doctrine artistique à d’autres époques. La notion d’archaïsme se caractérise par cette « ingénuité d’ignorance souvent pleine de vie et de charme, mais qui, conservée plus tard par des écoles plus savantes, ne fut plus qu’un système et qu’une affectation. » Dans la tradition humaniste, l’apogée correspond au moment de la meilleure compréhension de l’Antiquité – c’est « le mouvement de vie intellectuelle » de l’École d’Athènes. Confondant le génie des civilisations et la science du passé, Heuzey conclut qu’au XIXe siècle, « la lumière s’est faite », avec la connaissance de « la véritable source de la beauté antique, où la Renaissance ne s’est jamais abreuvée » (« École des beaux-arts, cours d’histoire et d’antiquités, 12 mai 1863 »).

Le génie des figurines

Ce système né de l’étude d’objets industriels vaut pour des œuvres d’art plus importantes. À la façon de Montfaucon et de sa science des images, Heuzey recourt à l’histoire des styles et des formes pour proposer des chronologies. Il fut historien de l’art plutôt qu’épigraphiste ou archéologue. Les modestes figurines et leurs vêtements de tous les jours lui offrent des critères plus sûrs que les témoignages écrits. Le jugement de Heuzey, en matière de statuettes grecques, lui permit d’apprécier l’intérêt que présenterait l’acquisition par l’État français de la collection Campana, en particulier de ses terres cuites étrusques, qui furent confrontées à d’autres découvertes, celles de Léon Heuzey lui-même (le tombeau de Pydna), de Georges Perrot en Asie Mineure et d’Ernest Renan en Phénicie, et aux inscriptions de Léon Renier ; le Palais de l’industrie, dit musée Napoléon III, offre une collection populaire, pédagogique, fondée sur l’union des sciences auxiliaires de l’histoire, philologie, épigraphie, archéologie. Le musée de Campana est fermé en 1862 ; sur ordre d’Émilien de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, la plupart des antiques sont versées au Louvre. La fermeture du musée coïncide avec la création de l’Union centrale des arts appliqués à l’industrie, d’où est issu le musée des Arts décoratifs, précisément destiné à étudier les œuvres d’art dans de telles perspectives. Léon Heuzey entreprend de classer les séries de terres cuites du Louvre ; il se heurte un temps au méthodique Wilhelm Froehner, épigraphiste et catalogueur des vases peints, grand adversaire de Flaubert et de Salammbô. Pour succéder à Adrien de Longpérier à la tête du département des Antiques, Froehner, un temps favorisé par Nieuwerkerke, cède la place au philosophe Félix Ravaisson assisté par Léon Heuzey.

La question des figurines servit de pierre de touche à l’intelligence du génie grec. Froehner et Heuzey croisèrent à nouveau le fer à propos des prétendues terres cuites d’Asie, dont Heuzey reconnut la fausseté : les qualités de rigueur de Froehner furent mises en défaut par l’œil de Heuzey, plus sensible aux évolutions stylistiques. Les Figurines antiques de terre cuite du musée du Louvre, que publie Heuzey en 1882, est considéré comme le premier commentaire historique ou archéologique présenté en France sous forme de catalogue, « leçon continue qui s’adresse au visiteur et qui lui explique tout ce qu’on peut tirer de ces petits objets pour la connaissance générale de l’art et même de la société antique » (p. 11). Le modèle est allemand, mais Heuzey y mêle les considérations artistiques qu’il développe dans ses cours. La typologie matérielle, critère d’analyse artistique, concentre sur chaque objet pris en lui-même plusieurs significations et références. Heuzey retrouvait la qualité de ses rapports de missions définie par Georges Perrot comme une lecture archéologique : « pour qu’une pareille recherche ait toute son efficacité et soit vraiment scientifique, […] il faut de toute nécessité les reporter par la pensée à la place que chacune d’elles occupait sur les murs des palais […] c’est là qu’elles reprennent toute leur signification et leur véritable caractère ; car elles faisaient partie d’une décoration architecturale réglée par des idées symboliques très arrêtées » (Mélanges Perrot, 1903, p. 74).

Edmond Pottier lie le sens pratique et la vision universaliste du conservateur : capable de dominer les grands moments de l’art, Heuzey était aussi apte à distinguer un mensonge historique. Après les fouilles de Myrina, qui révélaient l’extension de la statuaire béotienne, de fausses statuettes envahissent le marché, vers 1880. Elles jouent sur la sensibilité romantique des amateurs, sur les grandes dimensions, sur les caractères asiatiques et sur les références homériques. Sur le conseil de Heuzey, le Louvre n’acheta rien. La supercherie fut découverte. Heuzey, dans ce cas encore, avait précédé tout le monde par ses critères proprement esthétiques, établis en regardant les Tanagra : « proportions des corps, équilibre des attitudes, exacte accommodation du costume, simplicité des effets, recherche des sujets de vague et générale expression, sans caractère anecdotique, monotonie nécessaire d’ex-voto religieux ou funéraires, issus des croyances de la foule et forcément étrangers à toute préoccupation littéraire » (Edmond Pottier, « Nouvelles Archéologiques et Correspondance. Léon Heuzey conservateur au musée du Louvre (souvenirs d’un collaborateur) ». Revue archéologique, 1922). Dans la grande théorie comme dans la pratique terre à terre de l’attribution, Léon Heuzey savait rationaliser la beauté en catégories et en jugements de valeur.

Aux origines de l’art

Méthodes fondées sur l’observation, doctrine formée par le modèle grec : Heuzey, s’appuyant sur ces deux systèmes, se trouva armé pour regarder avec lucidité d’autres arts. La connaissance de l’Orient ancien avait pour base d’étude le Musée assyrien au Louvre, l’un des premiers du monde. Le Journal asiatique, la Revue archéologique, l’Académie des inscriptions et belles-lettres, autour de Joseph-Daniel Guigniaut qui de loin inspire la création de l’École d’Athènes, et le Comité des travaux historiques unissent et élargissent leurs recherches, orientalistes et préhistoriques, de l’Italie et de la Grèce vers l’Orient et l’Afrique du Nord. Le premier point acquis concerne l’influence orientale sur l’art grec. L’Histoire de l’art dans l’Antiquité de Johann Joachim Winckelmann affirmait le destin exceptionnel des Grecs, qui « n’ont emprunté à aucun peuple le premier germe de leur art, mais peuvent passer pour en être les premiers inventeurs ». Il est rejeté par le romantisme et par les hypothèses archéologiques. Heuzey connaît les différents jalons posés par les savants qui l’ont précédé, remontant les arts, l’écriture, les mouvements commerciaux, de la Grèce à l’Orient, via Chypre et Rhodes, Mycènes et Troie. En 1845, la découverte par Ludwig Ross à Chypre d’une stèle avec l’effigie de Sargon avait été rapprochée de « l’art homérique ». Karl Richard Lepsius et Jean-François Champollion, deux égyptologues, puis en 1854, par sa Notice des antiquités assyriennes, babyloniennes, perses, hébraïques, Adrien de Longpérier, hébraïsant et arabisant, délimitent l’influence des civilisations orientales sur la Grèce. L’introduction au Catalogue des figurines antiques de terre cuite du musée du Louvre met l’Égypte dans la bataille. Mais Heuzey croit surtout à une relation entre l’origine de la Grèce et la Mésopotamie, énonçant (« Cours d’histoire et d’antiquités, École des beaux-arts, 3 février 1864 », p. 5) : « C’est une science pleine d’avenir qui cherche aujourd’hui en Orient la source lointaine de leur langue, de leur religion et même de leurs arts. » Il cite les Aryas, les Babyloniens, les Assyriens. Or, jusqu’à 1905, date du congrès archéologique d’Athènes, il y a partage entre Occidentaux, partisans d’une civilisation crétoise européenne, à peine orientalisée, et les Orientaux, entièrement dévoués aux causes phénicienne et hittite. C’est par la prescience d’un grand art précurseur de la Grèce que Heuzey, historien de l’art, donne sa plus lumineuse contribution à l’histoire, à l’archéologie et même à l’épigraphie du monde ancien, sans jamais pratiquer les fouilles ni déchiffrer les langues anciennes.

L’art commence à Sumer

Les découvertes épigraphiques en Orient, à Nimrud, à Qyundjik-Ninive, les fouilles de Paul-Émile Botta à Khorsabad (Dûr Sharrukin, capitale éphémère de Sargon II au VIIe siècle), parvenues au Louvre en 1847, avaient donné un point de départ mal assuré à l’assyriologie. L’écriture cunéiforme en langue sémite avait été déchiffrée par le génial Henry Rawlinson au milieu du XIXe siècle, mais il restait à prouver l’existence d’un système antérieur. Les rois de Babylone se déclaraient « rois de Sumer et d’Akkad ». Si Akkad équivalait historiquement à l’Assyrie, le terme Sumer devait désigner le peuple inventeur de l’écriture, de l’histoire et de l’art.

En 1878, Ernest de Sarzec, vice-consul à Bassorah, dans le Chatt-el-Haï, découvre le site de Tello et y mène, avec des méthodes qui ne valent pas celles de Botta, onze campagnes de fouilles jusqu’en 1900. William Henry Waddington, ministre de l’Instruction publique, transmet les objets de Tello à Heuzey qui n’est pas encore orientaliste, mais qui comprend qu’ils déroulent les siècles perdus d’une civilisation. Heuzey en tient, selon le modèle de Winckelmann, pour les trois âges de la civilisation ; il les identifie dans le vêtement – la rudesse et la naïveté primitive, la sobriété déjà savante dans la technique et le style, enfin la recherche gracieuse et l’exécution raffinée. L’article « L’Antiquité à l’Exposition de 1889 » distingue les successions, chaldéenne (Sumer), assyrienne, perse. Tello se révèle l’ancienne cité de Girsu de la dynastie archaïque de Lagash, illustrée par les monuments des premiers souverains, le relief perforé d’Ur-Nanshé (vers 2500), les fragments de la stèle des Vautours (victoires d’Éannatum, petit-fils d’Ur-Nanshé) et le vase d’argent d’Entéména, second successeur d’Éannatum. De telles chronologies sont établies dans l’art des cylindres gravés. La Sumer de Heuzey, des bas-reliefs grossiers d’Ur-Nina à la renaissance néo-sumérienne du prince Gudéa, artistiquement et historiquement, repousse les limites de la continuité mésopotamienne de dix à douze siècles, jusqu’au 3e millénaire. Heuzey revenait sans cesse à l’exemple grec : « Nul doute que, dès cette époque, le seul progrès du goût n’ait amené la sculpture chaldéenne, par l’atténuation graduelle du type national, à une conception du type hellénique », écrit-il à propos de la Femme à l’écharpe (vers 2150), princesse de la famille de Gudéa.

De l’hellénisme à l’orientalisme, pour revenir à la Grèce : la remontée dans le temps historique, accélérée par l’intuition artistique, entraîne des controverses. Heuzey voulait par exemple voir à Sumer les premiers nus féminins, à quoi Salomon Reinach opposa l’hypothèse pélasgique (Chroniques d’Orient, II, p. 568). Heuzey identifie nettement le caractère particulier de Sumer, sa population conservatrice des usages et des rites, « ancienne race dominante, prenant de plus en plus un caractère sacerdotal […], désignée, beaucoup plus que les Sémites chevelus, envahisseurs et guerriers, pour avoir fondé dans le pays la première civilisation » (Restitution matérielle de la stèle des vautours, 1909). Dans le contexte des débats sur les origines, la résurrection de Sumer introduisait, par son antériorité comme par sa richesse, un pan entier de l’histoire des civilisations, aussi important que la Grèce.

L’histoire de l’art entre deux moments de l’archéologie

La perspicacité du conservateur parisien survolait deux étapes : le déchiffrement des idéogrammes et la nécessaire conversion à une archéologie stratigraphique. Ces deux progrès survinrent du vivant de Heuzey et confirmèrent la sûreté de son jugement artistique. Grâce à Heuzey, l’histoire de l’art éclairait le chemin de l’archéologie orientale prébiblique qui, en Assyrie et en Égypte, avançait parallèlement au déchiffrement épigraphique. Dans la continuité des publications de Heuzey, fondées sur la seule évolution des types artistiques et figuratifs, des modes d’écritures, des matériaux utilisés, des coiffes, des vêtements, une équipe d’épigraphistes, composée de Jules Oppert, d’Arthur Amiaud et de François Thureau-Dangin, établit une description de la langue sumérienne. Heuzey avait inventé la sumérologie avant que l’on sût lire le sumérien.

Léon Heuzey ne se rendit jamais à Tello. Sa méthode de travail d’intellectuel parisien, « savant de cabinet », associé à distance à l’amateur qui fouille le sol, était en retard sur la notion d’archéologie de terrain qui déjà, par le relevé systématique, menait à la stratigraphie des préhistoriens anglais, suédois et danois. Avec Sarzec, puis son successeur le capitaine Gaston Cros, plus rigoureux que Sarzec dans ses travaux, Heuzey forme un couple parallèle à celui qui avait étudié les fouilles de Khorsabad, Jules Mohl encourageant à distance Paul-Émile Botta et Victor Place. Au moins les collaborateurs lointains de Heuzey n’étaient-ils plus animés par la simple volonté d’enrichir les musées en beaux objets.

L’administration française, malgré les doutes de Jules Halévy et de Gaston Maspéro, officialisa la découverte de Heuzey par la création, en 1881, au Louvre, pour lui et pour les fouilles de Tello, du département des Antiquités orientales. Pour la première fois, un département était conçu non autour d’œuvres d’art stricto sensu, mais en correspondance directe avec la science archéologique ; pour la clarté de la démonstration, des moulages complétaient la présentation.

Voyages des civilisations

La découverte de Sumer changea et mêla les doctrines respectives des archéologies orientale et occidentale. On apprend à analyser les poteries nationales pour en tirer des leçons d’archéologie ; à Athènes, Maxime Collignon étudie les vases peints, Jules Martha les figures en terre cuite. Le XXe siècle établit les chemins des poteries antérieures à la céramique grecque : leurs cartes recouvrent les courants des civilisations. L’Orient attire d’autres générations d’hellénistes : Edmond Pottier étudie les sites hittites et Suse. Salomon Reinach évoqua le « mirage oriental » qui, s’appuyant en France sur l’étude artistique, n’est jamais, à la différence de l’Allemagne, présenté comme un facteur de supériorité raciale.

La largeur de vue de Heuzey rapprochait des objets d’origines très éloignées qu’il jugeait avec discernement. Heuzey parvint à une synthèse inattendue, dans un domaine artistique très postérieur à Sumer : sa théorie des chocs en retour équilibre la tendance à la conception d’une Grèce orientalisée. Heuzey part, une fois de plus, de l’art archaïque grec et de sa production industrielle : « Il apparaît en conquérant, il agit comme un ferment vis-à-vis de l’industrie méditerranéenne et des traditions immuables de Phénicie et d’Égypte […]. Si les œuvres archaïques demeurent encore orientales par l’ornement de la toilette et la forme de la coiffure, c’est déjà le sens de la vie qui éclaire la bouche d’un sourire et donne aux yeux un regard » (Paul Léon, Arts et Artistes d’aujourd’hui, 1926, p. 16).

Des découvertes matérielles confirment ces vues. La plus importante contribution de Heuzey à l’agrandissement de l’art d’influence grecque survint en 1878, avec l’examen des statues espagnoles du Cerro de los Santos, près de Murcie, présentées à l’Académie d’histoire de Madrid en 1871. Ces figures de femmes et bustes d’hommes, ressemblant à des saints de village, avaient été restaurées par un horloger qui leur avait ajouté quelques exemplaires de son cru. Les savants espagnols les récusaient en bloc. Heuzey les réhabilita. Il se rendit en Espagne et fonda sa démonstration d’une part « sur la présence de motifs asiatiques, dont un faussaire ne pouvait pas avoir la moindre idée, d’autre part sur la structure des draperies dont il avait pénétré toutes les finesses et qu’une main moderne n’imite pas sans de constantes bévues ». Son diagnostic fut bientôt confirmé par la Dame d’Elche, œuvre « gréco-punique » unique qui orna le Louvre avant d’être abandonnée par le régime de Vichy à l’Espagne de Franco. Heuzey y décela « l’association de la perfection grecque avec l’originalité barbare » (Les Origines orientales de l’art, 1891-1915, p. 305). Il fondait l’histoire de l’art ibérique. Pas plus qu’en Chaldée, il ne fouilla lui-même, parrainant les fouilles d’Arthur Engel et de Pierre Paris à Elche et Osuna.

Vers d’autres paysages

Heuzey n’offrit pas à la postérité une méthode à suivre. Jean Bottéro, préfaçant le populaire livre de Samuel Noah Kramer, L’Histoire commence à Sumer (Flammarion, 2009), cite Ernest de Sarzec, le fouilleur, et François Thureau-Dangin, le déchiffreur, non Heuzey, l’historien qui raisonnait plus vite que la science ne démontrait. Heuzey fut sanctionné pour ne s’être soumis ni aux habitudes épigraphiques du XIXe siècle, ni à la religion de la fouille stratigraphique dont le règne commençait. Dans sa hâte à ouvrir « un chapitre entier, celui du début, dans l’histoire du monde civilisé » (Edmond Pottier, « Le Jubilé de M. Léon Heuzey ». La Revue de Paris, 1911), Heuzey désignait leur domaine d’étude aux épigraphistes et aux archéologues ; c’est eux que la postérité honore, elle a oublié leur initiateur. Ses mythiques leçons à l’École des beaux-arts eurent encore moins de portée : son cours d’archéologie et les concours qui lui étaient rattachés s’inséraient dans un programme que les jeunes artistes de la fin du XIXe siècle, de plus en plus étrangers à la culture classique, ne pouvaient assimiler. Ils laissent à l’École, sur des sujets de la plus haute ambition dictés par Léon Heuzey, des dessins et aquarelles d’une faiblesse artistique et historique insigne : « la collaboration intime et affectueuse qui crée ingénieusement un lien étroit entre le maître et les disciples » (Histoire du costume, p. X) produisit un piètre résultat.

Le vaste esprit de Heuzey lui donna une intelligence aiguë et libre des questions et des réponses, les plus précises et les plus larges, que se pose l’amateur d’art. Dans les domaines qu’il aborda, les nécessités scientifiques obligèrent ses successeurs à prendre leurs distances avec l’audace de sa vision, jugée incommode, périmée et périlleuse pour eux-mêmes et pour la pratique courante de leur profession.

Emmanuel Schwartz , conservateur du patrimoine, Paris, École des beaux-arts

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Le Mont Olympe et l’Acarnanie, exploration de ces deux régions, avec l’étude de leurs antiquités, de leurs populations anciennes et modernes, de leur géographie et de leur histoire. Paris : Firmin-Didot frères, fils et Cie, 1860, 496 p.
  • Catalogue de la mission de Macédoine et de Thessalie, dirigée par M. Léon Heuzey, avec la collaboration de M. Daumet… : [catalogue de l’exposition], Paris, Palais de l’industrie, 1862. Paris : Michel-Lévy frères, 1862.
  • Mission archéologique de Macédoine : fouilles et recherches exécutées dans cette contrée et dans les parties adjacentes de la Thrace, de la Thessalie et de l’Épire en l’année 1861 par ordre de sa Majesté l’empereur Napoléon III par Léon Heuzey et H. Daumet. Paris : Firmin-Didot, 1876, 2 parties, 470 p. et 1 vol. de pl.
  • Catalogue des figurines antiques de terre cuite au musée du Louvre. Paris : Imprimeries réunies, 1882, 248 p.
  • Les Figurines antiques de terre cuite du musée du Louvre […] gravées par Achille Jacquet. Paris : Vve A. Morel, 1883, 30 p., 56 pl.
  • Heuzey Léon, dir. – Découvertes en Chaldée, par Ernest de Sarzec. [Avec le concours d’Arthur Amiaud et François Thureau-Dangin. Sous les auspices du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts]. Paris : E. Leroux, 1884-1912, 2 vol., 464 p. et 1 vol. de 100 pl.
  • Les Opérations militaires de Jules César, étudiées sur le terrain par la Mission de Macédoine. Paris : Hachette, 1886, II-145 p.
  • Un palais chaldéen, d’après les découvertes de M. de Sarzec. Paris : E. Leroux, 1888.
  • Les Origines orientales de l’art. Recueil de mémoires archéologiques et de monuments figurés. Paris : E. Leroux, 1891-1915, 396 p. ,17 pl. [publication en fascicules 1891-1914 interrompue par la Première Guerre mondiale (voir section Articles)].
  • Musée national du Louvre. Catalogue des antiquités chaldéennes, sculpture et gravure à la pointe. Paris : Librairies-imprimeries réunies, 1902, IV-407 p.
  • « Quelques règles d’interprétation pour les figures assyriennes ». In Mélanges Perrot : recueil de mémoires concernant l’archéologie classique, la littérature et l’histoire anciennes, dédié à Georges Perrot… à l’occasion du 50e anniversaire de son entrée à l’École normale supérieure. Paris : A. Fontemoing, 1903, p. 173-182.
  • Restitution matérielle de la stèle des vautours, restitution archéologique, par Léon Heuzey, restitution épigraphique, par François Thureau-Dangin. Paris : E. Leroux, 1909, 64 p. et 5 pl.
  • Nouvelles Fouilles de Tello, par le commandant Gaston Cros, publiées avec le concours de Léon Heuzey et François Thureau-Dangin. Paris : E. Leroux, 1910(-1914).
  • [Histoire du costume antique [d’après des études sur le modèle vivant]->http://www.archive.org/stream/histo…]. Préf. d’Edmond Pottier. Paris : Librairie ancienne Honoré Champion, Édouard Champion, 1922, XV-309 p.
  • Musée national du Louvre. Catalogue des figurines de terre cuite. Figurines orientales et figurines des îles asiatiques. Revu, corrigé et complété par Edmond Pottier. Paris : Réunion des musées nationaux, 1923, XXIV-252 p.
  • Heuzey Jacques, éd. – Excursion dans la Thessalie turque en 1858. Paris : Société d’édition « les Belles Lettres », 1927. (« Collection de l’Institut néo-hellénique de l’université de Paris », fasc. 5).
  • Heuzey Léon et Heuzey Jacques. – Histoire du costume dans l’Antiquité classique. Paris : Les Belles Lettres, 1935, VII-157 p.

Articles
Les articles de Heuzey sont légion et se doublent parfois, dans la mesure où il lui arrivait régulièrement de présenter d’abord un sujet lors d’une communication à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, puis de le publier dans une revue savante, souvent la Revue archéologique ou la Revue d’assyriologie et d’archéologie orientale. Par volonté d’allégement, le parti a été pris de ne mentionner les titres qu’une fois, en priorité dans la revue savante. La mention dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres n’est donc pas systématique.
Heuzey a lui-même sélectionné ceux de ses articles qu’il considérait comme les plus importants, en fonction de sa doctrine : il les a publiés en 1911-1914 sous le titre Les Origines orientales de l’art. Recueil de mémoires archéologiques et de monuments figurés. Paris : E. Leroux, 1891-1915.

  • « Les Terres cuites chaldéennes avant les découvertes de M. de Sarzec ». Origines orientales de l’art, p. 1-14 ; Revue archéologique, janvier 1880.
  • « Terres cuites babyloniennes ». Lue à l’Académie des inscriptions et belles-lettres le 13 décembre 1879 ; Revue archéologique, n° 39, janvier-juin 1880, p. 1.
  • « Les Fouilles de Chaldée : communication d’une lettre de M. de Sarzec ». Origines orientales de l’art, p. 15-34 ; Revue archéologique, novembre 1881, p. 56, 257, séance de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 2 décembre 1881.
  • « Les Rois de Tello et la Période archaïque de l’art chaldéen ». Origines orientales de l’art, p. 35-49 ; Revue archéologique, novembre 1882. Séance de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 11 août 1882.
  • « La Stèle des vautours, étude d’archéologie chaldéenne ». Origines orientales de l’art, p. 49-84 ; Gazette archéologique, 1884, 30 p.
  • « La plus Ancienne Sculpture chaldéenne ». Origines orientales de l’art, p. 85-94 ; Gazette archéologique, 1886.
  • « Le Roi Dounghi à Tello ». Revue archéologique, 1886-1, p. 193.
  • « Un gisement de diorite au bord de la mer ». Origines orientales de l’art, p. 115-119 ; communiquée à l’Académie des inscriptions et belles-lettres », s. d.
  • « Une étoffe chaldéenne : le kaunakès ». Origines orientales de l’art, p. 120-136 ; séance de l’Académie des inscriptions et belles-lettres du 7 juillet 1886, [voir les comptes rendus de la séance du 16 avril 1886] ; Revue archéologique, 1887, p. 257.
  • « De quelques cylindres et cachets de l’Asie Mineure ». Origines orientales de l’art, p. 137-148 ; Gazette archéologique, 1887, p. 55 ; lue à l’Académie des inscriptions et belles-lettres le 4 mars 1887.
  • « Le Bassin sculpté et le Symbole du vase jaillissant ». Origines orientales de l’art, p. 172-182.
  • « La Glyptique syrienne et le Symbole du vase jaillissant, note complémentaire ». In Heuzey Léon, Un palais chaldéen, 1888, p. 106, éd. corrigée.
  • « La Masse d’armes et le Chapiteau assyrien ». Origines orientales de l’art, p. 183-199 ; Revue archéologique, 3e série, t. VIII (1887).
  • « La Masse d’armes de Goudéa ». Origines orientales de l’art, p. 200-208 ; Revue archéologique, 3e série, t. XVII (1891), p. 150.
  • « L’Antiquité orientale à l’Exposition universelle de 1889 ». Origines orientales de l’art, p. 209-233 ; Catalogue de l’Exposition rétrospective du travail, section I p. 133-143, Lille, 1889, éd. corrigée.
  • « Divinité montée sur un cheval chimérique ». Origines orientales de l’art, p. 234-246 ; Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, année 1877, 4e série t. V, p. 166.
  • « Quelques règles d’interprétation pour les figures assyriennes ». Origines orientales de l’art, p. 247-264 ; Mélanges Perrot, 1903, p. 273.
  • « Statuette de bronze au nom d’Assour-Dan ». Origines orientales de l’art, p. 265-272 ; publiée dès 1892 avec les livraisons 3-4 du présent recueil.
  • « Statues espagnoles de style gréco-phénicien (question d’authenticité) ». Origines orientales de l’art, p. 273-302 ; Revue d’assyriologie, vol. II, 1892, 3e numéro, p. 95-115.
  • « La Dame d’Elché et la Mission de Pierre Paris en Espagne ». Origines orientales de l’art, p. 303-307 ; séance de l’Académie des inscriptions et belles-lettres du 24 septembre 1897, Comptes rendus, 4e série, t. XXV, p. 504-505.
  • « Le Taureau chaldéen à tête humaine et ses dérivés ». Origines orientales de l’art, p. 308-330 ; réunion de deux articles publiés dans Monuments et Mémoires de la Fondation Piot, t. VI (1899), p. 115-132, ; t. VII (1900), p. 7-10.
  • « Les Deux Dragons sacrés de Babylone et leur prototype chaldéen ». Origines orientales de l’art, p. 331-344 ; Revue d’assyriologie, vol. VI, fasc. III, p. 95 (1906).
  • « Égypte ou Chaldée ». Origines orientales de l’art, p. 345-354 ; note lue à l’Académie des inscriptions et belles-lettres le 20 janvier 1899 publiée dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres de 1899, 4e série, t. XXVII, p. 60-67.
  • « Mythes chaldéens ». Origines orientales de l’art, p. 355-365 ; Revue archéologique, 3e série, vol. XXVI, [1895], p. 355-365.
  • « Armes royales chaldéennes ». Origines orientales de l’art, p. 366-370 ; note lue à l’Académie des inscriptions et belles-lettres le 24 juillet 1908 [voir Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1908, p. 415].
  • « Musique chaldéenne ». Origines orientales de l’art, p. 371-378 ; Revue d’assyriologie, t. IX n° 3, p. 45.
  • « Petits Chars chaldéo-babyloniens en terre cuite ». Origines orientales de l’art, p. 379-386 ; Revue d’assyriologie, III, 6 p.
  • « Un artiste grec au service de la Perse : Téléphanès de Phocée ». Origines orientales de l’art, p. 387-392 ; Revue bleue, 1886, p. 661. Lu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. les 12 et 13 novembre 1886.
  • « Un palais grec en Macédoine, étude sur l’architecture antique par Léon Heuzey, avec un plan restauré et un parallèle des ordres d’architecture, par H. Daumet ». Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Paris : imprimerie d’E. Donnaud, janvier-février 1871.
  • « Sur les origines de l’industrie des terres cuites ». Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, lu dans la séance publique annuelle de l’Académie des inscriptions et belles-lettres le 17 novembre 1882, 4e série, t. X, p. 388. Paris : impr. de Firmin-Didot, 1882. Institut de France, 24 p.
  • « Du principe de la draperie antique ». Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, lu dans la séance publique annuelle des cinq Académies du 25 octobre 1892. Paris : Firmin-Didot et Cie, 1893, 40 p.
  • « Recherches sur un groupe de Praxitèle, d’après les figurines de terre cuite ». Gazette des Beaux-Arts, septembre 1875, p. 193-210. Paris : Imprimerie nationale, 1868.
  • « L’Exaltation de la fleur, bas-relief grec de style archaïque trouvé à Pharsale ». Journal des savants. Paris : Imprimerie nationale, 1868.
  • « Quelques Observations sur la sculpture grecque en Gaule ». Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, Paris, 1877, t. XXXVII.
  • « Recherches sur les figures de femmes voilées dans l’art grec ». Monuments grecs publiés par l’Association pour l’encouragement des études grecques en France, 1872, n° 2, p. 5-22, 1873, n° 2, ; 1874, n° 3, p. 1-28
  • « Nouvelles Recherches sur les terres cuites grecques. Groupe de Déméter et de Coré. Les cueilleuses de fleurs et les joueuses d’osselets ». Monuments grecs publiés par l’Association pour l’encouragement des études grecques en France, 1876, n° 5, p. 1-24 ; rééd. Paris, 1877, 24 p.
  • « Le Dieu Mên à Bayeux ». Revue archéologique, n° 19, janvier-juin 1869, p. 1-8 [tiré à part. Paris : Didier, 1869, 8 p.].
  • « Une statue complète de Goudéa ». Revue d’assyriologie et d’archéologie orientale, VI, 1907, p. 18.
  • « Costume chaldéen et Costume assyrien ». Revue d’assyriologie et d’archéologie orientale, XXII, 1925, p. 163.
  • « École des beaux-arts, cours d’histoire et d’antiquités, 12 mai 1863 ». Revue des cours littéraires. Paris : Laîné et Harvard (s. d. [1864]).
  • « Cours d’histoire et d’antiquités, École des beaux-arts, 3 février 1864 ». Revue des cours littéraires. Paris : librairie Germer Baillière, 1864, 26 p.
    * « Notice sur les travaux d’Albert Dumont : Albert Dumont, archéologue ». In Mélanges d’archéologie et d’épigraphie réunis par Théophile Homolle. Paris : E. Thorin, 1892, XXXV-666 p., p. III-XXV.
  • « Draperies ». In Dictionnaire des beaux-arts contenant les mots qui appartiennent à l’enseignement, à la pratique, à l’histoire des beaux-arts, etc., Institut de France. Académie des beaux-arts. Institut impérial de France. Paris : Firmin-Didot, 1858-1896, vol. 4, p. 186-206.
  • « Quelques règles d’interprétation pour les figures assyriennes ». In Mélanges Perrot, 1903, p. 273.

Cours prononcés

  • Paris, École des beaux-arts
    • Années 1863-1884 : chaire d’antiquités, renommée chaire d’archéologie. Cycle en trois années : 1e Archéologie égyptienne et orientale. 2e Archéologie grecque. 3e Archéologie romaine. Séances du modèle : ajustement du costume sur la nature. Séance de dessin d’après le modèle drapé
  • Paris, École du Louvre.
    • 1883-1907 : Archéologie orientale.
    • 1883-1884 : « Les Origines de l’art en Orient ».
    • 1884-1885 : « L’Histoire de l’art dans l’ancienne Chaldée, d’après les monuments du Louvre ». Bibliographie établie par Juliette Jestaz

Bibliographie critique sélective

  • Alglave Émile. – « Histoire et Archéologie, cours de M. Léon Heuzey (École des beaux-arts). De l’intérêt que les sujets d’histoire grecque offrent aux artistes ». Revue des cours littéraires de la France et de l’étranger, t. I, 5 novembre 1864, p. 705-712.
  • Alglave Émile. – « École des beaux-arts. Histoire et archéologie. Cours de M. Léon Heuzey. Le sol et le paysage en Grèce ». Revue des cours littéraires de la France et de l’étranger, t. II, 5 décembre 1864, p. 5-9.
  • Lemaistre Alexis. – L’École des beaux-arts dessinée et racontée par un élève… Paris : Firmin-Didot, 1889 [« Le Cours d’archéologie », p. 151-156 ; ill. « Une lecture classique », ill., p. 345, « Le Cours de costume »].
  • Franqueville Charles Franquet (de). – Le Premier Siècle de l’Institut de France, 25 octobre 1795-25 octobre 1895. Paris : J. Rothschild, 1895-1896, 2 vol., in-4.
  • Reinach, Salomon. – Chroniques d’Orient : documents sur les fouilles et découvertes dans l’Orient hellénique de 1883 à 1890 / Chroniques d’Orient. Deuxième série. Documents sur les fouilles et découvertes dans l’Orient hellénique de 1891 à 1895. Paris : E. Leroux, 1896.
  • Roux Emmanuel. – Les Débuts de l’École française d’Athènes. Correspondance d’Emmanuel Roux, 1847-1849, publiée avec une introduction et des notes par Georges Radet. Bordeaux : Féret et fils (Bibliothèque des universités du Midi, 1er fasc.), 1898, 94 p.
  • Radet Georges. – Histoire de l’École d’Athènes. Paris : A. Fontemoing, 1901, 492 p.
  • Pottier Edmond. – « Le Jubilé de M. Léon Heuzey ». La Revue de Paris, 15 novembre 1911, p. 277-294.
  • Pottier Edmond. – « La France en Chaldée ». Journal des savants, mai 1916, p. 193-201.
  • Monceaux Paul. – « Discours à l’occasion de la mort de M. Léon Heuzey, lu dans la séance du vendredi 17 février 1922 ». Académie des inscriptions et belles-lettres, comptes rendus de l’année 1922. Paris, 1922, t. 92, n° 2, p. 53-56.
  • Pottier Edmond. – « Nouvelles Archéologiques et Correspondance. Léon Heuzey conservateur au musée du Louvre (souvenirs d’un collaborateur) ». Revue archéologique, Paris : Ernest Leroux, janvier-juin 1922, 5e série, t. XV, p. 324-331.
  • Lechat Henri. – « Léon Heuzey (1831-1822) ». Revue de l’art ancien et moderne, juin 1922. p. 3-10.
  • Homolle Théophile. – « Léon Heuzey (1831-1922) ». Gazette des beaux-arts, 1922. p. 197-212.
  • Cagnat René. – « Notice sur la vie et les travaux de M. Léon Heuzey, lue dans la séance publique annuelle du 16 novembre 1923 ». Paris, 1923, t. II, t. 93, pièce 29, p. 97-123.
  • Léon Paul. – « Notice sur la vie et les travaux de M. Léon Heuzey par M. Paul Léon, Membre libre de l’Académie : Lue dans la séance du samedi 24 février 1923 ». Institut de France, publications diverses [Académie des Beaux-Arts], Paris, 1923, t. I, pièce 8, p. 1-22.
  • Léon Paul. – Arts et Artistes d’aujourd’hui. Paris : Fasquelle, 1926, chap. V p. 167-192.
  • Heuzey Jacques. – « Flaubert. Lettres de Grèce ». Paris : Éditions du Péplos, 1948, p. 143 : note p. 71-72.
  • Heuzey Jacques. – « Gustave Flaubert et Léon Heuzey ». Bulletin des Amis de Flaubert, 1e année, 1951, n° 1, p. 20-24.
  • Peissik Muriel et Roy Noëlle. – Léon Heuzey ou la Recherche des origines 1831-1922, mémoire de l’École du Louvre, 1990-1991
  • Therrien Lyne. – L’Histoire de l’art en France Genèse d’une discipline universitaire. Paris : Éditions du C.T.H.S, 1998. p. 117-125.
  • Gran-Aymerich Évelyne et Jean. – « Léon Heuzey, de la Grèce à l’Orient ». Archeologia, mai 1986, n° 213, p. 71-75.
  • Gran-Aymerich Ève. – Naissance de l’archéologie moderne, 1798-1945. Paris : CNRS Éditions, 1998.
  • Gran-Aymerich Ève. – Dictionnaire biographique d’archéologie 1798-1945. Préf. de Jean Leclant. Paris : CNRS Éditions, 2001,p. 338-339.
  • Gran-Aymerich Ève. – Les Chercheurs de passé 1789-1945, comprend Naissance de l’archéologie moderne, 1798-1945, rééd. et Dictionnaire biographique d’archéologie 1798-1945, rééd., préf. de Jean Leclant, avant-propos d’André Laronde. Paris : CNRS Éditions, 2007.

Sources identifiées

Paris, Archives nationales

  • AJ52 : archives de l’École des beaux-arts de Paris
  • AJ52-20 : 10 juin 1897. Les femmes et les modèles
  • AJ52-41 : sujets des cours
  • AJ52-1407 : concours spéciaux, histoire de la civilisation
  • F17-2975 : Léon Heuzey. Mission en Macédoine

Paris, archives des Musées nationaux

  • O30-189 ; O1-A ; O28-P ; U3-394 ; U3-485

Paris, bibliothèque de l’Institut de France, Académie des beaux-arts

  • MS 270 : inscriptions grecques de différentes régions, sur papier-calque, recueillies par de La Coulonche et Heuzey, avec notes de Ph. Lebas
  • Ms 1412. 1876 : dessins originaux de Pierre-Jérôme-Honoré Daumet
  • Ms 2166. 41-46 (Ms 2152-2171 : collection d’autographes de membres de l’Institut, formée par le comte Henri Delaborde)
  • Ms 3962 : fragment de la correspondance de Marcellin Berthelot
  • Ms 4175 : papiers et correspondance de Joachim Menant
  • Ms 4239-4359 : papiers de Gustave Schlumberger
  • Ms 4244-4309 : correspondance
  • Ms 4293 : « Membres de l’Académie des inscriptions » (1883-1914)
  • Ms 5769-5783 : correspondance et papiers de Léon Heuzey. Onze liasses, un album et quatre portefeuilles
  • Ms 5769-5783 : correspondance et papiers (notes, plans, photographies, direction de fouilles de Léon Heuzey. Onze liasses, un album et quatre portefeuilles)
  • Manuscrits de la bibliothèque Spoeilberch de Lovenjoul, Ms Lov. H 1363. Fol. 458-461. Deux lettres, 28 juin et 6 juillet 1870
  • Manuscrits 7197-7212 : archives personnelles de Léon Heuzey

Paris, bibliothèque du Muséum national d’histoire naturelle

  • Ms 2312 : correspondance scientifique du Dr E.-Th. Hamy. 2e série, 133

Paris, bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne

  • MS 1791. Lettres adressées à H.-P. Nénot, architecte de la Sorbonne
  • F. 116. Léon Heuzey. Date : 27 avril 1908

Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits

  • Richelieu / Musique /magasin de la Réserve. RES VM DOS-120 (07,11). Dîner des Prix de Rome : lettre de Léon Heuzey, Paris, 21 novembre 1913. Destinataire : Lili Boulanger
  • Richelieu / Estampes et photographie / magasin Z-53-4 : reproduction photomécanique de deux lettres de Léon Heuzey. 1896-1911. Léon Heuzey à ses amis, héliog. Dujardin. Publication : 1911 (5 novembre). À ses amis de l’École d’Athènes. Publication : 1896 (mars)

Istanbul, manuscrits en Turquie
Il ne semble pas que la correspondance de Heuzey avec la Sublime Porte ait été dépouillée à Istanbul. Henri Metzger a dépouillé le fonds d’archives de Madame Cenon Sakç, « La Correspondance passive d’Osman Hamdi Bey [directeur des musées d’Istamboul de 1881 à 1910] » ; voir Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1988, novembre-décembre, p. 672-684,676-680.

En complément : Voir la notice dans AGORHA