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LAMI, Stanislas
Mis à jour le 5 mars 2013
(30 novembre 1858, Paris –31 janvier 1944, Paris)
Profession ou activité principale
Sculpteur ; historien de la sculpture
Sujets d’étude
Sculpture française du Moyen Âge et du XIXe siècle
Carrière
1882 : débuts au Salon des artistes français avec Mendiant aveugle (Sculpture en plâtre, n° 4527)
1884 : publication du Dictionnaire des sculpteurs de l’Antiquité jusqu’au VIe siècle de notre ère
1887 : reçoit une mention honorable pour L’Epave(sculpture en marbre marbre, n°4143) au Salon des artistes français
1889 : reçoit une mention honorable pour L’Echo (sculpture en plâtre, n° 4575) lors de l’Exposition universelle
1890 : médaille de 2e classe au Salon des artistes français pour Le Rêve(masque en plâtre, n°4079)
1891 : Première faute (sculpture en marbre , n°2640), nouvelle médaille de 2e classe au Salon des artistes français ; l’œuvre est acquise par le ministère des Beaux-Arts pour la somme de 7500 francs ; et est ensuite attribuée à l’École normale des institutrices de Fontenay-aux-Roses le 8 septembre 1932
1892 : Acquisition par l’Etat au Salon des artistes français d’une statue en marbre gris, Chien danois, pour 4 000 francs (arrêté du 22/06/1892) ; la sculpture, d’abord exposée au musée du Luxembourg, est déposée à la ville de Miramas (Bouches-du-Rhône, arrêté du 10/09/1953) jusqu’en 1986 où elle est attribuée au musée d’Orsay (RF 4006, LUX 107)
1897 : 2e médaille à l’Exposition universelle de Bruxelles
1898 : Publication du Dictionnaire des sculpteurs de l’école française du Moyen Âge au règne de Louis XIV
1900 : reçoit une médaille de bronze à l’Exposition universelle pour Le Silence
1906 : Publication du Dictionnaire des sculpteurs de l’école française sous le règne de Louis XIV
1910-1911 : Publication du Dictionnaire des sculpteurs de l’école française au XVIIIe siècle
1914-1921 : Publication du quatrième et dernier volume du Dictionnaire des sculpteurs de l’école française (XIXe siècle)
1921 : Acquisition par l’État au Salon des artistes français d’un buste en pierre, Tête de femme (n°1922), 2 000 francs, déposé au musée de Belfort (arrêté du 20 août 1925)
1922 : Achat par la Ville de Paris de L’Éveil (n°3421), un buste en pierre dure pour la somme de 4 000 francs.
Chevalier de la Légion d’honneur (1900)
Étude critique
Petit-fils du peintre-paysagiste François-Xavier Bidault, fils du sculpteur Alphonse Lami, Stanislas Lami poursuivit cette lignée artistique en rejoignant l’atelier d’Albert Lebourg (1849-1928), peintre de figures et de paysages de tendance impressionniste. Ayant choisi la sculpture comme son père, il fit ses débuts au Salon des artistes français en 1882 et y exposa régulièrement jusqu’en 1942. Il participa également au Salon des indépendants en 1884, au cercle Volney, à la première exposition du groupe ésotérique (1900, 9 bis, rue de Londres) et prit part à de nombreuses expositions à l’étranger, notamment à Munich en 1892, à Chicago en 1893, et à Bruxelles en 1897.
Sculpteur qualifié d’élégant, de sobre et de délicat, au goût moderne et charmant par Arsène Alexandre, son œuvre ne connut pourtant pas un grand succès. S’il bénéficia de quelques achats par le ministère des Beaux-Arts et la ville de Paris, il sollicita à de nombreuses reprises des acquisitions et offrit à la bibliothèque de l’Opéra de Paris un masque de Berlioz, dont le plâtre avait figuré au Salon de 1884. Preuve de la qualité et de l’appréciation de l’œuvre, Charles Yriarte, inspecteur des Beaux-Arts, accepta le don à condition de faire figurer sur le socle l’indication « offert par l’artiste », justifiant ainsi la présence d’une sculpture jugée assez faible.
Cependant, sa pratique artistique fut de première importance pour l’orientation de ses recherches historiques. En effet, dans les nombreuses publications en histoire de l’art, ce fut la rareté des études portant sur des sculpteurs qui l’engagea dans cette titanesque entreprise, à l’instar des travaux menés par Viollet-le-Duc et Louis Courajod. La forme choisie par Lami n’était pas celle de la monographie ou de la synthèse historique, mais celle du dictionnaire, longue compilation de sources souvent éparses et découpée en grande période.Émile Bellier de la Chavignerie et Louis Auvray avaient déjà publié, deux ans avant la parution du premier volume du dictionnaire de Lami un Dictionnaire général des artistes de l’école française, depuis l’origine des arts du dessin jusqu’en 1882 inclusivement, peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et lithographes (Paris, Vve H. Loones, 1882-1888). Autre signe de l’actualité de la forme et du sujet, Alfred de Champeaux débuta en 1886 la publication de son Dictionnaire des fondeurs, ciseleurs, modeleurs en bronze et doreurs, depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque actuelle (Paris, J. Rouam, 1886).
La particularité du point de vue de Lami tient de sa « double nature », à la fois artiste et amateur érudit. Cette spécificité fut par ailleurs soulignée par les critiques à chaque nouvelle publication. Pourtant, il n’y a pas à réellement parler de prise de position esthétique dans ses ouvrages, qui conservent la neutralité de ton inhérente à la forme dictionnaire. Les deux activités tendent néanmoins à se superposer. Sculpture et écriture s’articulèrent parfaitement tout au long de sa carrière, et la parution du premier volume du Dictionnaire suivit de deux ans sa première participation au Salon des artistes français.
Ce premier volume, consacré aux sculpteurs de l’Antiquité à la fin du VIe siècle, est plus à probablement parler un travail de compilation d’études existantes ; aucune œuvre n’est directement vue par Lami, tout est décrit et étudié au travers des textes et des inscriptions. Cette attitude traduit sans doute les difficultés rencontrées par Lami lorsqu’il se mesurait à l’archéologie, une discipline qu’il ne maîtrisait pas et qu’il ne pouvait appréhender qu’au travers de documents de seconde main. Outre les auteurs antiques – Pline, Vitruve et Pausanias –, Lami avouait lui-même s’appuyer sur les ouvrages reconnus d’« hommes compétents », parmi lesquels Winckelmann et Visconti, mais aussi Montfaucon, Clarac, Emeric-David et Millin. Peut-être sont-ce les difficultés rencontrées au cours de la rédaction de cette première étude qui le poussèrent à restreindre le champ de son étude à la seule école de sculpture française, alors que l’intention annoncée dans la préface était celle d’un dictionnaire de toutes les écoles de sculpture de l’Antiquité jusqu’à nos jours, de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle.
Lami bénéficiait et s’inscrivait dans un nouvel essor donné aux études sur l’art français. Les recherches menées par des historiens, mais aussi par des érudits et des amateurs, en s’intéressant aux archives communales et départementales, révélèrent des sources inédites dont Lami tira parti avec perspicacité. Un souci de rigueur et d’exactitude l’amena à annoter abondamment son texte, en précisant l’origine des informations et les documents consultés pour chaque artiste et chaque œuvre. Il prit également soin de préciser dans la préface de chaque ouvrage les sources auxquelles il avait recouru et qui sont parfois reproduites : pour le siècle de Louis XIV, les comptes des Bâtiments du roi publiés par Jules Guiffrey entre 1881 et 1901, les Procès-verbaux de l’Académie royale de peinture et de sculpture ; pour le XVIIIe siècle, la série O1 des Archives nationales, les dossiers de la correspondance des Beaux-Arts, les comptes particuliers des résidences royales et des départements de Paris.
La conception des notices de chaque ouvrage tient naturellement compte des sources disponibles. Leur plan devient plus rigoureux à partir du règne de Louis XIV, s’articulant entre l’état civil des artistes (dates de naissance et de mort, maîtres, lieux de résidence), les principales étapes de leur carrière et la liste aussi détaillée que possible de leurs œuvres par ordre chronologique en indiquant pour chacune son titre, son type (statue, buste, groupe, médaillon,…), son ou ses matériaux, ses dimensions, l’année d’achèvement, la localisation, les différents lieux qu’elle avait occupé, son prix, et les reproductions connues en quelque matériau et sous quelque forme.
Si le choix des artistes mentionnés dans le dictionnaire s’aligne pour ainsi dire sur les hiérarchies et les listes consacrées, ne remettant pas en cause les jugements et célébrités reconnues, l’œuvre de Lami a le mérite d’inclure les noms d’artistes « plus modestes, des ignorés, presque des artisans », dont « il m’a paru bon de conserver leurs noms à côté de ceux de leurs célèbres confrères, car ils ont concouru, eux-aussi, au rayonnement de l’art français » (Dictionnaire des sculpteurs de l’Ecole française au XVIIIe siècle, p. XII). Cette perspective, que nous pourrions anachroniquement considérer comme relevant de l’histoire sociale, l’animait dès la partie consacrée aux artistes du Moyen Âge et de la Renaissance, puisqu’il s’intéressait à la question du salaire et du statut de ces sculpteurs, dépassant ainsi le strict cadre biographique.
Lami n’est malheureusement pas arrivé au bout de son ambitieux projet. Les volumes iconographiques qui devaient être annexés à chaque dictionnaire ne virent jamais le jour, de même que le volume consacré aux artistes contemporains annoncé dans le premier tome du Dictionnaire des sculpteurs du XIXe siècle, celui-ci ne comprenant que des sculpteurs décédés, et qui devait mettre un terme à son entreprise. Néanmoins, son travail constitue une source toujours valide, et fut un prélude et une assise pour d’autres travaux d’ampleur sur la sculpture française à l’instar de ceux de François Souchal.
Élodie Voillot, doctorante à l’université Paris Ouest Nanterre la Défense et à l’École du Louvre
Principales publications
- Dictionnaire des sculpteurs de l’Antiquité jusqu’au VIe siècle de notre ère. Paris : Librairie académique Didier, Émile Perrin éditeur, 35, quai des Augustins, 1884.
- Dictionnaire des sculpteurs de l’école française du Moyen Âge au règne de Louis XIV. Préface de Gustave Larroumet, Paris : Honoré Champion, 1898.
- Dictionnaire des sculpteurs de l’école française sous le règne de Louis XIV. Paris : Honoré Champion, 1906.
- Dictionnaire des sculpteurs de l’école française au XVIIIe siècle. Paris : E. Champion, 1910-1911.
- Dictionnaire des sculpteurs de l’école française au XIXe siècle. Paris : E. Champion, 1914-1921.
Bibliographie critique sélective
- Curinier, C. E. – Dictionnaire national des contemporains contenant les notices des membres de l’Institut de France, du gouvernement et du parlement français, de l’Académie de médecine…. Paris : Office général d’éd. de librairie et d’impr., [1899]-1919.
- Edouard-Joseph. – Dictionnaire biographique des artistes contemporains. Paris : Art et Edition, 1931, tome II.
- Collection Stanislas Lami. Groupes et statuettes en bois sculpté… vierge en pierre du XVe siècle…. Vente à Paris, Hôtel Drouot, le 7 mai 1947, Paris : C. Ratton, 1947.
- Haskell, Francis. – « Famous but Unknown. French Sculptor of the Seventeenth and Eighteenth Century : The Reign of Louis XIV by François Souchal ». The New Yorker Review of Books, volume 29, numéro 6, 15 avril 1982.
- Collection Stanislas Lami : tableaux anciens XVe-XVIe siècles, objets d’art d’époque et de style du Moyen Age et de la Renaissance…. Vente à Paris, Nouveau Drouot, salle 4, 3 mars 1986 ; commissaire-priseur, Me Pierre-Marie Rogeon, Paris : L. Ryaux, 1986.
Sources identifiées
Paris, Archives de la Seine
- 10624/72/1 liasse 106 : Dossier comprenant sa demande d’acquisition, le 8 mai 1886 au préfet d’une statue en plâtre, Au printemps, et l’avis d’achat par la Ville d’un buste en pierre dure, L’Éveil pour 4000 francs (délibération du Conseil municipal 11 juillet 1922, arrêté préfectoral 17 août 1922).
Paris, Archives nationales
- F/21/2176
- 30 juin 1891 : acquisition au Salon des artistes français d’une statue en marbre, Première faute, 7 500 francs, attribuée à l’Ecole normale des institutrices de Fontenay-aux-Roses le 8 septembre 1832.
- 22 juin 1892 : acquisition au Salon des artistes français d’une statue en marbre gris, Chien danois, 4 000 francs, lux 107, déposée à la ville de Miramas après 1953.
- F/21/4229 [dossier 87]
- 12 août 1921 : acquisition au Salon des artistes français d’un buste en pierre, Tête de femme, 2 000 francs, déposé au musée de Belfort par arrêté du 20 août 1925.
- 9 décembre 1925 : don d’un buste en pierre, Olivier Sainsere, ancien vice-président des Arts décoratifs, Paris, musée des Arts décoratifs.
- Dossier de Légion d’honneur : 19800035/232/30716
- F/21/4319
- Dossier d’artiste, rappel des acquisitions de l’État.
- F/21/7660 (folio 24)
- Album de photographies des œuvres achetées par l’État intitulé : « Direction des Beaux-Arts. Ouvrages commandés ou acquis par le Service des Beaux-Arts. Salon de 1891. Photographié par G. Michelez ». Œuvres exposées au Salon annuel organisé par la Société des artistes français, au Palais des Champs-Elysées à Paris.
- Première faute, tirage photographique sur papier albuminé, marbre par Stanislas Lami, No 2640.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des estampes et de la photographie
- Microfilm N2 – D 181 802 (portrait)
Paris, Musée d’Orsay, documentation
- Dossier sculpteur
En complément : Voir la notice dans AGORHA