Auteur(s) de la notice :

LE POGAM Pierre-Yves

Profession ou activité principale

Professeur, historien de l’art

Autres activités
Homme politique

Sujets d’étude
Histoire de l’architecture et de la sculpture médiévales françaises, histoire du Limousin, histoire de Paris, épigraphie et sources historiques

Carrière
Études classiques au collège Rollin à Paris
1867 : entrée à Saint-Cyr
1870 : participe à la guerre comme sous-lieutenant, puis comme capitaine
1871 : décoré chevalier de la Légion d’honneur
1872-1873 : études à l’École des chartes, reçu premier en 1872
1873-1875 : suit des cours à l’École pratique des hautes études
1873 : conservateur aux Archives nationales
1878 : un des fondateurs de la Société historique et archéologique de la Corrèze
1879 : président de la Société historique et archéologique de la Corrèze, succédant ainsi à son père
1879 : membre résidant de la Société nationale des antiquaires de France
1880 : entre au conseil général de la Corrèze pour le canton de Vigeois (réélu en 1886 et 1892)
1880-1910 : professeur à l’École des chartes
1883 : devient secrétaire de la section d’archéologie du Comité des travaux historiques et scientifiques ; dirige le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques
1884 : rédacteur de la Gazette archéologique, avec Joseph Wirth ; élu maire d’Allassac (le restera jusqu’en 1896)
1890 : élu membre de l’Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres)
1891 : président de la Société nationale des antiquaires de France
1893-1898 : député progressiste de Brive en Corrèze ; participe notamment aux travaux de la Commission des travaux publics
1894 : dirige à partir de sa fondation, avec Georges Perrot, la revue Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Fondation Eugène Piot
1900-1901 : présidence de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
1912 : officier de la Légion d’honneur

Étude critique

Robert-Charles de Lasteyrie naquit dans une famille qui alliait depuis des générations l’intérêt pour l’érudition, voire pour l’histoire de l’art au sens le plus large du terme, à une tradition d’intervention dans la vie publique. La lignée des Lasteyrie était connue depuis le début du XIIIe siècle et le château du Saillant, s’il n’était plus la propriété de la famille à l’époque de Robert de Lasteyrie (qui demeurait dans une maison bourgeoise du XVIIIe siècle située sur la partie allassacoise du Saillant, au lieu-dit « Le Saillant vieux »), avait appartenu au lignage depuis 1378. C’est dire si l’enracinement local pouvait peser dans la destinée politique comme dans les choix intellectuels des membres de la famille. En même temps, rien ne serait plus faux que de limiter l’horizon de Robert de Lasteyrie à celui d’un hobereau de province. Son grand-père, Charles-Philibert, comme son père, Ferdinand, avaient fait montre en leur temps d’idées politiques particulièrement avancées, subissant même, pour le second, les foudres du pouvoir impérial après avoir participé à la Seconde République sur les bancs de la gauche. D’autre part ces ambitions et ces aléas politiques amenèrent les Lasteyrie à voyager de par le monde et Ferdinand épousa ainsi la fille d’un grand propriétaire de Caroline du Nord, Marthe-Washington Seabrock (1827-1867), ce qui donne la mesure du caractère international du milieu où put baigner le jeune Robert.

Comme son père, Robert de Lasteyrie se destinait avant tout à une carrière publique, politique ou militaire, ce que laissaient présager ses origines comme son entrée à Saint-Cyr, en 1867, avec l’intention d’intégrer l’École polytechnique — et l’histoire de l’art n’aurait donc dû occuper qu’une place secondaire dans ses intérêts. Mais, comme pour Ferdinand, le hasard en décida autrement. À Saint-Cyr, une grave maladie le fit renoncer à la carrière militaire (Gabriel Soulié fournit cependant une explication différente : ce serait son opposition à l’Empire, comme son père, qui lui aurait fait quitter l’école). Cela ne l’empêcha pas de servir sous les drapeaux en 1870, mais au sortir de la guerre il préféra s’inscrire à l’École des chartes. Il suivit également les cours de la faculté de droit (peut-être pour ménager les possibilités d’un avenir politique ?), mais c’est le premier enseignement qui prit rapidement la préséance. En sortant de l’École avec une thèse sur les comtes et vicomtes de Limoges (publiée en 1874 à l’École pratique des hautes études, où il suivit l’enseignement de Gabriel Monod, ce qui traduisait une large ouverture d’esprit) et en étant nommé peu après aux Archives nationales, Lasteyrie semblait se couler dans un moule bien classique, celui du chartiste d’origine aristocratique, étudiant l’histoire institutionnelle de sa province puis exerçant des fonctions d’archiviste. Pourtant, dès 1880, il succède à Jules Quicherat dans la chaire d’archéologie fondée par celui-ci à l’École des chartes.

En fait, il ne s’agissait nullement d’une surprise. Plusieurs témoignages rapportent que Lasteyrie comptait parmi les élèves préférés de Quicherat, non seulement professeur d’archéologie, mais également tout puissant directeur de l’École des chartes, et de plus ce dernier, accablé de responsabilités, lui avait confié la suppléance de son cours, dès 1875, semble-t-il. Lasteyrie, titulaire de la chaire d’archéologie de l’École, fut donc avant tout un professeur, à une époque où cette chaire n’était plus tout à fait aussi isolée qu’au temps de Quicherat, fondateur du premier enseignement d’histoire de l’art non antique en France, mais où cette charge conservait une aura indéniable due à cette priorité chronologique. À cet égard, il est significatif que Camille Enlart, élève de Lasteyrie à partir de 1885, ait été le premier titulaire de la chaire d’histoire de l’architecture médiévale à l’École spéciale d’architecture et à l’École du Louvre, ou encore que Georges Perrot, le directeur de l’École normale supérieure, ait insisté pour que ses élèves puissent suivre les cours de Lasteyrie (parmi lesquels figura André Michel), convaincu qu’il était de l’importance de l’étude directe des monuments pratiquée par ce dernier. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’il détenait une chaire prestigieuse, mais bien à cause de ses qualités d’enseignant que Lasteyrie sut s’imposer. De nombreuses anecdotes rappellent ses talents de pédagogue, tandis que la nouveauté de son emploi de la photographie pendant les cours (Quicherat se servait encore uniquement de dessins) se retrouve dans l’illustration de ses ouvrages. Le rayonnement intellectuel de Lasteyrie fut donc d’abord celui d’un enseignant et son importance se mesure notamment à la quantité et la qualité de ses élèves : Victor Mortet, élève à l’École en 1876-1879 alors que Lasteyrie n’était que le suppléant de Quicherat, mais qui fut profondément marqué par lui ; Jean-Auguste Brutails, son élève en 1882-1883, particulièrement proche du maître ; Camille Enlart, déjà cité, par qui il se fit substituer occasionnellement (de 1894 à 1899, lorsqu’il fut accaparé par ses fonctions de député) ; Eugène Lefèvre-Pontalis, qui le remplaça plus fréquemment (pendant la même période qu’Enlart, puis, semble-t-il, de 1905 à 1910) et lui succéda ; Marcel Aubert, qui devait mener à terme la publication posthume de son ouvrage sur l’architecture gothique.

Cependant, son enseignement à l’École des chartes n’empêcha pas Lasteyrie de se consacrer à une autre tâche de diffusion du savoir, en lien avec son enracinement local. Membre de nombreuses Sociétés savantes, il le fut surtout du Comité des travaux historiques et scientifiques, dont la tâche était et est toujours de fédérer l’action de ces Sociétés d’érudition et de faire rayonner leurs travaux. Il devint notamment en 1883 secrétaire de la section d’archéologie du CTHS. Mais il conçut surtout le projet, généreux et ambitieux, de publier une bibliographie complète des travaux publiés par les innombrables Sociétés d’érudition locales françaises, permettant ainsi à des générations de chercheurs d’accéder à des gisements immenses mais parfois difficiles d’accès. Il dirigea l’entreprise qui commença en 1888 (avec diverses collaborations), en six épais volumes qui forment à la fois le socle et les prémisses des dépouillements bibliographiques réguliers qui verront ensuite le jour d’abord sous forme rétrospective, puis sous forme annuelle. On peut noter accessoirement que c’est sans doute dans cette même veine de l’attachement au terroir que Lasteyrie lutta à plusieurs reprises pour la permanence des œuvres, sinon dans leur lieu d’origine, du moins dans leur abri le plus récent, et contre leur « muséalisation » (il s’opposa ainsi au transfert d’œuvres installées à Saint-Denis, mais venant d’autres sites, dans les musées du Louvre et de Cluny).

En plus de ces deux tâches principales, Lasteyrie, qui s’en était pourtant écarté initialement, fut tenté brièvement par l’action politique. En décembre 1893, il fut élu député de la circonscription de Brive. D’aucuns ont vu dans cette activité un frein à son ambition intellectuelle et à l’ampleur de ses publications. Il semble s’agir d’une appréciation inexacte, car Lasteyrie, battu aux élections de 1898, n’exerça ses fonctions que pendant une unique législature. En revanche, une santé apparemment fragile et aussi la multitude de ses responsabilités le conduisirent à se faire substituer à plusieurs reprises dans son enseignement et à se retirer à un âge relativement jeune. De toute façon, pour ce qui est de l’abondance de son œuvre, il faut souligner d’abord que Lasteyrie s’est consacré avec beaucoup de dévouement à publier les travaux des autres, d’abord ceux de son maître Quicherat, dont il rassembla les écrits épars en deux gros tomes, puis ceux des autres chercheurs en général, dans la Bibliographie générale des travaux publiés par les Sociétés savantes françaises citée plus haut ; ensuite qu’il a produit quelques ouvrages monumentaux (en particulier le Cartulaire général de Paris et ses deux synthèses sur l’architecture médiévale) plutôt que des myriades d’articles (qui se comptent tout de même par dizaines…), ce qui ne préjuge nullement de la qualité de sa production scientifique.

Si l’on veut analyser celle-ci, il faut donc partir essentiellement des deux ouvrages de Lasteyrie sur l’architecture romane et sur l’architecture gothique. D’un point de vue général, il faut d’abord souligner qu’à eux deux ils constituent une synthèse majeure, dépassant en grande partie tout ce qui avait été écrit auparavant et dominant pendant longtemps la production scientifique dédiée au sujet. Si l’on se place d’abord du côté des antécédents, non seulement la pensée de Lasteyrie embrasse et surclasse les analyses d’Arcisse de Caumont, le fondateur des études sur l’architecture médiévale en France, mais elle prend également ses distances avec celles de son propre maître, Quicherat, souvent trop obsédé par la dissection des éléments architectoniques, en prenant en compte l’ensemble d’un monument, en fondant son analyse plus sur le mode de couvrement que sur d’autres critères plus superficiels, ou en insérant les églises plus précisément dans leur contexte géographique et chronologique. À cet égard, divers observateurs ont noté que, malgré leur grande proximité, non seulement le style de Lasteyrie s’éloignait beaucoup de celui de Quicherat, réputé pour sa raideur, voire son autoritarisme, mais que la pensée du disciple, plus nuancée, plus riche, dépassait fréquemment les théories de ce dernier, parfois simplistes ou du moins un peu abstraites. Quant à la comparaison attendue avec Eugène Viollet-le-Duc, elle reste difficile à faire tant les deux hommes diffèrent, non pas dans leurs conceptions scientifiques de l’architecture et de la sculpture médiévales (Lasteyrie resta ainsi constamment partisan des théories violletleduciennes du rôle porteur de l’ogive ou encore il fit partie de la Commission nommée en 1879 pour réaliser le musée de Sculpture comparée que Viollet-le-Duc appelait de ses vœux), mais dans leur « vision » de celles-ci. Chez l’architecte-théoricien-restaurateur, on passe rapidement des considérations techniques apparemment fondées (Lasteyrie souligne pourtant ici ou là telle ou telle faiblesse) à un credo exalté sur le sens de l’architecture gothique. De tels jugements de valeur ne se retrouvent presque jamais sous la plume de Lasteyrie, qui, dans la tradition chartiste, propose seulement un tableau des faits qui se prétend objectif. En outre, contrairement aux errements de Viollet-le-Duc sur l’unité de style (débouchant sur des choix plus funestes encore concernant la restauration des édifices), Lasteyrie, à la fois du fait de sa formation et en tant que représentant des sociétés d’érudition locale, attentives aux particularismes et attachées à la conservation des monuments tels qu’ils sont parvenus et non tels qu’ils « devraient être », veillait à passer toutes les théories trop générales au crible des faits. À cet égard, il est intéressant de souligner que non seulement Lasteyrie fut nommé en 1884 membre de la commission constituée pour contenir les travaux d’Abadie à Saint-Front de Périgueux, discutés par l’opinion publique, mais que sur le plan théorique il mit définitivement en cause la théorie d’une origine byzantine directe de l’édifice et en proposa une datation au XIIe siècle acceptée unanimement par la postérité. En revanche, tout comme pour Viollet-le-Duc, mais également pour l’immense majorité de ses collègues, on pourrait se demander si Lasteyrie ne doit pas être taxé ici ou là de « patriotisme archéologique », ce qu’implique déjà le choix de s’en tenir à la France comme champ d’étude (même si, en réalité, bien des monuments étrangers sont abordés, non seulement pour comparaison mais souvent de manière beaucoup plus large).

Dans cette perspective, il faudrait d’ailleurs rappeler non seulement les fonctions publiques de l’archéologue mais également sa formation, sa participation à la guerre de 1870, la perte d’un fils lors de la guerre de 1914-1918 ou encore la carrière politique de son autre fils, Charles. Marcel Aubert fait remarquer par exemple que, dans son ouvrage sur l’architecture religieuse gothique, Lasteyrie ne toucha pas au passage rédigé avant la guerre de 1914-1918 où il décrivait la cathédrale de Reims et où il soulignait que celle-ci était parvenue intacte jusqu’à son époque. On constatera donc sans surprise que Lasteyrie, dès qu’il le peut, souligne la préséance chronologique de la France. Face à l’Angleterre, il n’admet pas les thèses de son ami John Bilson sur la priorité des ogives de Durham. Dans la même ligne, les pages consacrées à la cathédrale de Cologne, preuve selon lui du rayonnement des maîtres d’œuvre français en Allemagne, paraissent bien datées. Pourtant, Lasteyrie n’a rien d’un dogmatique. Lorsque Camille Enlart propose de reconnaître à l’Angleterre le primat dans l’invention du décor flamboyant, il finit, après une longue discussion, par accepter les faits. Enfin, lorsqu’il doute des théories favorisant les origines « orientales » de nombreux traits de l’art médiéval, si en vogue autour de 1900, on pourrait bien sûr y voir un refus des modèles d’explication exogènes en même temps qu’une méfiance pour une conception défendue notamment par un Autrichien, Josef Strzygowski ; mais force est de reconnaître que les positions de Lasteyrie sont bien plus solides.

Quant à la complétude de ses ouvrages, on pourrait leur reprocher, si l’on s’en tenait à l’impression donnée par leurs titres, de ne pas aborder l’art antérieur à l’époque romane. En fait, comme beaucoup de ses contemporains, même s’il lui accorde une place subordonnée, Lasteyrie traite amplement de l’architecture et de l’art du haut Moyen Âge dans son premier ouvrage, où il consacre de très longs chapitres par exemple à la question de la basilique paléochrétienne ou encore au décor carolingien. À l’autre extrémité de la période médiévale, on remarquera que Lasteyrie évaluait à sa juste place l’art flamboyant, lui consacrant des développements longs et flatteurs, contrairement à ses prédécesseurs, tels Adolphe-Napoléon Didron, ses contemporains, tels Viollet-le-Duc, et l’immense majorité de ses successeurs. Seul manque au tableau (mais il était affiché d’emblée par les titres de ses ouvrages), l’architecture civile ou militaire, pour laquelle Lasteyrie n’avait pas de sympathie, comme le rappelle l’anecdote souvent rapportée où Quicherat, lorsqu’il en fit son suppléant, lui ordonna d’enseigner sur ce sujet précisément parce qu’il s’y trouvait moins à l’aise… En revanche, il est frappant de constater que les ouvrages de Lasteyrie, tout comme son enseignement, ne négligeaient nullement les monuments secondaires et ne s’arrêtaient pas aux questions de l’architecture, de la sculpture et des grands décors. L’auteur portait également une attention minutieuse au mobilier dans toutes ses variations, depuis les fonts baptismaux jusqu’aux cloches, fournissant ainsi un guide d’une grande utilité et démontrant un intérêt justifié pour un patrimoine réputé par d’autres « mineur ». On retrouve ici certainement le fruit de l’érudition provinciale filtrée par le Comité des travaux historiques et scientifiques. Enfin, on pourrait ajouter que si les disciples de Lasteyrie ont écrit des ouvrages de synthèse comparables, il s’est agi soit de contributions encore plus générales, de l’ordre du manuel (Enlart), soit d’essais bien plus brefs (Brutails). C’est pourquoi les deux ouvrages de Lasteyrie sont restés pendant longtemps des guides insurpassables et rendent encore bien des services ponctuels.

Pour autant, on ne saurait oublier les limites de la pensée de Lasteyrie. Tout d’abord, les préjugés de l’esthétique académique qui régnait encore autour de 1900 lui interdisent d’apprécier à leur juste valeur bien des monuments et surtout les sculptures qui s’éloignent par trop de l’idéal classique (on pense par exemple au passage consacré au linteau de Saint-Genis-des-Fontaines, où l’auteur fustige les anges « contournés d’une façon ridicule » et les apôtres qui « ont l’aspect de véritables magots », son seul mérite, pour Lasteyrie, étant constitué par sa date précoce). Sa formation chartiste le prédisposait par ailleurs à accorder une foi un peu trop inébranlable dans les documents écrits, oubliant parfois que les dates de dédicace ou d’autres témoignages ne suffisaient pas à établir la chronologie des édifices encore visibles en élévation. Plus généralement, il est frappant de voir que, sur bien des points, les thèses de Lasteyrie, marquées par la pondération, l’esprit d’équilibre et de synthèse, se sont avec le temps révélées moins justes que celles d’autres chercheurs. Ainsi, Louis Courajod (qui le précéda d’une dizaine d’années sur les bancs de l’École des chartes et fut son rival malheureux, pour être élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et un des seuls contemporains auxquels Lasteyrie réserve quelques flèches dans ses écrits), s’est révélé, malgré ou à cause de ses excès, beaucoup plus en avance que lui-même, par exemple sur la question de la sculpture du XIe siècle. De même, la critique exprimée par Lasteyrie dans son important article de 1902 consacré aux thèses de Wilhelm Vöge, qu’il avait visiblement mal comprises, ne sont guère valables (globalement Lasteyrie datait sensiblement trop tard bien des édifices ou des monuments sculptés). En bref, les ouvrages de Lasteyrie ont bien sûr vieilli et ne sauraient être utilisés tels quels aujourd’hui, même s’ils n’ont guère été remplacés. Mais pour reprendre une citation de L’Architecture religieuse à l’époque romane, déjà soulignée par Brutails, Lasteyrie fut un véritable éveilleur en affirmant que « le meilleur moyen de parler à l’esprit est souvent de parler aux yeux ».

Pierre-Yves Le Pogam, conservateur en chef au département des sculptures du musée du Louvre

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Étude sur les comtes et vicomtes de Limoges antérieurs à l’an 1000. Paris : A. Franck, 1874 (« Bibliothèque de l’École des hautes études. Sciences philologiques et historiques », 18).
  • Mélanges d’archéologie et d’histoire. Notice sur la vie et les œuvres de Jules Quicherat. Mémoires et fragments réunis et mis en ordre par M. R. de Lasteyrie. Paris : Alphonse Picard, 1885-1886, 2 t.
  • Cartulaire général de Paris ou Recueil des documents relatifs à l’histoire et à la topographie de Paris. Paris : Imprimerie nationale, 1887 (« Histoire générale de Paris »).
  • Bibliographie générale des travaux historiques et archéologiques publiés par les Sociétés savantes de la France. Paris : Imprimerie nationale, 1888-1961, 17 vol.
  • L’Architecture religieuse en France à l’époque romane. Paris : A. Picard, 1912 ; 2e éd., revue et augm. d’une bibliographie critique par Marcel Aubert. Paris : A. Picard, 1930.
  • L’Architecture religieuse en France à l’époque gothique. Paris : A. Picard, 1926-1927, 2 vol.

Articles

  • « Fragments de comptes relatifs aux travaux de Paris en 1366 ». Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. IV, 1877, p. 270-301.
  • « Notice sur une croix du XIIIe siècle conservée à Gorre (Haute-Vienne) ». Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1884, p. 318, 487-498.
  • « Saint-Quinin et la Cathédrale de Vaison ». In Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. ILIX, 1889, p. 35-56.
  • « L’Architecture gothique ». Bulletin monumental, t. LVIII, 1893, p. 523-537.
  • « Les Miniatures d’André Beauneveu et Jacquemart de Hesdin ». Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Fondation Eugène Piot, t. III, 1896, p. 71-119.
  • « Quelques notes sur le château de Gisors ». Bulletin monumental, t. LXV, 1901, p. 121-137.
  • « Études sur la sculpture française au Moyen Âge ». Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Fondation Eugène Piot, t. VIII, 1902.
  • « La Déviation de l’axe des églises est-elle symbolique ? ». Bulletin monumental, t. LXIX, 1905, p. 422-459.
  • « Déambulatoire et triforium ». Bulletin monumental, t. LXXVI, 1912, p. 125-139.

Bibliographie critique sélective

  • Soulié Gabriel. – « Robert de Lasteyrie ». Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. ILIII, 1921, 2e vol., p. 127-140.
  • Cuq Édouard et Brutails Jean-Auguste. – « Nécrologie. Robert de Lasteyrie ». Bibliothèque de l’École des chartes, t. LXXXII, 1921, p. 237-247.
  • Cagnat René. – « Notice sur la vie et les travaux de M. Robert de Lasteyrie ». Bibliothèque de l’École des chartes, t. LXXXIV, 1923, p. 5-20.
  • Aubert Marcel. – « Notice nécrologique ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1926, p. 77-89.
  • Puig i Cadafalch Josep. – « Robert de Lasteyrie du Saillant ». Insitut d’estudis catalans, Anuari, t. VII, 1921-1926 [1932], p. 218-219 ; rééd. dans Barral i Altet Xavier, dir., Escrits d’arquitectura, art i politica, Barcelone, 2003, p. 819-821.
  • Thiron Jacques. – « L’Archéologie à l’École des chartes ». In L’École nationale des chartes. Histoire de l’École depuis 1821. Thionville : Gérard Klopp, 1997, p. 86-89.
  • Talenti Simona. – L’Histoire de l’architecture en France. Émergence d’une discipline (1863-1914). Paris : Picard, 2000.
  • Morembert Tribout (de). – « Notice ad vocem ». In Dictionnaire de biographie française, fasc. 113. Paris : Letouzey, 2000, col. 1191.

Sources identifiées

Paris, Archives nationales

  • F 17 / 2834 (Comité des travaux historiques et scientifiques ; dossiers personnels des membres)