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LEMONNIER, Henry
Mis à jour le 24 février 2009
(1842, Saint-Prix [Val d’Oise] – 1936, Paris)
Auteur(s) de la notice : THERRIEN Lyne
Profession ou activité principale
Historien de l’art, historien, professeur d’histoire de l’art à la Sorbonne, conservateur du musée Condé à Chantilly
Sujets d’étude
Art français, peinture, architecture, académie d’architecture
Carrière
1865 : promotion de l’École des chartes (archiviste-paléographe)
1866 : docteur en droit
1869 : avocat à la cour d’appel de Paris
1872 : agrégé d’histoire et de géographie
1873-82 : professeur suppléant ou délégué dans différents lycées à Paris (Louis-le-Grand, Henri IV, Condorcet, Saint-Louis)
1874-1912 : professeur d’histoire générale à l’École des beaux-arts
1882-1919 : maître de conférences à l’École normale supérieure de Sèvres pour jeunes filles
1887 : docteur ès lettres
1889-92 : suppléant d’Ernest Lavisse dans le cours d’histoire moderne à la faculté des lettres de Paris
1893-99 : chargé de cours d’histoire de l’art à la faculté des lettres de Paris
1899-12 : professeur d’histoire de l’art à la faculté des lettres de Paris
1912 : admis à la retraite
1919-33 : conservateur du musée de Chantilly (succède à Georges Lafenestre)
Prix Marcellin Guérin (Académie française, 1893 et 1895) ; élu membre ordinaire de l’Académie des beaux-arts (section des membres libres) au fauteuil de Jules Comte (8 février 1913) ; officier de la Légion d’honneur, membre et président de la Société d’histoire moderne (1900) ; membre de la Société de l’Histoire de l’Art français, membre et président de la Société de l’École des chartes (1907) ; membre de la Commission supérieure des archives nationales, départementales, communales et hospitalières (en remplacement de Ch.-V. Langlois), membre du Comité des travaux historiques et scientifiques au ministère de l’Instruction publique (1913)
Étude critique
La carrière professionnelle de Henry Joseph Lemonnier peut se diviser en trois grandes périodes d’une vingtaine d’années chacune. La première se déroule de 1865 à 1887 : elle comprend ses différentes formations et diplômes, sa pratique d’avocat, son enseignement secondaire et la rédaction de manuels d’histoire et de géographie pour les écoles primaires et secondaires. La deuxième période, de 1887 à 1912, commence avec la soutenance de sa thèse de doctorat ès lettres et se poursuit avec l’enseignement universitaire à la faculté des lettres de Paris. Enfin la troisième, de 1913 à 1935, est marquée par son admission à la retraite de l’université et sa nomination comme membre libre à l’Académie des beaux-arts ; ce fut une période très productive en articles de revue.
L’enseignant du secondaire
À l’École des chartes, Henry Lemonnier a pour maître Jules Quicherat et pour camarade Louis Courajod. Déjà, au lycée Charlemagne, il rencontre Ernest Lavisse avec qui il maintient des relations d’amitié et des rapports professionnels tout au long de sa vie. Mais son parcours diffère légèrement puisque, docteur en droit en 1866, il devient avocat à la cour d’appel de Paris en 1869. Quelques années plus tard, il est classé premier à l’agrégation d’histoire et de géographie ; c’est en 1872, il est alors âgé de trente ans. Commence alors sa carrière dans l’enseignement aux lycées Louis-le-Grand, Henri IV et Saint-Louis. Professeur d’histoire générale à l’École nationale des beaux-arts de Paris de 1874 à 1912, il est aussi maître de conférences à l’École normale supérieure de Sèvres pour jeunes filles dès sa création en 1882 et jusqu’en 1919. Pendant cette période, il rédige plusieurs manuels d’histoire et de géographie pour l’enseignement primaire et secondaire qui connaissent un grand succès. Ainsi, l’ouvrage qu’il publie avec Franz Schrader et Marcel Dubois, Éléments de géographie. Cours moyen, Certificat d’études. Géographie de la France et Étude sommaire des cinq parties du monde, chez Hachette, atteint la 19e édition (950e mille) en 1921. De plus, un de ses manuels de géographie a été traduit en espagnol. Il écrit aussi un mémoire sur l’enseignement de l’histoire dans les écoles primaires avec un enthousiasme certain : « Si intéressant qu’il puisse être de constater la situation et le rôle de l’histoire aux différents degrés de cette instruction ; quelque importance qu’elle présente dans les cours complémentaires et dans les écoles supérieures […], ce n’est pas là cependant que bat le cœur de l’enseignement. Il faut aller, pour le sentir vibrer, aux écoles primaires proprement dites, et c’est d’elles que nous nous occuperons presque exclusivement. » (L’Enseignement de l’histoire dans les écoles primaires, 1889). En 1881, il publie une petite monographie sur Michel-Ange dans la « Bibliothèque des écoles et des familles », où la vie de l’artiste, grandement simplifiée, est donnée en exemple. Membre du jury international de l’Exposition universelle de 1900 pour la 2e classe, soit l’enseignement secondaire, il en rédige le rapport qui compare l’enseignement secondaire dans dix-neuf pays de même que les publications s’y rapportant. Loin d’être pour lui la première étape obligée d’une carrière universitaire, Lemonnier s’est donc pleinement investi dans l’enseignement secondaire et ses réformes.
Le professeur d’université
En 1887, Lemonnier soutient ses thèses de doctorat d’histoire. Deux ans plus tard, il devient suppléant d’Ernest Lavisse dans le cours d’histoire moderne à la faculté des lettres de Paris (1889-92). Sa première leçon d’ouverture, en janvier 1890, est intitulée : « Les origines des temps modernes et de la Renaissance », mais l’année suivante, ses conférences ont déjà pour sujet des « Recherches sur diverses questions relatives à l’histoire de l’art français depuis le XVIIe siècle ». En 1891-1892, Lemonnier oriente résolument son cours sur l’histoire de l’art : « Étude des rapports de l’art français avec les institutions, les idées et les mœurs au XVIIe et au XVIIIe siècle ». Lorsqu’en 1892 Ernest Lavisse revient de congé, il propose lui-même la création d’un cours consacré à l’histoire de l’art français. Un arrêté en date du 29 juillet 1893 nomme Lemonnier à ce poste. Six ans plus tard, soit en 1899, une chaire d’histoire de l’art est créée pour lui, chaire qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1912.
Lemonnier s’intéresse cependant toujours aux questions d’enseignement secondaire. Membre de la Société d’histoire moderne (dont il est le président), il participe aux discussions sur l’enseignement secondaire de l’histoire de l’art ([« À propos de l’enseignement secondaire de l’histoire de l’art »], Bulletin mensuel de la Société d’histoire moderne, séance du 4 mars 1906, p. 200-201). Il est également membre et président de la Société de l’École des chartes et membre de la Société de l’Histoire de l’Art français à partir de 1907. Jean Joseph Marquet de Vasselot rappelle son rôle dans le renouveau de cette Société au début du XXe siècle (Jean Joseph Marquet de Vasselot. Répertoire des publications de la Société de l’Histoire de l’Art français (1851-1927), 1930, p. V.). Lemonnier publie nombre de documents dans les archives de l’art français, entre autres des lettres d’artistes conservées aux archives nationales, afin de rendre ces matériaux facilement disponibles pour tous les chercheurs. Citons, entre autres, une lettre que Quatremère de Quincy envoya au père de Lemonnier en Italie, en 1828, alors qu’il était secrétaire de l’École française de Rome (« Une lettre de Quatremère de Quincy [1828] », Archives de l’art français, t. I, 1907, p. 189-192).
L’archiviste-paléographe et agrégé d’histoire croise donc de nombreuses institutions majeures : il a enseigné l’histoire et la géographie au niveau secondaire, à l’École nationale des beaux-arts, à l’École normale supérieure de Sèvres, puis l’histoire de l’art à l’université de Paris. En 1912, il représente la France au Xe Congrès international d’histoire de l’art à Rome qui se déroule sous la présidence d’Adolfo Venturi.
De 1899 à 1903, André Michel et Lemonnier font paraître à titre posthume trois volumes de Leçons professées à l’École du Louvre par Louis Courajod. Lemonnier y a enseigné l’histoire de la sculpture française au Moyen Âge et à la Renaissance de 1887 à 1896. Le titre des cours du premier exprime un des buts essentiels de l’histoire à cette époque, celui de retracer les origines des grands mouvements à différentes périodes : « Les origines de la Renaissance en France au XIVe et au XVe siècles » (février 1887) ; « La sculpture française avant la Renaissance classique » (décembre 1889) ; « Les origines de l’art gothique » (janvier 1892), « Les origines de l’art moderne » (1894), etc. Lemonnier contribue lui aussi à ce type de recherches. Le titre de sa première leçon d’ouverture à l’université, « Les origines des temps modernes et de la Renaissance » (1890), possède d’ailleurs une similitude troublante avec celles de Louis Courajod. Mais, Lemonnier enseigne d’abord l’histoire et il s’intéresse aux origines de la pensée moderne : « Déterminer les caractères de la Renaissance et, par suite, les véritables origines des temps modernes, tel est le problème qui s’impose en ce moment à l’attention des historiens. Je voudrais essayer ici d’en marquer exactement les termes. ». Mais en 1895, sa leçon d’ouverture au cycle de cours annonce aussi un sujet d’histoire de l’art : « Les origines de l’art classique en France au XVIe siècle ». Entre les deux, le résumé de ses cours à la Sorbonne souligne la dualité des influences de l’Italie et des pays du Nord dans les œuvres d’art françaises. Cette question était aussi très chère à Louis Courajod. Les deux hommes ont donc partagé un intérêt profond pour renouveler l’histoire de la Renaissance française dans les arts.
Dans sa leçon d’ouverture au cycle de cours, Lemonnier cite le marquis Léon de Laborde, et ces quelques mots semblent résumer le but qu’il se fixe en tant qu’historien de l’art : « […] on pourrait généraliser l’observation faite par le marquis de Laborde sur un point spécial : « Les historiens, dit-il, ont nié l’activité des artistes, faute de retrouver leurs œuvres, d’autres, demandant leurs renseignements aux livres, ont déclaré qu’il n’y avait pas d’arts, parce qu’ils ne trouvaient pas leur histoire toute faite et tout imprimée. » » (« Les Origines des temps modernes et de la Renaissance, leçon d’ouverture du cours d’histoire moderne à la Sorbonne », Revue internationale de l’enseignement, 15 janvier 1890, p. 1-16) Ainsi, pour Lemonnier, il y a nécessité de retourner dans les archives aux sources de l’histoire afin de trouver tous les renseignements possibles sur les artistes et les œuvres des temps passés. Nous ne possédons pas de textes où il explicite sa méthode mais nous disposons de ses articles et de ses livres où il met en pratique ce qu’il considère comme la méthode d’un historien de l’art.
Lemonnier a participé à la monumentale Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution d’Ernest Lavisse en rédigeant Les Guerres d’Italie, la France sous Charles VIII, Louis XII et François 1er (tome V, 1ère partie, 1903) et La Lutte contre la maison d’Autriche, La France sous Henri II (tome V, 2e partie, 1904), qui contiennent chacune un chapitre sur les beaux-arts. Il divise alors ses références en « sources », d’une part, et « bibliographie », d’autre part. Il présente les œuvres à partir d’un patient dépouillement de littérature et d’archives. De même, il a participé à la tout aussi grandiose Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours sous la direction d’André Michel en écrivant cinq chapitres sur les arts en France au XVIIe siècle, lesquels traitent d’architecture, de peinture, de gravure et de dessin.
De son enseignement d’histoire de l’art, soulignons deux livres majeurs : L’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin, en 1893, et L’Art français au temps de Louis XIV (1661-1691), en 1911. Entre les deux, il signe un ouvrage dans une collection de vulgarisation : Gros, Biographie critique (1905), dans lequel il accorde une large place aux critiques des Salons c’est-à-dire à la réception des œuvres. Les deux premiers ouvrages portent donc sur le XVIIe siècle français, ce qui en fait un spécialiste de la période. Dans la première partie de son livre sur l’art au temps de Mazarin, il étudie particulièrement les rapports entre l’art et l’histoire. Il y développe la notion de « désaccord » entre la doctrine esthétique et son milieu : « […] l’on n’a pas assez remarqué à quel point les conditions de l’art se trouvent modifiées, avec le XVIe siècle, par l’introduction d’un élément tout nouveau : la renaissance de l’Antiquité grecque et romaine. C’est à partir de ce moment seulement qu’il a pu se produire un désaccord entre la doctrine esthétique et le milieu. » (L’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin, 1893, p. 12-13). Il utilise donc la notion de « milieu » chère à Hippolyte Taine. Et il poursuit : « Ainsi l’art moderne s’est développé dans des conditions qui ne s’étaient jamais présentées avant le XVIe siècle. Il trouve une double inspiration, celle de sa théorie et celle de son milieu. » (Lemonnier Henry, L’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin,1893, p. 19). Ces lignes sont écrites l’année où paraît justement la sixième édition de la Philosophie de l’art d’Hippolyte Taine, lequel enseigne au même moment que Lemonnier à l’École nationale des beaux-arts de Paris.
Ses réflexions se poursuivent avec la notion de génération : « Le nom de siècle de Louis XIV a fini par fausser l’histoire du dix-septième siècle. On a tout fait commencer en France non pas même avec le siècle, mais avec le roi, et de plus on a tout attribué, ou peu s’en faut, à notre pays, et presque rien au reste de l’Europe. » (« Études d’art et d’histoire. Le XVIIe siècle : unité et divisions », Revue Universitaire, 1893, t. I, p. 257). Et plus loin : « Tout vient peut-être de ce que nous avons confondu la suite des générations dans la nation avec la succession des générations royales sur le trône. Or, Louis XIII est mort avant sa génération et Louis XIV a régné avant la sienne. » (« Études d’art et d’histoire. Le XVIIe siècle : unité et divisions », Revue Universitaire, 1893, t. I, p. 261).
Lemonnier développe, d’autre part, la notion de « tolérance esthétique » : « Nous admettons aujourd’hui que les générations antérieures aient pu avoir des conceptions politiques, intellectuelles, même religieuses différentes des nôtres, nous n’acceptons pas encore qu’elles aient eu des doctrines d’art qui ne répondent pas à nos idées actuelles. Et de toutes les intolérances, il en reste parfois une : l’intolérance esthétique. Il faut réagir au nom de la vérité et de la liberté même. » (« Études d’art et d’histoire. Le XVIIe siècle : unité et divisions », Revue Universitaire, 1893, t. I, p. vii). Nous voyons donc l’historien introduire distance critique et relativisme dans le domaine de l’histoire de l’art.
L’Art au temps de Louis XIV se divise en trois parties : les hommes, les doctrines et les œuvres. Il contient une somme d’information impressionnante sur les artistes, avec des informations biographiques factuelles et vérifiées, sur les théories et doctrines esthétiques (rappelons que le XVIIe siècle voit la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture de même que celle d’architecture), puis il décrit les œuvres d’art. Tout comme dans les chapitres de la grande Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens, Lemonnier n’entreprend cependant aucune analyse d’œuvres ; il étudie plutôt les rapports entre les œuvres ou les artistes et la période. La critique ne s’y est pas trompée : « […] ce petit volume est une œuvre éminente, d’érudition à la fois profonde et aisée. C’est un véritable livre d’histoire. » (R.P., « Comptes rendus critiques ». [L’Art français au temps de Louis XIV (1661-1690)], Revue des études historiques, 1913, p. 209). Lemonnier déploie beaucoup d’énergie à montrer que Louis XIV a ressemblé autour de lui des artistes déjà affirmés. Dans ses deux ouvrages, il donne en appendice une liste d’artistes actifs pendant la période, avec leurs dates de naissance et de mort.
Ces articles, plus concis, pointent généralement de manière fort perspicace un problème ou une question de méthode pertinente à l’histoire de l’art. Dans sa leçon d’ouverture de 1890 , « Les origines des temps modernes et de la Renaissance », Lemonnier revient sur l’importance de l’Italie : « La Renaissance italienne a été tellement éclatante, elle s’est tellement emparée des esprits que tout ce qui était en dehors d’elle a été relégué dans l’obscurité. Il s’en est suivi que pendant longtemps, l’Italie seule a été étudiée ; les autres pays ont été jugés à peine dignes d’attention. À force de les ignorer on a fini par se persuader qu’ils n’avaient pas existé. » (« Les Origines des temps modernes et de la Renaissance, leçon d’ouverture du cours d’histoire moderne à la Sorbonne », Revue internationale de l’enseignement, 15 janvier 1890, p. 1-2). Le point de départ des articles de Lemonnier s’avère souvent une idée généralement admise, bien qu’elle soit fausse. Ainsi, l’année suivante, il s’intéresse à des « questions d’histoire » : « François Ier est à la fois très célèbre et mal connu ; j’en dirais autant de l’époque où il a vécu et régné, quoiqu’on se figure volontiers le contraire » (« Questions d’histoire, À propos de François 1er ». Revue internationale de l’enseignement, 1891, T. XIX, p. 1).
En 1894, il publie un article important avec un de ses élèves, François Benoît : « Éléments de bibliographie pour l’histoire de l’art moderne », dans la Revue internationale de l’enseignement. C’est, à notre connaissance, la première tentative pour établir des bases solides à la nouvelle discipline universitaire.
Son article sur les Carrache et l’art italien au XVIIe siècle fait preuve de réflexions justes et percutantes. Il introduit d’abord la notion de goût qui varie avec le temps, en s’appuyant sur des critiques à différentes époques. En la matière, il souligne même l’influence que le musée du Louvre a pu exercer par l’importance accordée à ces peintres dans l’accrochage des œuvres. Il ne cherche pas à défendre la valeur artistique des peintures mais d’abord leur importance historique : « On le voit, étudier cette école, c’est aborder des problèmes dignes de tenir une place dans l’histoire de l’art. Connaître ses œuvres, c’est peut-être élargir son goût et se préparer à des sensations artistiques nouvelles. Tout vaut mieux en tout cas que l’ignorance et le dédain systématiques. Il y a là pour les jeunes historiens de l’art un ordre de travaux féconds. » (« À propos des Carrache et de l’art italien du XVIIe siècle ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1911, p. 53). Il termine ainsi sa communication à la Société de l’Histoire de l’Art français en pointant des problèmes essentiels de nos jours encore.
On chercherait en vain la passion de Jules Michelet ou la fougue combative de Louis Courajod dans les écrits de Lemonnier. Il développe un discours historique irréprochable sur les œuvres d’art mais d’un regard froid qu’aucune vibration esthétique ou artistique ne vient troubler. Ses textes sont d’ailleurs exempts de clichés littéraires (sauf pour la monographie sur Michel-Ange). Alors que pour Michelet, la révélation de l’histoire et du génie national français était au cœur de la démarche d’historien, avec Lemonnier nous ne retrouvons pas ces émotions vives qui peuvent expliquer des vocations.
Lemonnier s’est beaucoup intéressé aux arts français du XVIIe siècle et à la fondation de l’Académie d’architecture, période fort peu étudiée par Michelet. Louis Courajod, en revanche, a enseigné l’art de cette période et Lemonnier partage quelques-unes de ses idées sur l’évolution de l’art français. Ainsi, dans son livre sur L’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin, il écrit à propos des arts dans la première partie du XVIe siècle : « Mais en somme, on le voit, bien qu’il y eut des peintres et une peinture en France, on pourrait presque dire qu’il n’y avait pas de peinture française, parce qu’il n’y en avait pas qui reproduisît la physionomie et la note de notre esprit français. On oscillait du classicisme au réalisme, de l’Italie à la Flandre. » (L’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin, 1893, p. 48).
Le grand historien de Louis XIV demeure cependant Ernest Lavisse ; le livre que ce dernier lui a consacré, publié d’abord dans l’Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution, est encore édité aujourd’hui. Or, la proximité personnelle et professionnelle de Lemonnier et de Lavisse force justement à distinguer deux domaines de recherche, celui de l’histoire et celui de l’histoire de l’art. Le livre de Lemonnier, L’Art au temps de Louis XIV, est d’ailleurs dédié à Ernest Lavisse.
Au moment de prendre sa retraite de l’université, en 1912, paraît un recueil de ses articles, L’Art moderne (1500-1800), Essais et esquisses, ouvrage dédié à ses anciens élèves et auditeurs. L’année suivante, la Société de l’Histoire de l’Art français organise une petite cérémonie et lui remet un recueil de Mélanges en son honneur. Les discours prononcés pour l’occasion le reconnaissent comme le fondateur de l’Institut d’art à la faculté des lettres de Paris. Il en est ainsi du témoignage de Gaston Brière : « […] j’étais l’un des plus anciens, des premiers qui assistèrent au développement de votre enseignement et qui virent s’édifier peu à peu l’Institut d’histoire de l’art moderne que vous avez fondé en Sorbonne. » (Guiffrey Jules, « Henri Lemonnier. Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, 1671-1793. t. I, 1671-1681 ». Journal des savants, juin 1912, p. 281-283, et 1914, p. 140). L’éloge d’Ernest Lavisse décrit la situation qui prévalait alors à l’université : « Tout était à faire pour cet enseignement nouveau. Quelque place et quelque argent lui étaient attribués ; tu te mis à l’œuvre : tu as organisé un petit musée de moulages ; tu as composé une bibliothèque et une collection de gravures et de photographies. Pendant des heures et des heures, tu as tenu dans tes mains des centaines et des centaines de livres et de pièces ; tu les as classés, déclassés, reclassés, catalogués […]. » (Guiffrey Jules, « Le Jubilé Lemonnier ». Revue internationale de l’enseignement, t LXVII, 1914, p. 142). Lemonnier raconte, en effet, qu’il a cherché le système de classement qui pouvait convenir à la bibliothèque Duplessis léguée à l’université de Paris et dont il publie le catalogue en 1907. Mais, plus intéressant encore, dans un petit article où il décrit les débuts de l’enseignement de l’histoire de l’art à l’université, il rappelle les conditions dans lesquelles se déroulaient les tous premiers cours : « La Sorbonne se trouvait alors en pleine reconstruction ; on démolissait autant au moins qu’on bâtissait ; la place était mesurée partout. Une petite salle reçut une toute petite bibliothèque et une armoire à planches, où l’on casa – sans aucune difficulté – quelques gravures et quelques livres accordés gracieusement par le ministère ; cette salle fut réservée aux étudiants. Quant au cours public, très nomade suivant l’état des travaux, il disposait d’un nombre restreint de photographies et d’une lanterne à gaz pour projections plus bruyante qu’éclairante. Il est vrai qu’à cette date, on considérait encore un peu les projections comme un amusement. On ne se rendait pas compte que, sans elles, toute démonstration artistique devenant impossible en face d’un auditoire assez étendu, l’histoire de l’art se bornerait à quelques idées vagues, à des biographies ou… à des anecdotes. » (« Notre tribune : un institut d’histoire de l’art à l’université de Paris ». La Revue de l’art ancien et moderne, mars 1921, p. 145-146).
Lemonnier a donc mis sur pied les premières collections de photographies, de moulages, de gravures de même que le classement des livres, ce qui constitue la première étape vers la création d’un institut d’histoire de l’art. La centralisation et le classement des documents photographiques relatifs à l’art français ont d’ailleurs été discutés dans une séance de la Société d’histoire moderne en février 1903 (Lemonnier Henry, [À propos de la centralisation et du classement des documents photographiques relatifs à l’art français]. Bulletin de la Société d’histoire moderne, séance du 7 février 1903, p. 79-81), ce qui confirme l’actualité du problème. Claire-Françoise Bompaire-Évesque souligne de son côté les efforts de Lemonnier pour donner à l’histoire de l’art le statut de discipline universitaire : « Rares étaient néanmoins les cours publics à prétention ouvertement érudites et celui de Lemonnier, qui s’est longtemps intitulé « État de la science sur des grandes questions d’histoire de l’art français », apparaît comme une exception. Les cours publics étaient donc là pour affirmer la fidélité de la Sorbonne aux traditions classiques. » (Claire-Françoise Bompaire-Évesque, Un débat sur l’université au temps de la troisième République, la lutte contre la nouvelle Sorbonne, 1988, p. 84). Lemonnier a ainsi préparé les fondements de l’histoire de l’art comme discipline universitaire. Dans son enseignement même, il franchit le pas de la discipline historique à l’histoire de l’art. Il pose des questions de méthodologie historique aux chercheurs. Pas de philosophie de l’art, pas de littérature, ni de critique d’art : aucune surprise donc à ce que ses premiers écrits cherchent particulièrement à définir les rapports entre l’histoire et l’art. Il a littéralement transporté son savoir-faire d’archiviste à l’intérieur de l’université pour l’appliquer à l’histoire de l’art.
L’académicien
À partir de 1911 et jusqu’en 1929, Lemonnier édite les procès-verbaux de l’Académie d’architecture (fondée en 1671) conservés au secrétariat de l’Académie des beaux-arts. Il met donc les informations des précieux registres manuscrits à la disposition de tous les historiens de l’art et il se trouve, ainsi, associé à l’histoire érudite telle que pratiquée par Léon de Laborde, Anatole de Montaiglon, Philippe de Chennevière, Jules Guiffrey, etc.
En février 1913, il est élu membre libre à l’Académie des beaux-arts et succède alors à Jules Comte, qui a travaillé à la réforme de l’enseignement du dessin, fondé la Revue de l’art ancien et moderne en 1897 et dirigé les collections (parmi les premières du genre) « La bibliothèque de l’enseignement des Beaux-Arts » et « Les maîtres de l’art ». Lemonnier prononce un discours aux funérailles de Georges Lafenestre en 1919 et le remplace à la fonction de conservateur du musée Condé à Chantilly jusqu’en 1932. Le domaine de Chantilly et le musée de Condé furent le sujet de nombreux articles, tant pour son architecture, ses collections d’œuvres d’art, que son histoire qui remonte au XIIe siècle, nous avons repéré vingt-quatre articles parus entre 1920 et 1931 sur ces sujets.
De 1916 à 1935, Lemonnier signe tous les ans un ou plusieurs articles, dont de nombreux comptes rendus de livres, dans le Journal des savants. Ses réflexions historiques se poursuivent dans de nombreuses autres revues. Le sujet de ses articles n’est généralement pas une œuvre ou un artiste mais définit plutôt le rapport des œuvres ou des artistes à un moment précis. Le titre même de ses articles indique souvent cette relation. Ainsi, en 1913, il publie « Girodet et les héros d’Ossian » : « Quelle que soit la valeur de ce tableau, il valait, je crois d’être étudié, parce qu’il révèle quelque chose non seulement de l’esprit d’un artiste plus célèbre que connu, mais aussi de l’esprit d’un temps. » (« Girodet et les héros d’Ossian », Institut de France. Séance publique annuelle des cinq Académies du 25 octobre 1913 […], 1913, p. 56).
Concernant Ingres et Delacroix, il rapproche les deux artistes contemporains que tous les critiques opposent : manière de remettre en question les idées généralement admises et retransmises sans réfléchir. En comparant leurs écrits, le Journal de Delacroix et les Cahiers d’Ingres, il montre ainsi plusieurs similitudes : leur revenu modeste de jeunesse, la recherche de la solitude, l’admiration pour Raphaël, une certaine distance prise avec l’art moderne, et explique que les deux grands artistes partagent un « idéal de sentiment ». Enfin, il enseigne encore la méfiance des catégories trop rigoureuses : « On multiplierait les exemples, ils montrent l’inanité des théories qui enferment les artistes dans des classements rigides. Hommes d’impression, ceux-ci oublient en face des œuvres les doctrines des autres et leurs propres théories quand ils en ont. » ( « L’idéal chez Ingres et chez Delacroix », Institut de France, séance publique annuelle des cinq Académies, jeudi 25 octobre 1917, p. 66). Déjà, dans sa thèse de doctorat d’histoire, il soulignait l’importance d’utiliser avec discernement les documents juridiques en histoire : « Les documents législatifs ou juridiques sont parmi les plus solides sur lesquels puisse s’appuyer l’histoire, mais à la condition qu’on les consulte avec critique et qu’on les emploie avec mesure. […] Entre les prescriptions législatives, c’est-à-dire la règle, et leur application, c’est-à-dire le fait, la marge reste souvent grande, et, de plus, il arrive que les lois se trouvent en avance ou en retard sur la vie d’une société. » (Étude historique sur la condition privée des affranchis aux trois premiers siècles de l’empire romain, 1887, p. vii). Ce commentaire révèle les grandes qualités de l’historien.
Dans son hommage à Ernest Lavisse, à la mort de celui-ci, Lemonnier s’applique à rappeler ses actions et sa conception de l’histoire en le citant abondamment plutôt que de raconter des souvenirs, qui devaient pourtant être très nombreux (« Lavisse professeur », Revue internationale de l’enseignement, 15 janvier 1923, p. 7-16) : il n’y a décidément pas de place pour les anecdotes dans les écrits de Lemonnier.
Son article sur les origines du musée Condé, consacré à la collection du prince de Salerne, reprend des questionnements déjà formulés à propos des Carrache : « Arrêtons-nous un moment aux tableaux anciens. Comment les jugeait-on il y a quelque soixante-quinze ans ? De quel œil les amateurs les regardaient-ils ? C’est là une histoire en raccourci du goût de jadis et peut-être une rectification de celui d’aujourd’hui. » (« Les Origines du Musée Condé. La collection du Prince de Salerne », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1923, p. 96).
Dans une étude sur les Tuileries, Lemonnier émet des réserves sur un fait généralement admis : « Il sera sans doute bien difficile de persuader qu’il y a eu pendant le gouvernement personnel de Louis XIV une activité artistique en dehors de Versailles. » Et pourtant, en utilisant les Entretiens de Félibiens et les Comptes des bâtiments du Roi sous le règne de Louis XIV publiés par Jules Guiffrey, il rassemble beaucoup d’informations sur les œuvres d’art dans le palais. « Par une sorte de fatalité, tandis que la gravure a multiplié à l’infini la reproduction des tableaux du temps, ceux des Tuileries n’ont pas été gravés. Il nous manque ainsi la connaissance de l’œuvre d’une génération intermédiaire d’artistes qui avaient trouvé une occasion unique de se manifester et qui ensuite ne furent plus que des auxiliaires, pas même des collaborateurs de Le Brun. » ( « Les Tuileries inconnues, 1664-1670 », Revue de Paris, 15 novembre 1925, p. 319-320). Le travail d’historien peut donc s’accomplir même sur des œuvres détruites.
En 1935, à l’âge de quatre-vingt treize ans, il commence son article sur la pensée artistique au XVIIIe siècle en rappelant, encore une fois, l’importance de renouveler les recherches en histoire de l’art en puisant dans les archives : « C’est […] aux Procès-verbaux de l’Académie d’architecture que je pense et sur eux seuls que je m’appuierai dans cette étude, où je veux montrer les services qu’ils peuvent rendre aux chercheurs. » (« Pour la pensée artistique au XVIIIe siècle, d’après les procès-verbaux de l’Académie d’architecture », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1935, p. 275).
Il reste à nous interroger sur la méconnaissance actuelle de celui qui fut le premier professeur d’histoire de l’art en France. Lemonnier a fait entrer la nouvelle discipline dans les universités en France et mis en place les instruments de travail. Ses ouvrages, cependant, ne sont que très peu lus aujourd’hui. Le Grand Larousse universel (1991) le présente comme un professeur d’histoire de l’art à la Sorbonne. C’est à la fois ce qu’il a fait de plus grand, mais en même temps, c’est peu pour être toujours présent dans la mémoire collective un siècle plus tard. Il en va autrement de ses élèves et successeurs : Émile Mâle, Émile Bertaux et Henri Focillon, pour n’en nommer que quelques-uns. La réédition de leurs écrits explique en partie, naturellement, le fait qu’ils soient mieux connus. Après avoir ouvert la voie, le maître s’est, en quelque sorte, effacé devant ses élèves.
Lyne Therrien
Principales publications
Ouvrages et catalogues d’expositions
- Lex Romana Visigothorum et l’administration romaine sous la domination des Visigoths. Thèse de l’École des chartes, 1865.
- Essai sur le serment judiciaire. Thèse de doctorat en droit, 1866.
- Michel-Ange. Paris : Hachette, 1881 ; 2e édition : 1884.
- Étude historique sur la condition privée des affranchis aux trois premiers siècles de l’empire romain. Thèse de doctorat ès lettres, Paris, 1887 (ouvrage couronné par l’Académie française).
- De Ministris cubiculi in hospitio regis Caroli Quinti. Thèse complémentaire de doctorat ès lettres, Paris, 1887.
- L’Enseignement de l’histoire dans les écoles primaires. Paris : Imprimerie nationale, 1889 (« Mémoires et documents scolaires publiés par le Musée pédagogique », 2e série, fascicule 30).
- L’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin, Paris : Hachette 1893. Réed. en 1911 et 1913 (ouvrage couronné par l’Académie française).
- Exposition universelle internationale de 1900, à Paris. Rapport du jury international. Classe 2 : enseignement secondaire. Paris : Imprimerie nationale, 1901.
- Les Guerres d’Italie. La France sous Charles VIII, Louis XII et François 1er (1492-1547). In Ernest Lavisse, dir., L’Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution, t. V, 1re partie. Paris : Hachette, 1900-1911.
- .La Lutte contre la maison d’Autriche ; La France sous Henri II (1519-1559). In Ernest Lavisse, dir., L’Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution, t. V, 2e partie. Paris : Hachette, 1900-1911.
- Gros, biographie critique. Paris : Henri Laurens, 1905.
- Catalogue des livres de Georges Duplessis. Mâcon : imprimerie de Protat Frères, 1907.
- L’Art français au temps de Louis XIV (1661-1691). Paris : Hachette, 1911.
- L’Art moderne (1500-1800). Essais et esquisses. Paris : Hachette, 1912.
- Le Collège Mazarin et le Palais de l’Institut (XVIIe-XIXe siècles). Paris : Hachette, 1921.
Articles
- « Les Origines des temps modernes et de la Renaissance, leçon d’ouverture du cours d’histoire moderne à la Sorbonne ». Revue internationale de l’enseignement, 15 janvier 1890, p. 1-16. Reproduit dans L’Art moderne […], 1912, p. 1-32.
- « Questions d’histoire. À propos de François 1er ». Revue internationale de l’enseignement, 1891, t. XIX, p. 1-20.
- « Études d’art et d’histoire. Le XVIIe siècle : unité et divisions ». Revue universitaire, 1893, t. I, p. 257-271 et 396-401. (Reprise du chapitre 2 de L’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin. Paris : Hachette 1893).
- « Éléments de bibliographie pour l’histoire de l’art moderne ». Collab. de Benoît François. Revue internationale de l’enseignement, t. XXVII, 1894, p. 249-268.
- « Les Origines de l’art classique en France au XVIe siècle ». Revue universitaire, 1895, t. I, p. 139-155 (leçon d’ouverture du cours d’histoire de l’art français à la Sorbonne). Reproduit dans L’Art moderne […]. 1912, p. 79-106.
- « Les Nouveaux Musées de la Ville de Paris ». Revue de Paris, 1er avril 1896, p. 595-610.
- [À propos de la centralisation et du classement des documents photographiques relatifs à l’art français]. Bulletin de la Société d’histoire moderne, séance du 7 février 1903, p. 79-81.
- [À propos de l’enseignement secondaire de l’histoire de l’art]. Bulletin mensuel de la Société d’histoire moderne, séance du 4 mars 1906, p. 200-201.
- « La Fontaine des Innocents ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1907, p. 37-42. Reproduit sous le titre : « Jean Goujon et Pajou » dans : L’Art moderne […]. 1912, p. 263-272.
- « Lettres inédites d’artistes du XVIIIe siècle ». Archives de l’art français, t. I, 1907, p. 1-106.
- « Une lettre de Quatremère de Quincy [1828] ». Archives de l’art français, t. I, 1907, p. 189-192.
- « À propos des Carrache et de l’art italien du XVIIe siècle ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1911, p. 45-53. Reproduit dans L’Art moderne […], 1912, p. 107-120.
- « Le Xe Congrès international d’histoire de l’art ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1912, p. 342-347.
- [Sur la situation de l’histoire de l’art en France]. In Atti del X Congresso internazionale di storia dell’arte in Roma [1912]. L’Italia e l’arte straniera [Actes du Xe congrès international d’histoire de l’art]. Rome : Maglione & Strini, 1922, p. 23-24, 34-35.
- « Jubilé Henry Lemonnier. Discours de MM. Jules Guiffrey, Gaston Brière, Ernest Lavisse, Henry Lemonnier ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1913, p. 282-293.
- « Girodet et les héros d’Ossian ». In Institut de France. Séance publique annuelle des cinq Académies du 25 octobre 1913 […]. Paris : impr. Firmin-Didot, 1913, p. 44-58.
- Académie de France. Académie des beaux-arts. Notice sur la vie et les travaux de M. Jules Comte, lue dans la séance du 24 janvier 1914. Paris : impr. Firmin-Didot, 1914, 12p.
- « La Chapelle du collège Mazarin au XVIIe siècle ». Journal des savants, janvier 1915, p. 5-17 et février 1915, p. 49-58.
- « Cinquante années de l’Académie royale d’architecture (1671-1726) ». Journal des savants, octobre 1915, p. 445-460.
- « Les Dessins originaux de Desgodetz pour « les Édifices antiques de Rome » (1676-1677) ». Revue archéologique, 1917, t. II, p. 213-230.
- « La Peinture murale de Paul Delaroche à l’hémicycle de l’École des beaux-arts ». Gazette des Beaux-Arts, janvier-mars 1917, p. 173-182.
- « L’Idéal chez Ingres et chez Delacroix ». In Institut de France, séance publique annuelle des cinq Académies, jeudi 25 octobre 1917. Paris : Imprimerie nationale, p. 57-69.
- « Les Monuments historiques ». Compte rendu de Léon Paul. Les Monuments historiques. Conservation. Restauration. Journal des savants, août 1917, p. 337-350.
- « Nécrologie. Jules Guiffrey ». Journal des savants, mars-avril 1919, p. 100-102.
- « Discours de M. Henry Lemonnier ». In Institut de France. Académie des beaux-arts. Funérailles de M. Georges Lafenestre, membre libre de l’Académie, le jeudi 22 mai 1919. Paris : impr. Firmin-Didot, p. 1-4.
- « L’Architecture en France pendant la première moitié du XVIIe siècle ». In André Michel, dir., Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours. Paris : Librairie Armand Colin, 1921, t. VI-1, p. 163-200.
- « La Peinture et la Gravure en France pendant la première moitié du XVIIe siècle » In André Michel, dir., Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours. Paris : Librairie Armand Colin, 1921, t. VI-1, p. 201-268.
- « Notre tribune : un institut d’histoire de l’art à l’université de Paris ». La Revue de l’art ancien et moderne. mars 1921, p. 145-149.
- « À Chantilly, Un château cinq fois historique ». In Institut de France. Séance publique annuelle des cinq Académies du mardi 25 octobre 1921 […]. Paris : impr. Firmin-Didot, 1921, p. 63-75.
- « Sur l’ « Ecce Homo » du Calabrèse au musée Condé de Chantilly ». Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1921, p. 14-22.
- « L’Art français dans la seconde moitié du XVIIe siècle ». In André Michel dir., Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours. Paris : Librairie Armand Colin, 1922, T.VI-2, p. 515-534.
- « L’Architecture française dans la seconde moitié du XVIIe siècle ». In André Michel, dir., Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours. Paris : Librairie Armand Colin, 1922, t. VI-2, p. 535-580.
- « La Peinture et les Arts du dessin dans la seconde moitié du XVIIe siècle ». In André Michel, dir., Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours. Paris : Librairie Armand Colin, 1922, t. VI-2, p. 581-646.
- « Lavisse professeur ». Revue internationale de l’enseignement, 15 janvier 1923, p. 7-16.
- « Les origines du musée Condé. La collection du Prince de Salerne ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1923, p. 95-101.
- Institut de France. Académie des beaux-arts. Le petit château de Chantilly pendant la jeunesse du duc d’Aumale (1839-1848). Lecture faite dans la séance du 15 décembre 1923., Paris : impr. Firmin-Didot, 1923, 24p.
- « L’Art religieux du XIIe siècle en France ». Journal des savants, mars-avril 1925, p. 49-60. Compte rendu de : Mâle Émile. L’Art religieux du XIIe siècle en France. Étude sur les origines de l’iconographie du Moyen Âge. Paris : Armand Colin, 1922.
- « Le Panthéon de Rome à l’Académie royale d’architecture (XVIIe-XVIIIe siècles) ». Revue archéologique, 1924, t. I, p. 351-361.
- « Les Origines du musée Condé à Chantilly (les dessins de Reiset 1860-1861) ». Gazette des Beaux-Arts, janvier 1924, p. 49-56.
- « Les Tuileries inconnues, 1664-1670 ». Revue de Paris, 15 novembre 1925, p. 302-321.
- « Les Origines du musée Condé à Chantilly. Les peintures ». Gazette des Beaux-Arts, février 1925, p. 61-76.
- « Les Grandes Écuries de Chantilly et l’architecture des écuries aux XVIIe et XVIIIe siècles ». Bulletin de l’Académie des beaux-arts, 1925, p. 97-108.
- « À propos de l’Exposition du paysage français : les sources des Bergers d’Arcadie ». Revue de l’art, 1925, T.XLVII, p. 273-286.
- « La mystique et l’histoire sous la coupole, 1660-1815 ». Journal des savants, juin 1926, p. 241-251 ; juillet 1926 p. 310-317.
- « Les Origines de la gravure en France ». Journal des savants, juillet 1927, p. 289-293. Compte rendu de : Blum André. Les Origines de la gravure en France. Les estampes sur bois et sur métal. Paris : Van Oest, 1927.
- « Diderot, Greuze, David. Essai d’esthétique ». Revue internationale de l’enseignement, 15 mars 1929, p. 79-86.
- « Les Continuateurs de Van Eyck ». Journal des savants, mai 1929, p. 222-230. Compte rendu de : Fierens Gevaert. Histoire de la peinture flamande des origines à la fin du XVe siècle. Les continuateurs de Van Eyck. Paris et Bruxelles : Van Oest, 1928.
- « Charles Percier ». Journal des savants, avril 1932, p. 145-147. Compte rendu de : Mlle J. Duportal. Charles Percier. Reproductions de dessins conservés à la Bibliothèque de l’Institut. Biographie et notices. Paris : M. Rousseau, 1931.
- « Pour la pensée artistique au XVIIIe siècle, d’après les procès-verbaux de l’Académie d’architecture ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1935, p. 275-288.
Direction d’ouvrages ou de revues
- En collaboration, André Michel, Louis Courajod, Leçons professées à l’École du Louvre (1887 1896). Paris : A. Picard et fils, 1899 1903, 3 volumes.
- Éditeur de : Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture (1671-1793). Paris : Jean Schemit, 1911-29, 10 volumes.
Cours prononcés
- Cours d’histoire moderne à la Sorbonne (suppléance d’Ernest Lavisse)
- 1889-90 : L’histoire de la France et de l’Italie à l’époque de la Renaissance
- 1890-91 : Étude de l’époque de François Ier ; recherches sur diverses questions relatives à l’histoire de l’art français depuis le XVIIe siècle
- 1891-92 : Étude des rapports de l’art français avec les institutions, les idées et les mœurs au XVIIe et au XVIIIe siècle ; travaux sur l’histoire de l’administration et de la législation du XVIe au XVIIIe siècle
- Cours d’histoire de l’art à la Sorbonne
- 1893-94 : Transformation de l’art français par la Renaissance au XVIe siècle ; exercices pratiques en vue de la licence ; en vue de l’agrégation
- 1894-95 : Transformation de l’art français par la Renaissance dans la seconde moitié du XVIe siècle
- 1895-96 : Évolution des doctrines de la Renaissance à partir de XVIe siècle et ses rapports avec l’histoire générale ; exercices pratiques sur l’histoire de la civilisation
- 1896-97 : L’art au XIXe siècle : ses origines, ses rapports avec le mouvement des idées, des institutions et des mœurs
- 1897-98 : L’art au XIXe siècle et particulièrement les origines du Romantisme entre 1760 et 1820
- 1898-99 : L’art au XIXe siècle et particulièrement les préliminaires du Romantisme entre 1789 et 1820 ; exercices pratiques sur l’histoire de la civilisation et de l’art (agréga¬tion) et étude de l’art gothique (licence)
- 1899-1900 : Étude du réalisme et du romantisme dans les arts plastiques et dans l’art musical entre 1800 et 1825 ; exercices pratiques sur l’histoire de la civilisation et de l’art (agrégation) et étude de diverses questions de méthode relative à l’histoire de l’art (licence)
- 1900-01 : Étude du conflit des doctrines artistiques entre 1820 et 1850. Exposition des grandes lignes d’un cours sur l’art en Europe aux XVIIe-XVIIIe siècles
- 1901-02 : Étude de Notre-Dame et du Louvre, et à ce sujet, du double principe de l’art gothique et de l’art classique ; questions de bibliographie et d’histoire de l’art, ou exercices de méthode
- 1902-03 : Notre-Dame et le Louvre
- 1903-04 : Le réalisme et le classicisme dans l’art depuis le début du XVe siècle
- 1904-05 : État de la science sur les grandes questions d’histoire de l’art français depuis les origines
- 1905-06 : État de la science sur les grandes questions de l’art français depuis les origines (art gothique et Renaissance) ; leçons de méthode et de technique sur l’histoire de l’art, et questions relatives au cours
- 1906-07 : État de la science sur les grandes questions de l’art français depuis les origines (art gothique et Renaissance)
- 1907-08 : idem ; cours fermé : études critiques sur l’histoire de l’art du XIXe siècle (bibliographie, technique, esthétique)
- 1908-09 : État de la science sur les grandes questions de l’histoire de l’art français ; l’art du XVIIIe siècle ; origines et développement ; cours fermé : Bibliographie, technique des différents arts, divers sujets d’histoire de l’art
- 1909-10 : État de la science sur les grandes questions d’histoire de l’art français ; l’art français au temps de Louis XV et à ce propos, étude du problème des rapports de l’art avec la civilisation ; cours fermé : bibliographie ; diverses questions d’histoire de l’art en Europe (XVIe-XIXe siècle)
- 1910-1911 : Étude de divers problèmes de l’histoire de l’art français et de l’art italien dans les temps modernes ; cours fermé : généralités sur l’histoire des arts dans l’Europe septentrionale au XVIe et XVIIIe siècle
- 1911-12 : Histoire de l’art au XIXe siècle. Cours fermé : histoire de l’art en Europe au XVIIIe siècle
Plusieurs résumés de ses cours se trouvent dans la Revue des cours et conférences : « Histoire de l’art. Cours de M. Henry Lemonnier (Sorbonne). L’art italien, allemand et flamand aux XIVe et XVe siècles », 1894, t. II, p. 153-156 ; « L’art français à la fin du XIVe et au commencement du XVe siècle », 1894, t. II, p. 524-526 ; « La Renaissance italienne, des origines à la mort de Michel-Ange », 1895, t. II, p. 124-128, p. 156-160, p. 190-192, p. 217-224 et p. 250-256.
Bibliographie critique sélective
- Leclère Tristan. – « Revue de la quinzaine » [sur Gros, biographie critique]. Mercure de France, LVIII, 15 novembre 1905, p. 299.
- La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Paris : Lamirault, [1885-1902], vol. 21, p. 1200.
- Michel André. – « Causerie artistique : l’Académie royale d’architecture ». Journal des débats, 4 juillet 1911, p. 1.
- Leclère Tristan. – « Revue de la Quinzaine » [sur L’Art français au temps de Louis XIV]. Mercure de France, XCII, 1er juillet 1911, p. 189.
- Guiffrey Jules. – « Henri Lemonnier, Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, 1671-1793, t. I, 1671-1681 ». Journal des savants, juin 1912, p. 281-283.
- Labande. – « L’Art français au temps de Louis XIV ». Revue critique d’histoire et de littérature, 12 octobre 1912, p. 291-292.
- Mélanges offerts à M. Henry Lemonnier. Paris : Édouard Champion, 1913, préface d’Ernest Lavisse, p. xi-xvi.
- R. P. – « Comptes rendus critiques » [L’Art français au temps de Louis XIV (1661-1690)]. Revue des études historiques, 1913, p. 209-210.
- « Jubilé Henry Lemonnier. Discours de MM. Jules Guiffrey, Gaston Brière, Ernest Lavisse, Henry Lemonnier ». Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 1913, p. 282-293.
- Guiffrey Jules, Gaston Brière, Ernest Lavisse et Henry Lemonnier. – « Le Jubilé Henry Lemonnier ». Revue internationale de l’enseignement, t. LXVII, 1914, p. 138-145.
- J.-J. G. – « Livres nouveaux. Henri Lemonnier, Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, 1671-1793, t. II, 1862-1696 ». Journal des savants, octobre 1915, p. 470-472.
- Merki Charles. – « Revue de la quinzaine » [sur Le Collège Mazarin et le palais de l’Institut]. Mercure de France, CLIII, 1er novembre 1922, p. 787-788.
- Qui êtes-vous ? Annuaire des contemporains. Paris : C. Delagrave, 1924 (4), p. 86-87.
- Marquet de Vasselot Jean Joseph. – Répertoire des publications de la Société de l’Histoire de l’Art français (1851-1927). Paris : A. Colin, 1930, p. v.
- Augé Paul, dir. – Larousse du XXe siècle. Paris, 1931, t. IV, p. 398.
- Lemoisne P.-A. – « Henry Lemonnier ». Bibliothèque de l’École des chartes, 1936, t. XCVII, p. 450-453.
- Bouchard Henri. – « Académie des beaux-arts, séance publique annuelle du 28 novembre 1936 ». Institut de France. Publications diverses. Paris : Firmin-Didot, 1936, p. 3-4.
- Lemoisne P.-A. – Bulletin de l’Académie des beaux-arts. 1936, p. 62-66.
- Dehérain Henri. – « Nécrologie. La collaboration de Henry Lemonnier au Journal des savants ». Journal des savants, mai-juin 1936, p. 134-136.
- Charle Christophe. – Dictionnaire biographique des universitaires aux XIXe et XXe siècles. Volume 1. La Faculté des lettres de Paris, 1809-1908. INRP : éditions du CNRS, 1985, p. 121-122.
- Genet-Delacroix Marie-Claude. – « L’Enseignement supérieur de l’histoire de l’art (1863-1940) ». In Christophe Charle et Régine Ferré, dir., Le Personnel de l’enseignement supérieur en France aux XIXe et XXe siècles. Actes du colloque organisé par l’Institut d’histoire moderne et contemporaine et l’E.H.E.S.S., les 25 et 26 juin 1984. Paris : éditions du CNRS, 1985, p. 79-106.
- Bompaire-Évesque Claire-Françoise. – Un débat sur l’université au temps de la troisième République, la lutte contre la nouvelle Sorbonne. Paris : aux Amateurs de livres, 1988, p. 84.
- Le Grand Larousse universel. Paris : Larousse, t. IX, 1991, p. 6212.
- Therrien Lyne. – L’Histoire de l’art en France. Genèse d’une discipline universitaire. Paris : CTHS, 1998.
- Talenti Simona. – L’Histoire de l’architecture en France : émergence d’une discipline, 1863-1914. Paris : Picard, 2000, p. 281.
- Notice biographique. In Leclant Jean, dir. Le Second siècle de l’Institut de France, 1895-1995 : Recueil biographique et bibliographique des membres, associés étrangers, correspondants français et étrangers des cinq académies. T. II. Membres et associés étrangers. L à Z. Paris : Institut de France, 2001, t. II, p. 875-876.
- Michèle Lafabrie. – « L’Histoire de l’art entre idéologie et muséographie : Paul Vitry et son Michel Colombe, 1901 ». In Gaborit Jean René, éd., Michel Colombe et son temps. Paris : CTHS, 2001, p. 127-146.
- Lyne Therrien. – « L’institutionnalisation de l’histoire de l’art en France au XIXe siècle ». RACAR, Revue d’art canadienne / Canadian Art Review, XXVIII, 2001-2003, p. 50-55.
Sources identifiées
Paris, Archives nationales
- AJ/16/4748, conseil de la faculté des lettres de Paris, 22 juin 1899, 23 juin 1892, 28 juin 1893
- AJ/52/462, petit dossier à l’Institut de France composé de pièces manuscrites de l’auteur et donné par son petit-fils, M. Delaruelle
En complément : Voir la notice dans AGORHA