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MEAUME, Édouard
Mis à jour le 11 septembre 2024
(18 janvier 1812, Rouen – 6 mars 1886, Neuilly-sur-Seine)
Auteur(s) de la notice :
PLANCHE Marie-Claire
Profession ou activité principale
Professeur de législation et de jurisprudence à l’École forestière de Nancy, avocat
Autres activités
Juriste, biographe, historien, historien de l’art, collectionneur
Sujets d’étude
Histoire et histoire de l’art de Lorraine, graveurs et peintres du XVIIe siècle
Carrière
1842 : nommé juge suppléant à Nancy
1842-1873 : professeur de législation et de jurisprudence à l’École forestière de Nancy
1846-1851 : membre de l’Académie Stanislas
1851-1873 : membre titulaire de l’Académie Stanislas
1852-1886 : membre du comité du Musée lorrain et de la Société d’archéologie lorraine
1853 : membre de la Commission de surveillance de la bibliothèque publique de Nancy
1871-1873 : vice-président de cette Commission
1873-1886 : membre correspondant de l’Académie Stanislas
1892 : inscrit comme membre perpétuel de la Société d’archéologie lorraine
Étude critique
Bien que ses origines ne fussent pas lorraines, Édouard Meaume, par sa curiosité et son intérêt pour l’histoire et l’art lorrains, fait partie des grandes figures de la région. La plupart de ses textes ont, dans un premier temps, paru dans les Mémoires de l’Académie Stanislas ou le Journal de la Société d’archéologie lorraine. Son activité au sein de ces institutions remarquables de Nancy est considérable. Ses ouvrages intéressent au point d’être rapidement épuisés. Il faut noter à cet égard que la vente du grand collectionneur nancéien Jean-Baptiste Noël en 1853 compte trois ouvrages de Meaume, les premiers publiés.
Dans ses recherches sur la famille Henriet et ses descendants, Meaume rétablit les identités de chacun et établit la descendance des Henriet jusqu’au début du XIXe siècle. Ce texte témoigne de connaissances fines sur le graveur Jacques Callot, compagnon d’étude d’Israël Henriet. Les Recherches sur la vie et les ouvrages de Jacques Callot, sur lesquelles Meaume travaillait depuis 1844, ont été publiées en livraisons dans les Mémoires de l’Académie Stanislas, de 1852 à 1859, avant d’être réunies en deux volumes en 1860. C’est cet ouvrage qui valut à Meaume la reconnaissance du monde des arts. Les amateurs de Jacques Callot, si nombreux depuis deux siècles, disposaient là du premier catalogue raisonné, décrivant méticuleusement chaque estampe dans ses différents états. La biographie de l’artiste utilise les notes manuscrites de Pierre-Jean Mariette non éditées dans le Peintre-graveur d’Adam von Bartsch, livrant au plus grand nombre des sources inédites. Mais si elle est importante, la rédaction méthodique du catalogue de l’œuvre de l’aquafortiste, pour laquelle Meaume eut recours aux grandes collections publiques parisiennes (département des Estampes de la Bibliothèque nationale, bibliothèque de l’Arsenal, bibliothèque Sainte-Geneviève) ainsi qu’aux amateurs parisiens et lorrains, l’est encore davantage. À l’entrée des différentes parties, il explique et justifie sa démarche. Les œuvres sont classées par sujet et chaque planche reçoit un numéro. Le classement est rigoureux et cohérent, complété par la mention des œuvres rejetées ou sujettes à discussion. Le catalogue, qui contribue à bien identifier les suites et à donner leur cohérence aux ensembles, reste aujourd’hui une référence. En effet, les numéros attribués par Meaume sont toujours associés aux estampes de Jacques Callot, complétés par ceux du catalogue postérieur de Jules Lieure (collectionneur de Callot). Meaume avait l’intention de donner une nouvelle édition de ses recherches, dans laquelle le catalogue descriptif aurait été accompagné de reproductions en héliogravure (il s’associa pour cela au peintre et graveur Julien Firmin Delangle, qui avait exécuté les gravures de L’Œuvre gravé de Rembrandt de Charles Blanc), ce qui le conduisit à confier à l’imprimerie Amand-Durand une partie des planches originales de sa collection, qui disparurent en grande partie dans un incendie, anéantissement d’un projet que ruina de toute manière la mort de Meaume.
Un autre sujet l’intéresse, les tableaux qui ont été attribués à Callot par Mariette. Dans Recherches sur la vie et les ouvrages de Jacques Callot, Meaume évoque sa querelle avec M. Haldat, sur laquelle il revient en 1878 dans Tableaux faussement attribués à Jacques Callot. Le texte, rédigé dans un style assez ferme, entend mettre un terme aux attributions erronées. Il s’appuie ainsi sur les Entretiens d’André Félibien pour préciser que Callot n’était pas peintre : « Il n’a pas rang parmi les peintres. » Cependant, si les éléments de datation sont convaincants, l’argumentaire, quelque peu redondant, apparaît plutôt faible. Il avait, en 1876, fait le même genre de démarche à propos de paysages attribués à Claude Gellée.
On doit aussi à Meaume des recherches sur Claude Deruet, Georges Lallemant ou Jean Leclerc qui sont fondamentales, puisque ces artistes restent encore peu étudiés. Il a collaboré avec Émile Bellier de la Chavignerie, recherchant pour lui aux archives des pièces sur Charles Girardet. La biographie et le catalogue de Jean Nocret, publiés en 1878, témoignent de ses solides connaissances chronologiques, mais aussi de sa capacité à décrire les œuvres. Une fois encore il entend démontrer, réfuter à l’aide d’arguments plus solidement exprimés que dans d’autres ouvrages. Meaume témoigne de son exigence et de sa rigueur dans ses commentaires sur le catalogue Sujets de tapisseries gravés par Le Clerc. Il fait œuvre de critique dans une recension qui entend ne rien négliger en relevant les erreurs et en soulignant les manques.
Son intérêt pour les graveurs lorrains l’incita à solliciter, dans une lettre écrite depuis Rome en 1882, la création d’un lieu d’exposition pour les collections gravées à Nancy. La porte Saint-Georges, récemment sauvée de la démolition, lui paraissait être un lieu adapté. Son vœu ne fut pas exaucé, mais il convient de souligner que les graveurs lorrains sont bien représentés dans les collections publiques nancéiennes (musées et bibiothèque). Bien que bibliophile et collectionneur, Meaume ne pense pas à ses propres estampes. Au moment de la retraite, il quitte la Lorraine pour s’installer à Neuilly, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre ses publications. Le 10 avril 1885, il écrit dans la préface au Catalogue des livres rares et précieux et des estampes composant la bibliothèque de feu M. Gustave Chartener : « Il y avait autrefois en Lorraine quatre bibliophiles, intimement liés et passionnés pour les livres relatifs à l’histoire de ce petit pays. Trois ont disparu. À quand la dispersion des collections du quatrième devenu ermite à Neuilly ? C’est le secret de Dieu. » Les catalogues des ventes de février 1887 témoignent de son ouverture d’esprit. Les livres de jurisprudence côtoient les ouvrages scientifiques, la littérature, les théories de l’art ou les livres d’emblèmes. Sept cent deux lots d’estampes, faisant l’objet d’un catalogue séparé rédigé par Danlos fils et Delisle, sont répertoriés. Avec plus de mille pièces, dont un dessin, Callot y occupait une très grande place, en compagnie de Sébastien Le Clerc, Nicolas Béatrizet, Jacques de Bellange, Stefano Della Bella, François Collignon, Claude Gellée, Israël Silvestre. La vente dans son ensemble ne rapporta aucun bénéfice. En 1997, la médiathèque du Pontiffroy de Metz a acquis 304 gravures de Callot de la collection de Meaume, réapparue au moment de l’exposition « Jacques Callot » organisée au musée historique lorrain de Nancy, identifiée par son propriétaire et par les organisateurs de l’exposition comme provenant de la célèbre collection de Robert-Dumesnil, partagée en 1856 entre le baron de Salis, Adolphe Thiers et Meaume.
Dans ses biographies, Meaume apparaît non seulement comme un compilateur capable de mettre en forme les données réunies par ses prédécesseurs, mais aussi comme un chercheur capable d’investir les fonds d’archives. Tous ses écrits traduisent un souci de précision ; la volonté affichée d’affirmer des opinions, de livrer la vérité afin que cessent les idées fausses, les chronologies erronées ou les attributions indues. Sans négliger l’important travail qu’il a accompli, il est permis de penser que le ton employé, très direct, les démonstrations ou les répétitions peuvent apparaître comme les effets de manche de l’avocat qu’il était.
Il faut retenir en outre qu’il y avait en Meaume deux spécialistes dans des domaines a priori bien éloignés l’un de l’autre : le Code forestier et la gravure. Dans le domaine de la forêt, alors que ni la Révolution ni le Code Napoléon n’avaient osé s’attaquer au problème du Code rural et forestier, le droit forestier repose toujours sur les ouvrages de Meaume. Son grand mérite est d’avoir recueilli toute la jurisprudence depuis les temps les plus reculés, les terriers des seigneuries, par exemple. Il fut en relation avec le duc d’Aumale dans les procès concernant la forêt du domaine de Chantilly, occasion qui lui permit de communiquer à celui-ci sa passion de la gravure de Callot et des graveurs lorrains, et de lui fournir des informations capitales.
Marie-Claire Planche, docteur en histoire de l’art
Principales publications
Ouvrages et catalogues d’expositions
- Recherches sur quelques artistes lorrains : Claude Henriet, Israël Henriet, Israël Silvestre et ses descendants. Nancy : Grimblot et Vve Raybois, 1852.
- Recherches sur la vie et les ouvrages de Claude Deruet, peintre et graveur lorrain (1588-1660). Nancy : A. Lepage, 1853.
- Recherches sur la vie et les ouvrages de Jacques Callot. Nancy : Grimblot et Vve Raybois, 1853.
- Recherches sur la vie et les ouvrages de Jacques Callot, suite au Peintre-graveur français de M. Robert-Dumesnil. Paris : Vve J. Renouard, 1860, 2 vol.
- Légende du siège de Bréda. Nancy : imprimerie A. Lepage, 1860.
- Catalogue des estampes gravées par Claude Gellée, dit le Lorrain, précédé d’une notice sur cet artiste. Collab. de Georges Duplessis. Paris : Vve Bouchard-Huzard, 1870 [extrait du Peintre-graveur français de M. Robert-Dumesnil, t. X-XI].
- Claude Gellée, dit le Lorrain. Nancy : imprimerie de G. Crépin-Leblond, 1871.
- George Lalleman et Jean Le Clerc, peintres et graveurs lorrains. Nancy : Lucien Wiener, 1876.
- Étude bibliographique sur les livres illustrés par Sébastien Le Clerc. Paris : Léon Téchener, 1877.
- 1637-1714. Sébastien Le Clerc et son œuvre. Paris : Baur et Rapilly, 1877.
- Tableaux faussement attribués à Jacques Callot. Nancy : Lucien Wiener, 1878.
- Sujets de tapisseries gravés par Sébastien Le Clerc, exposition des Champs Élysées de 1876. Nancy : imprimerie de Réau, 1878.
- Les Tribulations d’un fermier général, à l’occasion de l’Hôtel des fermes à Nancy. Nancy : imprimerie de G. Crépin-Leblond, 1885.
- Catalogue des livres rares et précieux et des estampes composant la bibliothèque de feu M. Gustave Chartener de Metz. Nancy : Vve Labitte, 1885.
- Jean Nocret, peintre lorrain. Nancy : Grosjean-Maupin, 1886.
Articles
- « Vœu pour l’érection d’une statue à Callot ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1852, p. 200.
- « Notice sur une découverte xylographique faite à Metz ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1861, p. 43-46.
- « Communication des actes de naissance et de décès de Girardet ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1861, p. 55-56.
- « Lamour (Jean-Baptiste), serrurier du roi de Pologne ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1866, p. 90-94.
- « Bibliothèque et Publications de M. l’abbé Marchal. Acquisition des collections lorraines de M. l’abbé Marchal ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1871, p. 167-168.
- « Les Seigneurs de Ribeaupierre, famille de la chevalerie lorraine en Alsace et en Suisse ». Mémoires de la Société d’archéologie lorraine, 1873, p. 302-329.
- « Médailles gravées par Pierre Woeiriot de Bouzey ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1874, p. 171-175.
- « Note sur les différents tirages du livre intitulé : Austrasiœ reges et duces. Cologne, 1591 ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1875, p. 20-30.
- « Médailles avec bélière servant de décoration. Les vrais et faux portraits ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1875, p. 179-193.
- « Claude Gellée. Un mot sur ses tableaux, en réponse à M. A. Benoit. Reproduction de ses eaux-fortes par M. Amand Durand ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1876, p. 198-203.
- « Un mot sur les tableaux de Claude Gellée, en réponse à M. A. Benoît ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1876, p. 198-208.
- « Guillaume de Marcillat ou G. de Marseille ». L’Intermédiaire, 1879, col. 688-689.
- « Un livre d’heures du duc Antoine ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1880, p. 129-131.
Bibliographie critique sélective
- « Séance du comité du musée lorrain ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1852, p. 181.
- Robert-Dumesnil Alexandre-Pierre-François. – Le Peintre-graveur français. T. XI. Claude Gellée, dit le Lorrain. Paris : Bouchard-Huzard, 1871.
- Matthieu abbé D. – « Compte rendu ». Mémoires de l’Académie Stanislas, 1885, t. III, p. CVII-CX.
- Guyot Charles. – « Édouard Meaume sa vie et ses œuvres. Discours de réception à l’Académie Stanislas ». Mémoires de l’Académie Stanislas, 1886.
- Augin Edgard. – « Mort d’Édouard Meaume ». Journal de la Meurthe, 9 mars 1886.
- Lallement Louis. – « M. Meaume, nécrologie ». Journal de la Meurthe, 10 mars 1886.
- Lallement Louis. – « Une lettre de M. Meaume ». Journal de la Meurthe, 26 mars 1886.
- Puton Alfred. – « M. Meaume, sa vie et ses œuvres ». Revue des Eaux et forêts, avril 1886, p. 2-6.
- Lallement Louis. – « Nécrologie, Édouard Meaume ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1886, p. 52-56.
- Guyot Charles. – Paroles prononcées, le 8 mars 1886 sur la tombe de M. Meaume. Paris : Hennuyer, 1886.
- Catalogue de livres rares… composant le cabinet de M. Édouard Meaume. Nancy : Vve A. Labitte, 1887.
- Catalogue d’un choix de monnaies françaises, monnaies et médailles des ducs de Lorraine provenant des collections de feu M. Édouard Meaume. Nancy : Alcan Lévy, 1887.
- Chavaray Étienne. – Catalogue de l’importante collection d’autographes concernant la Lorraine et composant le cabinet de feu M. Édouard Meaume. Nancy : E. Charavay, 1887.
- Danlos Auguste. – Collection de feu M. Édouard Meaume : estampes anciennes… Paris : G. Chamerot, 1887.
- « Hommage à sa mémoire ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1887, p. 198-199.
- « Son médaillon au musée ». Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1888, p. 95.
- Guyot Charles. – Le Médaillon de M. Meaume. Nancy : A. Voirin, 1888.
- Arbois de Jubainville Paul (d’). – Dictionnaire biographique lorrain. Metz : Serpenoise, 2003.
- Caffier Michel. – Dictionnaire des littératures de Lorraine. Metz : Serpenoise, 2003.
Sources identifiées
Metz, médiathèque du Pontiffroy
- Fonds Callot : vingt-quatre lettres adressées par Édouard Meaume au baron de Salis lors de la vente et du partage de la collection Robert-Dumesnil ; douze lettres de Salis (copies)
Nancy, archives municipales
- Acte de mariage avec Anne Ch. Thouvenin le 14 septembre 1837 (Rég. H)