Auteur(s) de la notice :

BERCE Françoise

Profession ou activité principale

Archiviste de la Commission des monuments historiques, inspecteur général adjoint des monuments historiques

Autres activités
Historien, archéologue

Sujets d’étude
Préhistoire bourguignonne, préhistoire de la région parisienne, art et archéologie bourguignonnes, vitraux du XIXe siècle

Carrière
1883 : auxiliaire à l’administration des Beaux-Arts
1886 : fait fonction de rédacteur
1890 : reçu au concours de rédacteur
1891 : nommé rédacteur
1893 : archiviste de la Commission des monuments historiques ; publie L’Art en Bourgogne chez Laurens
1899 : publie le Catalogue de la bibliothèque de la Commission des monuments historiques et le Catalogue descriptif des relevés, dessins et aquarelles de ses archives
1901 : nomination comme adjoint à l’inspection générale des monuments historiques
1903 : publie avec Anatole de Baudot les Archives de la Commission des monuments historiques
1907 : nommé inspecteur général adjoint
1909 : Les Cathédrales de France avec A. de Baudot
1919 : retraite de l’inspection générale des monuments historiques

Étude critique

Le nom de Perrault-Dabot est associé aux instruments de recherche de la bibliothèque et des archives du service des monuments historiques ; or, ces publications se situent dans le contexte de la première loi de classement, en 1887. En effet, si la plupart des historiens de ce service ont situé sa naissance en 1830, lors de la création du poste d’inspecteur général des monuments historiques, création complétée par celle de la Commission des monuments historiques en 1837, la protection n’a acquis une dimension juridique que cinquante ans plus tard en 1887. La loi limitait le droit de propriété en interdisant la destruction d’un immeuble classé au nom de l’intérêt public. L’arrêté de protection constituait en quelque sorte l’acte d’état civil du monument, aussi devait-il être accompagné de justifications (ou autorités), réunies dans un dossier administratif qui comprenait, outre un plan cadastral et l’acceptation du propriétaire, une description, une datation et une bibliographie sommaire. La loi de 1887 s’appliquait également aux objets qui ne pouvaient être classés que lorsqu’ils appartenaient à un organisme public. La carrière d’Anatole Perrault-Dabot s’inscrit dans cette mutation administrative et juridique du service des monuments historiques : il était entré en effet au ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts en 1883, soit quatre ans avant la promulgation de la loi, en tant qu’auxiliaire, bientôt expéditionnaire, responsable vraisemblablement du bureau du courrier. Né à Chagny en 1853, fils de médecin, il était titulaire d’une licence en droit et avait suivi des cours à l’École du Louvre. En 1886, il fut employé comme rédacteur, mais ne fut recruté officiellement sur ce poste qu’après avoir passé le concours de recrutement organisé en 1891. En 1893, il remplace Paul-Frantz Marcou, comme archiviste de la Commission des monuments historiques, alors que celui-ci était nommé inspecteur général pour les objets mobiliers. Dès 1895 il publie un Catalogue de la bibliothèque des monuments historiques et un supplément en 1899. Depuis sa création, la Commission, composée d’archéologues, d’historiens de l’art et d’architectes, s’était préoccupée de la conservation des archives des travaux et tout particulièrement des relevés, plans, gravures et pièces figurées qui lui étaient adressées à l’appui des projets de restauration. L’idée avait été lancée dès 1838 d’en faire un ouvrage qui servirait de référence pour les jeunes architectes et les amateurs du Moyen Âge, comparable à la publication par Gourlier et Biet du choix des édifices construits ou agrandis sous l’autorité du conseil général des bâtiments civils. Pour l’Exposition universelle de 1855, alors qu’Achille Fould était ministre de l’Instruction publique, quatre volumes parurent sous le titre Archives de la Commission des monuments historiques. Ils se composaient d’un choix de plans et de notices illustrant l’architecture antique, l’architecture religieuse, militaire et civile. Dans la perspective de l’Exposition universelle de 1900, Anatole Perrault-Dabot publia d’abord en 1899 un inventaire imprimé exhaustif des plans, coupes, élévations, conservés dans les archives du service, avec l’indication du nom des architectes, mais sans illustrations. Puis il reprit la publication de 1855 sous une forme plus ambitieuse avec la caution d’Anatole de Baudot, architecte en chef du service et inspecteur général, l’élève le plus célèbre d’Eugène Viollet-le-Duc : les planches plus nombreuses, environ 600, étaient ordonnées en cinq volumes par provinces, conformément à la théorie des écoles régionales alors en faveur. Une normalisation de la mise en page permettait de réunir pour chaque monument les éléments descriptifs nécessaires : dessin d’ensemble en perspective, plan, coupe transversale, coupe longitudinale, profils des bases, des moulures, des chapiteaux à plus grande échelle. La somme des connaissances sur la construction et la date des différents éléments pouvaient être interprétées avec précision par les archéologues et les architectes. Ces planches étaient gravées à partir des dessins des architectes du service accompagnant leurs projets de restauration, leur mise en page permettait de ne pas multiplier le nombre de planches gravées, dont le coût était élevé. Des appréciations quelque peu moralisatrices accompagnaient l’analyse de la construction médiévale et son économie auxquelles chaque province avait apporté une solution plus ou moins satisfaisante : équilibre des voûtes, construction des supports, échelle des ouvertures dans les murs latéraux. La collection de dessins justifiant des travaux de restauration ne permettait pas toujours de commenter l’évolution rationnelle de la construction, aussi des dessins complémentaires furent-ils commandés à certains architectes, pour une présentation plus cohérente et plus représentative de ces écoles provinciales. Cette publication est pour ces raisons étroitement liée aux théories sur la naissance de l’art gothique et au rationalisme médiéval. De même, en 1901, parurent deux volumes sur les cathédrales de France, à l’initiative du ministère des Cultes, sous la double signature de Baudot et de Perrault-Dabot. Des photographies de Séraphin-Médéric Mieusement accompagnaient les documents graphiques. L’organisation des campagnes photographiques fut probablement l’œuvre de l’archiviste du service.

Dans la période qui précède les lois de séparation de l’Église et de l’État, Perrault-Dabot exerça les fonctions d’adjoint à l’inspection générale à partir de 1901, auprès de Marcou, puis d’inspecteur général adjoint, mais ne fut titularisé dans cet emploi qu’en 1907. Il entreprit de créer une documentation sur les objets appartenant aux communes dans les églises et participa au lancement de campagnes photographiques, à l’exemple des travaux de l’école allemande d’archéologie et d’histoire de l’art : inventaires et récolements de monuments ou d’objets, bibliographie, figurent sur des fiches accompagnées de documents iconographiques, dessins ou photographies. Les récolements effectués par Perrault-Dabot portent non seulement sur les objets conservés dans les églises, mais aussi sur ceux que contiennent les mairies, les hôpitaux ou les bibliothèques municipales.

Parmi les très nombreux immeubles par destination étudiés par Perrault-Dabot, les vitraux occupent une place de choix, notamment les vitraux du XIXe siècle. Ses missions d’inspecteur général se déroulent surtout en Bourgogne, son pays natal, et dans le Sud-Est de la France. En l’absence d’une revue propre au service des monuments historiques, qui ne fut créée qu’en 1936, il rendit compte de ses missions et des objets qu’il avait étudiés dans des bulletins de sociétés savantes provinciales.

Ses travaux s’inscrivent dans plusieurs directions caractéristiques du tournant de ce siècle, et en premier lieu l’enracinement de l’homme et de ses créations dans une province ou un « pays ». Ses monuments sont campés familièrement dans leur site géographique, voire géologique, justifiant l’histoire du lieu, dans l’esprit de la première loi sur les sites de 1908, et de la notion de « petite patrie » ; il illustre volontiers ses propos de petits croquis de sa main. Parmi les débats de cette époque, un autre aspect était sensible parce que l’opinion savante elle-même lui conférait des résonances patriotiques, c’est celui de la naissance de la croisée d’ogives, invention tenue par Robert de Lasteyrie et Eugène Lefèvre-Pontalis pour « française ». Le gros article de Perrault-Dabot sur l’église de Marolles-en-Brie développe les controverses sur ce point et propose sa propre interprétation et son modèle. Ses publications illustrent sa vocation de médiateur de l’information entre les grandes publications scientifiques et le public provincial. De même son étude des clochers de la région de Beaune et la diffusion du modèle caractérisent l’ampleur de son information et la rigueur de son analyse rationaliste. Anatole Perrault-Dabot fut également le secrétaire de la Commission des monuments mégalithiques ; le nombre de ses articles ou de ses communications sur ce sujet, leur précision, montre que son intérêt dépassait le cadre de ses attributions administratives. Enfin son article sur le vitrail romantique au moment où la création dans ce domaine se tournait vers les artistes des années trente témoigne d’une sensibilité artistique personnelle.

Françoise Bercé

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • L’Art en Bourgogne. Paris : Laurens, 1894.
  • Catalogue de la bibliothèque de la Commission des monuments historiques. Paris : Imprimerie nationale, 1895. Suppl., Paris, 1901.
  • Le Patois bourguignon, vocabulaire étymologique. Dijon : Lamarche, 1897.
  • Monographie de l’église de Marolle-en-Brie. Paris : Émile Lechevallier, 1898.
  • Archives de la Commission des monuments historiques. Catalogue des relevés, dessins et aquarelles conservés. Paris : Imprimerie nationale, 1899.
  • L’Hôtel de Bourgogne et la tour de Jean sans Peur à Paris. Paris : H. Laurens, 1902.
  • Les Archives de la Commission des monuments historiques. Collab. de M. de Baudot. Paris : librairies Laurens et Schmid, 1898-1903, vol. 1 ; vol. 2 ; vol. 3 ; vol. 4 ; vol. 5.
  • L’Ancienne Église Saint-Nazaire à Bourbon-Lancy et son musée. Paris : Alphonse Picard et fils, 1905.
  • Cuiseaux, un coin du Jura dans la Bresse. Mâcon, 1908.
  • Les Cathédrales de France. Collab. de M. de Baudot. Paris : Schmid et H. Laurens, 1907-1909, 2 vol.
  • L’Art bourguignon. Paris : Fontemoing et Cie, 1914 (« Les Arts français »).
  • Jean Perrault, président de la Cour des comptes sous Louis XIV. Paris : De Boccard, 1918.
  • Péronne, ses édifices civils. La Picardie historique et monumentale. Amiens et Paris : Société des antiquaires de Picardie, 1923.

Articles

  • « Un portrait inédit de Charles le Téméraire ». Extrait du Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1894.
  • « Philippe le Bon et le concile de Florence ». Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d’Or, t. XIII, p. CLIX-CLX, 199-214.
  • « Note sur un vitrail de l’église de Sainte-Croix (Saône-et-Loire) ». Extrait d’Annales de l’Académie de Mâcon, 3e série, t. XIV. Mâcon : Protat frères, 1911
  • « Le Cirque d’Annibal au petit Saint-Bernard (Italie) ». Extrait du Magasin pittoresque, 80e année, n° 11. Paris, 1911,
  • « Une statue de la Vierge à l’église de Saint-Valbert (Haute-Saône) ». Revue de l’art chrétien, 45e année, t. LXII, p. 283-285.
  • « La Sainte Famille de Jan Kraeck à l’église Saint-Maurice d’Annecy ». Revue de l’art chrétien, 45e année, t. LXII, p. 140-141.
  • « L’Horloge monumentale de la cathédrale de Nevers ». Revue de l’art chrétien, 56e année (1913), t. LXII, p. 109-111.
  • « Pérouges. Étude sur une ancienne petite ville des Dombes ». Bulletin monumental, 1913, p. 240-250.
  • « Note sur la restauration de l’église de l’ancien prieuré de Saint-Martin-des-Champs ». Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XLII (1915), p. 58-62.
  • « Un papier de tenture gravé et peint à Paris au XVIIIe siècle ». Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XLIII (1916), p. 53-57.
  • « Quelques statues inédites de l’École de Brou ». Extrait d’Annales de la Société d’émulation de l’Ain, 49e année. Bourg, 1916.
  • « Les Fouilles de la butte de Morval dans la forêt de Meudon (Seine-et-Oise) ». Extrait du Bulletin de la Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise, XXXVI e vol. (1916).
  • « Les Vitraux de la chapelle de la Vierge à la cathédrale de Versailles ». Extrait du Bulletin de la Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise, XXXVIIe vol. (1917).
  • « Jean Perrault ». Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1917 t. 44, p. 13-15.
  • « Restauration de Saint-Martin-des-Champs ». Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, 1917, t. 44, p. 15-16.
  • « Les Antiquités gallo-romaines de Belley ». Extrait du Annales de la Société d’émulation de l’Ain, 52e année (1919).
  • « Les Monuments de Péronne (Somme) après la guerre de 1914-1918 ». Extrait de L’Architecture, avril 1919.
  • « Le Maquis des fortifications de Paris ». Extrait de L’Architecture, juillet 1919.
  • « Stèle gallo-romaine réemployée à l’époque carolingienne dans l’église de Molinot (Côte-d’Or) ». Extrait du Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques au ministère de l’Instruction publique. Paris, 1920.
  • « Un foyer à incinération dans le bois de Montpalais à Rully (Saône-et-Loire) ». Extrait de Pro Alesia, nouv. série, t. VI. Paris : Ernest Leroux, 1921.
  • « Les Médaillons de l’église Notre-Dame à Versailles ». Extrait du Bulletin de la Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise, XLIe vol. Paris, 1921.
  • « Le Puits de Moïse à Dijon. Sa réplique dans les jardins de l’hôpital général ». Bulletin monumental, 1922, p. 415-423.
  • « Les Antiquités provenant de Mavilly, conservées au château de Savigny-lès-Beaune (Côte-d’Or) ». Extrait de Pro Alesia, nouv. série, t. VII. Paris : Ernest Leroux, 1922.
  • « Un village bourguignon : Rully, Chalon-sur-Saône ». Extrait de Pro Alesia, nouv. série, t. VII (1922).
  • « Le Clocher de l’église de Givry ». Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, p. 121-130. Paris, 1924.
  • « La Déesse Sequana et le square des sources de la Seine à Saint-Germain-la-Feuille (Côte-d’Or) ». Extrait de La Bourgogne d’or, 25e année, n° 26. Chagny, 1928.
  • « Les Anciens Objets d’art de l’église de Fontaine-lès-Dijon ». Extrait de Mémoires de l’Académie de Dijon, 1928. Congrès de l’association bourguignonne des Sociétés savantes consacré à saint Bernard et à son époque, tenu à Dijon en 1927. Dijon, 1928.
  • « Le Tombeau d’Abélard de Saint-Marcel-lès-Chalon à Paris, et les débuts de l’architecture romantique ». Extrait de Mémoires de la Société historique et architecturale de Chalon-sur Saône, 1928-1929.
  • « La Thalie et les Ponts d’Emiland Gauthey ». Extrait du Progrès de Saône-et-Loire. Chalon-sur-Saône : Imprimerie générale et administrative, 1930.
  • « Vitraux de l’église d’Eu ». Extrait de Mémoires de la Société historique de l’art français. Paris, 1931.
  • « La Renaissance du vitrail à la Manufacture nationale de Sèvres, époque romantique ». Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1933, p. 81-98.
  • « Les Archives des monuments historiques ». Collab. de René Planchenault. Congrès archéologique, t. I, p. 301-321. Paris, 1934.

Bibliographie critique sélective

  • Planchenault René. – « Anatole Perrault-Dabot ». Revue des monuments historiques de la France, 1937, p. 186-187.

Sources identifiées

Charenton-le-Pont, médiathèque de l’Architecture et du patrimoine

  • 80/1/63 et 64 : publication des Archives de la Commission des monuments historiques
  • 80/19/1 (1910-1923) : Commission des objets mobiliers (1892-1904)

Paris, Archives nationales

  • F 17 22503, ministère de l’Instruction publique, dossier Anatole Perrault-Dabot
  • F 21 7901, direction des Beaux-Arts personnel des bâtiments civils, des palais nationaux et des monuments historiques, dossier Anatole Perrault-Dabot

En complément : Voir la notice dans AGORHA