Informations sur l’INHA, ses actualités, les domaines et programmes de recherche, l’offre de services et les publications de l’INHA.
Émile Bernard. Au-delà de Pont-Aven
La personnalité et l’œuvre d’Émile Bernard constituent un véritable « cas » dans l’histoire de l’art moderne, susceptible en cela d’intéresser au premier chef les historiens de l’art. Voilà en effet un homme qui a fréquenté quelques-uns des plus grands artistes de son temps, Gauguin, Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Cézanne, un homme qui a été au cœur des recherches avant-gardistes du groupe de Pont-Aven, qui a eu affaire aux grands marchands parisiens, Le Barc de Bouteville et Ambroise Vollard, et qui décide à un moment donné de se tourner résolument vers le passé pour essayer de retrouver ce qu’il croit définitivement perdu : la foi et le métier des maîtres anciens, pour tenir un discours de plus en plus réactionnaire sur les arts de son temps et renier les expériences de sa jeunesse. Si l’on ne saurait dire la part prise par le dépit de se sentir injustement méconnu dans cette singulière décision, il est certain qu’elle causa la mise à l’écart de l’artiste dans l’histoire canonique de la peinture du XXe siècle.
L’exposition présentée par l’INHA porte précisément sur ce point, en s’efforçant d’éclairer tout le parcours d’Émile Bernard et en mettant en évidence, auprès de trois tableaux (dont un bel Autoportrait), l’un des points incontestablement forts de sa création, son œuvre magistral de graveur et de lithographe, notamment comme illustrateur de livres. Cette exposition, qui doit beaucoup au soutien constant de Madame Lorédana Harscoët- Maire, la petite fille d’Émile Bernard, que nous tenons à remercier chaleureusement ici, permet une fois encore de mettre en valeur les richesses de la bibliothèque de l’INHA, celles qui lui viennent du grand collectionneur Jacques Doucet, lequel fit très tôt, avec un goût très sûr, l’acquisition d’estampes de l’artiste, parmi lesquelles l’étonnante série des zincographies des Bretonneries. Il convient enfin de remarquer que cette exposition vient à son heure puisque son commissaire, Neil McWilliam, que nous remercions également – ainsi que Laura Karp-Lugo, qui a grandement contribué à la réalisation du projet –, publie dans le même temps, aux Presses du réel, avec le concours de Lorédana Harscoët-Maire et de Bogomila Welsh-Ovcharov, deux volumes de correspondances d’Émile Bernard qui permettront, il faut l’espérer, de réévaluer l’importance de cet artiste.