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COPPIER, André Charles
Mis à jour le 5 mars 2013
(17 novembre 1866, Annecy – 30 septembre 1948, Talloires)
Doctorant en histoire de l’art, chargé d’études et de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art
Auteur(s) de la notice : POUY, Léonard
Profession ou activité principale
Peintre-graveur et historien de l’art
Autres activités
Médailliste, illustrateur, critique artistique, poète
Sujets d’étude
Gravure, Rembrandt, Léonard de Vinci, Albert Besnard, Haute-Savoie, alpinisme
Carrière
1866 : naissance le 17 novembre à Annecy, Haute-Savoie
1882 : élève à l’École des Ponts et Chaussées ; fréquente les ateliers d’Augustin Feyen-Perrin (1826-1888) et de Frédéric-Auguste Laguillermie (1841-1934)
1890 : première exposition de gravures au Salon des artistes français
1891 : médaille de 3e classe au Salon de la Société des artistes français ; bourse de voyage du Conseil supérieur des beaux-arts
1894 : exposition au Salon de la Société des artistes français
1897 : première exposition de tableaux au Salon de la Société des artistes français
1900 : médaille d’argent à l’Exposition Universelle de Paris
1901 : médaille de 1re classe au Salon de la Société des artistes français
1903 : exposition à Londres ; enseigne la gravure à Charles Cottet
1912 : exposition au Salon de la Société des artistes français ; mission du Ministère des Beaux-Arts pour l’art populaire en Savoie
1921 : prend part à trente-six salons annuels et vingt-deux expositions organisées à l’étranger par l’État
1925 : membre du comité d’administration et du jury de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels modernes de Paris
1926 : officier de la Légion d’honneur
1935 : polémique autour de la restauration du Titus du Louvre
1943 : condamnation pour « mise en circulation et utilisation de coupons ou tickets contrefaits et falsifiés » ; exclusion de la Légion d’honneur
1948 : réintégration en août de la Légion d’honneur ; mort à Talloires, le 30 septembre
Chevalier de la Légion d’honneur (1912)
Officier de la Légion d’honneur (1926)
Étude critique
André-Charles Coppier est aujourd’hui connu tant pour ses écrits que pour son œuvre graphique, pourtant longtemps reléguée en arrière-plan de son travail d’historien de l’art. Spécialiste de la gravure pour l’avoir pratiquée et même enseignée tout au long de sa vie, il est en effet l’auteur d’ouvrages majeurs pour l’histoire de cet art, comme en 1920, son catalogue raisonné de l’œuvre gravé d’Albert Besnard (dont le musée d’Orsay conserve un portrait de Coppier, exécuté vers 1890 ; son fils Philippe Besnard a, pour sa part, sculpté un buste à son effigie), et surtout, pour son catalogue raisonné des gravures de Rembrandt, plusieurs fois réédité et traduit. Fruits d’une érudition cultivée au gré de nombreux voyages, ces ouvrages permirent également la redécouverte d’autres grands maîtres comme Léonard de Vinci et Raphaël.
C’est à Annecy qu’André-Charles Coppier naît le 17 novembre 1866, fils de Marie-Dominique Coppier (1834-1914), sabotier et cordonnier, et de Françoise Ritz (1842-1917), ménagère, tous deux annéciens. Après un premier emploi au musée municipal où il se forme en autodidacte au dessin, Coppier entre à l’âge de 15 ans aux Ponts et Chaussées. C’est en qualité de graveur-médailliste qu’il intègre en 1887 à Paris les ateliers d’Augustin Feyen-Perrin (1826-1888), puis de Frédéric-Auguste Laguillermie (1841-1934), tout en continuant de se former dans les principaux musées de la capitale, ainsi qu’au Cabinet des estampes où il grave d’après les maîtres.
Le 26 juillet 1890, Coppier épouse Marguerite Dujardin (1866- ?), couturière parisienne. La même année, il est exposé pour la première fois au Salon de la Société des artistes français : L’Ange quittant la famille de Tobie, d’après Rembrandt et Les Femmes fellahs, d’après Fromentin. Médaillé de la 3e classe au Salon de 1891 pour une gravure réalisée d’après un portrait de Rembrandt au Louvre, il obtient une bourse de voyage du Conseil supérieur des Beaux-Arts qui lui donne l’occasion de visiter l’Italie, l’Angleterre, la Belgique et les Pays-Bas ainsi que l’Allemagne et l’Autriche où il découvre et étudie les maîtres du Moyen Âge et de la Renaissance. Travaillant alors entre Paris, la Savoie, et l’Italie, Coppier divorce le 20 juillet 1893. L’année suivante, il expose au Salon de la Société des artistes français des tableaux religieux et des paysages montagneux de la Tarentaise, ainsi que quelques études des mœurs et coutumes des habitants des Alpes avec un soin tout particulier au rendu détaillé des tissus. C’est toutefois à l’art de la gravure qu’il se consacre le plus, notamment la reproduction de tableaux de grands maîtres. Coppier grave ainsi d’après Antonello de Messine (Le Condottière), Holbein, Watteau (L’Ebarquement pour Cythère) et surtout Rembrandt : ainsi, au Salon de 1890, L’Ange Raphaël quittant la famille de Tobie (n°4939) ; en 1891, Portrait de Rembrandt (n°3289) ; en 1892 et 94, Le Doreur et La Ronde de nuit (n°35911-2, n°4146) et, en 1897, Les Pèlerins d’Emmaüs et Les Syndics des drapiers (n°3939-40). Ces deux dernières seront notamment reprises en 1899 dans son ouvrage de vulgarisation artistique Les Maîtres du passé, recueil de vingt-cinq planches gravées à l’eau-forte ou au burin, accompagnées d’un texte par Coppier. Classé hors concours au Salon de 1897, Coppier se distingue à l’Exposition Universelle de 1900, où il obtient la médaille d’argent. Le grand prix revient alors au peintre Pascal Dagnan-Bouveret, dont il rédigera, avec Jean Dampt, le catalogue de l’œuvre peu après la mort de l’artiste en 1929. Coppier reçoit enfin une médaille de 1ère classe au Salon de 1901.
Vers 1903, il enseigne par la suite la gravure à Charles Cottet, avec lequel il continuera de collaborer, et publie certaines de ses études à Londres chez Boussod, Valadon & Cie, successeurs de Goupil & Cie. Le 28 octobre 1903 naît son fils Jean-Joseph-Henri Coppier, futur colonel de l’armée de l’air, et le 17 septembre 1906, Coppier épouse Henriette-Anne-Ernestine, dite « Rirette » Bonneau. Le couple acquiert une maison à Montigny-sur-Loing, en Seine-et-Marne et deux filles naissent de leur union : Marie-Thérèse et Denise Coppier, laquelle épousera plus tard un haut-fonctionnaire nommé Louis Pichat, dont Besnard exécutera le portrait en 1916. Installé à Paris, boulevard Saint Germain, puis rue de Pontoise, Coppier devient membre de la Société nationale des beaux-arts et de divers jurys. Il expose à Saint-Louis, aux États-Unis, et participe au grand prix de la chalcographie du Louvre. Introduit par Besnard, alors membre de l’Institut et directeur de l’Académie de France à Rome, Coppier est nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 31 octobre 1912 rendu sur le rapport du ministre de l’Instruction Publique en qualité de graveur. La même année, il reçoit du ministère des Beaux-Arts une mission pour valoriser l’art populaire en savoyard.
Les années 1910 marquent surtout la publication de ses premières recherches en histoire de l’art, dans un climat de polémiques. Avec la disparition de la Joconde en août 1911, la presse s’enflamme en effet au point de se demander si l’œuvre volée n’était pas une copie. Connu à cette époque pour avoir gravé La Cène (chalcographie du Louvre, n° KM006753), Coppier en appelle à la raison et s’appuie, pour démontrer le contraire, sur des preuves d’ancienneté de l’œuvre dans une lettre adressée au journal L’Excelsior, n’ayant aucun doute qu’il s’agisse bien là de l’œuvre originale du maître italien. Il voit dans son craquelé un « réseau absolument inimitable », « l’empreinte de son pouce vivant […] et du temps sur le panneau ». Ces trois années de recherches et d’enquêtes sur Léonard de Vinci seront notamment d’une aide très précieuse lors de la restauration de La Cène. Visiblement fasciné par Léonard, Coppier cherche également, dans un article publié en août 1912 dans La Revue de l’art ancien et moderne, à identifier le portrait du Louvre appelé, à tort selon lui, La Belle Ferronnière, comme un portrait de Lucrezia Crivelli. Il y voit notamment le modèle de La Vierge aux rochers de Londres, tableau qu’il attribue, aux côtés d’autres critiques, au collaborateur milanais de Léonard, Ambrogio de Predis. À l’inverse, Coppier soulève en janvier 1914, avec Carlo Pedretti, Giovanni Poggi et André Dezarrois, des doutes sur l’identité de La Joconde. Il cherche alors à prouver dans Les Arts que le portrait du Louvre peint par Léonard ne peut représenter Lisa Gherardini, soit l’épouse du marchand Francesco del Giocondo, ni même telle ou telle « matrone » florentine. Il y voit au contraire le portrait d’une personne idéalisée, en raison du style de vêtement de la jeune femme sur lequel ne figure certes aucun élément allégorique, mais pas plus de symboles de statut. Ces études, annonçant celles de 1928 sur Raphaël, seront finalement rassemblées dans la Revue des deux mondes en 1923.
Aussi à l’aise dans l’attribution de portraits italiens de la Renaissance que dans celle de cuivres et estampes de Rembrandt, Coppier revient en mars 1913 dans La Revue de l’art ancien et moderne, mais dans un autre registre cette fois, montrant avec « Les eaux fortes et les procédés de gravure de Rembrandt » l’imitation et la copie de compositions peintes par son ami Jan Lievens, avec lequel Rembrandt collabora dans ses premières années. Le 20 mars de l’année suivante, Coppier achève son Rembrandt, qui ne sera, guerre oblige, publié que six années plus tard, en 1920. L’objectif y est double : compléter l’ouvrage d’Émile Michel paru en 1893 et se placer dans le sillon, non sans le critiquer, d’un Fromentin « qui en a parlé […] avec cet art délicat d’un maître doublement érudit comme écrivain et comme peintre », (p. 87). De même, chez Coppier, c’est à la fois le poète et l’historien qui déclare que « Rembrandt est à l’école hollandaise ce que le Rhin, dont il a reçu le nom, est à l’ensemble des eaux de son pays natal ». Dès 1917 paraît toutefois Les Eaux-Fortes de Rembrandt, portant sur l’ensemble de son œuvre gravé, cuivres compris, et la technique de La Pièce aux cent florins. Réédité et enrichi en 1922, puis en 1929, l’ouvrage se compose finalement de trois grande parties consacrées à la vie et l’œuvre du maître, à sa technique de la gravure et enfin au catalogue chronologique des eaux-fortes et des états de sa main. Coppier s’inscrit ainsi explicitement dans la longue et noble généalogie des spécialistes de Rembrandt, depuis Edme Gersaint et Adam Bartsch en 1751 et 1797, Charles Blanc en 1873 (dont il élimine plus d’un tiers des pièces cataloguées), Dimitry Rovinski en 1890, et plus récemment, Arthur Mayger Hind en 1912 pour ne citer qu’eux. Dans l’avant-propos de l’édition de 1917, Coppier déclare néanmoins : « Ceci n’est pas un nouveau catalogue, ce n’est qu’une étude sincère, profondément respectueuse, des buts recherchés par Rembrandt et des moyens dont il s’est servi pour exprimer, par la gravure, ses conceptions complexes ou primesautières, suivant l’époque de sa vie ou l’humeur du moment. »
Prônant une critique d’art dont l’exercice devrait être réservé aux seuls experts « capables de renouveler l’expérience graphique qu’ils ont à apprécier », Coppier porte en effet une attention toute particulière à la technique du maître, mais également à l’interprétation de ses œuvres, en plus des questions de chronologie et d’attribution. Il voit ainsi dans le Phénix de 1658, intitulé selon lui à tort, la réponse « humoristique » et « vengeresse » de l’artiste à certains de ses ennemis. L’année 1658 marque en effet le départ de Rembrandt de la Breedestraat et la liquidation de ses biens. Coppier relie aussi la présence d’Icare, représenté au sol dans la gravure, à la toute récente sculpture de Quellinus pour le « fronton de la Chambre des Insolvables qui avaient signé l’arrêt condamnant Rembrandt » (p. 78-79). L’interprétation de cette gravure continue encore aujourd’hui de résister aux historiens, et si on a pu y voir une image de la bataille des dunes, le couronnement de l’empereur Léopold Ier ou les armes d’une communauté juive portugaise, aucune hypothèse n’écarte de manière définitive celle, tout aussi plausible, proposée par Coppier dès 1917.
En tentant ainsi de faire de l’histoire de l’art une science exacte, appuyée sur une recherche historique et scientifique rigoureuse, Coppier devient rapidement une personnalité éminente de la discipline. Membre actif à titre gratuit de la Commission de restauration des œuvres d’art des musées nationaux à partir de 1919, le graveur-historien réside alors à Paris, boulevard Arago. Sa carrière artistique n’est cependant pas en reste et dès 1921, Coppier a déjà pris part à 36 Salons annuels et 22 expositions organisées à l’étranger par l’État. Dans une manière que Gustave Kahn qualifie de « scrupuleuse et intuitive », il grave alors surtout des vues de Paris, de Venise ou de Ravenne, ainsi que des scènes de genre et des portraits d’après ses propres dessins. Son objectif, ainsi qu’il se plaît à le dire lui-même, est « la recherche d’une exécution expressive variant avec chaque sujet ». À son talent d’observateur, Coppier joint un soin tout particulier du détail dans ses portraits, peintures de genre et paysages faisant de lui le témoin idéal de la vie savoyarde de l’époque. Sa précision tend en effet au documentaire voire à l’historique en ce qu’elle offre au spectateur moderne une représentation fidèle de paysages anciens, rétablissant « la vraie toponymie savoyarde, que les étrangers ont modifiée, sans mandat ».
Connu pour ses travaux sur Rembrandt et Léonard, Coppier l’est tout autant pour ses nombreux ouvrages d’art sur le Mont-Blanc, le lac d’Annecy et la Haute-Savoie. Cet autre versant de son œuvre littéraire puise en effet son inspiration dans les paysages savoyards, et également dans les costumes, coutumes et caractères régionaux, que Coppier a décrits tout au long de sa vie. En 1924, il publie L’Art en Haute-Savoie, ainsi que ses luxueux Portraits du Mont-Blanc, richement illustrés. Prônant un « alpinisme contemplatif » et poétique, Coppier s’oppose, en esthète de la montagne, aux adeptes d’une discipline de plus en plus technique. S’adressant tant aux alpinistes qu’aux admirateurs de la montagne, il prédit la prévalence de l’alpinisme contemplatif sur l’acrobatique et souhaiterait que l’on regarde mieux la montagne, afin de lui créer une esthétique nouvelle depuis celle romantique. Dans « Au lac de Talloires », article paru en 1926 dans L’Illustration, Coppier évoque le paysage de la partie méridionale du lac et les peintres comme Cézanne qui l’ont approchée et interprétée sur leurs toiles. En 1931 paraît De Tarentaise en Maurienne, ouvrage pour lequel il réalise, là encore, le texte et l’illustration. La technique du brou de noix lui permet d’accentuer les contrastes de lumière tandis que l’aquarelle en couleur privilégie le rendu lumineux de l’instantané.
Membre du comité d’administration et du jury de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, Coppier crée en 1925 le modèle des titres et des coupures d’entrées. Parrainé par le peintre Ferdinand Humbert, élève de Fromentin et de Cabanel, il est promu au grade d’officier de la Légion d’honneur par décret du 9 mai 1926 rendu sur le rapport du ministre du Commerce en qualité de « peintre, graveur et écrivain d’art à Paris » (Matricule n°86415). En 1928 paraît son ouvrage sur la Chambre de la Signature et, l’année suivante, la dernière édition de son catalogue raisonné des eaux fortes de Rembrandt, qu’il dédie au peintre Ernest Laurent. Coppier est alors considéré comme l’un des principaux spécialistes du maître hollandais et lorsque, dans La Revue du vrai et du beau, Paul Louveau-Rouveyre publie « Rembrandt et ses experts, essai sur la coopération intellectuelle », on le retrouve cité parmi les autres destinataires des lettres ouvertes : Frederik Schmidt-Degener, « Son Excellence » Wilhelm von Bode, Abraham Bredius ou encore Marcel Nicolle.
Inaugurée sur fond de scandale avec le vol de la Joconde, la carrière de Coppier en tant qu’historien de l’art prend fin avec le débat qui s’installe en décembre 1935 autour de la restauration du Portrait de Titus par Rembrandt, conservé au Louvre. Estimant que le dévernissage du Portrait de jeune homme devrait être l’occasion de rebaptiser le tableau Portrait de Titus, Coppier est alors l’un des rares à louer les « vertus remémoratives » d’une œuvre exécutée par un artiste à la mémoire de son fils, qui fut lui-même peintre : « Les marchands de tableaux ont effacé les signatures de Titus sur les toiles qu’ils ont attribuées à son père ; et il ne resterait de ce jeune artiste, dont les contemporains ont écrit qu’il pratiquait habilement son art, que les quelques portraits anonymes où les érudits seuls reconnaissent les traits si passionnément aimés par Rembrandt. Une telle injustice doit être réparée. C’est pourquoi le Louvre lui doit de mettre son nom sur cette toile. » Dans un texte paru dans Comoedia le 20 décembre 1935, Coppier souligne, toujours sur un ton polémique, son attachement à l’intégrité des œuvres : « L’objet de leur entretien est-il de les laisser s’embuer progressivement sous les crasses et l’opacité des vernis desséchés par les radiateurs d’un Musée – et dans ce cas à quoi servent les conservateurs ? Ou bien leur conservation est-elle – par définition – l’art administratif de les maintenir dans l’état où les maîtres nous ont légué leurs hautes leçons graphiques ? »
Le 20 juin 1941, le tribunal correctionnel d’Annecy condamne Coppier à quinze jours d’emprisonnement avec sursis et à 200 francs d’amende pour « mise en circulation et utilisation de coupons ou tickets contre-faits et falsifiés ». Tandis que le graveur met ses talents d’artiste au service de la résistance, son propre fils dirige un réseau dans les massifs de la Chartreuse et de Belledonne. Exclu de la Légion d’honneur le 20 mars 1943, Coppier la réintègre néanmoins à sa demande après la guerre, le 11 mai 1948. Il s’éteint dans la nuit du 30 septembre de la même année, inhumé dans son village de Talloires, le « Nice de la Savoie » où Besnard avait, dès 1886, trouvé son Île heureuse (1900). Toute sa vie durant, Coppier est resté fidèle à sa région natale. Il s’y était même fait construire au début des années 1910 une majestueuse villa italianisante, destinée à devenir l’écrin de ses collections. Bâtie d’après ses plans, sur un socle en contre-haut d’un grand escalier, sa pergola offre encore aujourd’hui une vue imprenable sur le lac d’Annecy. Aussi n’est-il pas étonnant que Coppier ait considéré sa villa comme « son œuvre préférée. »
Léonard Pouy, doctorant en histoire de l’art, universités de Paris-Sorbonne et de Genève, chargé d’études et de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art.
Principales publications
Ouvrages et catalogues d’exposition
- Les Maîtres du passé. Paris : chez l’auteur, 1899, 29 p., ill. (recueil de 25 estampes au burin et à l’eau-forte accompagnées d’un texte explicatif).
- Les Eaux-fortes de Rembrandt, L’ensemble de l’œuvre gravé, la technique des « Cent florins », les cuivres gravés. Paris : Berger-Levrault, 1917, 138 p., ill.
- Rembrandt. Paris : Félix Alcan (« Art et esthétique »), 1920, 202 p., ill.
- Les Eaux-fortes de Besnard. Paris : Berger-Levrault (« Art et esthétique »), 1920, 112 p., ill.
- Les Eaux-fortes de Rembrandt, L’ensemble de l’œuvre, La technique des « Cent Florins », Catalogue chronologique des Eaux-fortes et des États. Paris : Armand Colin, 1922, 149 p., ill., 3 pl.
- Au Lac d’Annecy : aquarelles, dessins au roseau et au brou de noix et textes. Chambéry : Dardel, 1923, 118 p., nb. ill.
- Les Portraits du Mont-Blanc. Chambéry : Dardel, 1924, 128 p., 125 pl., aquarelles, pastels, dessins au roseau et brou de noix de Coppier.
- L’Énigme de la “segnatura”, étude historique et technique de la collaboration de Raphaël et du Sodoma. Paris : H. Floury, 1928, 80 p.
- Les Eaux-fortes authentiques de Rembrandt, La vie et l’œuvre du maître, La technique des pièces principales, Catalogue chronologique des eaux-fortes authentiques et des états de la main de Rembrandt. Paris : Firmin-Didot et Cie, 27 décembre 1929, 2 vol., 114 p., 128 pl.
- Catalogue des œuvres de M. Dagnan-Bouveret (peintures). Collab. de Jean Dampt. Paris : Chez Maurice Rousseau, Librairie du Bulletin de l’Académie des Beaux-Arts, 1930, 32 p., 36 pl. de Dagnan-Bouveret.
- De Tarentaise en Maurienne. Chambéry : Dardel, 31 décembre 1931, 112 p., aquarelles, dessins au brou de noix et au roseau, peintures, eaux fortes et texte d’André Charles Coppier.
- Rembrandt, eaux-fortes. Paris : Encyclopédie Alpina Illustrée, 1936-1938, 44 p.
- Albrecht Dürer, Burins. Paris : Encyclopédie Alpina Illustrée, 1936-1941, 44 p.
Sélection d’articles
- « Nos chefs-d’œuvre maquillés ». Les Arts 136, janvier 1913, p. 26-31.
- « La “Joconde” est-elle le portrait de “Mona Lisa” ? ». Les Arts 145, janvier 1914, p. 2-9.
- « Rembrandt et Spinoza, Persécutions exercées contre eux ». Revue des deux mondes, t. XXXI, janvier/février 1916, p. 160-191.
- « Les eaux fortes de Rembrandt d’après ses cuivres originaux ». Revue des deux mondes, t. XXXVII, janvier 1917, p. 145-166.
- « La rançon de nos cathédrales ». Revue des deux mondes, t. XLVIII, novembre/décembre 1918, p. 876-897.
- « Art comparé, la primauté et la suprématie de l’art de France ». Les Arts Français 27, 1919, p. 41-52.
- « Les vierges aux rochers et la légende de la Joconde ». Revue des deux mondes, t. XIV, mars/avril 1923, p. 189-212.
- « Un portrait de Spinoza, par Rembrandt ». L’Illustration, n°4217, 29 décembre 1923.
- « Vers l’alpinisme contemplatif ». La Montagne, Revue mensuelle du Club alpin français, Vol. XX, 1924, nos 168-177, Paris, 1924.
- « Au lac de Talloires ». L’Illustration, 1926.
- « Un portrait de Rembrandt inédit ». Gazette des Beaux-Arts, 69e année, 2e semestre, juillet-août 1927, 779e livraison, 5e période, 16e tome, p. 43-50.
- « Trois lettres de Gabriel Fauré ». Candide n° 293, 24 octobre 1929, p. 13.
- « Iconographie calvinienne, reproduction d’un portrait de Calvin trouvé par M. Coppier dans la pochette d’un livre de raison (1565-1606), relié en parchemin ». Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme, janvier/mars 1931, p. 92-93.
- « La résurrection de Titus van Rhijn ». Journal des débats, 147e année, n° 346, 14 décembre 1935, p.1.
- « “Titus” n’a été que décrassé, nous écrit M. André-Charles Coppier qui apporte sur cette polémique de curieuses lumières à propos du choeur des mécontents ». In Gaston Poulain. Comoedia, 20 décembre 1935.
- « Le rôle artistique et social des orfèvres-graveurs français au moyen-âge ». La Gazette des Beaux-Arts 79, 1937, p. 270-271.
- « Le Saint-Suaire de Turin ». Mercure de France, n° 959, Paris, 1er juin 1938, 10 p.
- « Le soleil noir de la Mélancolie ». Mercure de France, 1er août 1939, p. 607-610.
- « Le trésor de la Savoie : une gravure savoyarde du XVIe siècle : l’Annonciation », Revue de Savoie. Chambéry, Dardel, 1er trim. 1943, p. 56-58, ill.
Publications artistiques
- Mugnier, François. – « Communication sur des dessins et une gouache, copiés par Coppier ». Mémoires et documents de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, 1887, vol. 26, p. 17.
- Mugnier, François. – Notes et documents inédits sur les évêques de Genève-Annecy 1535-1879, Paris, Champion, 1888, 360 p., ill., avec 10 portraits à l’eau-forte par Charles Coppier (2nde éd. rev. et aug. La première édition de ces notes et documents a paru, en 1886 et 1887, dans La Revue savoisienne).
- Theuriet, André. – Fleurs de cyclamens, Illustrations de Ch. Coppier, Paris, A. Girard, 1899, 39 p. (10 eaux-fortes en couleur et encadrement à chaque page).
- Lamartine, Alphonse de. – Méditations poétiques, Compositions de H. Guinier, gravées à l’eau forte par Charles Coppier. Paris, Société des Amis des livres, 1910, 137 p.
- Lamartine, Alphonse de. – Nouvelles Méditations poétiques, Compositions de H. Guinier, gravées à l’eau forte par Charles Coppier. Paris, Société des Amis des livres, 1910, 177 p.
- « Le Nocturne de l’île aux cygnes ». L’Arcade 5, août 1935 (poème composé le 10 septembre 1888).
Traductions et rééditions
- Rembrandt-Radierungen. In Weichardt Walter, dir. Liebhaberdrucke der Deutschen Buchgemeinschaft. Berlin : H. E. Günther (« Sammlung Parthenon »), vol. 12-13, 1939, 200 p. ; rééd. Zurich : Manesse Verlag, 1947, 216 p.
- Albrecht Dürer-Kupferstiche. Berlin : H. E. Günther (« Sammlung Parthenon »), 1939, 40 p.
- Acqueforti di Rembrandt. Novara : Istituto Geografico De Agostini, Documentario Fotografico Athenaeum, 1941.
- Alberto Durer, Incisioni. Novara : Istituto Geografico De Agostini, Documentario Fotografico Athenaeum, 1942.
- Les Eaux-fortes authentiques de Rembrandt. La vie et l’œuvre du maître. La technique des pièces principales. Catalogue chronologique des eaux-fortes authentiques et des états de la main de Rembrandt. Paris : Firmin-Didot et Cie, 1948, 2 vol., 114 p., ill. et 128 f. de pl. (Album des reproductions d’eaux-fortes), réédition revue et corrigée.
- La Vie traditionnelle en Savoie. Montmélian : La Fontaine de Siloé (« Les Savoisiennes »), 2001.
- Savoie, l’œuvre peint : tome I, de Tarentaise en Maurienne, traditions, mœurs & costumes de Savoie ; tome II, Les Portraits du Mont-Blanc ; tome III, Au lac d’Annecy, aquarelles, dessins au roseau et au brou de noix. Montmélian : La Fontaine de Siloé (« Les Savoisiennes »), 1992-95, 2002 (fac-simile de l’édition de Chambéry, Dardel, 1923-1931).
- Les Eaux-Fortes de Rembrandt ; l’ensemble de l’œuvre gravé ; la technique des « Cent Florins » ; les cuivres gravés. Charleston : Nabu Press, 2010.
Bibliographie critique sélective
- Marguiller Auguste. – « Peintres-Graveurs contemporains : André-Charles Coppier ». Gazette des Beaux-Arts, 515e livraison, tome 23, 1er mai 1900, 5 p., p. 420-424.
- Blanchard Raoul. – « Coppier (André-Charles). — Les Portraits du Mont-Blanc. ». Revue de géographie alpine, année 1925, volume 13, n° 2, p. 441.
- M. L. – « De Tarentaise en Maurienne by André-Charles Coppier ». The Geographical Journal, Vol. 80, No. 6, Décembre 1932, p. 532.
- Ritz F. M. – « Hommage à André-Charles Coppier ». La Revue savoisienne, publication périodique de l’Académie Florimontane d’Annecy. N° 2, 89e année, 3 & 4e trimestres 1948.
- Accominotti Fabien. – Controverses autour de la restauration des peintures anciennes au musée du Louvre, Analyse comparée de deux corpus de textes. Mémoire de sociologie, École des hautes études en sciences sociales, 2005, 54 p., p. 11-12, 17, 23, 26.
- Chorier Corinne. – « Dessins du fonds Coppier, Acquisitions du Conservatoire d’art et d’histoire de la Haute-Savoie ». La rubrique des patrimoines de Savoie, Conservation Départementale du Patrimoine, n° 22, décembre 2008, p. 10.
Sources identifiées
Annecy, Archives départementales de la Haute-Savoie
- Exposition de tableaux, pastels, aquarelles, dessins et eaux-fortes de Albert Besnard… au profit des œuvres de guerre, dans les salons de l’hôtel de ville d’Annecy, Annecy, 1918, 8 p. Section brochures, cote : Br 107.
- L’Art en Haute-Savoie, 1924, 40 p. Section brochures, cote : Br 2984.
- Panisset, Gérard. – Des noms et des hommes : aujourd’hui les Coppier, Chambéry, Le Dauphiné Libéré, 2003, section Dossier documentaire, cote DOC494.
Fontainebleau, Archives nationales, Fonds de la Légion d’honneur
- Cote Leonore : 19800035/754/85528. N° de notice : c-231654, 1 dossier, 26 feuillets.
Paris, Archives nationales, Fonds Sembat, Agutte et familles alliées (XVIIe-XXe siècles), 637 AP, Répertoire numérique détaillé
- Carton 637 AP 173, Correspondance reçue par M. Sembat de personnalités du monde politique, littéraire et artistique (classement alphabétique). 1891-1922.
- Dossier 2. C. 1901-1922 et s.d. : Coppier (André-Charles), peintre et graveur, et sa femme, 1 lettre à M. Sembat et G. Agutte, 1922 ;
- Dossier 3. D-E. 1891-1921 et s.d. : Dayot (Armand), directeur et fondateur de la revue L’Art et les Artistes, 8 lettres dont 1 article sur Coppier (lettre du 7 mai 1921), publié en 1921 et 1 enveloppe, 1913-1921 et s.d.
- Carton 637 AP 207, Papiers personnels de Georgette Agutte, 1877-1922.
- Dossier 2, correspondance générale (1891-1922) : Coppier (Mme André-Charles), 1 lettre, 1918.
Paris, Bibliothèque de l’INHA-collections Jacques Doucet
- Autographes 033, 26, graveurs A-DEN – Coppier, André-Charles (28 juillet 1912 – Décembre 1927) – Dossier contenant 40 pièces dont 31 lettres autographes signées et datées du 28 juillet 1912 à décembre 1927, 7 lettres autographes signées et non datées, 1 carte de visite signée et datée du 2 mai 1914 ; 1 carte de visite signée et non datée. L’ensemble adressé à Léon Rosenthal.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département de Recherche bibliographique. Archives de biographies contemporaines
- Recueil. Dossiers biographiques Boutillier du Retail. Coupures de presse relatives à des personnalités françaises et étrangères. Documentation sur André-Charles Coppier, Paris-Midi, 19 juillet 1943, 1 pièce.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et Plans
- Panorama d’Annecy au Mont Blanc (document cartographique), Annecy, C. Burnod, 1887.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie
- Recueil. Œuvre de Charles Coppier. Doc. iconogr. ; formats divers
- Au Pays de la mer (ou Triptyque des adieux), estampe gravée par Charles Cottet en collaboration avec Charles Coppier, Paris, Chalcographie du Louvre, 1909, 3 estampes sur 1 f.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits occidentaux
- NAF 16870. XXV Cahen – Crozier, f. 237-243, Lettres adressées par Coppier à Fernand Vandérem (1892-1931).
- NAF 19169. CLXIX Cecchi à Curtius, f. 305-307. Fonds Paul Valéry, correspondance.
Paris, Hôtel Drouot
- Vente Beaussant et Lefèvre du 2 avril 2008, Aquarelles, brou de noix, livres et gravures provenant de l’atelier de André-Charles Coppier (1867-1948), lot. 52-95.
- Vente Beaussant et Lefèvre du 11 juin 2008, Aquarelles, brou de noix, gravures et livres provenant de l’atelier de André-Charles Coppier (1867-1948), lot. 135-195, 297.
Vesoul, Archives départementales de la Haute-Saône
- 12J – Fonds Dagnan-Bouveret (1852 – 1958), Correspondance reçue d’André-Charles Coppier (1925-1929).
En complément : Voir la notice dans AGORHA