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Donner du sens aux traces
Mis à jour le 15 juillet 2024
Vademecum Histoire des arts | Collège
Alain Schnapp est archéologue et historien, fondateur en 2001 de l’Institut national d’histoire de l’art qu’il dirige jusqu’en 2005. On lui doit un très grand nombre d’essais dont le dernier est une monumentale Histoire universelle des ruines, des origines aux Lumières. Le court texte qui suit est non seulement le rappel de ce qu’est et n’est pas l’archéologie moderne mais aussi la mission qui incombe fondamentalement à tout historien des arts, néophyte ou expert : interpréter un terrain pour lui donner sens.
L’archéologie vise autre chose que la simple quête de l’antiquité, elle procure la sensation d’accéder de façon presque charnelle aux temps révolus, de découvrir les traces d’hommes et de femmes du passé et d’établir une sorte de contact direct avec eux. L’archéologue ne peut se satisfaire des seuls textes ou des mythes, il lui faut du tangible, un espace qu’il investit, qu’il explore et qu’il excave, bref ce que nous appelons un terrain. […] L’excavation du sol ouvre un chemin nouveau de connaissance ; et, si elle s’allie avec la redécouverte d’une écriture ancienne, alors le succès de l’archéologue est assuré : il a établi un pont solide entre les deux types de données. […] L’archéologie triomphante va de pair avec la philologie conquérante qui déchiffre les écritures cunéiformes ou hiéroglyphiques. Saxa loquuntur, es pierres parlent. Cela peut s’entendre de deux façons : les pierres parlent parce qu’on déchiffre les inscriptions qu’elles portent ou parce que l’on est capable de les interpréter, que leur présence dans le paysage fait sens, que leur style et leur type de construction renvoient à des classes de monuments que l’archéologue est capable d’identifier. Ce qui différencie l’archéologue de l’antiquaire, c’est précisément cela : la capacité de donner du sens aux traces, objets et monuments qui constituent le terrain.
Alain Schnapp
Éclairage
Les photographies de Pascal Convert s’inscrivent dans l’histoire des origines de la photographie et de ses liens indéfectibles avec l’archéologie. Dans sa proposition pour le Louvre-Lens, il documente, témoigne, fait état et la photographie devient relevé archéologique. Cette œuvre monumentale constituée de 15 panneaux différents donne à voir une vue panoramique de la falaise. Le regard du photographe se fait « archéologique » confronté aux traces du passé. De larges trous noirs, les niches où se dressaient les deux statues colossales de Bouddhas debout, taillées à même la falaise au cours du vie siècle de notre ère, témoignent des destructions par les Talibans en mars 2001. Ces images de ruines, en lien avec les conflits géopolitiques, donnent à réfléchir sur « le gémissement des pierres sous les coups des pioches » selon les mots de l’auteur égyptien du XIIe siècle Al-Idrîsî cité par Alain Schnapp.
Ressource : Entretien avec Alain Schnapp
Ouvertures
La mission photographique de la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) enregistre au début de l’année 1984 ses premières livraisons. Plus qu’un simple souci de garder une trace, les séries donnent à « représenter le paysage français des années 1980 » et permettent une nouvelle compréhension du quotidien comme du patrimoine. Elles se réfèrent aux grandes figures tutélaires de la photographie documentaire (l’Allemand August Sander et l’Américain Walker Evans), héritière de projets emblématiques de l’histoire de la photographie – comme la Mission héliographique de 1851 ou le projet de la Farm Security Administration (1935-1942). Si le procédé de la plaque autochrome inventé par Louis Lumière permet une entrée fracassante de la photographie en couleur dans l’histoire de l’art, son esthétique a rapidement été mise au service d’un projet exceptionnel pensé et dirigé par Albert Kahn consistant selon lui à « fixer une fois pour toutes des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps. » Ainsi, des opérateurs, durant plus de 20 ans, vont sillonner le monde et enrichir les « Archives de la Planète » de 180 000 mètres de pellicule cinéma (une centaine d’heures de projection), 4 000 plaques stéréoscopiques noir et blanc et la plus importante collection mondiale d’autochromes soit 72 000 clichés.
Ressources :
Pistes pédagogiques
1.Réaliser un carnet de voyage collaboratif autour des principaux vestiges incas à l’aide de ressources en ligne
Ressources :
Photographies, cartes et programmes de protection sur les sanctuaires historiques incas
2. Étudier la notion de friches urbaines, leur représentation (photographique et graphique) et leur potentiel poétique. À partir d’un exemple de vestiges de l’industrialisation, à proximité de l’établissement, engager un débat sur les formes de la décroissance, évoquer une époque révolue et imaginer un renouveau.
Ressource : Les friches urbaines dans la littérature, la photographie et le cinéma français
3. Rédiger un livret de visite après la visite d’un chantier de fouilles archéologiques dans la région. Les élèves s’approprient les gestes de l’archéologue et sensibilisent leurs camarades aux risques qui pèsent sur le patrimoine archéologique.
Ressources :
4. Interroger la présence du patrimoine musulman, découvrir les traces du passé enfoui et oublié de la civilisation de l’Islam, faire parler un objet issu des fouilles à la première personne.
Ressource : Nos ancêtres sarrasins sur les des traces laissées en France par les civilisations arabo-musulmanes
Références au programme du cycle 4
Histoire des arts
Thématique 2 : Formes et circulations artistiques (IXe-XVe s.)
Objet d’étude : La question de l’image entre Orient et Occident : iconoclasme et discours de l’image
Enseignement moral et civique
Connaissances et compétences : L’engagement ou les engagements – Comprendre les valeurs qui déterminent l’engagement de l’État à l’international
Objet d’enseignement : l’engagement solidaire et coopératif de la France : les coopérations internationales
Histoire
Repères annuels de programmation : Thème 3 Transformations de l’Europe et ouverture sur le monde au XVIe et XVIIe siècles
Humanisme, réformes et conflits religieux
Niveau : classe de 5e
Géographie
Thème 1 L’urbanisation du monde
Espaces et paysages de l’urbanisation, géographie des centres et des périphéries
Niveau : classe de 4e
Compétences en histoire des arts
Associer une oeuvre à une époque et une civilisation à partir des éléments observés.
Attendus de fin cycle en histoire des arts
Se rappeler et nommer quelques oeuvres majeures, que l’élève sait rattacher à une époque et une aire de production et dont il dégage les éléments constitutifs en termes de matériau, de forme, de sens et de fonction
Connaissances et compétences associées en histoire des arts
Associer une oeuvre à une époque et une civilisation en fonction d’éléments de langage artistique
Domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Domaine 2 Les méthodes et outils pour apprendre