Informations sur l’INHA, ses actualités, les domaines et programmes de recherche, l’offre de services et les publications de l’INHA.
Fêter
Mis à jour le 17 juillet 2024
Vademecum Histoire des arts | Collège
Collective, instituée ou spontanée, costumée, dansante, la fête prend toutes les formes. Art total, la fête témoigne de la rencontre entre l’architecture, les arts visuels et la musique. Elle est le lieu d’expérimentations et d’expressions de nouvelles sensibilités esthétiques et politiques. Souvent abordée sous l’angle du merveilleux et du plaisir, l’historien de l’art interroge aussi ses traces, leurs sens, fonctions et diffusion. Pourquoi et comment capturer l’éphémère ? Les images de fêtes initient et perpétuent des constructions. Dans leur inscription spatiale et à l’échelle territoriale ou nationale, carnavals, cérémonies et réjouissances s’offrent comme le récit d’une communauté.
Ce qu’on appelle « bal », au cours des temps, a fini par s’identifier de manière si intime à la simple notion de divertissement qu’à l’exception de celui des Débutantes ou de quelques cérémonies viennoises encore cérémonieuses, il a même perdu son nom : quelle jeune fille aujourd’hui oserait dire : « Je vais au bal » ? Avec ses rites, son ordonnance, son cérémonial, c’est au contraire l’une des plus parfaites et profondes représentations que le XVIIe siècle puisse nous donner de lui-même. […] Si les sociologues et les philosophes étaient moins condescendants à l’égard de la musique et de ce qui l’accompagne, ils pourraient découvrir mille secrets aussi structuralistement révélateurs que ceux des Nambikwara et des Tupi-kawahib qui passionnaient Lévi Strauss, et descendre au cœur de la société de cour plus intimement que Norbert Élias. Le bal est alors le moment absolu de l’homme en représentation, c’est-à-dire, pensait-on dans sa perfection. Si nous pouvions imaginer les danseurs par couples (car on ne danse que deux par deux, dans l’ordre hiérarchique descendant, les regards convergents et sans indulgence de cette société tout entière assemblée), leurs saluts (au partenaire, au roi, puis aux assistants) (…) si nous pouvions nous représenter la transition insensible de la marche, puis de la révérence, puis de la danse, la délicatesse et la difficulté des pas, des attitudes, ondulations de la main, regards ; si nous savions faire le rapport entre ces mouvements, ces expressions, et la situation personnelle et sociale de ces personnages entre eux, non seulement nous commencerions à comprendre ce que cette société désirait de l’homme, son idéal (difficile, physiquement difficile…) de perfection humaine, mais bien des étrangetés de la vie « spectaculaire » du roi nous deviendraient intelligibles – et qui plus est, sans mots.
Philippe Beaussant
Éclairage
À Versailles, le divertissement est politique et se divertir par la danse est un sujet sérieux. Charles-Nicolas Cochin, dessinateur et graveur aux Menus Plaisirs, se fait chroniqueur de l’éphémère et perpétue au XVIIIe siècle, dans des planches de grand format, l’extraordinaire tradition de faste et de création inaugurée par Louis XIV. Il immortalise dans le bal des Ifs la fin des festivités offertes au château à l’occasion du mariage du dauphin Louis avec Marie-Thérèse d’Espagne en 1745. Dans la nuit du 25 au 26 février, 15 000 personnes se pressent dans la galerie des Glaces, lieu de pouvoir par excellence. La composition de Cochin est rythmée par les lustres de cristal, animée par les groupes en masque qui se font et se défont, arlequins aux côtés de bergères ou de sauvages. Au sein de la foule, les grands masques d’ifs suscitent la curiosité par leur étrangeté et bizarrerie. Cochin a su retranscrire dans ce cadre solennel, l’humour et le pittoresque qui participent au succès de la fête.
Ressources :
Une page Les fêtes à Versailles
Un article Les divertissements sous Louis XIV
Un dossier Découvrir le baroque
Le dossier pédagogique Fêtes et divertissements à la cour de Versailles
Ouvertures
Les sculptures-fontaines Les Belles Danses sont une commande publique adressée au sculpteur Jean-Michel Othoniel et au paysagiste Louis Benech pour le bosquet du Théâtre d’Eau à Versailles. Elles se veulent un hommage à l’esprit des fêtes au Siècle du Roi Soleil. Le réseau formel de nœuds et d’entrelacs en perles de verre, est inspiré de l’art classique du jardinier du roi André Le Nôtre et des notations mises en signes par le maître à danser Raoul-Auger Feuillet. Dans un tout autre contexte, les fêtes cérémonielles dogon sont à l’origine de la fascination et de l’attrait que cette société a exercé sur les ethnologues occidentaux. Photographiées par le lieutenant Louis Desplagnes, étudiées et décrites par l’écrivain, poète et critique d’art Michel Leiris, interprétées par l’ethnologue Marcel Griaule au temps des premières missions, puis filmées par le réalisateur et ethnologue Jean Rouch, ces images de fêtes rituelles capturées par le regard européen ont nourri l’imaginaire occidental
Ressources :
Le dossier Voyage à Bandiagara, le fonds de photographies de Desplagnes
1 Inscrire les fêtes (carnaval, célébration de la nouvelle année, fêtes citoyennes) dans leur dimension locale et internationale en s’attachant au contexte géographique, aux notions de territoire vécu et d’échelle.
Ressources :
Le dossier pédagogique Le monde à l’envers. Carnavals et mascarades d’Europe et de Méditerranée
Le dossier enseignant Fêtes et kermesses au temps des Brueghel
2 Questionner les liens entre le réel et l’imaginaire, le vrai et le faux, dans les œuvres d’art sur le thème du carnaval ou du charivari (peintures, gravures, photographies, cinéma).
3 Concevoir une mosaïque d’images sur le thème de la fête et lui faire correspondre un lexique des émotions (joie, excès, parodie, transgression, fantaisie et ferveur).
Ressources :
Des bases de données d’images sur la thématique de la fête sur Gallica
Un album thématique sur la fête, moments de danses, de joie et de retrouvailles
4 Aborder les fêtes indigènes dédiées aux morts et leurs expressions dans différentes cultures (chants, costumes, couleurs, danses, prières) : Famadihana à Madagascar, O Bon au Japon ou Gai Jatra au Népal.
Ressources :
Une émission sur les fêtes des morts dans le monde
Un documentaire sur la fête des morts dans un village indien du sud de la Huasteca au Mexique
Référence au programme de cycle 4
Histoire des arts
Thématique 4. État, société et modes de vie (XIIIe-XVIIIe s.)
Danse populaire, danse de cour, danse stylisée
Histoire
Thème 3 Transformations de l’Europe et ouverture sur le monde aux XVIe et XVIIe siècles
Du Prince de la Renaissance au roi absolu
En classe de 5e
Éducation musicale
Réaliser des projets musicaux d’interprétation ou de création
EMC
Compétences en histoire des arts
Associer une œuvre à une époque et une civilisation à partir des éléments obervés
Attendus de fin de cycle en histoire des arts
Se rappeler et nommer quelques œuvres majeures, que l’élève sait rattacher à une époque et à une aire de production et dont il dégage les éléments constitutifs en terme de matériau, de forme, de sens et de fonction
Connaissances et compétences associées en histoire des arts
Associer une œuvre à une époque et une civilisation en focntion d’éléments de langage artistique
Domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Domaine 5 Les représentations du monde et l’activité humaine