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Mis à jour le 15 juillet 2024
Vademecum Histoire des arts | Collège
Daniel Arasse est sûrement l’un des historiens de l’art français les plus connus pour avoir eu le grand mérite de sortir du cénacle des spécialistes afin de communiquer sa passion de l’histoire de l’art au grand public. L’érudition pour tous pourrait résumer sa démarche dont une partie est hébergée en ligne sur le site de France-Culture, faisant de lui un pionnier du podcast avant l’heure, savant et réjouissant. Au cœur de ses travaux, une histoire du détail dans l’art, une histoire rapprochée, est une entrée riche qui peut éveiller en chacun le désir de s’en saisir et de l’expérimenter à sa manière.
L’histoire de l’art est une accumulation d’histoires différentes. Dans l’histoire de loin, il y a beaucoup d’histoires intéressantes. Ce qu’on peut appeler l’histoire générale de l’art est intéressant. L’histoire de la succession des styles et de leurs éventuels contenus (…) mérite absolument d’être faite, et continuera de l’être, car sur le long terme les styles sont une réalité historique méritant réflexion. De même l’histoire sociale de l’art est absolument passionnante. […] Une autre des histoires qui s’intègrent à celles qui se font de loin est celle des problèmes artistiques. Par exemple, j’ai essayé de le faire pour l’Annonciation italienne et les problèmes de perspective. Je considère que c’est de l’histoire générale de l’art. Elle est faite de loin, en ce sens qu’elle prend un ensemble considérable de tableaux et une période longue, deux siècles et demi de peinture. Son objectif est général même si, dans le travail d’analyse ponctuel, l’histoire ne peut se faire que de façon rapprochée. L’histoire rapprochée ou l’histoire de près, c’était le sous-titre d’un de mes livres sur les détails : Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture. D’ailleurs ce sous-titre est un hommage à Hubert Damisch et à son livre Théorie du nuage. Pour une histoire de la peinture. […] Il y aurait d’abord ce que j’appelle le détail iconique, c’est-à-dire le détail qui fait image et qui est lié en général au message du tableau. Une mouche, par exemple (…). Le deuxième détail, je l’ai appelé le détail pictural. Au contraire du détail iconique, il correspond au moment où la peinture « se montre », où le pictural de la peinture se montre. (…) C’est la tache, la coulure. […] La fonction du détail est de nous appeler, de faire écart, de faire anomalie. L’histoire iconographique tend à penser que tous les détails sont normaux. Or ce qui m’intéressait, en tant que petit obsessionnel, c’était au contraire de dire que ce n’est pas normal, et de chercher les possibilités de cette anomalie. À ce moment là s’ouvre une histoire rapprochée qui implique autant de lectures de documents, et peut-être même plus, qu’une histoire de loin.
Daniel Arasse
Éclairage
Le concept d’histoire rapprochée de Daniel Arasse est un concept multiplement opératoire. En se focalisant sur un objet de représentation, on peut entrer de plain pied dans l’esprit d’une époque dont notre modernité a bien souvent tout oublié. Emmanuel Le Roy Ladurie, cité dans le livre de Camille le Doze consacré à la puce, relate : « Dans le lit, au coin du feu, les maîtresses épouillent leurs amants avec application ; les servantes épouillent leurs maîtres ; les filles épouillent leurs mères et les belles-mères, leurs futurs gendres » jusqu’à ce qu’à la fin du XVIe siècle paraissent plusieurs manuels de civilité qui définissent alors la chose comme indécente et en prohibent l’usage. Alors que le sujet traité par Georges de La Tour en 1638 témoigne d’un épuçage assumé, La femme à la puce de Crespi (1720) indiquerait la déchéance sociale d’une cantatrice déclassée. Plus tard, c’est le sujet lui-même qui disparaît.
Ressources :
Podcast de l’historien de l’art Daniel Arasse
L’iconographie du cheveu et de la pilosité
L’exposition des cheveux et des poils
Enquête policière du tableau de Georges De La Tour Le Tricheur à l’as de carreau
Ouvertures
L’usage de la plume est présent dans de nombreux artefacts, quelles que soient les cultures. Détail dans de multiples parures humaines, les hommes ont exploité sa richesse, sa texture, sa moirure, ses couleurs irisées. Les masques des Tapirapé brésiliens tout en plumes d’aras rouge et bleu, les poupées Kachina des Hopi d’Arizona et du Colorado coiffées de plumes, ou les cérémonies traditionnelles de l’île d’Espiritu au Vanuatu pendant lesquelles rivalisent de parures ornées les danseurs, musiciens, sculpteurs et magiciens. Crevés de haut-de chausses, usures aux manches rapiécées, vestes lacérées ou jeans déchirés, le trou dans l’histoire de la mode n’a pas toujours eu la même signification. Témoignage d’élégance, acte de révolte ou de banale consommation, le vêtement – qui a été mutilé ou fait mine d’avoir vécu – a fait l’objet de condamnation, de scandale, de convoitise voire d’indifférence.
Ressources :
Fiche parcours « Les matériaux »
Visite guidée de l’exposition Maro’Ura
Dossier pédagogique des collections du MAAOA
Dépliant de visite « Tenue correcte exigée. Quand le vêtement fait scandale »
Pistes pédagogiques
1.Regarder le monde à la manière de Painlevé et des procédés de macro cinéma, outil d’apprentissage des sciences. Organiser une expérience d’observation au microscope. Confronter, comparer, relever l’étrangeté et l’insolite des formes comme la découverte de textures.
Ressource : Une petite histoire du cinéma scientifique
2. Isoler un détail dans une peinture de grand format pour comprendre sa composition et induire une nouvelle lecture de l’œuvre. L’exercice se fait au sein de l’institution muséale puis en classe avec l’utilisation de la fonction zoom.
Ressource : La valorisation en ligne des collections
3. Analyser la place et la fonction du détail dans un film. Le cinéma de Tati offre un regard critique sur le monde des objets issus de la société de consommation, ceux-ci participent pleinement de la construction du récit en s’ancrant dans la matérialité de l’image et du son.
Ressources :
Le réalisateur Jacques Tati commente son film Playtime
Dossier sur le film Mon Oncle de Tati au sein du dispositif Collège au cinéma
4. Interroger les semelles et logos des sneakers. Semelle, plateforme, talon bobine, les dessous de la chaussure révèlent plus d’un détail sur l’art de marcher.
Ressource : L’exposition Playground : le design des sneakers
Références au programme du cycle 4
Histoire des arts
Thématique 4 État, société et modes de vie (XIIIe-XVIIIe s.)
Objet d’étude possible : Définition et hiérarchie des genres artistiques
Arts Plastiques
Questionnements : La représentation ; images, réalité et fiction
La création, la matérialité, le signification des images
Français
Enjeux littéraires et de formation personnelle : Vivre en société, participer à la société
Individu et société : confrontations de valeurs ? Comprendre les raisons, les visées et les modalités de la sature, les effets d ‘ironie, de grossissement dont elle joue, savoir en apprécier le sel et en saisir la portée et les limites
Sciences et vie de la terre
Le corps humain et la santé
Connaissances et compétences associées : Relier ses connaissances aux politiques de prévention et de lutte contre la contamination et/ou l’infection (mesures d’hygiène, vaccination, action des antiseptiques et des antibiotiques)
Compétences en histoire des arts
Décrire une oeuvre d’art en employant un lexique simple adapté.
Attendus de fin cycle en histoire des arts
Se rappeler et nommer quelques oeuvres majeures, que l’élève sait rattacher à une époque et une aire de production et dont il dégage les éléments constitutifs en termes de matériau, de forme, de sens et de fonction.
Compétences et connaissances associées
Construire un exposé de quelques minutes sur un petit corpus d’oeuvres ou une
problématique artistique
Domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Domaine 5 Les représentations du monde et de l’activité humaine