Une salle de travail de la BAA dans l'hôtel Salomon de Rothschild, v. 1929. Bulletin de la SABAA no 1. Cliché INHA

Fondée le 10 juillet 1925 après l’installation de la Bibliothèque au premier étage de l’hôtel de la baronne Salomon de Rothschild, la Société des Amis de la Bibliothèque d’art et archéologie (SABAA) a tout de suite rassemblé des amateurs, des savants, des bienfaiteurs de tous pays.

Parmi les premiers membres de la SABAA figurent de grands mécènes et collectionneurs de l’époque, comme David David-Weill, Maurice Fenaille, Georges Wildenstein, Moïse de Camondo, et bien sûr, Jacques Doucet lui-même, qui n’avait alors plus aucune responsabilité dans le fonctionnement de la bibliothèque mais qui continuait à veiller sur « sa fille ». Au sein de son conseil d’administration, présidé par le recteur de l’Académie de Paris, la SABAA comptait d’autres personnalités importantes, au premier rang desquelles l’ancien président de la République Raymond Poincaré ou Louis Barthou, ancien président du Conseil. Leur influence permit d’obtenir le soutien des pouvoirs de l’époque. Des membres étrangers soutinrent aussi la société, notamment Joseph Duveen, Helen Frick ou Edward Tuck. 

Missions

Prosper Alphonse Isaac, Schevening, Pays-Bas [épreuve a, épreuve d'essai], [1912], gravure sur bois en couleur. Paris, bibliothèque de l'INHA, EM ISAAC 2a. Cliché INHA, numérisé grâce à la SABAA en 2009.

La Société des Amis a été dotée d’une double mission lors de sa création. La première est d’assurer le financement au moins partiel, d’une part, de l’enrichissement et de la conservation des fonds, d’autre part, des publications de la Bibliothèque comme le Répertoire d’Art et d’Archéologie. Plus discrète, la deuxième mission n’en était pas moins essentielle dans l’esprit de Jacques Doucet : la qualité des membres de la Société des Amis devait l’aider à garantir la pérennité des conditions qu’il avait posées à la donation de la Bibliothèque :

  •  qu’elle fut ouverte non seulement aux professeurs et aux étudiants de l’Université mais à tous les Français et étrangers qui, précisant l’objet de leur recherches, « justifierai[en]t de leur honorabilité » ;
  •  qu’elle restât à Paris et ne fût jamais « versée dans un autre dépôt » ni morcelée.

Les statuts de la SABAA prévoient que « les moyens d’action de la Société sont, d’une façon générale, tous ceux qu’elle croira susceptibles de faciliter les études d’art en France grâce à la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie de l’Université de Paris. Elle fera ou provoquera des libéralités destinées à enrichir la Bibliothèque. Elle pourra continuer les publications entreprises, organiser des expositions, des cours, des conférences, créer des prix. »

Une aide rapidement précieuse

Jean-Baptiste Oudry, Oiseaux de la Chine, bibliothèque de l'INHA, MS 693, f. 32 (extrait). Cliché INHA

En effet, la bibliothèque, dans le contexte difficile des années qui ont suivi la Grande Guerre, connaît alors de fortes difficultés de fonctionnement et ne peut poursuivre sa politique d’acquisition de collections patrimoniales et de publications.

La SABAA aide alors la bibliothèque par plusieurs dons prestigieux : citons notamment les cahiers d’écolier d’Eugène Delacroix, ou encore, des aquarelles d’oiseaux attribuées à Jean-Baptiste Oudry offerts par David David-Weill. Elle finance aussi, en la personne de Maurice Fenaille, la reliure des collections d’estampes. Enfin, elle soutient des publications, notamment le Répertoire d’art et d’archéologie.

Reconnue d’utilité publique en 1927, la SABAA a bénéficié dans les années 1930 d’un regain d’activité grâce notamment à l’action de Clotilde Brière, bibliothécaire à la Bibliothèque d’art et d’archéologie dès 1918, où elle est chargée de la collection d’estampes et de photographies à partir de 1928, et épouse de Gaston Brière, conservateur du château de Versailles.

Elle sera à nouveau d’une grande aide pendant la période suivant la seconde guerre mondiale, où la BAA se trouve dans une situation financière complexe.

La SABAA a publié un bulletin entre 1929 et 1949, le Bulletin de la SABAA, qui est consultable sur la bibliothèque numérique de l’INHA, et qui compte huit numéros, développant non seulement la vie de l’association et celle de la bibliothèque, mais également des articles sur les collections. Georges Wildenstein donne trois objectifs à cette publication : renseigner les sociétaires sur « le bien qui a été fait grâce à leurs efforts » ; apporter une « modeste contribution à la science » en signalant les acquisitions de la bibliothèque et les travaux entrepris en son sein ; mais également jouer le rôle d’un « instrument de propagande » en montrant « tout ce qui reste à faire ».

La SABAA aujourd'hui

Jusqu’à aujourd’hui, elle apporte un soutien déterminant à la bibliothèque rattachée depuis le 1er janvier 2003 à l’INHA. Elle participe, grâce à ses mécènes, à des restaurations patrimoniales et finance pour tout ou partie de nouvelles acquisitions. Son indépendance financière, car non soumise aux marchés publics, lui permet une grande souplesse d’action, en lien étroit avec la bibliothèque de l’INHA.

Parmi les actions menées ces dernières années, se distinguent notamment celles financées par la Fondation Gianadda, qui a notamment subventionné la restauration et le conditionnement d’un grand nombre d’estampes modernes.

Son conseil d’administration est actuellement présidé par Frédéric Baleine du Laurens, Ambassadeur de France, avec comme secrétaire Laurie Marty de Cambiaire, et comme trésorier Gilles Benoist, conseiller-maître honoraire de la Cour des comptes. Y siègent des mécènes, des historiens et historiennes de l’art, des acteurs du marché de l’art, des conservateurs de musée et de bibliothèque.