Ce programme porte sur les vestiges parvenus jusqu’à nous et sur les manières de les questionner pour l’écriture d’une histoire de l’art qui les inscrirait dans les différents contextes de production, d’usage et de réappropriation dont ils relèvent.
La périodisation large du programme fait sens au regard des régimes de documentation et de conservation des objets considérés : en remontant dans le temps depuis le partage colonial des années 1880, à une époque où les objets arrivent massivement en Europe, jusqu’au XIVe siècle qui apparaît comme une date butoir au-delà de laquelle on n’y accède dans la plupart des cas que par l’archéologie. À quelques exceptions notables près, les objets africains de la période XIVe-XIXe siècle sont aujourd’hui majoritairement connus par ce qui en est conservé dans les collections occidentales. La date à laquelle ils y arrivent constitue donc souvent la première entrée dont on dispose pour ancrer ces objets dans le temps. Il est donc nécessaire de revenir sur la constitution des collections pour, aussi, dépasser cette strate et analyser les situations initiales de production et d’usage en Afrique.
Le programme élabore des outils d’accompagnement à la recherche afin de permettre le développement, en France, d’une histoire des arts d’Afrique sur cette période. Il s’agit, d’une part, d’identifier ce qui peut faire source pour documenter ces objets et, d’autre part, d’identifier les fonds d’objets africains conservés dans les collections publiques françaises.
Le programme appuie ses travaux sur des rencontres scientifiques qui permettent un travail de fond sur les structures mêmes du discours et des méthodes d’analyse des objets africains. Un séminaire, « Monuments et documents de l’Afrique ancienne » mené en partenariat avec le CNRS présente et discute les recherches en cours sur l’Afrique ancienne, entendue dans un sens très large de la préhistoire jusqu’au pré-contemporain, prenant en compte les régions de part et d’autre du Sahara. Confrontant hypothèses et méthodes pour montrer comment les sciences humaines écrivent aujourd’hui le passé de l’Afrique, il établit non seulement une veille sur les tendances actuelles de la recherche mais permet surtout de voir comment celle-ci peut se faire en situation de pénurie documentaire dans une interdisciplinarité en acte. Ce séminaire permet aussi de mobiliser et rassembler les recherches sur l’Afrique pré-contemporaine pour créer un lieu d’échanges et dynamiser le champ. Depuis 2017, ce séminaire revient notamment sur les ressources et les méthodes pour écrire l’histoire des objets d’Afrique, les paradigmes qui ont structuré les recherches mais aussi donné des formes spécifiques aux présentations muséographiques. Il s’attache aussi à comprendre la formation des patrimoines des pays africains.
Des conférences complètent ces séances, présentant l’historiographie de l’histoire de l’art en Afrique pour la période XIVe – XIXe siècle et proposant de nouvelles pistes méthodologiques à partir de cas concrets. Elles sont conçues comme des présentations de référence pour tout public intéressé. Le séminaire « Monuments et documents de l’Afrique ancienne » et des ateliers de recherche, comme « Style/ethnie » en 2019, sont les lieux où questionner les modalités d’écriture d’une histoire de l’art sur ces objets.
Actuellement un projet de recherche consacré aux objets malgaches dans les collections muséales françaises publiques offre un nouveau développement au travail déjà engagé autour des objets africains
La volonté d’associer les conservateurs et les étudiants à l’élaboration de ces travaux a conduit à proposer aux élèves (en particulier de niveau master) de l’École du Louvre de traiter des sujets liés aux corpus traités. Une session de formation continue a été conçue et mise en place avec l’Institut national du patrimoine (INP), sur les méthodes et ressources pour la connaissance et la présentation des collections d’objets africains à destination des gestionnaires de collection avec une petite dizaine d’intervenants.